Dossier / Luri : erreurs apr�s erreurs vers une catastrophe annonc�e
� Luri, habitants et autorit�s ont encha�n� les erreurs. La premi�re a �t� celle des parents qui n�ont pas r�agi lorsqu�ils ont compris la � connerie � de leurs enfants. L'un des jeunes interpell�s a eu une altercation avec un gendarme de la brigade lors d'un contr�le routier. Ce diff�rend a d�bouch� sur une proc�dure pour � outrage et r�bellion �. Il �tait d�s lors facile de savoir qui avait fait quoi. D�autant que l�affaire avait �t� largement comment�e dans le village et que, contrairement � l�image que donne Luri, il y vit de nombreux anti-nationalistes.
La deuxi�me erreur et la plus grosse a �t� l�auto-saisine par la justice antiterroriste. Si chaque fois qu�un cocktail molotov �tait jet� en banlieue, la XIVe section se saisissait du probl�me elle ne s�en sortirait plus. Les juges anti-terroristes, au m�pris de la r�alit�, ont une fois encore jet� de l�huile sur le feu et ils ont r�ussi � allumer un incendie d�sastreux.
Troisi�me erreur : la m�thode d�intervention des gendarmes. Selon tous les t�moignages, ils sont intervenus � 6 heures avec une brutalit� inutile. Le m�me r�sultat aurait pu �tre obtenu avec plus de doigt�.
Quatri�me erreur : celle des familles qui n�ont pas compris qu�en cadenassant la gendarmerie elles transformaient l�affaire de Luri en une affaire d��tat. Il n��tait plus possible d�s lors que la gendarmerie recule sans perdre la face.
L�obstination du colonel Gilles a fait que peu � peu le gouvernement qui avait d�cid� de maintenir cette affaire sous silence a d�cid� de s�exprimer. Il allait de soi que, d�s lors, les deux interpell�s seraient transf�r�s � Paris.
Cinqui�me erreur : les propos r�it�r�s de Jean-Pierre Susini qui ont provoqu� des d�g�ts incommensurables sur le continent. Son m�pris et sa rage ont fait plus contre les interpell�s que la justice antiterroriste.
Sixi�me erreur : la nouvelle attaque � coups de cocktail molotov de la gendarmerie. D�s lors c�en �tait fini de toute possibilit� d�accord.
Conclusion : toutes les parties sont aujourd�hui dans une panade terrible. Il va y avoir d�autres interpellations � Luri. Mais nous sommes au bord du drame. Sous la cagoule se cachent des assassins qui, comme le disait �l�gamment Susini, n�ont rien � foutre de Nicolas Sarkozy.
Or l�affaire de Luri pourrait mettre � mal l�accord qui se noue entre le ministre de l�int�rieur et les nationalistes. Que se passerait-il si un gendarme �tait assassin� ? L�opinion publique continentale ne le supporterait plus.
Par leur pr�sence Simeoni et Talamoni ont cru jouer au plus fin. Il se pourrait bien qu�ils aient allum� une m�che sans le savoir. Combien d�imb�ciles sont pr�ts aujourd�hui � faire le coup de feu sans en ma�triser les cons�quences ? Et que va faire le FLNC3 tenu en marge des n�gociations ?
Autant d�inconnues qui exigent un doigt� exceptionnel qui ne peut �tre celui de la gendarmerie ou de l�antiterrorisme.
Corse : la d�mission des adultes
L�affaire de Luri et de sa gendarmerie pose une vraie question : la Corse n�est-elle pas en train de r�agir comme les banlieues � probl�mes de Lyon, Strasbourg ou du 93.
Des jeunes qui attaquent une gendarmerie � coups de cocktail molotov dans l�indiff�rence g�n�rale des parents� Une petite foule (tout de m�me moins du quart des �lecteurs de la commune), regroup�s devant la gendarmerie et lan�ant un d�fi insens� et stupide � l��tat tout entier, des � politiques � qui tentent maladroitement de s�emparer de l�affaire�
Mais o� sommes-nous ? Dans une banlieue d�favoris�e d�une grande ville continentale ? Pas du tout : nous voil� en plein c�ur du Cap corse, dans l�un de ces villages de montagne dont l�un des soucis essentiels est le feu pastoral plut�t que le feu par cocktail molotov.
Le syndrome de Luri est int�ressant en ce sens qu�il d�note un glissement inqui�tant de la situation corse vers une banalisation qui, une fois, arriv�e � terme, jettera aux orties la diff�rence entre la petite d�linquance et le petit militantisme.
� Luri, il n�y a pas de militantisme au sens o� cela peut s�entendre dans d�autres r�gions de Corse. On y trouve surtout Jean-Pierre Susini, vieillard de la politique avant l�heure qui n�a de cesse de raconter � sa guerre � � lui ou plut�t � ses guerres � � savoir le FPCL, Aleria, le FLNC et ses trois ans de cavale.
Comme ces � old timers � du Far West, il a narr� mille et mille et une fois l�occupation de la cave Delpeille derri�re � Edmond � au risque de lasser son public. Il a connu un petit come-back avec deux reportages qui le font intervenir pour r�p�ter les m�mes �v�nements et une petite apparition remarqu�e sur TF1 dans laquelle il racontait avec des mines de gros matou gourmand comment il avait pu vivre sa � cavale � dans son propre village : Luri gr�ce � la complicit� des villageois. Il est vrai qu�il n��tait gu�re recherch�. Mais se prendre pour une l�gende permet parfois de vivre.
L�homme a �lev� ses deux gar�ons, 16 et 19 ans, dans ce mythe fait d�erreurs historiques, de petits mensonges, de violence et de haine de la France. Il n�est donc pas �tonnant que les gamins pour une simple histoire d�altercation avec un brigadier de gendarmerie aient d�cid� de se faire justice eux-m�mes.
Quittons Jean-Pierre Susini pour aborder la question plus g�n�rale de l�attitude des parents dans cette Corse � la d�rive. La soci�t� m�diterran�enne dont nous sommes les enfants nous pr�dispose � penser l�enfant comme un roi ou tout au moins comme prince. Il est sacr�. Il ne faut pas le gronder, surtout pas le toucher. Quand il tr�buche, c�est n�cessairement les autres qui ont tort. Par � les autres � il faut comprendre les professeurs, les autres parents, l��tat, la Corse.
Jamais cette cat�gorie de parents ne se remet en cause, sans m�me s�apercevoir qu�ils creusent ainsi la tombe de leurs propres enfants. La Corse est devenue un endroit o� l�id�e m�me d�autorit� est contest�e. Il suffit d�ailleurs d�avoir entendu cette jeune femme justifier les violences de Luri en ces termes � Ce ne sont que des gosses. Oui, ils avaient fait une connerie. Mais �a ne m�ritait pas tout �a. �
Reste � savoir ce que ce que c�est que tout �a. Mais il est �vident que d�s le moment o� les parents prennent le jet de deux cocktails molotov pour de petites � conneries �, il n�y a plus de limites.
Or sans s�en rendre compte, la Corse qui se pique d�un pass� prestigieux, d�une histoire unique, cette Corse-l� r�agit comme la plus mis�rable des banlieues continentales. Combien de fois a-t-on vu sur le continent des jeunes attaquer un commissariat o� l�un des leurs avait �t� emmen� ? Et ces manifestations de parents ?
Il y avait pourtant une diff�rence. Lorsque les commissariats �taient attaqu�s il ne l��tait que par des jeunes et non pas par des adultes pr�tendant agir au nom de la justice. Lorsque des familles manifestaient c�est qu�un gamin �tait mort et n�avait pas simplement �t� arr�t�.
Les manifestants de Luri seraient les premiers � maudire l��tat fran�ais si celui-ci cessait toute aide en cas de catastrophe. Les gendarmes, faut-il, le rappeler ont essentiellement une mission de service public. Ils interviennent lors de catastrophes, pour r�guler la circulation routi�re. Mais l� encore, quel incivisme dans notre �le ?
D�sormais, c�en est fini des interventions pour faire sauter les PV. Mais il y a encore deux ans cela tenait du sport insulaire. Les gamins et m�me des adultes plus que m�rs roulent encore sans casque de moto au risque de leur vie. Faites-en leur la remarque : ils vous toiseront d�un air m�prisant mine de dire : qui est ce l�che ?
Puis deux ou trois jours apr�s vous lirez dans la rubrique n�cro du journal un message d�chirant de ces parents qui n�avaient pas eu le courage d�obliger leur enfant � mettre un casque et qui viennent de l�accompagner au cimeti�re.
Manque d�autorit� encore quand � Bastia un grand voyou qui a �t� depuis tu�, a fait des pieds et des mains pour que son fils qui avait tu� un touriste italien soit lib�r� de prison. Sit�t sorti, le jeune homme est all� braquer une sup�rette et a �t� abattu.
Les deux fils d�un notable aujourd�hui en fuite pour escroquerie avaient �t� tu�s � deux ans de diff�rence par des policiers � Paris. Cette g�n�ration a fait le malheur de leurs enfants. Et c�est bien ce qui se passe � Luri mais aussi � Oletta. De jeunes �cervel�s prennent localement le pouvoir daignant aux adultes tout droit de regard. Ils ne savent plus o� s�arr�ter et, sous le regard bienveillant, de leurs parents s�enfoncent dans le sol.
Et si, un jour, au lieu de toujours dresser la liste des responsabilit�s autres, nous autres les Corses, nous tentions de corriger nos propres erreurs.
Luri : au fil des �v�nements : en trois jours, la situation de Luri a �volu�. Descriptif des �v�nements
Le Conseil municipal avec les manifestants
La municipalit� a diffus� un communiqu� par la voix du maire, Antoinette di Marco: "dans le cadre de l'affaire dite 'de la gendarmerie de Luri', le conseil municipal s'est r�uni en assembl�e extraordinaire et a d�cid� � la majorit� des pr�sents de d�noncer avec vigueur, premi�rement les m�thodes d'interpellation qu'ils jugent disproportionn�s, deuxi�mement le dysfonctionnement relev� dans certaines missions effectu�es par la gendarmerie de Luri aupr�s de nos concitoyens et en particulier aupr�s de la jeunesse de notre commune."
Les conseillers municipaux se sont introduits dans la gendarmerie pour demander aux militaires pr�sents de partir, dans un climat tendu. Quelques mots ont fus� entre les manifestants et les forces de l'ordre.
Les manifestants avaient promis jeudi soir de cadenasser de nouveau vendredi l'entr�e de la gendarmerie si les quatre jeunes, toujours en garde � vue � Bastia, n'�taient pas lib�r�s. Vendredi soir, ils �taient une petite centaine rassembl�e devant la gendarmerie, dont les grilles restaient ouvertes.
Le conseil municipal pr�cisait dans ce communiqu� "Il a �t� d�cid� de demander une entrevue au chef de la l�gion de gendarmerie de Haute-Corse pour exposer sa r�flexion avec plus de pr�cision et dans un souci d'apaisement, de demander le renouvellement de la brigade", qui compte six militaires. Cette demande exorbitante laissait entendre que d�sormais les communes pourraient choisir leurs gendarmes � la carte comme au supermarch�. Une proposition contre laquelle le pr�fet de r�gion Pierre-Ren� Delmas s'est fermement oppos�
La maire, Antoine de Marco, refusait de donner la moindre explication sur le contenu de ce texte.
Caillassage de la gendarmerie de Luri
Dans la crainte de repr�sailles, les familles des six gendarmes de Luri en Haute-Corse ont quitt� l'�le par bateau samedi matin, au lendemain des �chauffour�es provoqu�es par l'annonce du transfert � Paris de deux jeunes interpell�s pour une attaque au cocktail Molotov contre la gendarmerie, a-t-on appris de source judiciaire.
De 150 � 200 personnes manifestaient pacifiquement devant les locaux de la brigade de Luri samedi depuis 18h00. Le village de Luri est fort de 600 personnes et les manifestants avaient �t� renforc�s par des nationalistes mont�s de Bastia. Luri a vot� � 57 pour cent pour le � oui � ce qui suppose une tr�s forte opposition.
Lorsque les deux jeunes gens remis en libert� sont apparus peu avant minuit, les lumi�res du village se sont �teintes et des inconnus, le visage dissimul� derri�re des foulards, ont commenc� � jeter des pierres et des bouteilles contre la fa�ade de la gendarmerie.
Entre dix et quinze personnes, des jeunes du village dirig�s par des militants mont�s de Bastia, le visage dissimul� derri�re des foulards, ont jet� peu avant minuit � jeter des Molotov contre la gendarmerie provoquant des d�g�ts mat�riels et l'incendie d'un v�hicule 4x4. Une voiture a �galement pris feu � l'ext�rieur de la gendarmerie.
Quelques minutes plus tard, une dizaine d'autocars remplis de gendarmes mobiles en tenue anti-�meutes sont arriv�s comme l�avait promis le colonel, commandant la L�gion de Corse. Les militaires ont pris position dans la cour et devant la gendarmerie. Les jets de pierre ont cess� et les manifestants se tenaient � environ 200 m des rangs des gendarmes � minuit.
Les manifestants se sont dispers�s vers 0h30 sans affrontement apr�s que les gendarmes mobiles se soient avanc�s.
Deux interpell�s, Anthony et Laurent, transf�r�s � Paris
Les deux derniers des sept jeunes ont �t� transf�r�s � Paris pour y �tre pr�sent�s � des magistrats antiterroristes. Il s�agit de Laurent A..., 22 ans et de Anthony M..., 19 ans. Le fils de Jean-Pierre Susini, Jean-Matthieu a �t� lib�r� ce qui explique peut-�tre sa mod�ration du lendemain.
Les deux jeunes gens sont poursuivis "pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, infraction � la l�gislation sur les explosifs et destruction de biens en bande organis�e", une qualification criminelle, a-t-on pr�cis� de m�me source.
Le juge des libert�s et de la d�tention (JLD) a ensuite ordonn� leur placement en d�tention provisoire, conform�ment aux r�quisitions du parquet de Paris.
Nouvelle manifestation face � la gendarmerie de Luri
Une centaine de personnes se sont � nouveau rassembl�es dans le calme samedi en d�but de soir�e face � la gendarmerie de Luri pour protester contre le transfert � Paris de deux jeunes du village pour des jets de cocktails Molotov le 4 septembre contre cette m�me gendarmerie.
L'arriv�e de quatre fourgons de gendarmes qui ont p�n�tr� en d�but de soir�e dans la gendarmerie a �t� accueillie par des cris de protestation. Les m�res des deux jeunes ont �t� re�ues par le colonel Gilles et ont �t� rassur�es sur le sort de leurs enfants. Pendant ce temps, Jean-Pierre Susini, rendu plus serein par la lib�ration de son fils et par les conseils avis�s d�Edmond Simeoni demandait � ses � m�fier des provocations �. Il devait parler de celles de ses propres amis.
Parmi les manifestants se trouvent de nombreux villageois et quelques nationalistes dont Jean-Guy Talamoni, �lu de Corsica Nazione.
Cette manifestation, relativement maigre s�est dispers�e vers 23h00.
Peu apr�s, quelque 80 gendarmes mobiles d�ploy�s pour prot�ger la gendarmerie sont �galement partis, laissant une vingtaine de coll�gues pour assurer la s�curit� de la brigade pour la nuit.
Le mot d'ordre des familles des deux jeunes, de ne pas recourir � la violence, a �t� suivi, contrairement � la veille, quand une trentaine de personnes, le visage masqu� par des foulards, ont lanc� des pierres et des cocktails Molotov contre la gendarmerie. Ce sont les m�res en personnne qui, apr�s avoir remerci� les manifestants leur ont demand� de rentrer chez eux.
Luri : les r�actions officielles
Les r�actions officielles aux incidents de Luri sont arriv�es tr�s tardivement comme si le gouvernement avait h�sit� sur la conduite � suivre.
Pendant plus d�une longue journ�e, un homme et un homme seul a incarn� la l�gitimit� de l��tat en Corse : le colonel Gilles, commandant de la L�gion de Corse. Lui et ses hommes ont �t� abandonn�s par un pouvoir inconsistant. La mont�e scandaleuse du procureur Beau destin�e � expliquer le droit � ceux qui retenaient les gendarmes, �tait, une fois encore, un de ces signes d�sastreux des h�sitations du pouvoir face non pas � des nationalistes, mais � une remise en cause de l�autorit� supr�me en Corse.
Il a fallu que le colonel donne une conf�rence de presse et soit soutenu par le directeur g�n�ral de la gendarmerie Pierre Mutz qui avait jug� "inadmissible, voire un peu scandaleux" pour qu�enfin le pr�fet de r�gion r�agisse, avec beaucoup de dignit� d�ailleurs pour qu�enfin on entende la voie de Mich�le Alliot-Marie, ministre des Arm�es . Il a fallu un article dans Le Monde pour que Nicolas Sarkozy qu�on avait connu plus prolixe et plus percutant s�exprime pour r�p�ter des mots d�j� cent fois entendus.
Toutes ces valses h�sitation ont donn� encore une fois le sentiment que les accords pass�s avec les nationalistes et synth�tis�e par la petite phrase du Premier Ministre, menaient le pouvoir � ne plus savoir faire la diff�rence entre une soi-disant efficacit� et les devoirs r�galiens de l��tat. C�est inqui�tant pour l�avenir.
Dans l�ordre d�apparition, voici les r�actions des autorit�s comp�tentes
Le pr�fet de Corse, samedi dans la matin�e
La police et la gendarmerie "continueront d'accomplir leur mission en Corse avec fermet� et s�r�nit�", a affirm� le pr�fet de Corse Pierre-Ren� Lemas, samedi, quelques heures apr�s que deux jeunes interpell�s � Luri ont �t� transf�r�s � Paris.
Les gendarmes de Haute-Corse "sont intervenus avec sang-froid et sans heurts afin d'�viter tout incident grave" dans la nuit de vendredi � samedi lorsque des manifestants ont jet� des cocktails molotov autour de la gendarmerie de Luri, a soulign� le pr�fet Lemas dans un communiqu�.
Le pr�fet de Corse a par ailleurs "regrett�" la r�action du conseil municipal de Luri "qui n'est pas recevable". La municipalit� avait d�nonc� des "m�thodes d'interpellation disproportionn�es" et demand� le renouvellement de la brigade de gendarmerie de Luri.
La ministre de la D�fense "scandalis�e" par les incidents � Luri
La ministre de la D�fense Mich�le Alliot-Marie s'est d�clar�e samedi matin "scandalis�e" par les incidents provoqu�s par des manifestants avec les gendarmes dans la nuit de vendredi � samedi � Luri et a demand� des poursuites judiciaires. Le Monde mettant en cause le silence des autorit�s est paru � 13h30 ce samedi.
"Je suis tout � fait scandalis�e par ce qui s'est pass� et par l'attitude de certains Corses qui s'en sont pris � des gendarmes qui font simplement appliquer la loi", a d�clar� Mme Alliot-Marie, � l'occasion d'une visite au Prytan�e militaire de La Fl�che (Sarthe).
"Quand on transgresse la loi, il y a la justice qui a son �uvre � faire", a ajout� la ministre, en souhaitant qu'il y ait des "poursuites judiciaires".
"Je tiens aussi � f�liciter les gendarmes de leur sang-froid et de leur fa�on de se comporter et d'agir en la mati�re", a-t-elle ajout�.
Afin de bien faire savoir qu�elle avait r�agi, elle a r�p�t� ses propos � l�occasion d�une c�r�monie � l'occasion d'un hommage aux victimes des inondations de N�mes de 2002.
Ces inondations catastrophiques avaient fait 22 morts en septembre 2002 dans la r�gion et 1.400 familles avaient eu leur logement sinistr�. Mme Alliot-Marie devait assister samedi soir dans les ar�nes de N�mes � un concert de la Garde r�publicaine � la m�moire des victimes.
�voquant le travail des gendarmes qui "ont permis de sauver des dizaines de vies humaines" lors de ces inondations, notamment au cours d'h�litreuillages parfois p�rilleux et de nuit, Mme Alliot-Marie a rappel� � la mairie de N�mes que ces militaires s'�taient "totalement port�s au secours de la population en laissant m�me leurs propres familles qui �taient dans des gendarmeries elles-m�mes inond�es".
"Alors que nous comm�morons le travail remarquable qui a �t� fait par des gendarmes pour sauver des vies l'ann�e derni�re, cela rend d'autant plus inadmissible des actes qui ont �t� commis cette nuit encore en Corse � l'encontre des gendarmes".
Ceux-ci, a poursuivi le ministre "m�ritent davantage de respect de leur fonction et de prise en consid�ration de leur personne et de celle de leurs familles".
Le ministre a de nouveau qualifi� de "tr�s graves" les incidents � la gendarmerie de Luri. Les gendarmes "sont des gens courageux qui font leur m�tier avec conscience et efficacit�. Il est inadmissible que certains ne les respectent pas".
Mme Alliot-Marie a �galement souhait� qu'il y ait une enqu�te sur l'ensemble de ces incidents et des poursuites judiciaires : "Je souhaite que justice soit rendue aux gendarmes".
Nicolas Sarkozy: "l'action d�termin�e de l'�tat ne s'arr�tera pas"
Le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy a affirm� samedi que "l'action d�termin�e de l'�tat ne s'arr�tera pas" en Corse, apr�s les incidents de Luri (Haute-Corse), et a apport� son "soutien total" aux gendarmes de l'�le.
"Les gendarmes ont bien travaill�. Ils ont mon soutien total", a d�clar� le ministre en annon�ant qu'il y aurait "dans les jours qui viennent d'autres rebondissements" dans ce dossier.
Nicolas Sarkozy s'est exprim� � l'occasion d'un d�placement dans le Gard o� il a rencontr� des �lus locaux � l'h�tel de ville de Bagnols-sur-C�se pour faire le point sur la situation de la r�gion, un an apr�s les inondations qui avaient frapp� ce d�partement en septembre 2002.
"En Corse comme ailleurs, quand on commet des actes d�lictueux, on a � en rendre compte devant la justice", a dit M. Sarkozy ajoutant que "l'action d�termin�e de l'�tat, qui a commenc� avec l'arrestation de Colonna et de ceux qui l'ont aid�, ne s'arr�tera pas".
"Quand on se comporte en ne respectant pas les lois, on aura � en rendre compte", a insist� le ministre soulignant que les deux hommes mis en examen et �crou�s samedi pour des jets de cocktail Molotov sur la gendarmerie de Luri "auraient pu tuer ou blesser".
"� chaque plasticage, le but c'est d'interpeller les coupables et de les transf�rer devant la justice", a pr�cis� M. Sarkozy. "Ceux qui br�lent des v�hicules auront �galement � en rendre compte", a-t-il poursuivi.
Vendredi, peu avant minuit une trentaine d'inconnus masqu�s par des foulards, parmi quelque 200 manifestants, ont lanc� des pierres et des cocktails Molotov, d�truisant un v�hicule de gendarmerie et la voiture personnelle d'un fonctionnaire.
La manifestation faisait suite � l'arrestation jeudi dans le village de sept jeunes soup�onn�s d'avoir particip� aux jets de cocktails molotov contre cette m�me gendarmerie le 4 septembre dernier. Deux d'entre eux ont �t� transf�r�s � Paris, mis en examen et �crou�s.
"Soutien" du Mouvement des femmes de gendarmes aux gendarmes de Luri
Le Mouvement des femmes de gendarmes (MFG) a assur� samedi de son "soutien" les gendarmes de Luri et leur famille apr�s les manifestations d'hostilit� dont ils ont fait l'objet dans la nuit de vendredi � samedi.
Selon la pr�sident-adjointe du MFG Magali P�rinne, "pendant plusieurs heures, l'ensemble de la brigade territoriale de Luri, les gendarmes et leur famille ont �t� pris en otage par une centaine d'individus".
"Cette situation est intol�rable et montre encore que la vie des familles est directement li�e � l'activit� des gendarmes", commente-t-elle>.
"Le Mouvement des femmes de gendarmes soutient les familles et les gendarmes dans cette �preuve grave et injuste", �crit Mme P�rinne dans un communiqu� qui ajoute � l'adresse des familles : "Notre mouvement place � votre disposition l'ensemble de sa structure pour vous obtenir les moyens n�cessaires ou faire conna�tre vos besoins".
Luri : propos de nationalistes et d��diles
M�me si une partie de l��motion des familles est compr�hensible certains propos tenus par diff�rents nationalistes les disqualifient ou les ridiculisent. Floril�ge.
J-P. Susini : �Je n'ai pas tout de suite compris ce qui se passait, t�moigne Jean-Pierre, le p�re, agriculteur de profession et nationaliste de toujours. J'ai vu la camionnette bleue, j'ai cru que j'avais un probl�me avec mes vaches. Ils ont sorti leurs calibres, hurlant, me demandant de m'allonger � terre. Et ils ont emport� mon dernier fils de seize ans. J'ai 55 ans, j'ai affront� la Cour de s�ret� de l'�tat. Je n'avais jamais connu cela. Ils m'ont humili�, ils ont bafou� mon honneur, celui de ma famille�.
Commentaire : Jean-Pierre Susini s�est vant� � longueur de presse d��tre entr� et sorti de la cave Delpeille sur un camion arm� d�une mitrailleuse. Deux gendarmes avaient �t� tu�s. Il s�est vant� d�avoir fait la cavale pendant trois ans. Dans un tel �tat d�esprit il devrait �tre au contraire fier de ce qui lui est arriv�. On ne voit pas tr�s bien en quoi son honneur a �t� bafou� et encore moins celui de sa famille.
J-P. Susini :Depuis le quartier g�n�ral nationaliste install�, en face de la caserne, dans le bar de son fils encore embastill�, Jean-Pierre Susini d�nonce �les abus de pouvoir fasciste� des autorit�s judiciaires, r�p�te qu'il �n'en a rien � foutre de Sarkozy� et redoute �une op�ration de d�stabilisation alors qu'avec Edmond [Simeoni, ndlr], nous essayons de r�unir le mouvement national�.
Commentaire : � En ai rien � foutre � semble constituer le pivot linguistique de Jean-Pierre Susini. En effet devant la caserne, il expliquait combien les femmes et les enfants des familles touch�es par les interpellations avaient �t� traumatis�s. Lorsqu�on lui avait fait remarquer que peut-�tre que les femmes et les enfants des gendarmes l��taient aussi, il avait eu cette r�ponse primaire qui, para�t-il correspond assez bien � la psychologie du personnage : � Je n�en ai rien � foutre �.
J-P. Susini : "On nous avait donn� des garanties qu'ils ne seraient pas transf�r�s", hurlait samedi matin � Luri Jean-Pierre Susini, une figure nationaliste de la premi�re heure et p�re de deux des jeunes rel�ch�s. "Les gendarmes doivent comprendre qu'ils ne sont pas chez eux ici et qu'� dater d'aujourd'hui, nous les tol�rerons sur notre commune mais n'accepterons plus aucune d�portation (� Paris), nous sommes d�termin�s, nous irons jusqu'au bout", a-t-il lanc�.
Commentaire : autrement dit on les tol�re tant qu�ils sauvent nos vies. Nous pouvons t�moigner ici de ce que la majorit� des Corses appr�cient les gendarmes et n�ont � leur �gard aucun esprit d�animosit�.
Un dirigeant d�Indipendenza, tr�s, tr�s proche du secteur cortenais du FLNC � Cela n'a rien � voir, assure Fran�ois Sargentini, membre du bureau d'Indipendenza. Il faut juste arr�ter ces dragonnades. Les gendarmes ont braqu� les parents, d�fonc� les portes. C'est inadmissible ! �
Commentaire : lorsque le FLNC fait sauter des maisons c�est tout � fait inadmissible. Mais lorsque la gendarmerie proc�de de mani�re excessivement brutale il est vrai, � une interpellation, c�est insupportable. Les nationalistes usent et abusent ces derniers temps des termes de � d�portations � et de � dragonnades �. Le premier est proprement ind�cent alors qu�on comm�more le 60�me anniversaire de la Lib�ration. Visiblement, ces personnes n�ont aucune connaissance de l�histoire et feraient bien de se renseigner sur ce que furent les d�portations. Quant aux dragonnades nous leur offrons un article historique pour qu�enfin ils se rendent compte de l�horreur que furent ces pratiques qui, �videment n�ont rien � voir avec ce qui se fait aujourd�hui en Corse.
Edmond Simeoni : L�ami de M. Susini, rench�rit : "C'est une affaire surdimensionn�e qui raidit les antagonismes, suite � une r�action corporatiste de la gendarmerie et � la d�claration de guerre de son responsable. Cette affaire aurait du �tre trait�e en Corse. Ces sept jeunes gens n'ont pas de casier judiciaire et ne militent dans aucune organisation."
Commentaire : Monsieur Simeoni, qui fut un ancien militaire, a souvent le verbe qui l�emporte plus loin qu�il ne le voudrait. Il devrait se rappeler qu�il s�est un moment senti responsable de la mort des deux gendarmes devant Aleria au point de le regretter publiquement. Puis sa conscience a r�tr�ci. Parler de corporatisme en la mati�re ne veut strictement rien dire. Et c�est lui Edmond Simeoni qui, avec un peu de jugeote, aurait pu arr�ter le cadenassage de la gendarmerie et emp�cher ainsi que tout ne d�g�n�re. Au lieu de cela, � sa fa�on, il a tent� de chevaucher la vague et le r�sultat est que tout le monde a le dos au mur. Quant � la d�claration de guerre du colonel Gilles, elle n�a exist� que dans sa t�te. Il suffit de relire la d�claration tr�s pond�r�e de ce militaire.
Quelques autres r�actions :
Un adjoint du maire de Luri : "Si la brigade est effectivement maintenue, on risque d'assister � des repr�sailles. Nous sommes tr�s d��us de cette d�cision", a comment� Jacques Strenna, conseiller municipal � la mairie de Luri. "Il est �vident que pour les gendarmes et leurs familles, cette situation serait devenue invivable. Pour les gendarmes d'une part dans l'exercice de leurs fonctions et pour leurs familles d'autre part, qui participaient activement � la vie du village", a-t-il ajout�.
Commentaire : des gendarmes qui font leur m�tier sont toujours d�sagr�ables pour les contrevenants. Toute la question est de savoir s�ils sont l� pour offrir des fleurs ou pour faire observer la loi dans toute sa rigueur. Tr�s vraisemblablement les gendarmes vont muter. Esp�rons seulement que les suivants sauront verbaliser quand il le faudra quitte � risquer un cocktail. Esp�rons surtout qu�un jour les adultes qui manifestaient comprendront qu�ils font le malheur de leurs enfants.
Paul Giacobbi : De son c�t�, le pr�sident du conseil g�n�ral de Haute-Corse Paul Giaccobi a demand� samedi de "ne pas monter en �pingle" les incidents de Luri. "Un cocktail Molotov dans une gendarmerie (...), c'est quand m�me pas un �v�nement anodin." Mais "il faudrait ne pas monter en �pingle cette affaire", a-t-il demand� sur France-Inter.
Commentaire : la langue de bois c�est tout de m�me formidable. En une phrase, Paul Giacobbi a r�ussi � dire une chose et son contraire, bref � ne rien dire. Bravissimo.
Qu�est-ce qu�une dragonnade ?
Les nationalistes corses emploient le terme de � dragonnades � sans en conna�tre le sens. Le voici.
En octobre 1685, lorsque la R�vocation de l'�dit de Nantes (l'�dit de Fontainebleau) est sign�e, par le roi Louis XIV, la religion r�form�e semble �radiqu�e, tous les temples sont d�truits, les pasteurs doivent abjurer ou quitter le territoire, sous peine de mort ou d'�tre envoy�s aux gal�res. Des milliers de protestants sont massacr�s, des milliers d�autres envoy�s au gal�re.
Les " R�form�s " doivent abjurer leur foi et deviennent des N.C (Nouveaux Convertis ou Nouveaux Catholiques). Par ce moyen, ils �vitent que leurs biens soient mis sous s�questre et b�n�ficient d'un �tat civil. Certains Nouveaux Convertis ne le sont qu'en fa�ade. Ceux qui persistent dans la foi " r�form�e " sont pourchass�s. Ils entrent en clandestinit�, certains �migrent, malgr� l'interdiction, vers les pays du refuge (Suisse Allemagne, Pays-Bas, Angleterre�). Ceux qui sont rep�r�s font l'objet de ce l'on appelle les dragonnades.
Les protestants sont appel�s �galement : gens de la Religion Pr�tendument R�form�e (R.P.R.), huguenots, parpaillots, r�form�s, h�r�tiques, et apr�s 1685 : N. C. = Nouveaux Convertis ou Nouveaux Catholiques
Pour lutter contre l'h�r�sie, des dragonnades sont organis�es ; cette m�thode est surtout employ�e avant la r�vocation de l'�dit de Nantes et dans la p�riode qui suit. Les Bouti�res connaissent de nombreuses dragonnades.
Une dragonnade consiste dans le logement d'office de la soldatesque chez des protestants et � leurs frais, pour obtenir une abjuration (conversion). Les cavaliers sont des " dragons " appartenant � l'infanterie du roi ; ils se d�placent � cheval, mais combattent � pied.
Les cavaliers arrivent deux par deux, et jusqu'� une quinzaine, ils peuvent s'installer plusieurs jours, voire des semaines dans les familles protestantes � leurs frais. Dans les registres paroissiaux, nous en retrouvons certains qui sont parrains des enfants baptis�s d'office, � l'�glise catholique.
Ces dragons deviennent les piliers d'un r�seau d'espionnage pour les N.C. Nouveaux Convertis. Les N.C. doivent assister aux messes, il leur est interdit de poss�der et de lire la bible, de chanter les psaumes, de participer aux assembl�es. Cette m�thode militaire appuy�e par le clerg� est compl�t�e par la construction de forts et de chemins.
En 1689, Louis XIV ordonne que tous ses sujets pratiquent la religion qu'il pratique lui-m�me et ses intendants s'attachent avec z�le � cet effort missionnaire. La foi r�form�e est d�clar�e h�r�sie. Une foi, une loi, un roi.
Le 19 f�vrier 1689, une compagnie de Dragons, command�e par le Marquis de Folleville, surprend une assembl�e de jour d'environ 700 � 1000 personnes, au Serre de la Palle ( 1100m), commune de Saint-Genest-Lachamp. Cette assembl�e, la derni�re du mouvement de r�sistance des " Inspir�s " est pr�sid�e par " l'inspir� " La Branche, originaire du village voisin de Talussac. Elle est massacr�e par les troupes royales qui voulaient mettre un terme � ce mouvement inqui�tant pour le pouvoir. Les fid�les, se croyant invincibles, ne r�agissent pas aux injonctions, il y aura 350 morts et bless�s. Un monument a �t� �rig� en 1926.
La route dite des " Dragonnades " passe par le village de Talussac et � proximit� du lieu du massacre. Sous l'impulsion de M. de Basville, Intendant du Languedoc, les �tats du Vivarais d�cident de proc�der � la r�fection et � la construction de chemins afin de permettre le d�placement des compagnies de Dragons et des armes lourdes. Ces routes permettent �galement un maillage policier particuli�rement dans des r�gions � forte population " huguenote ", comme les Bouti�res. M. de Basville est le th�oricien de ce programme de voies royales strat�giques, 110 chemins � construire. Il est un ex�cutant z�l�, au service du Roi, il s'occupe de garantir l'effort missionnaire et organise la logistique. Le principe de la " m�thode Basville " est de h�ter le nombre des conversions et d'assurer le pr�l�vement des imp�ts par des moyens militaires.
Parmi ces chemins royaux prend place la route d'Aubenas � Saint-Agr�ve, dont le tron�on particuli�rement important, de Privas au Cheylard et qui passe par Tournon-les-Privas, Chassagne, Vors, Crau, Saint-Pierreville, Le Fau, le ch�teau de la Ch�ze, Le Cheylard
Cette route royale construite � des fins militaires est appel�e " Route des Dragonnades " par les habitants des Bouti�res. Sa construction commence peu apr�s sa programmation. Nous trouvons en quittant le plateau de Pranles, dans la descente de la route de la Garde qui plonge vers le Pont-d'Auz�ne, un rocher avec la date de 1691 grav�e dans un cartouche. Une grande partie utilise le trac� des anciens chemins.
Les expropriations se font par voie d'utilit� publique. Les mat�riaux (pierres, sable, bois) sont pris sur place. Les Nouveaux.Convertis. vont �tre malgr� eux, les principaux financeurs de cette construction.
" Le pont sur le Mesayon construit en 1691, sachant que les fonds pour les ponts, les rochers et les murs doivent �tre pris sur les biens des fugitifs de la R.P.R � "
C'est une route o� est appliqu� le principe de la ligne la plus directe, sans tenir compte des �glises et autres lieux habit�s, sauf dans la derni�re partie : Buriane, Saint Michel d'Aurance, le Cheylard.
On comprendra que ces m�thodes qui furent atroces sont loin, tr�s loin, des arrestations subies par les nationalistes non pas pour leurs id�es ou leur foi mais pour des actes qu�ils sont soup�onn�s avoir commis.
Comment peut-on par ailleurs comparer l�envoi aux gal�res, les tortures, le b�cher, la confiscation de tous les biens, le viol des filles et femmes avec une simple interpellation. Cela s�appelle la pudeur.
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