Luri ou les agissements d�une minorit�
� J�habite Bastia bien qu��tant originaire de Luri. Il est exact que Luri a vot� en majorit� pour une liste de sensibilit� nationaliste. N�anmoins, une grande partie de la population ne s�est pas retrouv�e dans les manifestations violentes de ces derniers jours.
Je souscris aux protestations qui visaient � d�noncer le fait que ces jeunes qui, ailleurs, seraient consid�r�s comme des jeunes difficiles, aient pu �tre mis en examen par l�anti-terrorisme. C�est tellement absurde, tellement disproportionn� qu�on croit r�ver.
Mais je veux aussi affirmer qu�il ne saurait �tre question d�assimiler un jet de cocktail molotov � des � gamineries � comme l�a affirm� Monsieur Talamoni qui n�avait rien � faire � Luri sinon � jeter de l�huile sur le feu. Tout le monde conna�t ici Jean-Pierre Susini et ses contradictions. C�est un brave homme dont la femme gravement malade tente de faire pour le mieux. Jean-Pierre vit dans un monde qui n�est pas r�el. C�est un homme qui se compla�t dans une forme de protestation permanente et qui, incapable de prendre sur ses �paules les b�tises qu�il a pu conna�tre, a trouv� l�exutoire habituel en cet �tat � qui l�on demande tout et � qui on reproche tout.
Jean-Pierre est par ailleurs un brave type, pas toujours tr�s astucieux, mais un brave type. Il s�occupe de jeunes en difficult�, tient parfois le bar du village. Ces derniers jours il a multipli� les d�clarations � la presse s�empressant de pr�ciser qu�il n�avait rien contre les gendarmes puisqu�il leur avait montr� les � coins � champignon � et leur avait permis de cultiver un potager sur des bouts de terrain qu�il leur avait pr�t�.
Mais ici on aime bien se montrer g�n�reux � la condition de rester � le ma�tre � chez soi. Et Jean-Pierre estime que Luri, plus encore que la Corse, c�est son chez lui. Il est une sorte de Maurin des Maures � qui il est interdit de faire la moindre remarque sans risquer un grand coup de gueule. Mais �a ne va plus loin.
Les familles de gendarmes n�avaient aucun probl�me tant que les gendarmes respectaient cette � tol�rance �. Mais d�s qu�ils tentaient de faire leur travail, la tension montait. Or ce que je voudrais dire ici, c�est qu�une majorit� de Corses sait que les gendarmes sont n�cessaires. Certains parmi eux sont des bourricots comme dans n�importe quelle profession. Mais la plupart sont des personnes biens et j�estime le sort qui leur est fait totalement injuste et pour tout dire assez � d�gueulasse �.
Je me souviens d�une nationaliste qui un jour a vu un gendarme sauver la vie de son fils accident� de la route. Car il faut le dire : les parents sont contre toute remarque faite � leurs enfants. Mais malheur � l�autorit� qui manquerait quand ceux-ci ont besoin d�aide. Combien de ces gamins qui ont attaqu� la gendarmerie ont conduit saouls comme des Polonais. Et il fallait se taire.
Luri sans sa gendarmerie serait un trou perdu avec un autre trou dans ses caisses. Ce qui explique pourquoi Madame la Maire veut tellement que la brigade reste.
Je pense tout simplement que nos �lus devraient faire savoir avec un peu plus d��nergie que nous voulons que les gendarmes restent l� o� ils sont m�me si cela d�pla�t aux nationalistes qui, eux, sont tol�r�s en bien des endroits de Corse. Nous devrions tous faire savoir par manifestation ou p�tition que nous r�prouvons ces hostilit�s. Cela arr�terait tout de suite ces excit�s.
Actuellement, les enfants des gendarmes de Luri continuent d�aller � l��cole dans le village. Ils subissent les insultes quotidiennes des amis des personnes arr�t�es. Ces enfants n�y sont pour rien et pourtant ils sont en proie � des agissements inqualifiables. Je pr�sume que cela devait �tre le cas contre les enfants juifs lorsque des fascistes s�en prenaient � eux.
Je trouve �a �c�urant mais plus �c�urant encore est notre silence � tous. Il est temps que d�mocratiquement nous exprimions un point de vue autre que celui de la minorit� nationaliste. Les �meutiers de Luri ne sont certainement pas la majorit� des Corses. Loin, tr�s loin de l�.
P. M. Bastia
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Luri ou les agissements d�une minorit�