Sarkozy en Corse dans une chaude indiff�rence
May 31, 2003
Auteur: L'investigateur

Nicolas Sarkozy s'est d�clar� vendredi "pas inquiet" mais "vigilant" � l'approche de la consultation sur le nouveau statut de la Corse, une r�forme controvers�e qu'il a d�fendue comme �tant "indispensable" pour "le d�veloppement" de l'�le.

"Je suis pr�t � revenir autant de fois qu'il le faudra pour convaincre les Corses!", a assur� � Ajaccio le ministre de l'Int�rieur au cours du premier jour de sa septi�me visite en treize mois dans l'�le.

M. Sarkozy a pr�cis� qu'il ne serait pas le seul � se d�placer puisque le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sera de nouveau en Corse en juin et que le pr�sident de la R�publique Jacques Chirac "se manifestera clairement" sur la r�forme institutionnelle propos�e par le gouvernement.

"Je n'ai jamais dit que cette consultation serait un pl�biscite, qu'elle ne serait pas difficile", a r�pondu M. Sarkozy, en se disant "d�cid�, plus que jamais" � ce qu'elle se tienne � la date pr�vue.

La Corse est tranquille en cette apr�s-midi d�un vendredi � la campagne. Nicolas Sarkozy s�est rendu � l�universit� o� il a rencontr� le pr�sident Aiello. Nul ne sait ce qui s�est dit et s'ils ont parl� de l�appel d�A Tramula. Mais chacun conna�t maintenant les cadeaux que le ministre apportait dans sa hotte. L�universit� de Corte est mise hors norme. En d�autres termes, ses cr�dits ne sont plus calcul�s selon la norme Sanremo valable pour toutes les autres universit�s fran�aises. Le nombre de postes de personnels et d�enseignants est augment�. Le pr�sident Aiello a de quoi �tre satisfait. Il est d�ailleurs tout � fait extraordinaire que de telles mesures qui d�pendent directement de l�enseignement sup�rieur soient annonc�es par le ministre de l�int�rieur. Comme l�a d�clar� le jeune pr�sident nationaliste :

� Il ne reste plus maintenant qu�� retrousser ses manches. � Vaste programme !
C�t� assembl�e territoriale, celle-ci devrait rassembler 91 �lus contre 58 aujourd�hui. L�assembl�e territoriale elle-m�me rassemblera 51 �lus si�geant de droit dans les conseils territoriaux qui remplacent les conseils g�n�raux et correspondent �galement aux entit�s administratives d�partementales qui subsisteront. Les deux conseils territoriaux seront donc compos�s d��lus r�gionaux et d��lus d�partementaux. De quoi recomposer la cuisine �lectorale d�hier. Seule diff�rence notable : la r�gion aura la pr�dominance sur les d�partements.

Les nationalistes de Corsica Nazione ont refus� de participer aux r�unions avec le ministre parce qu'"aucune avanc�e" n'a �t� faite "concernant le pouvoir l�gislatif et la situation des prisonniers politiques". M�me refus de la part du d�put�-maire de Bastia, �mile Zuccarelli (PRG), partisan du "non", a critiqu� le "d�placement d'un ministre (...) en campagne �lectorale pour le oui. Qui plus est avec les moyens de l'�tat".

En revanche, M. Sarkozy s'est chaudement f�licit� du soutien apport� � la r�forme par d'autres �lus de gauche, comme le socialiste Laurent Croce, qui a appel� "� la mobilisation tous les partisans du oui", ou le d�put� Paul Giacobbi (PRG), louant les "excellentes intentions" du ministre.

Apr�s les cadeaux faits � l�universit�, le ministre devrait annoncer ce samedi des � avanc�es � en faveur des agriculteurs. "Je suis pr�t � revenir autant de fois qu'il le faudra pour convaincre les Corses!", a assur� � Ajaccio le ministre de l'Int�rieur au cours du premier jour de sa septi�me visite en treize mois dans l'�le.

Nicolas Sarkozy est donc pr�t � beaucoup conc�der pour emporter son pari. Plus prosa�quement le gouvernement conna�t les dangers de l�actuelle grogne sociale et il ne voudrait pas en plus devoir supporter une col�re corse. Au bout du compte, la mise hors norme de l�universit� et un effacement de la dette agricole co�teront moins que des troubles. C�est habilement jou� car aujourd�hui les plus seuls sont les nationalistes coup�s en grande partie de la revendication des fonctionnaires et marginalis�s par l�accord des �lus partisans du oui.

Autre satisfaction pour le ministre : les syndicats corses qui promettaient dans les couloirs qu�ils sauraient � accueillir � le ministre n�ont strictement pas boug�. Le beau temps aura eu raison de la d�termination de leurs troupes. C�est en d�finitive dans une grande indiff�rence que Sarkozy a foul� pour la septi�me fois le sol de Corse.

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