L'Association du Prix Albert Londres et le jury du Prix ont estim� dans un communiqu� que l'attentat qui a vis� la voiture vide de la journaliste du Figaro Christine Clerc "vise la libert� et l'ind�pendance de la presse". Tous deux "d�noncent une agression qui, visant une journaliste, vise la libert� et l'ind�pendance de la presse", selon un communiqu� du pr�sident du jury, Henri Amouroux.
La voiture vide de Mme Clerc, prix Albert Londres 1991, a �t� cribl�e de balles dans la nuit de jeudi � vendredi � Tolla, en Corse-du-Sud, o� elle "passait des vacances".
L'organisation Reporters sans fronti�res (RSF) a, de son c�t�, �crit � ce sujet au pr�fet de Corse Pierre-Ren� Lemas. "Nous sommes extr�mement pr�occup�s par cet attentat contre une journaliste qui n'a fait qu'exercer son m�tier. Les autorit�s doivent r�agir avec la plus grande fermet� et ne pas laisser un sentiment d'impunit� s'installer", d�clare notamment l�organisation qui se bat pour la libert� de la presse partout dans le monde.
La section antiterroriste du Parquet de Paris a �t� saisie de l'enqu�te sur le mitraillage de la voiture de Christine Clerc. Cette d�cision a �t� prise car le parquet de Paris estime que l'attentat a un caract�re politique puisqu'il visait une journaliste en raison de ses �crits, a-t-on pr�cis� dans les services du procureur de Paris.Le parquet d'Ajaccio initialement saisi va donc transmettre le dossier � ses coll�gues parisiens.
Christine Clerc a racont� sur France Info que son article lui avait d�j� valu, avant l'attentat, de vifs reproches au village o� on l'accusait de "jeter l'opprobre sur l'hospitalit� corse" ce qui ne constitue pas le moindre des paradoxes. "J'ai fait mon m�tier, un point c'est tout, et je n'ai pas estim� que la libert� de presse en Corse n'�tait pas la m�me que la libert� de presse dans toute la R�publique", a-t-elle dit. La direction du Figaro, qui �tudie le d�p�t d'une plainte, estime que c'est la position du journal pour "le respect de l'�tat de droit en Corse qui a d�plu � beaucoup de personnes" et lui a valu cet attentat, a dit � Reuters le directeur de la r�daction, Jean de Belot. "Notre r�volte, notre �c�urement et notre inqui�tude est la m�me (sic), qu'il s'agisse de cet attentat ou d'attentats comme il y en a depuis longtemps contre l'�tat et ses repr�sentants, des entreprises ou des personnes physiques sur l'�le", a-t-il ajout�.
Pour m�moire, Le Figaro avait publi� le 1er septembre un article de Christine Clerc intitul� "�teins le feu et tire-toi !". La journaliste racontait comment un policier originaire du continent et install� � Tolla en juin avec son �pouse avait d� quitter l'�le � la suite de menaces verbales et d'un attentat � l'explosif qui a d�truit sa voiture. Le policier, qui avait contribu� � la lutte contre les incendies, a repris le bateau avec une indemnit� de 729 euros de l'�tat pour son voyage de retour, racontait la journaliste.
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Commentaires : le mitraillage de la voiture de Christine Clerc est, selon nos renseignements, l��uvre de quelques personnes dont on conviendra qu�elles ne brillent pas par leur intelligence. Mitrailler le v�hicule d�un journaliste est d�j� une petite infamie qui t�moigne de la consid�ration qu�ont ces petits mitrailleurs anonymes pour la d�mocratie.
En second lieu, c�est un geste qui ne peut qu�attirer l�opprobre de toute la presse et qui, pour un moment d��nervement, va se payer tr�s cher politiquement sans rien rapporter � ses auteurs autres chose que quelques ann�es de prison.
Car, � Tolla, petit village r�cemment touch� par les incendies, beaucoup de gens soup�onnent l�identit� des responsables de l�attentat qui a frapp� la voiture du policier, attentat d�nonc� � juste titre par Christine Clerc dans son papier du 1er septembre.
Les petits groupes, rattach�s � l�un ou � l�autre des deux FLNC, quand ce n�est pas au deux, prolif�rent et cherchent � � briller � en se vantant de leurs actions. Ainsi, un diff�rent personnel devient une affaire politique tournant le dos � la fameuse hospitalit� corse. Christine Clerc a eu le tort de faire son travail et son papier a grandement vex� les auteurs du premier attentat. Christine Clerc conna�t bien la Corse et elle a eu le � tort � de croire qu�elle pouvait �crire ce qu�elle voulait. Erreur ! En Corse o� bien souvent est d�nonc� le manque de d�mocratie caus�e par la fraude �lectorale, il y a aussi celle provoqu�e par des clandestins qui acceptent mal la critique.
Arriv�e � Tolla, la journaliste a cherch� � parler de ce � papier � dont le contenu globalisant et excessif a choqu� beaucoup d�habitants du petit village qui n�ont pas compris pourquoi ils �taient assimil�s � ceux qui s�en �taient pris au policier. Elle s�est heurt�e dans bien des cas � un mur de silence caus� essentiellement par la peur qu�inspirent les auteurs de l�attentat. Dans la nuit, ces personnages ont cribl� la voiture de la journaliste afin de lui � donner une le�on �. L�identit� de ceux-ci ne devrait pas tarder � �tre connue.
Ce geste criminel pourrait s�av�rer extr�mement contre-productif pour des nationalistes qui ont toujours cherch� � se fabriquer une image de d�mocrates tol�rants.
Quant � Christine Clerc, elle est la bienvenue en Corse et ce ne sont pas les agissements de quelques baull� qui vont mettre � mal le sentiment dominant de nos compatriotes. Elle aura aussi compris qu�il est difficile de faire ce m�tier dans une �le o� les sentiments sont sans cesse exacerb�s et elle comprendra pourquoi nos correspondants corses �crivent sous le couvert de l�anonymat. Sans une telle protection aucune de ces lignes ne pourrait exister.
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