Les gendarmes victimes de la d�cision de Perben
Une semaine apr�s les incidents � Luri (Haute-Corse), la brigade de gendarmerie de Propriano a �t� la cible de cinq coups de feu t�t samedi matin. L'attaque survenue vers 0h55, qui n'a pas fait de bless�, n'a pas �t� revendiqu�e, a pr�cis� le colonel Pascal Bonnaud, commandant du groupement de gendarmerie de Corse-du-Sud. Deux gendarmes et l'�pouse de l'un d'entre eux ont �vit� de peu les coups de feu. Un gendarme et son �pouse dormaient dans une chambre au premier �tage du b�timent de la gendarmerie quand les projectiles, de la chevrotine, ont travers� les volets et sont pass�s � une trentaine de centim�tres au dessus de leur t�te.
Il y a quelques jours, les enfants dormaient dans cette chambre de la brigade de Propriano mais leurs parents ont d�cid� de les d�placer de l'autre c�t� du b�timent. "Il y a quelques jours encore, c'�taient les enfants qui dormaient l�", confirme un officier en d�signant la fen�tre au premier �tage Dans la cour, les enfants des gendarmes jouent, les m�res discutent. "Toutes les familles ont �t� tr�s choqu�es", assure un militaire.
"Le fait marquant, cette fois, c'est que l'on a tir� sur les domiciles et non plus sur les bureaux", clairement d�sign�s un peu plus loin par un panneau bleu, commente un officier de gendarmerie.
"Je n'ai qu'un mot � dire", l�che, les m�choires serr�es, le colonel Roland Gilles, commandant de la l�gion de gendarmerie de Corse. "C'est le rappel du mot d'ordre de M. Sarkozy, un mot d'ordre de fermet� et de travail, auquel les gendarmes adh�rent � 100%, dans la s�r�nit�, afin que les imb�ciles criminels qui attentent � la vie de nos gendarmes mais aussi � celles de leurs femmes et enfants, r�pondent de leurs actes irresponsables devant la justice", ass�ne l'officier.
Dans la rue, une passante hoche la t�te. "Qu'ils s'en prennent aux gendarmes, passe encore, mais qu'ils ne touchent pas aux enfants", d�clare-t-elle.
Samedi matin, les volets de la chambre encore ferm�s �taient truff�s d'impacts de chevrotine. Des gendarmes en tenue et des enqu�teurs en civils commen�aient � effectuer les relev�s balistiques.
Sous cette fen�tre, une baie vitr�e est �ventr�e. Dans cette salle commune de t�l�vision, un gendarme mobile a �galement �vit� de peu les projectiles. "Il y a eu un tir de fus�e �clairante, manifestement pour �clairer la fa�ade avant l'attentat, le gendarme mobile a compris et a eu le temps de se prot�ger". En fait ce sont deux fus�es �clairantes qui ont jet�es dans la cour de la caserne au moment des coups de feu.
Cinq ou six projectiles, de la chevrotine, ont �t� tir�s "en visant les volets et non pas, comme d'habitude, les murs", avait annonc� le pr�fet adjoint pour la s�curit� en Corse, Philippe de Lagune, qui s'�tait rendu sur place pour "t�moigner aux gendarmes et � leurs familles du soutien du ministre de l'Int�rieur".
"Ces tirs auraient pu blesser, les fen�tres �taient clairement cibl�es et pas simplement le mur, comme cela se passe d'habitude", a estim� le repr�sentant de l'�tat.
"C'est la providence qui a voulu qu'il n'y ait pas mort d'homme", estime le maire de Propriano, Paul-Marie Bartoli, au bas de la fen�tre dont le volet en plastique blanc est trou� d'une vingtaine d'impacts de chevrotine destin�e habituellement au sanglier. Du 9 grains.
A Propriano, dont pr�s d'un tiers du conseil municipal est d'ob�dience nationaliste, la population a �t� marqu�e r�cemment par l'arrestation de Fr�d�ric Paoli, dont la bergerie a servi de dernier refuge � Yvan Colonna avant son arrestation, � quelques kilom�tres de l�. En Corse, la tradition veut que, nationaliste ou pas, donner un toit et du pain � tout fugitif est un devoir sacr�, en toutes circonstances. Mais la tradition voudrait aussi qu�on ne tire pas sur les femmes et sur les enfants.
Quelques heures avant l'attentat, le juge Gilbert Thiel avait ordonn� la remise en libert� de Fr�d�ric Paoli. Mais un appel du parquet de Paris l'a maintenu en d�tention, ce qui a accru le sentiment de col�re chez une frange des habitants de Propriano et des environs, dont les vitrines sont placard�es d'affiches jaunes invitant � une soir�e musicale de soutien au jeune berger le 27 septembre.
Le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy a fait part samedi de son "indignation et de son soutien" aux gendarmes de Propriano.
Le ministre a appel� l'adjudant Auffray, responsable de la brigade "pour exprimer son indignation et son soutien aux gendarmes et � leur famille et assurer que tout serait mis en �uvre pour retrouver les coupables".
Le pr�fet de Corse, Pierre-Ren� Lemas, a qualifi� cette attaque d'"acte de banditisme, de gangst�risme", qui "aurait pu tuer un gendarme, une de leurs �pouses ou un enfant. Ca ne peut susciter que l'indignation".
Interrog� sur France-Info, il a toutefois soulign� qu'il avait ressenti "une tr�s forte solidarit� de la population en Corse, une immense d�sapprobation de ce type d'acte". "La d�termination � trouver les coupables est compl�te", a-t-il pr�cis�, en ajoutant que "la majorit� de la population souhaite la pr�sence des gendarmes".
"Les gendarmes sont des citoyens parmi leurs concitoyens. Ils sont l� pour les prot�ger et ils sont au milieu d'eux. Nous veillerons � assurer la pr�sence sereine des gendarmes au milieu de la population. Ce sont deux imp�ratifs qui doivent �tre compl�mentaires", a �galement affirm� le pr�fet de Corse.
L'enqu�te a �t� confi�e conjointement � la section de recherche de la gendarmerie d'Ajaccio et au groupement de gendarmerie de la Corse du sud.
Depuis le d�but de l'ann�e, les forces de gendarmerie ont fait l'objet de 18 attentats ou tentatives. En ao�t, une charge explosive d'une centaine de kilos avait �t� d�couverte devant le portail d'entr�e de la caserne Battesti qui abrite le commandement de la gendarmerie en Corse � Ajaccio.
"La situation est d�l�t�re depuis", constate un officier. Un doux euph�misme. Il est d�sormais clair que, stimul� par les d�clarations irresponsables des dirigeants nationalistes, la mouvance sympathisante s�autorise aujourd�hui � faire ce qu�elle n�osait pas faire hier. L�affaire de la plaque du pr�fet Erignac, Tolla et maintenant la gendarmerie de Propriano sont la d�monstration que la r�cente campagne de plasticage et notamment l�usage de charge pouvant tuer, a ouvert la bo�te de Pandore.
Mais durant le week-end, il nous est aussi apparu que la population, scandalis�e par les exc�s de la DNAT, en a aujourd�hui assez de ces actes perp�tr�s contre les gendarmes. Il suffirait que la pr�fecture engage une campagne en faveur des actions men�es par ces hommes pour que les Corses basculent d�un coup dans le camp de l�ordre. L�attitude du colonel Gilles d�fendant ses hommes alors que l��tat se taisait a �t� appr�ci� par tous ces Corses qui balancent entre le rejet de m�thodes brutales et globales et l�id�e que sans l��tat fran�ais, la Corse serait soumise aux bandes arm�es.
C�est d�ailleurs ce qu�avait compris le FLNC Union des Combattants en mettant un terme � ces nuits bleues d�sastreuses. Gageons que les imb�ciles qui ont tir� sur la gendarmerie vont se faire rapidement arr�ter. En temps ordinaire, lors des actes contraires � la culture corse sont commis, des renseignements pr�cis arrivent chez qui de droit.
TOUT LE DOSSIER CORSE
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