Corsica Nazione d�cide de si�ger � nouveau � l'assembl�e de Corse
Un petit tour et puis s�en vont. Le groupe nationaliste Corsica Nazione, qui avait suspendu sa participation aux travaux de l'assembl�e de Corse le 17 juillet, a pris la d�cision de principe d'y si�ger � nouveau � partir de la session extraordinaire du 25 septembre consacr�e � un d�bat sur la violence, ont indiqu� vendredi des sources nationalistes. C�est un symbole d�autant que les attentats semblent marquer le pas depuis que Jean-Pierre Raffarin a annonc� dans une interview donn�e au Figaro que le d�bat institutionnel pourrait reprendre apr�s les �lections territoriales.
"On y retourne le 25 septembre", a annonc� une source nationaliste sous couvert de l'anonymat, au lendemain d'une r�union des dirigeants d'Indipendenza, principal mouvement nationaliste de l'�le, et de son �manation �lectorale, Corsica Nazione.
"On doit quand m�me en r�f�rer � nos militants", a ajout� une autre source nationaliste, toujours sous couvert de l'anonymat, pr�cisant que cette d�cision restait "soumise � l'�volution de la situation et de l'actualit� dans les prochains jours".
Les huit �lus de Corsica Nazione s'�taient "retir�s" le 17 juillet des travaux de l'assembl�e de Corse pour protester contre "l'arrestation � grand spectacle d'Yvan Colonna" et le "verdict inique" du proc�s du commando Erignac, dont les effets se sont conjugu�s avec la victoire du "non" au r�f�rendum pour provoquer, selon eux, une "situation extr�mement difficile" dans l'�le.
En fait et selon nos informations, Indipendenza dont Corsica nazione n�est que l�ombre �lectorale et plus encore le FLNC Union des Combattants se sont retrouv�s dans une situation extr�mement difficile. La violence des attentats a commenc� � provoquer des protestations extr�mement s�v�res en Corse qui ont trouv� leur point d�orgue avec la lettre du d�put� Paul Giacobbi aux � poseurs de bombe �. Paul Giacobbi avait pourtant �t� le fer de lance de la r�forme institutionnelle. En deuxi�me point, la contestation du FLNC 3 et la surench�re violente a donn� l�impression bien r�elle que l�Union des Combattants ne ma�trisait plus rien du tout et qu�un drame �tait � pr�voir.
Enfin, la mise en exergue par Nicolas Sarkozy et par les m�dias continentaux des nationalistes mod�r�s du PNC a donn� l�impression aux dirigeants d�Indipendenza et de l�Union des Combattants, qu�en continent sur cette voie dangereuse, ils allaient tout perdre.
Des d�bats extr�mement durs ont eu lieu au sein du FLNC Union des Combattants. Les dirigeants de secteurs les plus notabilis�s et, il faut bien le dire, les mieux nantis, ont plaid� pour faire baisser la pression et partir aux �lections avec une liste d�union qui r�unirait la famille nationaliste. Les moins convaincus et souvent les plus � honn�tes � ont jou� la carte de Corsica nazione toute seule. Ils ont perdu au risque de provoquer � terme une nouvelle scission dans la clandestinit�.
Ce retour sur les bancs de l�assembl�e signifie tout simplement que la vocation premi�re et ultime du mouvement nationaliste, clandestin compris, est de s�ins�rer co�te que co�te dans le jeu politique. La violence, n�en d�plaise aux m�dias continentaux , a toujours fait partie de la vie corse.
Au 19�me si�cle, durant la Restauration mais surtout sous le r�gne de Louis-Philippe et de Charles X, les radicaux se rassemblaient dans des organisations clandestines qu�on appelle � carbonara �. Les opposants d�alors avaient dans leur rang un nomm� Louis-Napol�on qui se fit �lire pr�sident de la seconde r�publique en 1848 et jusqu�en 1852 date � laquelle le citoyen pr�sident se fit �lire empereur des Fran�ais. Alors le clan r�volutionnaire devint conservateur pr�cipitant les conservateurs dans la contestation violente.
Rien n�a chang� si ce n�est l�ouverture peut-�tre plus grande sur l�ext�rieur. Et encore� En 1848 les minorit�s nationales se soulevaient contre l�empire austro-hongrois des Habsbourg. Le jeu des pour et des contres restent identiques et les nationalistes tentent de s�y inscrire avec difficult�.
Ils esp�rent un tiers de l��lectorat et surtout appara�tre comme la premi�re force de l��le ce qui repr�senterait ind�niablement une importante victoire psychologique. Mais cela implique qu�ils soient cr�dibles. Selon nos informations, des relations informelles mais essentielles ont �t� nou�es avec le cabinet de Nicolas Sarkozy. Qui dit cabinet ne dit pas ministre, car le ministre de l�int�rieur n�a pas l�intention de s�en laisser compter par qui que ce soit.
Apr�s avoir gard� maladroitement le silence durant les �v�nements de Luri il a pris la balle au bond et promis une fois encore que l�impunit� �tait termin�e. C�est encore lui qui a conseill� le premier ministre sur les termes � employer pour annoncer que le d�bat reprendrait. C�est lui qui d�ores et d�j� a pris la place du premier ministre.
Mais l�affaire corse ne peut s�arranger qu�avec l�aval du FLNC Union des Combattants. En faisant arr�ter tous les attentats l�Union des Combattants a montr� une capacit� de � pacification � r�elle et donc de nuisance.
Les Renseignements g�n�raux se sont occup�s du FLNC 3 dont les dirigeants sont connus mais contre qui il manque des preuves. Pourtant, il est une r�alit� qui est aujourd�hui un �l�ment majeur de la situation : tous les dirigeants nationalistes qui ont d�pass� la cinquantaine craignent la prison. Ils veulent donc agir mais avec circonspection. C�est pourquoi ils recrutent actuellement dans les rangs d�une jeunesse d�politis�e et pr�te � tout.
Cela s��tait d�j� pratiqu� en 1990 et cela avait abouti � la guerre entre nationalistes. Mais il est vrai qu�aujourd�hui le contexte est diff�rent et que l�Union des Combattants n�a pas v�ritablement de challenger. � l�inverse, ses adversaires pourraient bien �tre tent�s d�instrumentaliser de jeunes chiens fous afin qu�ils commettent l�irr�parable de mani�re � changer la donne politique.
N�oublions pas que c�est � la veille d��lections territoriales que le pr�fet Erignac a �t� tu� par des soldats perdus du nationalisme corse. En Corse le s�r n�est jamais certain et les signes actuels d�apaisement peuvent en fait cacher une temp�te.
Mardi, le pr�sident de l'assembl�e de Corse Jos� Rossi (UMP) avait annonc� qu'il allait r�unir cette assembl�e le 25 septembre en session extraordinaire pour un d�bat consacr� � la violence. Chacun l�attend avec impatience. Et un d�bat sur la violence sur Corsica nazione serait un d�bat sur l�anthropophagie sans la tribu des cannibales.
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