Ouvrir dans une nouvelle fen�tre Le FLNC-Union des combattants r�pond favorablement au Premier ministre
Sep 8, 2003

Le FLNC Union des Combattants met de l�eau dans son programme et ne propose plus l�ind�pendance que comme projet � long terme. Avis aux nationalistes mod�r�s.

Hasard ou n�cessit� : Jean-Pierre Raffarin �voquait il y a quelques jours dans une interview donn�e au Figaro la possible reprise d�un dialogue relatif � une r�forme des institutions corses et voil� que le FLNC Union des Combattants �voque le m�me air de musique avec ses paroles propres.

Car il y a du changement dans l�air au sein de la clandestinit� corse m�me si sur le fond la m�thode ne change gu�re depuis notre derni�re analyse. L�organisation clandestine se veut le haut lieu de commandement du nationalisme corse et demandent aux organisations l�gales de marcher de conserve vers une union �lectorale. Jusqu�alors et d�une fa�on assez cavali�re, le FLNC Union des Combattants avait pr�n� l�union mais � ses propres conditions. Il fallait �tre d�accord avec la violence, avec l�ind�pendance.

Le FLNC-Union des combattants veut reprendre l'initiative sur le terrain politique en appelant, dans un communiqu� publi� samedi apr�s-midi, l'ensemble du mouvement national � se regrouper autour d'un "projet politique commun de r�forme fondamentale des institutions". Voil� donc le mot de r�forme prononc� et qui plus est une r�forme qui serait le ciment du futur nationalisme. Jusqu�alors le FLNC Union des Combattants faisait le grand �cart entre une ind�pendance mythique toujours mise en avant et des accords au coup par coup � des � r�formette �. De quoi rendre schizophr�ne ses militants et les pousser dans les bras des plus radicaux d�s que ces r�formettes �chouaient. Et il faut avouer que, malgr� la meilleur volont� du monde, il n�est gu�re facile d�imposer en Corse des r�formes qui, d�s qu�elles sont avanc�es deviennent la cible des plus conservateurs et des plus extr�mistes.

Voil� donc l�Union des Combattants qui r�habilite l�autonomisme. Certains �crits pass�s de l�organisation clandestine t�moignaient de son m�pris profond pour l�autonomisme. H� bien, il faut que �a se sache : cette p�riode sectaire est termin�e et pourrait se traduire d�une mani�re �lectorale en pr�vision des territoriales.

Expliquant que "la revendication d'autonomie n'est pas antinomique avec notre revendication d'ind�pendance", le FLNC-Union des combattants pr�cise : "cette proposition commune de r�forme qui visera l'�tape majeure d'avanc�e institutionnelle pr�c�dant le processus d'autod�termination pourra �tre propos�e � l'ensemble de la classe politique corse."

En d�autres termes, le FLNC Union des Combattants ouvre de son c�t� la porte du compromis historique en remettant en selle les grandes revendications politiques qui avaient install� le processus de Matignon. Peut-�tre va-t-on voir rena�tre de ses cendres le projet de � pouvoir l�gislatif � la Corse � un moment �rig� en banni�re puis jet�e aux orties.

"Celle-ci sera d�s lors en mesure de prendre ses responsabilit�s, non pas en jouant pour ou contre un gouvernement de droite ou de gauche, mais en participant ou pas � la sortie de la crise corse par le haut et par la paix", poursuit-il.

Parmi les �volutions r�clam�es, le mouvement nationaliste r�affirme son attachement au transfert du pouvoir l�gislatif, de la fiscalit�, appelle � la reconnaissance officielle du peuple corse ainsi qu'� la lib�ration de tous les militants nationalistes emprisonn�s.

On se rappellera avec int�r�t que, dans son �lan gauchiste, le FLNC refusait de revendiquer la reconnaissance officielle du peuple corse estimant qu�il s�agissait l� d�un droit et non pas d�une demande � faire � l � �tat colonial �. Or cette revendication est l�un des chevaux de bataille du PNC. C�est donc un appel du pied prononc� alors que le PNC se d�bat dans les affres de ses contradictions apr�s l�arrestation de Marc Simeoni, le fils de l�un des leaders historiques de l�autonomie corse.

"Nous sommes convaincus que les partis et mouvements publics doivent d�passer le peu qui peut les s�parer pour s'unir sur des revendications collectives, pour se donner les moyens politiques et humains d'�tre autre chose que des �ternels opposants", �crivent-ils, au moment o� les repr�sentants du parti Indipendenza et ceux du Parti de la Nation corse (PNC, mod�r�s) s'appr�tent � d�battre de la question de la lutte arm�e qui les divise. Implicitement, l'organisation invite ind�pendantistes et autonomistes � ne pr�senter qu'une seule liste au scrutin de mars.

Puis le FLNC-UC pr�sente ce qu'il appelle "une initiative politique forte". "Nous disons qu'il faut renoncer � attendre un �ni�me statut sp�cial concoct� � partir des +fantasmes des bureaux parisiens+ ou des alc�ves minist�rielles. (...) "Nous demandons au mouvement national, dans son ensemble, sans aucune exclusive, de travailler � un projet politique commun de r�forme fondamentale des institutions".

Les clandestins ajoutent alors: "Nous saurons observer l'�volution de leurs travaux et les accompagner politiquement en ajustant notre pr�sence politico-militaire". Par cette petite phrase, l'organisation semble laisser entendre que ses attentats pourraient �tre moins fr�quents dans les mois qui viennent, le temps de la campagne �lectorale.

Une fois �labor�e par les nationalistes, la "proposition commune de r�forme" "pourra �tre propos�e � l'ensemble de la classe politique corse", ajoute l'organisation. Et d'�num�rer les �volutions souhait�es: "ma�trise du pouvoir l�gislatif", "transfert de comp�tences importants" en mati�re de fiscalit� ou encore "accession de la jeunesse corse au travail sur sa propre terre comme priorit� nationale"... "L'ind�pendance nationale demeure notre principal objectif", conclut le Front.

Pas un mot du d�bat sur la violence clandestine propos�e par Corsica nazione aux � partis fr�res �.

Petite curiosit� : le FLNC-Union des combattants revendique par ailleurs le triple attentat qui a endommag� le centre de d�tention de Casabianda dans la nuit de lundi � mardi ainsi que le mitraillage du palais de justice de Bastia, le 28 ao�t, revendication qui avait d�j� �t� faite il y a quelques jours.

Explication : la premi�re revendication avait �t� t�l�phon�e apr�s que des groupes locaux aient agi dans leur r�gion. Puis le secteur de Bastia l�avait fait � son tour. Aujourd�hui c�est la direction du Front qui le fait tout en infl�chissant la ligne dure qui avait pr�valu jusqu�� aujourd�hui.

Cela signifie aussi que les tenants de l�intransigeance et notamment le secteur de Corte ont �t� mis en minorit�. Les nationalistes d�Indipendenza vont vraisemblablement rechercher un accord avec un certain nombre d�� inorganis�s � qui s��taient signal�s � Corte en avril puis, � travers l�appel d�A Tramula. Ce faisant, on attire ceux qui pourraient �tre tent�s de devenir la couverture l�gale du FLNC 3.

Il s�agit pour l�Union des Combattants d�isoler le FLNC3 enferm� dans un programme aux apparences gauchistes et de cette mani�re de rester l�interlocuteur privil�gi� du pouvoir. En second lieu, c�est une fa�on de pr�parer les �lections et de garder la main tout en signifiant aux �lus des partis traditionnels que rien ne se fera sans l�Union des Combattants.

En annexe l'organisation arm�e se d�fend tout d'abord de "participer � une surench�re militariste" histoire de signifier que lui et le FLNC 3 ne jouent pas dans la m�me cour et que toutes les actions men�es jusqu�ici ont �t� contr�l�es. On en doute mais enfin. "Nous ne sommes pas les tenants du jusqu'au-boutisme (...) et nous avons � coeur de ne jamais mettre en p�ril des vies humaines", pr�cie le principal Front de Lib�ration nationale Corse (FLNC), qui a endoss� fin ao�t la responsabilit� d'une vingtaine d'attentats et tentatives. Ouf on est rassur�. Voil� l�Union des Combattants � nouveau � respectable � et apte � dialoguer � travers ses repr�sentants l�gaux. L�organisation clandestine se veut encore et toujous le lieu de � synth�se, de r�flexion et d�initiative politique � au d�triment des espaces l�gaux et d�mocratiques.

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