Ouvrir dans une nouvelle fen�tre La Corse en grande confusion
Sep 23, 2003

La Corse en grande confusion

Dimanche une petite cinquantaine de personnes a d�fil� � Luri avant de se rendre � la gendarmerie. Cinquante sur sept cents habitants. C�est dire si les r�cents �v�nements n�ont pas entra�n� l�adh�sion de tous les Luresi, loin s�en faut. Il est vrai qu�entre-temps, toutes les t�l�visions de France avaient elles aussi d�fil� dans le village du Cap entra�nant des d�clarations plus ou moins habiles de Jean-Pierre Susini, de son fils (beaucoup plus astucieux que le p�re) et de quelques parents des personnes arr�t�es, des d�clarations qui illustrent la confusion de la situation en Corse ;

Pr�textant les inscriptions sur le mur, les deux jeunes gens ont �t� interpell�s sur commission rogatoire d�un juge anti-terroriste transformant une action de cr�tins de banlieue en action clandestine. C��tait � la fois malhabile et terriblement provocateur. Pour Jean-Guy Talamoni, lancer un cocktail molotov sur une gendarmerie est une � gaminerie � qu�il oppose donc tout logiquement � des actes r�ellement terroristes commis par ses propres amis. Le leader et avocat des terroristes les accablant pour mieux d�fendre deux jeunes imb�ciles. C�est le monde � l�envers.

La difficult� est que ce jet de cocktail molotov est survenu, de la propre volont� des acteurs de cette imb�cillit�, dans un contexte tr�s particulier : celui d�attaques successives et terroristes de gendarmerie. Peu importe, dans ce cas-l�, que les deux jeunes cr�tins et leurs complices (plus habiles ceux-l� parce que vraisemblablement �lev�s � bonne �cole) appartiennent ou n�appartiennent pas en carte au FLNC. Ils ont us� de ses m�thodes pour obtenir le m�me r�sultat : faire peu aux gendarmes.

Cela ne justifie pas l�intervention de l�anti-terrorisme mais ne pourrait non plus se r�duire � une admonestation suivie d�un retour triomphal au village. Les manifestants ont raison de demander un proc�s en Corse car il faudrait une fois pour toutes que nous apprenions � prendre nos responsabilit�s. On peut toujours plastiquer, un �difice, s�en prendre aux gendarmes, faire souffrir son prochain. Mais qu�on ne vienne pas pleurer lorsqu�on se fait prendre et punir.

Deux images auront �t� symptomatiques : celle de la m�re ou de la tante de l�un des mis en examen pleurant et exigeant que les jeunes rentrent � la maison. Comme si la vie �tait une cour de r�cr�ation habit�e par de petits enfants qu�il suffirait de gronder apr�s une grosse b�tise. Il revient d�abord aux parents de punir ou d�accepter que leurs gosses soient punis. En m�me temps qu��clataient les �v�nements de Luri, des � gosses � eux aussi �taient jug�s pour un double viol en r�union. Les parents expliquaient la saloperie de leur prog�niture avec les m�mes mots que Monsieur Talamoni. Des gamineries� Des petites salopes qui en d�finitive n�ont eu que ce qu�elles m�ritent� Allez maintenant on n�en parle plus. On ne va pas g�cher la vie de ces braves jeunes gens. On passe l��ponge.

Car les agressions contre les gendarmes ont quelque chose d�un viol. La stupide phrase de Monsieur Susini : � On les tol�re � �tait justement intol�rable en ce sens qu�elle va dans le sens du tr�s stupide article de Madame Clerc � �teins le feu et tire-toi �. On demande aux gendarmes de nous sauver la vie, d�incarner une loi qui est n�cessaire (car qui fera croire que dans une hypoth�tique Corse ind�pendante il n�y aura pas de limitation de vitesse, pas de lutte contre la criminalit�) et pour le reste on les renvoie dans leurs p�nates.

Monsieur Susini doit refl�ter au mieux l�opinion d�un cinqui�me des votants en Corse, c�est-�-dire un dixi�me peut-�tre des adultes qui vivent sur cette �le. C�est peu pour pr�tendre parler au nom de tous les Corses.

Il �tait d�ailleurs hallucinant d�entendre une journaliste s�indigner dans l��mission Cuntrastu de la seule intervention de la justice anti-terroriste. Pas un mot sur les �meutes dans lesquelles sont intervenus des �l�ments mont�s de Bastia� Pas un mot sur les familles des gendarmes qui ne sont pour rien dans le m�tier de leur p�re et mari mais que l�on prend en otage. Rien. Cette jeune personne ne savait que r�p�ter avoir �t� scandalis�e par l�intervention brutale des gendarmes. Un conseil : il faut changer de journal. Le � Ribombu � vous tend les bras.

Il devrait se rendre dans la r�gion de Propriano pour se rendre compte de l��motion cr�er par les coups de fusil qui ont failli tuer une �pouse de gendarme. Fort heureusement, il reste encore une majorit� de Corses pour qui l�hospitalit� est un devoir en tous lieux et toutes occasions. On ne s�en prend pas aux femmes et aux enfants d�o� qu�ils viennent. Toute autre attitude est ni plus ni moins une attitude de salauds.

D�apr�s nos renseignements, les nationalistes organis�s ne sont en rien impliqu�s dans ce geste criminel tr�s mal venus � quelques jours du d�bat sur la violence � l�Assembl�e territoriale. N�anmoins, les organisations clandestines et leur campagne de plasticage ont fait le lit de ce type de d�bordement.

Nous parlions de confusion. Elle est totale pour tout le monde. Aujourd�hui plus personne ne sait qui fait quoi. Les communiqu�s sont contradictoires. Les organisations clandestines sont tellement peu certaines de leurs troupes qu�elles prennent quelques jours avant de revendiquer certains attentats. L�explication est simple : les directions doivent v�rifier que ce ne sont pas leurs militants qui sont intervenus sans ordre.

Confusion encore dans ce d�bat sur la violence qui s�annonce comme un combat de langues de bois. Les nationalistes vont r�p�ter pour la ni�me fois leurs arguments auxquels vont r�pondre les arguments adverses. En attendant on aurait bien aim� voir Messieurs Rossi et Baggioni t�moigner fermement et sans d�tours leur compassion aux gendarmes. Ce sont tout de m�me les repr�sentants de la communaut� insulaire qui en a aujourd�hui plus qu�assez des actes criminels d�une infime minorit� d�olibrius. Il est vrai que Monsieur Rossi a �t� re�u par Monsieur Sarkozy � Paris. Mais en Corse que fait-il ?

� quand une manifestation contre la violence � Bastia et � Ajaccio.

De toute cette confusion, il ne peut rien sortir de bon sinon plus de confusion et plus de malheur. IL serait temps grand temps que les Corses sortent de leur r�le de pleureuses �ternelles et apprennent enfin � prendre leur destin en main. Mais cela signifie devenir responsable devant sa propre conscience, devant les siens et devant tous les autres. Nous sommes loin du compte, habitu�s que nous sommes � �tre observateurs de notre propre malheur quitte � le transformer en un argument suppl�mentaire pour demander de nouvelles subventions.

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