Jean-Pierre Colombani, 44 ans, sapeur-pompier de son �tat, portait une perruque et des lunettes noires (ce qui n�est pas forc�ment discret la nuit) lorsqu�il a �t� interpell� jeudi vers 1 heure du matin dans le parc Cuneo � Ajaccio en flagrant d�lit.
Des passants avaient aper�u dans l�apr�s-midi trois hommes grim�s qui d�posaient un sac dans des buissons. Les habitants de cet ensemble d�immeuble situ�e en contrefort de la pr�fecture en ont assez des plasticages � r�p�tition qui frappent les nombreuses administrations qui ont leur si�ge dans ce quartier. Les passants ont donc pr�venu la police qui est venue et a trouv� 400 grammes de dynamite dans le sac.
Les policiers ont remplac� les explosifs par des objets de forme et de poids identiques puis ont repos� le sac au m�me endroit sachant que les clandestins proc�dent de la mani�re que nous avons d�crite il y a quelques semaines dans ces colonnes. Puis ils ont attendu patiemment.
C�est ainsi que Jean-Pierre Colombani s�est fait prendre en flagrant d�lit. � Il s'appr�tait probablement � d�poser cet engin contre l'h�tel des imp�ts ou les bureaux des douanes, situ�s � proximit� �, pr�cise un enqu�teur au Parisien. Toujours selon ce journal, l�enqu�teur serait tr�s �tonn� par le profil de l�homme. � Jean-Pierre Colombani est un ancien, membre de l'aile gauche du nationalisme corse. Il s'affiche dans les conf�rences de presse aux c�t�s des �lus de Corsica Nazione, a particip� � diff�rentes initiatives politiques. Nous ne nous attendions pas � le voir participer directement � un attentat. �
Jean-Pierre Colombani avait d�j� �t� condamn� en 1980 par la Cour de S�ret� de l��tat. Alors �g� de 21 ans, il avait pris cinq ans de prison pour sa participation � une campagne d'attentats du FLNC alors uni. Ses compagnons de plasticage se nommaient Jean Nicoli dit Petit Jean et de Guy Orsoni, le fr�re d�Alain Orsoni qui sera enlev� et assassin� par des truands en juin 1983. Le 14 mai 1980, Alain Orsoni dirigeait un commando qui mitraillait des gendarmes en faction devant l�ambassade d�Iran, avenue d'I�na � Paris, blessant le gendarme Perrin de l�escadron de Chamb�ry est en faction devant l'ambassade d'Iran. Les clandestins se trouvent dans une BMW d�o� partent des tirs d�armes automatiques. Puis un engin explosif est lanc�. Pascal Perrin est atteint d'une balle de 9 mm au visage.
Un peu plus tard dans la matin�e, un correspondant anonyme revendique, au nom du FLNC, le mitraillage des gendarmes ainsi qu'un attentat, commis la m�me nuit, contre le palais de justice de Paris. Il s�agissait de l�une des premi�res actions du secteur V comme Volant cr�� sur le m�me mod�le que les commandos Delta de l�OAS imagin�s par le lieutenant Degueldre.
Il est vrai que le p�re des deux fr�res Orsoni, Roger, avait �t� sous-officier dans la L�gion avant d��tre recrut� par le capitaine Aussaresses afin de cr�er des Escadrons de la Mort qui, � Alger, enlevait les opposants, les torturaient puis les ex�cutaient. Il avait ensuite particip� au coup d��tat de 1961 apr�s �tre parti avec la caisse du mess des officiers.
Le secteur V op�rait donc sur renseignements des secteurs locaux la plupart du temps selon le m�me principe. Une charge d�explosif �tait fournie par les � locaux � avec un d�tonateur et une m�che lente (orange) ou rapide (noire). Puis la mise � feu �tait op�r�e par une cigarette allum�e dont la combustion durait entre deux et cinq minutes.
"L'attentat ne visait pas l'ambassade d'Iran elle-m�me mais les forces de l'ordre uniquement qui, pour nous, sont les forces de r�pression qui frappent quotidiennement le peuple corse dans notre pays" affirmait le communiqu�.
La veille, la Cour de s�ret� de l'�tat avait condamn� des nationalistes corses dont Guy Orsoni, le fr�re d'Alain, Jean Nicoli le petit-fils du grand r�sistant qui sera impliqu� des ann�es plus tard dans la tentative de meurtre d�un voyou nomm� Orsini, avant d��tre miraculeusement lav� de ce crime. � ses c�t�s on trouvait Antoine Nivaggioni aujourd�hui patron de blanchisseries et d�une entreprise de s�curit� qui s�occupe de l�a�roport de Campo dell�Oro. Il �tait un ami personnel des individus qui vont bient�t �tre jug�s pour l�assassinat de No�l Sargentini le fr�re de Fran�ois Sargentini, dirigeant d�Indipendenza et tr�s proche du secteur FLNC Union des Combattants de Corte. Une affaire � suivre qui pourrait exhumer les haines d�autrefois. Retour en 1981 lorsque Colombani b�n�ficiera de la premi�re amnistie d�cr�t�e par Fran�ois Mitterrand.
Colombani reste un compagnon de route du nationalisme discret durant des ann�es.
On le retrouve dans le Parti pour l�Ind�pendance de Marcel Lorenzoni, lorsque celui-ci durant l�ann�e 1997 quitte la Cuncolta pour former sa propre formation. En fait il esp�rait obtenir de Fran�ois Santoni, alors emprisonn� le canal d�authentification du secteur Ajaccio. Radicalisant la revendication d�autod�termination, il forcera la Cuncolta naziunalista � devenir la Cuncolta indipendentista.
Jean-Pierre Colombani milite de nouveau alors que des membres du PPI participent � l�attaque de la gendarmerie de Pietrosella qui sera revendiqu�e par des Anonymes. L�une des armes prises sur l�un des gendarmes servira � assassiner le pr�fet Erignac.
Jean-Pierre Colombani qui a des attaches dans le nord de la Corse � Sisco, se retrouve ensuite dans la mouvance d�une nouvelle organisation : Fronte Corsu. Le dimanche 20 Janvier 2002, des militants du Rinnovu, de la Chjama per l'Indipendenza, du PPI ainsi que des militants n'appartenant � aucune organisation, fondent � Corte le Fronte Corsu. Objectif affirm� de cette alliance:�tablir un projet de soci�t� pour l'ind�pendance et le socialisme .
Il est �lu le 24 novembre 2002 au bureau ex�cutif de Fronte Corsu qui se composent des militants suivants.
Pierre Alessandri, Paul-F�lix Benedetti, Jean Pierre Colombani, G�rad Dykstra, Roger Graziani, Jean Thomas Guelfucci, Christian Magdeleine, Fran�ois Neviani, Jean No�l Paoli, Aline Piu, Lucien Rossini, Jean-Pierre Santini
La profession de foi est la suivante. � Nous avons choisi une lutte r�volutionnaire publique, qui vise � instaurer un d�bat au sein de la soci�t� corse et un v�ritable rapport de force politique avec l��tat fran�ais et l�europe.
En ce qui concerne les patriotes qui ont choisi un autre moyen de lutte, nous ne portons pas de jugement sur eux. Nous respectons leur choix, � condition bien s�r que leur actions ils ne constituent pas une oppression suppl�mentaire pour la soci�t� corse. Par contre, les d�rives issues de la lutte qui incombent � tout le mouvement national, � savoir la justice exp�ditive, les tentations h�g�moniques, ou bien les d�rives l�galistes et affairistes, doivent �tre bannies par tous, notre peuple et sa jeunesse ont pay� le prix fort pour ces inepties. �
Le nom de Jean-Pierre Colombani appara�t de nouveau lorsqu�est fond�e la Cunsulta naziunale et qu�est lanc�e la carte d�identit� corse. Colombani est membre de la Commission �lectorale Nationale.
Il fr�quentait ces derniers temps des personnes soup�onn�es d�appartenir sur Ajaccio au FLNC 3 tel qu�un m�decin bien en vue dans la ville imp�riale.
Les enqu�teurs pourraient s�int�resser au r�cent plasticage de la DDE et � quelques autres attentats qui ont eu lieu dans le sud de l��le.
C�est en tous les cas un coup dur pour le FLNC 3, le premier genre puisque jusqu�� maintenant une seule op�ration avait �t� men�e par la gendarmerie contre cette organisation et l�individu vis� semblait �tre parfaitement au courant de cette initiative. Peu de temps apr�s le v�hicule d�un fonctionnaire des RG avait �t� plastiqu� par le FLNC Union des Combattants.
Le 26 juin 2002 � Ajaccio, il se montrait aux c�t�s de Jean-Guy Talamoni et de Paul Quastana lors d'une conf�rence de presse. Les renseignements g�n�raux soup�onneraient Colombani d'�tre un des chefs militaires du FLNC-Union des combattants si on en croit Le Parisien. Alors FLNC 3 ou Union des Combattants. R�ponse dans quelques jours. En attendant une perquisition men�e � son domicile de Sisco, au nord de Bastia, n'a pas donn� de r�sultats.
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