L�affaire a toujours �t� gard�e secr�te par l�int�ress� lui m�me. Mais Martin Schulz, ce d�put� allemand socialiste, membre de diverses commissions du Parlement europ�en dont celle de la lutte anti mafieuse � l��poque, a fait ses confidences � plusieurs personnes, la peur de ce qui lui est arriv� le poursuivant toujours et le choc �tant toujours bien pr�sent et bien r�el.
En cette nuit d�hiver de 1998, Schulz, qui s�int�resse � l��poque beaucoup aux affaires belges, a rendez-vous avec un informateur jug� important. Ce n�est pas seulement � cause de l�affaire Dutroux et de ses multiples rebondissements que Schulz prend int�r�t � investiguer plus loin dans le marasme des affaires belges. Non, Schulz, qui a �t� l�accusateur de Melchior Wathelet au Parlement europ�en, mettant en cause le r�le de protecteur jou� par l�ancien ministre de la Justice belge dans le cadre de la lib�ration anticip�e et injustifi�e de Marc Dutroux, a d�couvert des choses surprenantes, suspectes et qu�il veut �claircir. Quand il a failli obtenir le renvoi de Wathelet de son poste de juge europ�en � Luxembourg, Schulz a senti pour la premi�re fois qu�il mettait les pieds l� o� il ne fallait pas. Habitu� � enqu�ter dans sa mission parlementaire � Palerme ou ailleurs en Italie, � collaborer avec juges et magistrats italiens, � analyser avec sa petite �quipe des dossiers extr�mement d�licats, il a appris � avoir le flair pour les dossiers sensibles. Et tout ce qui entoure l�affaire de Melchior Wathelet, protecteur indirect de Dutroux, recommand� par l�Etat belge comme magistrat on ne peut plus qualifi� pour occuper le poste de juge � la Cour europ�enne de Justice � Luxembourg, le sid�re. Schulz veut en savoir plus.
Il s�entretient donc tour d�abord avec un journaliste europ�en qui l�a aid� dans l�affaire Cour de Justice europ�enne � Wathelet. Le journaliste le met en rapport avec un citoyen belge, r�put� pour d�tenir des dizaines de dossiers sur les plus t�n�breuses affaires belges, un certain Georges Frisque. Schulz veut rencontrer cet homme qui lui promet par t�l�phone pouvoir l�aider � mettre de la lumi�re dans l�affaire Wathelet et d�autres. Mais pour des raisons de s�curit� et surtout de confidentialit�, Schultz ne veut pas que ce rendez-vous se fasse � Bruxelles ou m�me en Belgique. Le journaliste-ami organise donc un repas dans une brasserie �� Thionville, en France, la brasserie Kanterbr�u !
Frisque descend en train de Bruxelles. Il est pris en charge � la gare d�Arlon par le journaliste. Il n�est pas au courant de l�endroit exact o� aura lieu le rendez-vous. Il ne conna�t que la ville, Thionville. Schulz descend en voiture de Bruxelles, avec son assistant parlementaire. Deux personnes connaissent donc le lieu de rendez-vous : le d�put� et le journaliste. Un fait est certain : ni l�un, ni l�autre, n�ont � vendu � le tuyau de leur rendez-vous aux auteurs de l�attentat !
Les informations circulent bien ce soir l� devant une excellente choucroute. Premier incident de la soir�e, jug� inopportun par les quatre convives : un jeune couple, venu s�installer peu apr�s eux, ne perd pas un mot de leur conversation � la table juch�e au-dessus de la leur, sur une sorte de podium. A un moment, le journaliste se l�ve et demande la raison de leur int�r�t aux deux jeunes Fran�ais. L��l�ment masculin ne peut alors qu�avouer �tre journaliste au � R�publicain Lorrain �, le quotidien de la r�gion et se trouver l� tout � fait par hasard. Et dit en souriant que les parties de la conversation compr�hensibles pour lui (car certains d�tails sont �voqu�s en allemand) ont effectivement attir� son attention. On se pr�occupe peu � la table des quatre de cet incident. On ne r�alisera que bien plus tard que le journaliste en question a �galement des connaissances d�allemand, �tant attach� � plein temps � la r�daction locale de Luxembourg du quotidien fran�ais.
On se quitte sur le coup de minuit. Schulz et son assistant remontent dans leur grosse cylindr�e allemande, le journaliste et Frisque dans la voiture du premier qui ram�ne l�informateur belge � son h�tel. Ces deux convives doivent d�j� faire de doux r�ves quand l�incident grave arrive sur la route reliant la Lorraine � la r�gion allemande d�Aix la Chapelle, o� Schulz va rejoindre son domicile situ� dans une petite bourgade des environs dont il est le maire.
Subitement, raconte Schulz, une voiture essaye par la force de pousser ma voiture en dehors de la route et de provoquer l�accident qui aurait pu avoir des cons�quences mortelles. Schulz est formel : l�attaque par voiture interpos�e �tait r�p�t�e, claire et nette. On a essay� � vive allure de faire quitter la route � la voiture de l�euro-d�put�.
Ce dernier et son assistant s�en sortiront avec un beau coup de frayeur.
Entre temps, Martin Schulz est devenu bien plus r�serv� et bien plus calme. L�attentat l�a marqu�. C��tait certainement l�objectif minimal poursuivi par les agresseurs. Qui sont-ils ? S�agit-il d�un pur hasard de voyous de la route voulant emb�ter une proie choisie au hasard. Plus qu�improbable. Le journaliste aurait-il trahi le d�put� pour le faire assassiner ou intimider ? Impossible ! Schulz se serait-il trahi lui m�me ? Exclu ! Frisque aurait-il jou� double jeu, lui qui est connu entre temps pour servir �galement d�indicateur � la BSR de Bruxelles ? Il aurait certainement eu le temps de donner un coup de t�l�phone depuis le restaurant de Thionville o� la cabine t�l�phonique est install�e pr�s des toilettes, mais tout cela para�t encore plut�t improbable.
Alors quoi ? Schulz n�a pas r�v�, nous en sommes convaincus. Ni exag�r�. Il aurait donc �t� suivi, au plus tard depuis le restaurant en France. Mais pour savoir que � la bande des quatre � s�y trouvait, il fallait ou bien avoir r�alis� une �coute t�l�phonique au bureau du journaliste et/ou du d�put�, ou avoir suivi Georges Frisque depuis Bruxelles. Or, on apprendra plus tard que Frisque s�est malheureusement vant� aupr�s de diverses personnes qu�il allait servir d�informateur sur les affaires belges � un gros calibre du Parlement europ�en, Martin Schulz. Dont la personnalit� et les actes d�rangeaient �norm�ment � l��poque en Belgique.
D�o� l�explication la plus plausible : un acte d�intimidation d�un certain pouvoir belge contre l�euro-d�put�.
L�intimidation a fonctionn� : Schulz se tient loin aujourd�hui du marasme des affaires belges.
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