Ouvrir dans une nouvelle fen�tre Tirons l�affaire au Clerc
Sep 16, 2003

Tirons l�affaire au Clerc

Nous publions ci-dessous le t�moignage d�un membre de notre r�seau puis le texte du maire du village de Tolla. Enfin notre confr�re Le Journal de la Corse a enqu�t� sur cette affaire et publi� deux articles que l�on trouvera ci-dessous.

Le t�moignage d�un correspondant de L�investigateur


Permettez-moi de t�moigner dans vos colonnes d�une certaine v�rit� sur l�affaire Clerc. La presse continentale en a fait un �v�nement embl�matique de la situation en Corse et de l�absence de libert� qui existerait dans l��le. Je ne veux surtout pas pr�tendre que tout va bien dans notre �le : loin de l�. Mais pour bien conna�tre le fond de � l�affaire Clerc � je m��tonne de l��cho donn� � ce tr�s regrettable attentat.

Je vais donc tenter de coucher sur le papier ce que j�en sais. Il y a au d�but de tout cela l�obtention par la mairie de construire six logements HLM dans le village de Tolla. Le maire, M. Casalta est un communiste d�une grande droiture qui n�a jamais fait la moindre concession � la violence nationaliste. Il a essentiellement le souci de d�velopper sa commune qui, comme toutes les communes de montagne a tendance � se vider au profit de l�agglom�ration ajaccienne.

Sur les six appartements construits trois appartiennent � Tolla, un � la pr�fecture, un � la Chambre des m�tiers et un � l�Office. Les trois premiers ont �t� attribu�s � des habitants de Tolla qui en avaient d�montr� la n�cessit�. Il va de soi que le village aurait aim� b�n�ficier de la totalit� des appartements. Mais aucune animosit� n�a jamais �t� t�moign�e envers ses habitants.

� l�inverse il est une personne qui a montr� son m�contentement. Il s�agit de Madame Simoni, l�amie de Christine Clerc. Pardonnez-moi d��tre directe mais cette femme appartient � une des � grandes � familles de Tolla. Son p�re �tait un magistrat et leur demeure est l�une des plus belles du village. Aussi cette dame que l�on voit � peine dans le village et qui demeure � Paris a-t-elle exprim� de la mani�re la plus vive qui soit son opposition � la construction des HLM en face de sa maison. C�est d�ailleurs ce vis-�-vis qui a permis � Madame Clerc de filmer le d�m�nagement du couple Charlier. Madame Simoni n�a pas plus tol�r� dans le village la pr�sence des poubelles destin�es au tri s�lectif. Bref madame Simoni s�est comport�e comme tant de Corses du continent qui voudraient que l��le reste telle qu�elle est dans leur souvenir : immobile, immuable et soumise � leurs seuls caprices. Le probl�me est la Corse vit et travaille en dehors de leur pr�sence.

C�est donc dans cette HLM que le couple Charlier a emm�nag�e. Monsieur Charlier n�a jamais pos� le moindre probl�me et sa fonction de policier pas plus. � l�inverse Madame Charlier a vite indispos� son voisinage. Sa morgue, ses disputes, son chien, son autoritarisme ont fait qu�elle s�est mise � dos la plupart des habitants du village non pas parce qu�elle �tait continentale, encore moins parce qu�elle �tait la plus belle (c�est elle qui le pr�tend) et moins encore parce que son mari �tait policier, mais tout simplement parce qu�elle �tait odieuse.

Je ne vais certainement pas justifier le plasticage de sa voiture, geste invraisemblable. Mais les journalistes qui ont fait haro sur Tolla oublient que malheureusement bien des Corses sont victimes de ce genre de comportements et s�rement plus que de continentaux m�me si on ne parle que de ces derniers. Cette violence odieuse s�exerce d�abord dans notre propre communaut� et nous en sommes les premi�res victimes. Sauf � consid�rer les Corses comme une entit� � punir dans son ensemble cette r�alit� est � prendre en compte. � Tolla, la majorit� des habitants a largement condamn� ce geste. Enfin, ce n�est pas parce qu�on habite � Tolla qu�on conna�t les faits et gestes de tous les habitants de Tolla et moins encore ceux des habitants des villages des alentours. Nous ne savons pas qui a plastiqu� la voiture de Monsieur Charlier.

Et croyez-moi, si ce renseignement �tait si connu que �a, il serait d�j� arriv� aux oreilles de la police. Il n�y a que des continentaux pour croire que les Corses forment un tout homog�ne capable de secret. Tous ceux qui connaissent la soci�t� corse savent � quel point elle est travers�e de courants contradictoires de haines, de jalousies.

Quand Madame Clerc a sorti son papier, celui-ci a �t� ressenti comme une claque par tous y compris par ceux qui sont contre les nationalistes si tant est que ce geste ait �t� commis par des nationalistes. Madame Clerc nous fourrait tous dans le m�me sac et lorsque ce sentiment lui a �t� dit elle l�a pris avec hauteur. Une grande reporter n�allait tout de m�me pas s�excuser devant ces Tollais qui ne m�ritent rien de plus que le m�pris. Je le dis tr�s franchement : elle �tait odieuse m�me si apr�s elle a adopt� l�attitude d�une victime au grand c�ur.

Les coups de feu tir�s contre sa voiture sont eux-aussi �videmment condamnables et condamn�s si ce n�est pas une poign�e de fanatiques aux allures d�adolescents attard�s. Mais la majorit� des Tollais auraient voulu que cela n�arriv�t pas. Cependant il faut remettre cet attentat dans une �chelle de valeur r�elle. Les coups de feu ont �t� tir�s par une 22 Long Rifle. Nous voil� loin du calibre des tueurs clandestins. Ils l�ont �t� non pas contre la journaliste mais contre cet ensemble de faits.

Je le r�p�te : c�est odieux et inacceptable et si les coupables sont pris, peu m�importe la condamnation. Mais il ne s�agissait certainement pas d�une atteinte volontaire au droit d�expression commise par une organisation clandestine. Je pencherais plut�t pour le geste d�un jeune imb�cile. Et malheureusement la Corse ne manque pas de cette cat�gorie d�individus.

Pour terminer, qu�on cesse de monter en �pingle des faits qui sont certes importants pour les victimes mais qui ne sont pas la preuve que la Corse est au bord de la guerre civile. C�est le seul moyen d�apaiser la situation. Tous les gamins de banlieue difficile savent qu�en br�lant des voitures, ils attireront les cam�ras de t�l�vision et transformeront un acte de cr�tin en acte politique. N�est-ce pas donner une prime � la force aveugle ?

J. C.

Les explications du maire de Tolla


Les explications, de Jan-Baptiste Casalta, le maire de Tolla le village o� la voiture de la journaliste a �t� mitraill�e, un texte digne et sensible.


A la suite du mitraillage de la voiture personnelle de Christine Clerc,journaliste du Figaro, dans nuit du 2 au 3 septembre � Tolla de nombreuses voix se sont �lev�es pour d�noncer une atteinte � la libert� de la presse. Un article de la journaliste racontant le d�part pr�cipit� d'un policier d'Ajaccio dont la voiture avait �t� plastiqu�e serait, � l'origine de ces � repr�sailles �. La municipalit� tollaise et son maire, Jean-Baptiste Casalta, d�noncent cet amalgame rapide.


� Nous sommes un tr�s grand nombre � Tolla � penser que l'article � �teins le feu et tais-toi! � �tait provocateur. Son auteur aurait d� au travers d'une enqu�te plus compl�te mieux cerner la v�rit� plut�t que de blesser la majorit� de gens de notre communaut�. Pour autant, il est clair que cette m�me majorit� d�sapprouve sans r�serve l'attentat commis contre le grand reporter.

La d�sinformation nous para�t inacceptable et peut appara�tre comme une autre forme de violence. En d�passant la simple opinion de son amie tollaise et parisienne qui la recevait, Christine Clerc aurait appris que le sens de l'hospitalit�, s'il a chang� de forme, n'en demeure pas moins identique dans le fond � celui que son amie a connu et appr�ci� d�s son enfance.

En quarante ans, la soci�t� a chang� mais tout ce qui se r�alise dans notre village t�moigne d'une dynamique o� nombreux sont eux agr�ablement surpris de la chaleur de l'accueil, de la convivialit� ambiante et des fortes amiti�s qui se nouent.

Au lendemain de la parution de cet article, le premier magistrat n'avait pas manqu� de signaler l'erreur commise quant � l'appr�ciation de notre hospitalit� et apr�s avoir discut� avec plusieurs habitants du village, Christine Clerc a reconnu que des �l�ments d'information lui avaient manqu�, en regrettant d'avoir donn� � ses �crits une dimension pol�mique.

La libert� de la presse est une et indivisible. Nous savons combien de journalistes ont pay� de leur vie pour cette noble et juste cause et nous aurions souhait� dans cet article que cette libert� s'accompagne de plus d'objectivit�.

Certes, Christine Clerc a bien pr�cis� qu'elle exer�ait son m�tier comme n'importe o� ailleurs et c'est son droit le plus absolu. Restant � l'�coute de sa seule amie et du couple Charlier (le couple dont le mari est policier ndlr), sujet de l'article, elle n'a pas pu savoir que le grand incendie de Tolla-Bastelica a �t� combattu, bien s�r par les professionnels du feu mais aussi par les b�n�voles de notre village et voisins d'Ocana.

M. Charlier, victime lui aussi, a particip� avec nous � ce dur combat et il en a �t� fortement remerci�. Le l�che attentat dont il a �t� victime a �t� condamn� sans r�serve, au cours d'une r�union publique, organis�e par la municipalit�.

Au-del� du discours du maire, les prises de position ont �t� puissantes. La violence qui gangr�ne notre �le a fait l'objet d'une r�probation g�n�rale. Christine Clerc, mieux inform�e aurait su qu'apr�s cette manifestation le conseil municipal et une d�l�gation de femmes se sont rendus au domicile des Charlier pour les soutenir, en les sollicitant de ne pas quitter le village.

L�, Francis Charlier, comme devant Christine Clerc, n'a pu emp�cher les larmes de voiler ses yeux : sa hi�rarchie nous a-t-il indiqu�, avait d�j� d�cid� sa mutation � Strasbourg.

Un mot enfin sur l'analyse faite par le r�dacteur en chef du Figaro, Charles Lambroschini, qui conna�t bien son pays. L�objectivit� aurait d� le conduire � ne pas attribuer l'attentat aux seuls nationalistes.

M. Lambroschini le sait bien � travers la violence quotidienne dite politique approuv�e par certains nationalistes, les petits et grands voyous, peuvent en arriver � faire n'importe quoi et n'importe comment.

Ceci �tant dit nous apportons encore notre soutien � Christine Clerc et son amie. Qu'elle revienne bient�t � Tolla avec un autre regard sur notre communaut�. Elle sera invit�e � travailler avec nous pour un meilleur �tre de la commune et de la Corse.

Le dossier produit par le Journal de la Corse


Une histoire pas tr�s� Clerc

Dans la nuit du jeudi au vendredi 6 septembre, � Tolla (Corse-du-Sud), sept coups de feu sont tir�s contre la voiture de Christine Clerc, grand reporter au Figaro. Atteinte � la libert� de la presse ou geste d'exasp�ration apr�s un article jug� insultant tant envers les habitants du village?

"L�affaire" remonte en fait � la nuit du 19 au 20 ao�t dernier. La voiture de Francis Charlier, un policier install� � Tolla au mois de janvier avec sa compagne, est vis�e par un attentat.

Le couple craint d�sormais pour sa s�curit�, il d�cide de quitter la Corse.

Heureusement pour les Charlier, Tolla est �galement le village o� Christine Clerc, grand reporter au Figaro, passe ses vacances. A quelque chose, malheur est bon; car la journaliste d�cide de partir en croisade: du vrai journalisme de proximit�, voil� qui est inesp�r�! Et dans le fait divers " corse " en plus!

Le 1er septembre, en " une " du Figaro, un article revient donc sur toute l'affaire, sous le titre " �teins le feu et tire-toi!

Un article " sur mesure dans le Figaro


Le moins que l'on puisse dire est que la journaliste n'y va pas avec le dos de la cuiller � pot. Un tiers de m�lo, un autre tiers d'insinuations, une mesure de lieux communs: quand il s'agit de la Corse, la recette est infaillible.

Pr�sent� sous les traits d'un aimable costaud, aux yeux bleus pleins de larmes lorsque le camion de d�m�nagement De Petriconi (sic) vient emporter son mobilier, le policier vient d'une famille � o� l'on aime beaucoup l'uniforme �; Myriam, sa compagne, exerce la profession d'aide aux personnes �g�es. Tous deux forment un couple sans histoires, contraint d�sormais de regagner le Continent.

En Corse, pourtant, " l'hospitalit� est, assure-t-on, une vertu cardinale " remarque insidieusement Christine Clerc. Et la journaliste de s'interroger sur les motivations de l'attentat perp�tr� contre la voiture du jeune couple. Est-ce le chien des Charlier � qui indisposait les voisins? � - de quoi plastiquer une voiture, assur�ment � � la voix, l'allure de Myriam, surnomm�e Grace Kelly? � - les Corses sont tellement jaloux! - le fait que le maire de Tolla ait aid� le couple � trouver un logement? - tiens, on croyait les habitants du village particuli�rement inhospitaliers...

Avec, au passage, la petite remarque qui fait mouche sur la fameuse paresse des Corses. Christine Clerc reprend les propos de Myriam: � Qui va s'occuper des personnes �g�es quand [je serai] partie? � interroge la jeune femme; � les Corses qui restent assis toute la journ�e? �. Nul doute qu'avec ce genre de d�clarations, la femme du policier ne s'est pas attir� que des gr�ces aupr�s de ses voisins. Des voisins qui auraient par ailleurs �t� r�guli�rement troubl�s par les sc�nes de m�nage � r�p�titions du couple Charlier et le comportement agressif de leur chien.

Toll� chez les Tollais


Certes, il n'y a pas l� de quoi justifier un attentat. Mais pour Christine Clerc, la cause est entendue: les habitants du village n'en sont pas moins des monstres d'ingratitude. Francis Charlier "n'allait-il pas combattre le feu qui, jusqu'au 15 ao�t mena�ait les habitations? ". Le fonctionnaire n'�tait d'ailleurs pas tout seul � lutter contre l'incendie, fait remarquer la journaliste." Des pompiers de Seine-et-Marne "l'y aidaient. Mani�re de dire que les soldats du feu indig�nes restaient sans doute assis, eux aussi.

Au village, si on d�plore les tirs contre son v�hicule, l'article de Christine Clerc a en revanche soulev� une indignation unanime. � Cette dame est venue habiter parmi nous pendant une semaine, puis elle �crit un soi-disant article o� nous sommes tous pr�sent�s comme les coupables de l'attentat contre la voiture de Charlier �, gronde un retrait� de la commune. � Tirer sur sa voiture est une erreur, mais r�diger un article pareil en �tait une, aussi �.

Une touriste venue passer ses vacances � Tolla, s'�tonne, elle aussi, de la tonalit� du " papier " de Christine Clerc. � Nous n'avons jamais pass� de vacances dans un endroit o� les gens �taient aussi adorables. D�s notre arriv�e, nous avons rencontr� le maire, nous avons particip� � la f�te du village, une ambiance que l'on ne retrouve pas partout. � Les habitants de Toila, touristes compris, r�servent-ils leurs sautes d'humeur aux seuls policiers et journalistes? Convi�e � une r�union organis�e � l'initiative du maire du village, Christine Clerc a en tout cas enfonc� le clou, visiblement irrit�e d'une telle r�action � son article.

Elle nous a dit qu'elle ne retirait pas un mot de ce qu'elle avait explique cet autre habitant affirm� que" c'�tait comme cela qu�elle avait ressenti l'affaire du couple Charlier et qu'un journaliste devait �crire ce qu'il ressent. �

�crire ce que l'on ressent � propos de l'article de Christine Clerc, l'exercice serait � la fois tentant et lib�rateur. N'y c�dons pas: la � grand reporter � du Figaro en d�duirait que tous Corses sont de grossiers personnages

Fran�ois Luciani
Nicolas Casanova



� Les seuls continentaux accept�s en Corse sont les pompiers qui viennent chaque �t� �teindre les feux �.Christine Clerc


Pour Christine Clerc, l'attentat qui a vis� le v�hicule du couple s�inscrit malheureusement dans le contexte actuel de rejet des fonctionnaires continentaux".

Une vague de racisme qui toucherait �galement " de nombreux postiers, qui [lui] ont confirm� subir des pressions �normes. Les seuls continentaux accept�s en Corse, explique la journaliste, sont les pompiers qui viennent chaque �t� �teindre les feux. Du moins le sont-ils le temps que dure leur mission ".

Mais Christine Clerc regrette avant tout la r�action des habitants de Tolla. "Je m'attendais � ce que les habitants du village soutiennent davantage le couple Charlier. Je pensais qu'il y avait beaucoup de r�publicains en Corse, et je m'aper�ois que ce n'est visiblement pas le cas �, s'est indign�e la journaliste.

Quant � mon article, j'ai �t� tr�s d�sagr�ablement surprise par la r�action des habitants de Tolla. Personne n'avait accept� de me parler lorsque je le r�digeais; la seule fois o� ils [les habitants de Toila] ont accept� de r�pondre � mes questions, ils n'ont fait que critiquer la vie priv�e du policier. Pour moi, cela revient � justifier d'une certaine mani�re l'attentat dont il a �t� victime.

A-t-elle le sentiment que ses propos aient pu heurter certains insulaires ? Christine Clerc affirme � avoir eu pleinement conscience que certains mots pouvaient choquer. Mais je choque aussi les lecteurs du Figaro, assure-t-elle, lorsque je permets � Jean-Guy Talamoni ou Edmond Simeoni de d�velopper leurs arguments dans nos colonnes ! C'est la r�gle du journalisme: lorsque vous donnez la parole � Arafat, vous choquez les pro-isra�liens, et lorsque vous la donnez � Sharon, vous choquez les anti-isra�liens. �
Tolla-Gaza, m�me combat?

Surench�re d'�lucubrations au Figaro


Bis repetita placent. De toute �vidence ulc�r�e par le traitement r�serv� � la journaliste Christine Clerc, la r�daction du Figaro se mobilise pour d�noncer avec la plus grande vigueur les atteintes � la libert� de presse en Corse et se frotte les mains par la m�me occasion de pouvoir en remettre une couche sur "la situation odieuse et horrible" dans laquelle s'enfonce l'�le, Indignation, lamentations et cris d'orfraie, le Figaro est d�cid� � ne pas s'en laisser conter. Petit floril�ge*.

A tout seigneur tout honneur, la victime, drap�e dans la dignit� qui sied � son statut de 'grand reporter", accorde une interview � son propre journal. Christine Clerc, dais le but tr�s certainement de couper court � toute accusation de racisme (on se demande bien ce qui peut provoquer de telles inqui�tudes...), se d�clare en pr�ambule � profond�ment triste pour a Corse �. Quant aux Corses, on l'avait compris, ils n'ont que ce qu'ils m�ritent. Rien de neuf somme toute sous le soleil de Tolla. Depuis Mussolini, on sait que la Corse ne sera vraiment le paradis qu'on nous vante que le jour o� on sera parvenu � se d�barrasser de ses habitants�

� Ici, la vue d'un gendarme irrite et peut conduire des habitants au nationalisme �. Dame! Un gendarme qui traverse au loin, une entrec�te trop cuite, un parcm�tre en panne et aussi sec, on prend les armes et le maquis. L'hexagone peut trembler: � la prochaine diffusion t�l�vis�e du 'Gendarme � Saint-Tropez", le reste de l'�le enfile la cagoule.

"Une femme [du village] s'est d�clar�e" pour la R�publique mais � contre l'article du Figaro �. Dans cette conception des choses, la victime est consid�r�e comme responsable �.

Qu'on se le tienne d�sormais pour dit, la R�publique et le Figaro marchent main dans la main, et quiconque ne partage pas les id�es du quotidien sera imm�diatement consid�r� comme un dangereux ennemi de l'�tat. Ch�re Christine (vous permettez que je vous appelle Christine?), la victime reste bien consid�r�e comme victime, mais son inesp�r� nouveau statut ne l'exon�re pas de facto des �neries qu'elle s'est crue autoris�e � �crire par le pass�.

� J'ai fait mon m�tier comme je l'aurais fait partout ailleurs. Aurais-je d� me taire parce que c'�tait la Corse ? �. La vraie question, qui finalement r�side au c�ur du probl�me, est bien plut�t de savoir pourquoi un tel fait divers (ce qu'il est indubitablement, ne vous en d�plaise), lorsqu'il se d�roule sur le continent, n'a pas droit aux honneurs de la � une � du quotidien auquel vous collaborez. Il semblerait d�sormais que, quelque soit le d�lit, le fait de l'avoir commis en Corse en accentue singuli�rement la gravit�.

Le sang de Charles Lambroschini, champion local de la vindicte anti-corse, ne fait qu'un tour. Il ne sera pas dit que le directeur-adjoint de la r�daction se laissera damer le pion par sa subordonn�e Et celui-ci de se fendre aussi sec d'une analyse pointue de la situation, dont la finesse est tout enti�re contenue dans la phrase qui ouvre le papier: "Il est loin le temps o� les Corses avait pour premi�re vertu le courage �. Une assertion qui se passe de commentaires mais qui a au moins le m�rite d'annoncer clairement la couleur. On va en prendre pour notre grade.
"Yvan Colonna s'est conduit comme un l�che". Au diable la pr�somption d'innocence. Qu'il nous soit donc permis ici de rassurer les continentaux qui scandalisent, jour apr�s jour, de la soi-disant loi du silence qui p�se comme une chappe plomb sur la justice fran�aise emp�che la police de faire son travail. Nous invitons plut�t les forces de l'ordre � �conomiser leurs efforts et � souscrire un abonnement au Figaro, ses plumes leur fourniront coupables, mobiles et reconstitutions minutieuses sur un plateau. D'ailleurs, monsieur Lambroschini s�y attelle sur l'heure : "En visant Christine Clerc, les nationalistes ont commis une faute politique de plus". Peu importe finalement que les gendarmes ainsi que le procureur de la R�publique aient �cart� d�embl�e la piste nationaliste. Rue du Louvre, au si�ge du quotidien, le jury a rendu son verdict.

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