Ouvrir dans une nouvelle fen�tre Le double attentat de l�URSAFF et de la DDE en 1999 devant la cour d�Assises
Sep 5, 2003

Quinze nationalistes corses militants ou proches de Corsica Viva, du FLNC du 5 mai puis de l�Union des Combattants de �ont �t� renvoy�s devant la cour d'assises de Paris pour leur implication dans le double attentat de novembre 1999 � Ajaccio contre la DDE et l'Ursaff.

Le juge d'instruction antiterroriste Gilbert Thiel a ordonn� mardi le renvoi de huit de ces militants consid�r�s comme les auteurs ou les complices des deux attentats tandis que les sept autres compara�tront pour le d�lit d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Le 25 novembre 1999, peu apr�s 11H00, deux explosions de forte puissance avaient endommag� les locaux de la DDE et de l'Ursaff � Ajaccio et bless� sept personnes. Sans l�esprit d�initiative d�un journaliste de FR3, le double attentat aurait tu� des personnes.

Le b�timent de l'Ursaff avait �t� partiellement d�truit et rendu inutilisable par une charge de 80 kilos d'explosifs dissimul�e dans une voiture vol�e.

Le double attentat avait �t� revendiqu� le 30 novembre suivant par le groupe Clandestinu, jusqu'alors inconnu, dont les enqu�teurs allaient d�terminer qu'il n'�tait qu'une appellation de circonstance du FLNC du 5 mai 1996, bras arm� de Corsica viva.

Le sigle inconnu avait en fait �t� choisi apr�s la temp�te de protestation qui avait d�ferl� sur la Corse. Outre une manifestation de 5000 personnes � Ajaccio, le leader nationaliste Jean-Guy Talamoni avait m�me d� condamner l�acte, apr�s toutefois, s��tre avis� qu�il n�avait pas �t� commis par ses amis du FLNC Canal historique.

Dans le texte de revendication parvenu au r�dacteur en chef de France 3 Corse, Clandestinu affirmait avoir voulu toucher "les symboles de l'oppression fiscale et de la politique de d�corsisation men�e par l'�tat fran�ais".

"Nous assumons pleinement ces op�rations, mais contrairement au discours des repr�sentants de l'�tat, nous affirmons que nous avons pris toutes les pr�cautions pour prot�ger les vies humaines. (...) Malgr� cela, il a failli y avoir des victimes en raison de l'incurie des services de police", poursuivait le communiqu�.

Il s�av�rera que si la DDE avait �t� choisie presque par habitude,l�URSAFF l�avait �t� apr�s le contentieux de l�un des chefs clandestins avec cette administration.

Quelques heures avant la revendication par Clandestinu, le Premier ministre Lionel Jospin, sans renouveler son pr�alable de septembre 1999 du renoncement � la violence clandestine, avait propos� de recevoir "rapidement" � Matignon l'ensemble des �lus de l'�le, y compris les nationalistes. Le geste avait �t� compris par la clandestinit� comme directement li� aux effets de l�attentat. Ce sera d�ailleurs l�une des principales lignes de d�fense des accus�s qui ont reconnu leur participation � ce geste criminel.

L'enqu�te sur ce double attentat avait prosp�r� � la faveur d'un dossier de droit commun : interrog� par les policiers sur le plasticage de l'appartement de son ex-beau fr�re pour une histoire de garde d�enfant, Jean-Claude Ampart avait, � la grande surprise des policiers , tenter de monnayer des renseignements sur le double attentat contre une forme d�impunit�. Les policiers l�avaient enjoint � parler et, stup�faits, s��taient retrouv�s avec la r�solution de l��nigme Clandestinu.

Jean-Claude Ampart avait �galement mis en cause �galement les fr�res Nicolas et Simon Salvini comme parties prenantes aux attentats et Joseph Peraldi comme l'un des commanditaires. Joseph Peraldi, ancien photographe du journal � Le Proven�al Corse � �tait un militant du FLNC Canal habituel. � la dissolution de cette organisation clandestine, il avait refus� l�abandon des armes et avait fond� avec quelques-uns de ses compagnons et une partie du groupe Resistanza, le FLNC du 5 mai qui �tait le premier � avoir us� sans compter du nitrate-fuel comme explosif.

Les arrestations devaient ensuite se succ�der et conduire � la mise en examen de seize personnes, l'une d'entre elles b�n�ficiant d'un non-lieu ordonn� par le juge Thiel.

L'enqu�te a d�termin� que ces quinze personnes �taient des responsables, militants ou proches de Corsica Viva et de son bras arm� le FLNC du 5 mai 1996, Corsica Viva �tant compos� d'anciens membres du mouvement pour l'autonomie (MPA).

Le groupe Clandestinu avait �t� form� apr�s que le FLNC Canal historique eut accept� que le FLNC du 5 mai le rejoigne pour former un mois plus tard le FLNC Union des Combattants � la condition de faire ses preuves. Le FLNC du 5 mai avait en effet la r�putation dans le monde de la clandestinit� d��tre un peu faible depuis la mort de l�un de ses fondateurs, Joseph Caviglioli, le beau-fr�re d�Yvan Colonna.

Or l�heure �tait � l�union apr�s les assembl�es du Fium�Orbo destin�e � �viter dans le futur de nouvelles guerres entre factions rivales. Corsica viva � faisait partie des treize organisations nationalistes regroup�es au sein du comit� du Fiumorbu depuis juillet 1999. En novembre de la m�me ann�e, � Corsica viva � avait demand� la mise en place d�un processus de n�gociations et de r�glements politiques du probl�me Corse.

Joseph Peraldi et les dirigeants de Corsica Viva avaient alors lanc� des appels d�offre peu discrets puis s��taient rabattus sur des sympathisants. C�est ce qui allait causer leur perte. Le FLNC du 5 mai avait donc rejoint l�Union des combattants. Jean-Fran�ois Ramoin-Luciani avait m�me donn� une interview au journal Le Monde dat� du 8 f�vrier 2001 au nom de l�union des Combattants. On pouvait y lire : " Ces deux attentats sont intervenus apr�s la p�riode Bonnet [...] il incombait aux clandestins d�agir pour signifier � l��tat qu�il �tait urgent de changer de politique " et quelques lignes plus loin " Yvan Colonna est un militant nationaliste de la premi�re heure. La puret� de son engagement, comme celui de ses compagnons, quelle que soit la r�alit� des fait qui leurs sont reproch�s est incontestable. En ce sens ils m�ritent notre soutien ".

� Afin de justifier sa ligne �ditoriale, la direction du journal pr�cisait le m�me jour : " l�ensemble du mouvement nationaliste se veut partie prenante du processus de paix. C�est ce qui explique que Le Monde ait d�cid�, dans une d�marche inhabituelle, de donner la parole aux repr�sentants de mouvements clandestins ". �crivait alors Bernabeu Casanova dans un texte mis en ligne sur ce site en janvier 2003.

Joseph Peraldi et Jean-Fran�ois Ramoin-Luciani avaient �galement particip� � la r�union secr�te du Grand Orient de France le 22 janvier 2000.

Il s�agissait pour les responsables de la clandestinit� de rassurer le gouvernement sur l�attitude du FLNC. Un mois plus tard, Joseph Peraldi �tait arr�t� pour le double attentat d�Ajaccio.

Il y avait �galement l� Baptiste Canonici, qui va bient�t passer aux Assises pour l�assassinat d�un autre militant nationaliste, Defenzo, accus� d�avoir �t� un espion de Fran�ois Santoni et d�avoir voulu saboter le processus de Matignon en plastiquant des objectifs � Porto Vecchio.

Beaucoup de ces militants ont tout avou� au point d��tonner le magistrat instructeur. Le proc�s risque de mettre en �vidence cette propension � beaucoup parler. Il sera pourtant � risques car beaucoup d�amis de Peraldi se retrouvent aujourd�hui dans le FLNC 3 et comptent sur la violence pour obtenir un verdict cl�ment.

Il se dit en effet que Joseph Peraldi ne supporte plus du tout sa d�tention. Il risque quinze ans de prison. De fortes peines entra�neront sans l�ombre d�un doute de fortes r�actions explosives.

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