Ouvrir dans une nouvelle fen�tre Affaire Al�gre : Baudis n�est pas toute l�affaire Al�gre
Sep 19, 2003

Affaire Al�gre : Baudis n�est pas toute l�affaire Al�gre

Fanny, sur les conseils de son nouvel avocat, a d�clar� n�avoir jamais rencontr� l�ancien maire de Toulouse, Dominique Baudis. Ce dernier est donc en grande partie sorti d�affaire m�me si une autre ancienne prostitu�e continue de l�accuser.

N�anmoins l�affaire Al�gre �tait avant tout celle d�un homme, tueur en s�rie, accus� d�avoir �t� le pourvoyeur en � chair fra�che � de soir�es sado-masochistes organis�e pour certains notables de la r�gion.

Nous �crivions qu�il �tait possible que les victimes de ces soir�es aient, � un moment, donn� eut l�impression que leurs paroles pouvaient d�truire ce monde qui les avait tant fait souffrir et qui s�incarnaient en certains personnages de premier plan.

Mais qu�en est-il des accusations port�es contre certains policiers, et des relations des prox�n�tes avec ces derniers. Comment se fait-il que certains assassinats perp�tr�s par Al�gre soient devenus par la gr�ce d�enqu�tes d�lib�r�ment sabot�es d�invraisemblables suicides ? Pourquoi la justice n�a-t-elle pas fait son travail ?

Il est certes regrettable que Baudis ait �t� accus� � tort. Il serait pourtant catastrophique que la r�tractation de Fanny r�duise l�affaire � z�ro. Et que pensez de l�attitude de Ma�tre Guidicelli, le nouvel avocat de Fanny qui sans m�me prendre connaissance du dossier, accuse la cellule Homicide 31 de la gendarmerie sans laquelle l�affaire n�aurait pas vu le jour ? Comment ne pas y voir le d�but d�un enterrement de l�un des plus grands scandales de ces vingt derni�res ann�es ?

Tous ces t�nors du barreau fra�chement d�barqu�s � Toulouse ont une curieuse conception de leur m�tier en mettant en accusation des enqu�teurs qui ont exhum� en quelques ann�es des faits r�voltants.

Nous publions ci-dessous les articles qui nous semblent les plus r�v�lateurs de l�ambiance actuelle, une ambiance dans laquelle la D�p�che du Midi fait aujourd�hui figure d�accus�e alors que ce quotidien a tent� de raconter au jour le jour le cheminement d�une affaire dont on conviendra qu�elle a �t� riche en rebondissements.

Continuer � savoir la v�rit� quitte � se tromper et � l��crire, c�est aussi croire que la v�rit� n�est pas toujours celle de l�institution, de la nomenklatura, des notables mais peut aussi surgir de la bouche des victimes, de tous ceux � qui on exige en permanence qu�ils la ferment ou qu�ils cr�vent.

On lira avec une attention toute particuli�re l�interview du substitut Bourragu� dont certaines phrases puent le m�pris pour le calvaire des malheureuses prostitu�es. Et tout d�un coup, on comprend sans l�approuver que certaines d�entre elles aient appuy� le trait.

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La D�p�che du Midi

Fanny change de version et de cibles


Il y avait eu les r�tractations du tueur en s�rie Patrice Al�gre, il y a d�sormais celles de Fanny. Confront�e, hier, dans le bureau du juge Thierry Perriquet � Dominique Baudis, l'ex-prostitu�e, en pleurs, a demand� pardon � l'ancien maire de Toulouse qu'elle mettait en cause jusqu'alors, comme acteur de soir�es sadomasochistes violentes. Arriv�e dans la matin�e, vers 10 h 45 au palais de justice de la place du Salin, en compagnie de son nouvel avocat toulonnais Jean-Claude Guidicelli, la jeune femme �g�e de 30 ans, les yeux d�j� rougis, ne s'est pas soustraite, pour la premi�re fois, aux cam�ras et aux appareils photos.

Interpellant m�me les journalistes sur le respect qui lui �tait d�, elle a rejoint le bureau du magistrat instructeur o� l'attendait d�j� depuis le d�but de la matin�e Dominique Baudis, et son avocat Me Francis Szpiner. Le face � face n'aura pas dur� longtemps. Le pr�sident du CSA est ressorti deux heures plus tard, un peu avant 13 heures, pour annoncer � la presse que son accusatrice s'�tait r�tract�e. � Elle a confirm� que c'�tait la premi�re fois qu'elle me rencontrait �, a d�clar� l'ancien maire.

� Elle a avou� qu'on lui avait demand� de citer le nom de Dominique Baudis �, a sobrement comment� Me Szpiner, en refusant toutefois de donner plus de pr�cision quant aux personnes � l'origine de ces pressions. Pressions que Fanny avait d�j� d�nonc�es par le pass� en expliquant qu'elle avait �t� agress�e par des policiers au mois de mars dernier pour � mouiller � des personnalit�s, en particulier des magistrats.

� la fin du mois de juillet, la jeune femme avait m�me demand� � �tre entendue express�ment par la juge Nicole Bergougnan pour �voquer � nouveau ces pressions polici�res. Mais � cette occasion, elle avait disculp� Jean Volff, l'ancien procureur g�n�ral de la cour d'appel de Toulouse et� directement cit� Dominique Baudis apr�s avoir parl� dans de pr�c�dentes d�clarations de � l'homme du Capitole qui lui avait fait tr�s mal �. Fanny avait alors localis� cette rencontre � l'h�tel de l'Op�ra, place du Capitole, en pr�sence de Marc Bourragu�, le magistrat qu'elle continue d'accuser.


Les gendarmes accus�s de manipulation


Hier, l'ex-prostitu�e a une nouvelle fois fait volte-face en d�signant, selon son avocat Me Jean-Claude Guidicelli, les manipulateurs. Il s'agit, cette fois, non plus de policiers mais des gendarmes � l'origine des enqu�tes sur Patrice Al�gre et plus pr�cis�ment du responsable de la cellule Homicide 31. Un nouveau coup de th��tre dans un dossier d�j� tr�s n�buleux.

Sans nommer directement le chef Michel Roussel, l'avocat toulonnais, arriv� dans le dossier deux jours avant la confrontation, a laiss� entendre que sa cliente avait �t� � instrumentalis�e� par le gendarme investigateur parlant de � manipulation mentale, proc�durale pour lui sugg�rer de mettre en cause Dominique Baudis �. C'est pourtant devant le juge Lemoine et non devant les gendarmes que des noms de personnalit�s avaient �t� lanc�s pour la premi�re fois par les ex-prostitu�es Fanny et Patricia. Autre contradiction.

� Je ne sais pas ce qui se passe en coulisses mais il est incontestable qu'elle n'avait aucune raison de mettre en cause Dominique Baudis dans le dossier, a indiqu� l'avocat, elle a d'ailleurs pr�cis� qu'il n'�tait pas connu dans le milieu de la nuit. Elle est certes fragile mais pas irresponsable. Je n'accepterais pas qu'elle change de version �, a-t-il conclu. Fanny est pr�venue. Avant m�me qu'elle ne soit confront�e dans l'apr�s-midi au magistrat Marc Bourragu�, Me Guidicelli a en revanche annonc� que l'ex-prostitu�e maintenait toutes ses accusations � l'encontre de l'ex-substitut du procureur de Toulouse.

� C'est l'homme qui lui a bousill� sa vie, qui �tait omnipr�sent dans les parties sadomasochistes �, a-t-il insist�. � l'issue de quatre heures de confrontation, Fanny n'a pas flanch�. Notamment sur la soir�e � l'h�tel de l'Op�ra. � Elle l'a tutoy� et regard� droit dans les yeux, a indiqu� Me Guidicelli.

Elle a aussi pr�cis� que c'est Patrice Al�gre qui lui avait pr�sent� le magistrat. La v�rit� se lit sur les visages �. Me Laurent de Caunes, l'avocat de Marc Bourragu� a, pour sa part, consid�r� que � les accusations ne tenaient pas quand on rentre dans les d�tails. On progresse lentement, on continue dans la pr�cision �, a-t-il assur�. Une nouvelle confrontation est d'ores et d�j� programm�e pour le 7 octobre au matin. Alors quand faut-il croire ou non Fanny ? L'affaire Al�gre n'en est visiblement pas � ses derniers rebondissements.

Gilles-R. SOUILLES

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Le Parisien

Fanny demande pardon � Baudis


Dominique Baudis entrevoit la sortie du tunnel dans l'affaire Al�gre. Hier matin, dans le bureau du juge Perriquet, �Fanny�, la deuxi�me accusatrice de l'ancien maire de Toulouse s'est r�tract�e sur toute la ligne, allant m�me jusqu'� demander �pardon� � l'ancien �lu. �C'est surr�aliste, r�agit un proche de Dominique Baudis.

Bien s�r Dominique est content que tout le ch�teau de carte s'�croule, mais il est aussi �pouvant� devant toute cette m�canique infernale qui s'est mise en route contre lui...� �On commence � mieux comprendre la manipulation�, d�code Me Francis Szpiner, l'avocat de l'ancien maire.

En m�me temps qu'elle se r�tractait, �Fanny� a expliqu� hier, dans le bureau du juge Perriquet, comment de petite solication en petite solicitation, venant selon elle, de gendarmes, d'avocats ou de journalistes, elle a pu en venir � accuser Dominique Baudis, un homme qu'elle n'avait pourtant jamais vu. �Pour que tout cela se soit mis en route, c'est que des pans entiers de notre soci�t� sont pourris�, a diagnostiqu� hier apr�s-midi Dominique Baudis, tr�s amer, devant des proches. �Il a la naus�e�, reconna�t l'un d'eux.

Hier matin, Dominique Baudis arrive un brin inquiet au tribunal de Toulouse. Il sait qu'il va se retrouver face � Fanny, une ancienne prostitu�e qui l'accuse, sur proc�s-verbal, de l'avoir viol�e dans un h�tel de la ville rose. La phrase est dans tous les journaux depuis le printemps dernier : �L'homme du capitole me rappelle de tr�s mauvais souvenirs..

Ca m'a fait tr�s mal�, a d�clar� Fanny dans le dossier judiciaire. Hier matin, apr�s une heure d'attente pendant laquelle l'atmosph�re se fait lourde dans le bureau du juge Perriquet, Fanny, une jeune femme brune aux cheveux longs, arrive enfin. Le magistrat, de sa voix pos�e, lance la confrontation : �Voil�, Madame. M. Baudis est en face de vous. Vous l'avez accus�. Qu'est ce que vous nous dites ?�

Fanny marque un long silence. �M. Baudis, commence la jeune femme, je m'excuse, je vous ai mis en cause � tord dans cette histoire�. L'ancienne prostitu�e reconna�t d'entr�e de jeu qu'elle n'a jamais vu le maire de Toulouse auparavant, qu'elle le rencontre pour la premi�re fois, et sa voix s'�touffe de quelques sanglots. �Je n'avais jamais entendu parler de la pr�sence de Dominique Baudis dans des lieux de prostitution ou des endroits � caract�re sexuel�, d�clare aussi la jeune femme, alors qu'elle avait aussi d�clar� auparavant que Dominique Baudis participait � des soir�es sado-maso.

En clair, avant le d�clenchement de l'affaire judiciaire, Dominique Baudis a toujours �t� un inconnu pour cette ancienne prostitu�e toulousaine. Alors comment en est-elle venue � le mettre en cause dans une information judiciaire ? Le reste de la confrontation d'hier matin a �t� consacr� � cette question qui taraude l'actuel pr�sident du conseil sup�rieur de l'audiovisuel.

Fanny aurait ainsi d�clar� hier que ce sont les gendarmes de la cellule homicide 31 qui, les premiers, lui auraient parl� de Dominique Baudis et de son pseudo-surnom de �N�nette�. Devant les enqu�teurs, l'ancienne prostitu�e mettra d'abord en cause un ancien magistrat toulousain, Jean V. comme �tant �l'homme du capitole� qui l'aurait viol�e. Puis elle changera d'avis, mettant en cause Dominique Baudis.

Pourquoi ce changement ? Hier matin, Fanny a racont� les circonstances de ce revirement. Elle a ainsi d�clar� qu'elle en avait parl� avec ses avocats de l'�poque, Mes Muriel Amar et Georges Catala, leur disant que �l'homme du capitole n'�tait pas Jean V.� Selon elle, en tout cas selon son r�cit d'hier, ses avocats lui auraient alors conseill� de citer quelqu'un d'autre.

�Si c'est Baudis, dites-le, au point o� il en est�, lui aurait dit Me Amar, selon des propos rapport�s hier par l'ancienne prostitu�e. �Ni moi ni Me Amar n'avons jamais pouss� � la roue pour qu'elle cite Baudis�, nous a indiqu� Me Catala, interloqu�. Autre explication avanc�e hier matin par Fanny, son ancienne coll�gue de trottoir, Patricia, l'autre accusatrice de Dominique Baudis, l'aurait �pouss�e� � mettre en cause l'�lu. Fanny s'est �galement expliqu�e hier sur ses relations avec certains journalistes... indiquant que certains n'�taient pas m�contents qu'elle cite l'ancien �lu.
�Pour Baudis, cette affaire est proche de son d�nouement judiciaire�, confie un de ses proches. Mais il est clair que pour l'ancien maire de Toulouse, ce qu'il appelle son �enqu�te sur la manipulation�, elle, ne s'arr�tera pas l�.
Laurent Valdigui�

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L�Est r�publicain

Machination


L'HONNEUR de Dominique Baudis avait �t� jet� aux chiens. Des chiens pr�ts � tout qui n'h�sitent pas � faire, dire ou �crire n'importe quoi, sans se soucier de d�truire la r�putation d'un homme.

Car il faut bien le reconna�tre dans cette affaire, la presse, tous m�dias confondus, a gravement d�rap�. Sans la moindre v�rification, elle a repris, d�velopp�, amplifi� les d�nonciations de pauvres filles - fabulatrices irresponsables ou manipul�es - au point de transformer cette sordide histoire en scandale du si�cle.

La fi�vre incroyable qui a entour� ce dossier n'est pas un simple accident professionnel. C'est une faute grave qui, toutes proportions gard�es, se transforme en Timisoara du fait divers.

En effet, comment est-il possible de sombrer dans un tel d�lire ? Comment peut-on relayer des accusations aussi infamantes sans chercher � les recouper ? Comment ces t�moignages calomnieux ont-ils pu �tre jet�s en p�ture � l'opinion attir�e par l'odeur de la cur�e d'autant plus forte qu'elle concerne les puissants ?

Dans ce tourbillon insens� tous les crit�res de sagesse, de discernement et de bon sens ont vol� en �clats. Comme d'ailleurs le secret de l'instruction et la pr�somption d'innocence.

L�, un �cho insens� a �t� donn� sans aucun contr�le � des aberrations. Et ces m�thodes douteuses emp�chent ceux qui ont distill� le poison, de revendiquer aujourd'hui le droit � l'erreur.

Apr�s le revirement d'hier o� l'ancienne prostitu�e a d�clar� n'avoir jamais vu Dominique Baudis, la soci�t� m�diatique va en prendre pour son grade. Normal, puisqu'en se vautrant dans le sensationnalisme, elle a manqu� de rigueur, de vigilance et de lucidit�.

Maigre consolation pour l'ancien maire de Toulouse qui veut d�sormais savoir qui se trouve derri�re cette machination et pourquoi. � ce sujet, on aimerait entendre M. Perben qui a mut� h�tivement le procureur g�n�ral de Toulouse et M. Sarkozy �trangement silencieux sur les travers et les ravages de l'enqu�te, alors que d'habitude il n'est pas le dernier � s'exprimer.
Pierre TARIBO

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Bourragu� : � Je ne fais pas partie du v�cu de cette femme �


Fanny a maintenu ses accusations contre le magistrat toulousain malgr� les incoh�rences.

- Vous affirmez que c'est la premi�re fois que vous rencontrez Fanny. Comment vous est apparue celle qui vous accuse de l'avoir viol�e � de nombreuses reprises ?

- Elle est tr�s vindicative, parfois elle se met � pleurer, puis se plaint d'�tre pers�cut�e parce qu'on lui pose des questions. � d'autres moments elle est insultante. Au d�but, elle me tutoyait et � la fin elle me vouvoyait. C'est visiblement une femme perturb�e qui tente par tous les moyens de s'accrocher � sa premi�re version m�me si elle appara�t incoh�rente et invraisemblable en bien des points. Mais il est important d'en passer par ces confrontations pour que je puisse me d�fendre. Et cela d�montre que l'institution judiciaire fait son travail s�rieusement. Nous allons d'ailleurs nous revoir prochainement pour une nouvelle confrontation et j'en suis ravi car c'est tr�s utile.

- Comment s'est d�roul�e cette confrontation avec votre accusatrice ?

- Il y a eu deux phases. Le matin, la confrontation a eu lieu en pr�sence de Dominique Baudis car Fanny m'accuse notamment de l'avoir viol�e en compagnie de l'ancien maire de Toulouse dans une chambre de l'h�tel de l'Op�ra. Durant cette premi�re phase, Fanny a rapidement mis hors de cause M. Baudis et s'est excus�e de l'avoir accus� � tort. Elle a m�me expliqu� au juge que le surnom de � N�nette � dont il avait �t� affubl� �tait le produit de la cellule Homicide 31. Pour justifier toutes ces fausses accusations, elle a mis en cause les gendarmes, surtout le gendarme Roussel, une journaliste de t�l�vision et ses anciens avocats. � On m'a tellement pos� de questions qu'� la fin je disais ce que l'on voulait entendre �, a-t-elle d�clar� au juge Perriquet.

- Elle a blanchi M. Baudis mais elle a maintenu ses accusations � votre �gard ?

- J'ai confirm� au juge que je ne connaissais pas M. Baudis et que lui ne m'avait jamais rencontr�. Alors apr�s l'avoir d�douan�, comment peut-elle m'imputer des faits que j'aurais commis en sa compagnie ? Il faut comprendre que cette dame n'est jamais pr�cise dans ses d�clarations. Il faut se souvenir qu'au d�but elle a mis en cause cinq magistrats dont l'ancien procureur g�n�ral Jean Volff. Puis, elle a remplac� M. Volff par M. Baudis. Aujourd'hui, elle revient sur ses d�clarations le concernant. En ce qui me concerne, elle continue de m'accuser alors que des v�rifications qui ont �t� faites par le juge d'instruction contredisent ses d�clarations.

- Par exemple ?

- Apr�s avoir blanchi M. Baudis, elle s'est tourn�e vers moi en disant : � Par contre toi, je ne te l�cherai pas � cause de Line � (Ndlr : c'est le pr�nom d'une prostitu�e qui avait �t� assassin�e). Certes, elle continue de m'accuser alors que des tas d'invraisemblances ont �t� mis en �vidence. Sur les conditions de notre rencontre par exemple. Elle dit m'avoir vu pour la premi�re fois dans un restaurant alors qu'elle �tait en compagnie d'un certain Claude De Boscher. Selon ses d�clarations, j'�tais avec Al�gre et un policier qu'elle ne d�signe pas. Interrog�, M. De Boscher a dit qu'il ne me connaissait pas et qu'il n'avait jamais entendu parler de moi. C'est d'ailleurs ce qu'a d�clar� la propre famille de Fanny.

Certificat m�dical

- En qu'elle ann�e se serait produite cette rencontre ?


- � chaque fois que le juge l'interroge sur les dates, elle ne sait plus ou dit que c'�tait il y a 13 ans.

- De combien de viols vous accuse-t-elle ?

- Ma situation s'am�liore... Au d�but, c'�tait 15. Aujourd'hui, elle parle de 5 ou 6 viols. Tout est comme �a. Elle est vague, impr�cise, changeante. Les versions varient au gr� des questions, en fonction du moment et des r�ponses qu'on lui apporte. Une fois, je l'aurais viol�e en compagnie de deux autres magistrats toulousains. Une autre fois, j'aurais �t� avec Al�gre et un policier. Une troisi�me fois, c'�tait avec M. Baudis et un barbu... Des fois, on aurait �t� trois � la violer, puis quatre... Au cours de cette confrontation, il faut bien avouer qu'on ne savait plus trop o� on en �tait dans tous ces viols commis dans des parkings, dans des h�tels, dans mon bureau au Palais de justice... Sur ce dernier point par exemple, le juge lui a fait remarquer que le bureau qu'elle indique, o� se serait d�roul� le viol en pr�sence de trois policiers, n'�tait pas le mien. Mais celui d'une coll�gue...

- Est-ce que vous avez parl� du tatouage que vous auriez � l'�paule ?

- Je vous pr�cise tout d'abord que, mardi, � la demande du juge d'instruction, je me suis rendu au service de m�decine l�gale o� l'on a constat� l'absence de tatouage ou de cicatrice li�e � un tatouage que j'aurais fait dispara�tre.

Alors l� aussi, Fanny a chang� de version. Ce tatouage ne serait pas forc�ment sur le bras mais peut �tre ailleurs. Le juge lui alors fait remarquer que j'avais fourni un certificat m�dical prouvant que je n'avais pas de tatouage sur le corps. Elle a r�pondu : � La trace a pu dispara�tre avec le temps �.

� Cette femme est manipul�e �

- Et l'enfant que vous auriez eu avec elle ?


- Sur ce point-l�, elle n'est plus s�re du tout car dans la chronologie des faits qu'elle donne, le premier viol est post�rieur � la naissance de l'enfant. Alors comme lui a fait remarquer le juge, je ne peux donc pas �tre le p�re. Elle r�pond : � Il reste tout de m�me une chance sur dix... �. Admettez que pour un esprit cart�sien, ce n'est pas facile � suivre. Le juge n'a malheureusement pas pu proc�der � des tests de paternit� du fait que l'enfant a �t� adopt� apr�s que la m�re a �t� d�chue de l'autorit� parentale.

- Comment expliquez-vous qu'elle maintienne ses accusations ?

- Elle me fait penser � Patricia (Ndlr : l'autre prostitu�e qui accuse) qui est revenue en partie sur ses accusations, notamment concernant les magistrats, mais pas compl�tement puisqu'elle maintient ses d�clarations concernant M. Baudis. Fanny, c'est pareil. Elle a d�douan� M. Baudis mais continue de m'accuser, ainsi que des policiers. On peut comprendre qu'elles ne veulent pas tout l�cher d'un coup m�me si plus personne n'accorde aujourd'hui de cr�dit � leurs d�clarations.

- Mais pourquoi s'en prend-elle � vous ?

- Cette femme est �videmment manipul�e. Certes, elle consent � reculer parce qu'elle ne peut pas contester certaines �vidences. Alors, elle l�che par petits bouts et commence � d�signer ceux qui l'auraient manipul�e comme le gendarme Roussel. Elle commence � expliquer aussi qu'elle a subi des pressions. Je pense que l'on est sur la bonne voie. Pourquoi moi ? Je pense tout simplement que c'est li� aux fonctions de substitut financier que j'occupais au parquet de Toulouse.

- Vous lui en voulez � cette fille ?

- Je ne r�agis pas ainsi. Je voudrais simplement qu'elle dise toute la v�rit� parce qu'elle a �t� embarqu�e malgr� elle dans cette histoire o� elle s'est perdue. Devant le juge, je l'ai invit�e � le faire. Elle m'a r�pondu : � C'est mon v�cu �. Moi, je veux bien, mais son v�cu, ce n'est pas le mien. Je ne fais pas partie du v�cu de cette femme, que, jusqu'� hier, je n'avais jamais rencontr�e.

- Mais vous excluez qu'elle ait pu subir des s�vices, des viols, des mauvais traitements de la part d'autres hommes ?

- Je ne crois pas. Car m�me apr�s lui avoir d�montr� judiciairement qu'il n'avait rien pu se passer au Ch�teau d'Arbas et � la Maison du lac de No�, elle continue de s'accrocher � toutes ces histoires de soir�es sado-maso et de viols multiples commis par des notables toulousains. Ceci dit, j'admets qu'elle a pu avoir une vie de prostitu�e difficile. Mais il y a un monde entre ce qu'a pu �tre sa vie et tout ce qu'elle raconte.
(Interview recueillie par La�d SAMMARI)

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Le Monde

Affaire Al�gre : le dossier contre Dominique Baudis s'effondre

"Fanny", l'une des prostitu�es qui accusait l'ancien maire de Toulouse de l'avoir viol�e, est revenue, mercredi 17 septembre, sur ses d�clarations. Elle a indiqu� qu'elle voyait M. Baudis pour "la premi�re fois" et qu'elle l'avait cit� � la demande des gendarmes et de ses anciens avocats.


Toulouse de notre envoy� sp�cial

Des larmes, puis des excuses. Confront�e, mercredi 17 septembre, � l'ancien maire de Toulouse, Dominique Baudis, puis � l'ancien substitut toulousain Marc Bourragu�, dans le cadre de l'information judiciaire ouverte le 15 avril pour "viols aggrav�s" et "prox�n�tisme en bande organis�e", l'ex-prostitu�e "Fanny" est revenue sur ses d�clarations du 29 juillet. "M. Baudis, excusez-moi, je vous ai accus� � tort, a affirm� "Fanny" dans le bureau du juge d'instruction Thierry Perriquet, c'est la premi�re fois que l'on se voit. Je ne vous ai jamais vu dans des lieux de prostitution ou des soir�es sadomasochistes. Je sais que je peux �tre poursuivie pour ce que j'ai dit avant."

Quelques mots, bredouill�s au c�ur de sanglots, qui ont probablement mis un terme � l'enqu�te judiciaire visant Dominique Baudis, le pr�sident du Conseil sup�rieur de l'audiovisuel. Quatre mois apr�s sa d�claration au journal de 20 heures de TF1, le 18 mai, dans laquelle il r�v�lait que son nom �tait cit� dans le cadre de l'"affaire Al�gre", M. Baudis est mis hors de cause par l'un des t�moins principaux. "Fanny", 30 ans, ex-prostitu�e toulousaine, l'avait accus�, le 29 juillet, lors d'une d�position "spontan�e" dans le bureau de la juge Nicole Bergougnan, de l'avoir viol�e dans une chambre de l'H�tel de l'Op�ra.

Un revirement soudain, puisque "Fanny" avait toujours, jusqu'alors, assur� que son violeur n'�tait autre que Jean Volff, ex-procureur g�n�ral de Toulouse. Une deuxi�me ancienne prostitu�e, "Patricia", avait, elle aussi, accus� M. Baudis de l'avoir viol�e, le jour de ses 20 ans, le 20 novembre 1990, dans un appartement toulousain, en compagnie du tueur en s�rie Patrice Al�gre et d'un Alg�rien condamn� en 1992 pour prox�n�tisme, Lakhdar Messaoudene.

"J'AI FAIT TOMBER..."

L'instruction avait d�j� pu �tablir que M. Baudis ne pouvait mat�riellement se trouver � Toulouse le 20 novembre 1990, des bandes vid�o de l'Assembl�e nationale faisant foi de sa pr�sence sur les bancs ce jour-l�. Il restait � v�rifier les propos de "Fanny". L'ex-prostitu�e s'est elle-m�me charg�e de r�tablir les faits. Il semble av�r�, d�sormais, que les deux jeunes femmes ont d�lib�r�ment menti. Pourquoi et comment cette campagne d'accusations a-t-elle pu �tre lanc�e ?

Le 8 avril 2003, "Patricia" t�l�phone � son ancien compagnon, Bruno M. Sa conversation, intercept�e par les gendarmes, retrace le contexte : "J'ai fini par cracher le morceau, j'ai fait tomber des flics, j'ai fait tomber, euh, un maire, j'ai fait tomber, euh, j'ai fait tomber Dominique Baudis, je suis en train de faire tomber Douste-Blazy, je suis � deux doigts de faire tomber - une autre personnalit� -, c'est une bombe, quoi, qu'ils ont entre leurs mains."

De fait, Patricia est la plus prolixe, d�s le d�but. Le 10 f�vrier, elle met en cause Dominique Baudis, l'accuse d'�tre "mont�e plusieurs fois" avec lui et Patrice Al�gre, � l'H�tel de l'Europe, pour des parties sadomasochistes. Le 26 juin, lors d'une confrontation avec l'ex-maire de Toulouse, elle maintient ses dires. Mais ses d�positions sont �maill�es de contradictions. Elle d�clare ainsi avoir subi des viols de M. Baudis entre le 20 novembre 1990 et juillet 1991, pour les situer, au fil d'autres t�moignages, entre le 20 novembre 1990 et le 4 janvier 1992. Elle est incapable de situer pr�cis�ment l'appartement o� se serait d�roul� le viol du 20 novembre 1990. Le 19 juin, elle est incarc�r�e dans le cadre d'un dossier connexe pour "t�moignage mensonger".

De son c�t�, "Fanny", d�s le 10 avril, accuse M. Baudis d'avoir ordonn� le meurtre d'un travesti, Claude Martinez : "J'ai entendu dans un bureau de cette grande maison Dominique Baudis ordonner le meurtre de Claudia - Claude Martinez - au commissaire A., en pr�sence de mon procureur, Marc Bourragu�, dit Marcus, et Patrice Al�gre."

Le 17 avril, elle dit avoir fait boire et prendre des cachets � Marc Bourragu� et Dominique Baudis afin de pouvoir fouiller les affaires de M. Bourragu�. Le 17 juin, elle revient partiellement sur ses propos. Avant, finalement, d'admettre n'avoir jamais rencontr� M. Baudis. Ces deux jeunes femmes sont-elles des affabulatrices ? Ont-elles �t� manipul�es ? "L'instruction avance entre les mains d'un juge impartial, a d�clar� Me Francis Szpiner, l'avocat de Dominique Baudis. Mon client a �t� victime de mensonges et de calomnies. Pourquoi ?"

"SUBORNATION DE T�MOINS"

"Fanny", dans le bureau du juge Perriquet, a assur� que les gendarmes, en particulier l'adjudant Michel Roussel, puis ses deux ex-avocats, Mes Muriel Amar et Georges Catala, l'avaient incit�e � citer Dominique Baudis, le 29 juillet. Et lorsque le magistrat lui a demand� comment elle a pu, le 17 avril, parler du sobriquet de "N�nette" � propos de l'ancien maire de Toulouse, elle a assur�, l� encore, que les enqu�teurs lui avaient souffl� ce surnom d�j� cit� par "Patricia". "Ma cliente a �t� franche et directe, a estim� Me Jean-Claude Guidicelli, conseil de "Fanny". Elle a expliqu� dans quelles conditions les gendarmes lui ont pr�conis� de jeter ce nom en p�ture. Elle n'est pas machiav�lique, elle a �t� propuls�e de force dans ce dossier. C'est un jouet, un pantin que l'on a utilis�." Me Guidicelli a demand� une protection pour "Fanny", qui a affirm� avoir subi des violences polici�res. Il compte �galement r�clamer l'ouverture d'une information judiciaire pour "subornation de t�moins". Le directeur g�n�ral de la gendarmerie, Pierre Mutz, a indiqu� qu'il "prenait acte" des "accusations graves" port�es contre les enqu�teurs et se r�servait le droit de porter plainte

De son c�t�, l'avocat de Dominique Baudis, Me Szpiner a remis, mercredi 17 septembre, une note en dix points au magistrat. Il demande ainsi le listing des appels t�l�phoniques pass�s et re�us par les deux ex-prostitu�es, les auditions de deux journalistes de Sud-Ouest et de La D�p�che du Midi, l'examen des contrats des livres qu'ils sont suppos�s �crire avec "Fanny" et "Patricia", de m�me que la convocation de l'�diteur Michel Lafon. Il souhaite �galement savoir si l'album de photos pr�sent� par les gendarmes aux ex-prostitu�es, qui leur a permis de d�signer les magistrats, a bien �t� annot� et r�alis� par les enqu�teurs. Et non pas par une autre main, plus man�uvri�re.

G�rard Davet

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Le major Grolleau, retrait�, ancien confesseur d'Al�gre, estime que ses coll�gues ont �t� un peu vite

Migr� (Charente-Maritime) de notre envoy� sp�cial

Patrice Al�gre l'appelait "le papy". Un "papy" parti � la retraite � 51 ans. Trop de meurtres, de nuits sans sommeil, de discussions st�riles. En 2000, le major Jean-Yves Grolleau a quitt� son poste de chef du groupe "homicides" de la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse. Il s'est install� � Migr�, 330 �mes, dont il est devenu le maire. Voil� l'ancien gendarme �lu, apr�s avoir quitt� le s�minaire � 19 ans, baroud� six mois le long de la fronti�re bosno-serbe ou r�gl� des querelles de tribus en Nouvelle-Cal�donie.

Il n'avait jamais voulu, jusqu'� pr�sent, confier ses sentiments. Mais il n'y aurait pas eu d'"affaire Al�gre" sans Jean-Yves Grolleau. C'est lui qui a su gagner la confiance du tueur en s�rie, d�s son arrestation, en 1997, et il suit encore de pr�s le maelstr�m toulousain. Avec un brin d'amertume.

"La gendarmerie se serait bien pass�e de l'affaire Al�gre. Apr�s mon d�part, dit-il, cela a �t� la vacance totale � la section de recherches. Heureusement que le juge Lemoine est l�, c'est un type solide, pas carri�riste, proche de ses enqu�teurs."Jean-Yves Grolleau a toujours dit ce qu'il pensait, haut et fort. On le surnommait "Monsieur Non".

Il pense, aujourd'hui, que la gendarmerie est all�e un peu vite en besogne dans les enqu�tes li�es aux personnalit�s cit�es par les prostitu�es. "L'adjudant Michel Roussel, lorsqu'on l'a bombard� chef de groupe, je lui disais toujours "l�ve la t�te, prends du recul", se souvient-il. Mais lui, il savait bien mieux travailler � charge qu'� d�charge. Pourtant, ce qui n'est pas prouv� n'existe pas." Michel Roussel, c'est ce gendarme qui a su amener les prostitu�es � se confier � lui. Quitte � lui avouer des semi-v�rit�s, voire des mensonges.

"On ne part pas comme �a, la fleur au fusil sur de tels dossiers, explique Jean-Yves Grolleau, on recoupe d'abord. Il fallait faire des zigzags, des proc�dures crois�es. M�me si je trouve du m�rite � Roussel, tant il doit se battre avec sa hi�rarchie. Moi, j'aurais pris mon temps, j'aurais �vit� de me faire d�border. L�, on se discr�dite, avec tous ces revirements..."

"IL Y AVAIT UN RITUEL"

L'ex-major conna�t Patrice Al�gre par c�ur. Ses manies, ses tics. Il ne voit pas le tueur en grand ordonnateur des nuits toulousaines. "Il �tait bien trop �gocentrique. Une seule chose int�resse Patrice Al�gre : lui-m�me. S'il avait rencontr� Dominique Baudis, il aurait �t� le premier � s'en vanter, �a se serait su."

Jean-Yves Grolleau craint que le lien patiemment tiss� avec Patrice Al�gre n'ait �t� d�finitivement bris�. Il lui avait fallu du temps, pour saisir cette personnalit� complexe. Un homme qu'il dit "intelligent, vif". Il se souvient de ces longues heures de garde � vue.

Il y avait un rituel. Pas d'uniformes, pas de menottes. Le prisonnier pouvait fumer. Il partageait m�me les repas du groupe "homicides". "Il n'�tait pas attach�, on mangeait avec des couteaux, se rappelle l'ancien gendarme. Je suis s�r qu'il ne m'aurait jamais rien fait." Les deux hommes parlaient de tout et de rien. Pendant trois ans, ils ont appris � se conna�tre. "Il fallait lui donner l'impression que c'�tait lui le chef, sinon on n'en sortait rien. Il me disait sa haine des petits malfrats. Il n'avouait ses meurtres qu'� la toute fin de la garde � vue. Il regardait l'horloge, puis il me l�chait un nom."

Patrice Al�gre a donn� au major Grolleau trois nouveaux dossiers, entre deux confessions. "Quand il me donnait une affaire, c'�tait pour me r�compenser, pas pour se soulager, assure Jean-Yves Grolleau. Il y avait un deal entre nous : je devais garder ce secret, car il voulait en parler � sa grand-m�re avant qu'elle n'apprenne ce nouveau crime par les journaux. Elle comptait beaucoup pour lui. Une sacr�e femme. Elle lui avait m�me amen� du shit en prison." L'ex-gendarme a bien pens� �crire un livre. "Mais ce n'est pas bien de faire du fric avec l'histoire des autres. Il faut toujours respecter l'homme."

G. Da.
(Le Monde du 19.09.03)

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Comment l'ancien maire de Toulouse a fait face quatre mois durant aux accusations

Toulouse de notre envoy� sp�cial

Le 18 mai, lorsque Dominique Baudis r�v�le au journal de 20 heures de TF1 que son nom est cit� dans "l'affaire Al�gre", il esquisse d�j� ce que va �tre sa m�thode de d�fense : l'offensive � tout-va.

Pas question pour le pr�sident du CSA de pr�ter le flanc, de subir ce qu'il dit �tre une pure calomnie. D�j�, il a avanc� la date de son passage � la t�l�vision, coupl� avec une interview accord�e au Monde. Ce devait �tre le mardi 20 mai, puis le lundi 19, va pour le dimanche 18 mai, veille de la parution de l'entretien dans nos colonnes. C'est lui seul qui a d�cid� de se colleter � ce qui est d�j� bien plus qu'une vilaine rumeur. En sueur, bl�me, il d�nonce une "effarante machination". Deux jours plus t�t, il a pris soin de pr�venir un ami de longue date, l'avocat Francis Szpiner, qui accepte de devenir son conseil. Dominique Baudis ne sait d'o� vient l'attaque.

Alors il s'en prend d'abord au lobby du cin�ma pornographique, puis � son vieil adversaire toulousain, Jean-Michel Baylet, le patron du journal La D�p�che du Midi qui, le premier, a r�v�l� les dessous de l'affaire Al�gre. Mais tr�s vite, l'ancien maire de Toulouse comprend qu'il lui faut r�pondre sur un autre terrain : celui des faits. Les accusations de "Patricia" sont relativement pr�cises, en ce qui concerne les dates.

"JAMAIS D�COUCH�"

Elle assure que Dominique Baudis l'a viol�e, le jour de ses 20 ans, le 20 novembre 1990, dans un appartement toulousain, en compagnie du tueur en s�rie Patrice Al�gre et d'un ressortissant alg�rien d�j� condamn� en 1992 pour prox�n�tisme, Lakhdar Messaoudene. "Fanny", elle, ne cite pas de jour. Mais le 29 juillet, elle se rend chez la juge Nicole Bergougnan pour lui signifier que c'est Dominique Baudis, et non le procureur g�n�ral Jean Volff, qui l'a viol�e dans une chambre de l'h�tel de l'Op�ra. M. Baudis va s'attacher � d�monter l'accusation la plus pr�cise.

Isabelle Baudis, son �pouse, t�moigne, le 4 juillet, devant les gendarmes de Toulouse : "En qualit� d'assistante parlementaire, j'accompagnais syst�matiquement mon mari dans ses d�placements, dit-elle. Je confirme les d�clarations de mon mari. Je suis effectivement partie avec lui � Paris, le 20 novembre 1990 en milieu de journ�e. (...) Ces journ�es professionnelles � Paris se terminaient la plupart du temps aux environs de 20 h, heure � laquelle il regagnait le domicile parisien (...). Nous passions les soir�es ensemble, que ce soit � la maison ou � l'ext�rieur."

Les gendarmes s'interrogent : "Lors de ces d�placements, arrivait-il � votre mari de faire le voyage aller-retour Toulouse-Paris dans la m�me journ�e, pour revenir � Paris le lendemain matin ?" Isabelle Baudis se montre s�re d'elle : "Ma r�ponse est non, je suis tr�s cat�gorique. Jamais mon mari ne m'a laiss� une nuit seule � Paris. Du moment qu'il �tait � Paris, nous �tions toujours ensemble, lorsqu'il n'�tait pas pris par ses activit�s. Je tiens � pr�ciser qu'en 22 ans de vie commune, mon mari Dominique Baudis n'a jamais d�couch�. Aussi, s'il s'�tait absent� dans la nuit du 20 au 21 novembre 1990, je m'en serais souvenue, puisque cela aurait �t� la premi�re fois. Il �tait donc bien avec moi ce soir-l�."

BANDES VID�O

La veille, l'ancien directeur de cabinet de M. Baudis � la mairie de Toulouse, Jean-Armand Fabre, lui avait apport� son soutien. Le 3 juillet, il d�clarait aux enqu�teurs : "De moi-m�me, je - lui - ai fait part que je conservais mes agendas depuis 1987 o� ses rendez-vous �taient not�s. Ce n'est que quelques jours avant qu'il soit entendu chez le juge d'instruction que je lui ai amen� � sa demande � son domicile l'agenda de 1990. C'est le seul qu'il voulait. Durant ses deux mandats � la mairie de Toulouse, il partait en g�n�ral le mardi dans le courant de la matin�e et il rentrait le jeudi dans le courant de la matin�e."

Sur l'agenda de M. Fabre, les gendarmes notent qu'� 18 h, le 20 novembre 1990, M. Baudis a une r�union sur le Liban � Paris. Et qu'� 9 h, le 21 novembre 1990, l'attend une r�union de la "commission Joxe", toujours � Paris. Encore faut-il prouver la pr�sence de Dominique Baudis � ces deux assembl�es. � la mi-juillet, le pr�sident du CSA re�oit un coup de t�l�phone de Jean-Louis Debr�, pr�sident de l'Assembl�e Nationale : "Je t'informe que l'on a r�uni beaucoup d'�l�ments dans ton affaire", lui glisse M. Debr�. De fait, des registres de pr�sence, des proc�s-verbaux de commissions, mais aussi des bandes vid�o, viennent attester la pr�sence de M. Baudis � Paris les 20 et 21 novembre 1990. Les accusations de "Patricia" sont d�menties. Il restait � attendre le changement de cap de "Fanny".

G. Da.
(Le Monde du 19.09.03)

Affaire Al�gre

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