Ouvrir dans une nouvelle fen�tre La radicalisation nationaliste corse
Aug 5, 2003
Auteur: L'investigateur

D�butant son discours lors des journ�es internationales de Corte par un "salut fraternel � notre ami Yvan Colonna", l'�lu ind�pendantiste Jean-Guy Talamonia fustig� "la r�pression d�brid�e men�e par l'�tat fran�ais", sous les applaudissements nourris d'au moins 800 militants, d�bordant d'un chapiteau blanc.

"Il n'y a pas en Corse de bons et de mauvais nationalistes, que des patriotes solidaires qui ne jouent plus � la course � l'interlocuteur privil�gi�", a ajout� Jean-Guy Talamoni � l'attention du ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy, qui a re�u mercredi en t�te-�-t�te le secr�taire g�n�ral du Parti de la nation corse (PNC, mod�r�). "Si Paris veut s'engager dans une telle voie, ce sera suicidaire pour le gouvernement", a-t-il insist� faisant vraisemblablement allusion aux pr�c�dents conflits entre organisations nationalistes qui avaient toujours d�but� sur de pareilles questions de rivalit�s.

Il a ensuite souhait� "l'union de tous les patriotes", deux jours apr�s un appel similaire lanc� par le FLNC-Union des combattants, la principale organisation clandestine de l'�le.

"Nous prenons l'initiative de proposer � l'ensemble des formations nationalistes une r�union dans les jours qui viennent, pour d�battre sur deux sujets, le projet politique et la lutte arm�e, pour la premi�re fois sans tabou", a d�clar� l'�lu � l'Assembl�e de Corse, qui estime que les nationalistes pourraient recueillir 25% des voix aux �lections territoriales s'ils ne pr�sentent qu'une seule liste.

Paul Quastana, �lu Corsica nazione, son concurrent et n�anmoins camarade, lui a fait �cho. Il est un homme lyrique sous une apparence saurienne. �Notre c�ur nous dit qu'il y a des gens qui se battent, qui se sacrifient, qui prennent des risques �normes.� C�est un hommage au FLNC et une mani�re de r�pondre aux mod�r�s du PNC dont un dirigeant vient d��tre re�u par Nicolas Sarkozy. Autrement dit, pour lui, pas question de �faire un pr�alable� de la disparition du FLNC. Un discours enflamm� salu� par une longue ovation. Il a continu� toujours aussi offensif. en rendant hommage aux "militants du Front". Il a enfin �voqu� le slogan "Francesi fora" (les Fran�ais dehors) qui refleurit partout en Corse sur les murs: "Il y a peut-�tre des slogans qu'on n'utilise plus mais les Fran�ais, il faut qu'ils comprennent qu'il faut qu'ils s'en aillent", "bient�t, nous serons minoritaires chez nous", comme dans "une r�serve".

Et dire qu�il y a encore quelques mois un d�bat proposait de remplacer le slogan raciste � I Francesi fora � par � A Francia fora � (la France dehors). Non seulement, i Francesi fora est rest� mais il a �t� renforc� par I Arabi fora (les Arabes dehors). La constitution de la communaut� de destin avance � grands pas.

De tels propos dans la bouche d�un dirigeant du Front national sur le continent, aurait tout aussit�t �t� d�nonc� par les nationalistes corses, tr�s chatouilleux lorsqu�ils sont tax�s de racisme. En attendant, la campagne de plasticages anti-continentaux rappellent les pires heure des ann�es 80.

Dans la nuit de dimanche � lundi un attentat � l'explosif a �t� perp�tr� dans contre un village de vacances en Corse-du-Sud provoquant des d�g�ts mat�riels importants mais pas de victime.

La charge, de forte puissance, a explos� vers 0H45 devant la r�ception du village de vacances situ� � Porticcio (rive sud du golfe d'Ajaccio), qu'elle a endommag�. La d�flagration a �galement endommag� un nombre de v�hicules non pr�cis� stationn�s aux abords.

Dimanche, un autre attentat avait touch� en plein jour, � Al�ria (Haute-Corse), la maison d'un ancien gendarme lou�e � un continental, mais qui �tait inoccup�e au moment de l'explosion, provoquant des "d�g�ts importants". Cet attentat perp�tr� alors que se d�roulaient les journ�es internationales, a �t� interpr�t� comme un d�fi lanc� par le FLNC 3 � l�Union des Combattants. Un sigle FLNC a �t� relev� sur les murs de la r�sidence, propri�t� d'un continental actuellement absent.

Le m�me jour, � Ajaccio, la plaque comm�morant la mort du pr�fet Claude Erignac, �tait descell�e par des inconnus, un acte unanimement d�plor� par la classe politique. Il est vraisemblablement d� � des jeunes descendus d�un village de la montagne et, qui, �m�ch�s, ont d�cid� tr�s l�chement � ce symbole.

Une autre explosion s'est produite � 23h00 dimanche. Elle visait l'agence de France T�l�com de Lucciana, � 30 km au sud de Bastia. Le b�timent a subi d'importants d�g�ts, des canalisations ont �t� d�truites. Des inscriptions FLNC ont �t� retrouv�es sur place.

Toutes ces actions ne sont pas forc�ment parlantes en soi. Mais elles traduisent surtout un grand d�sordre dans le monde de la clandestinit�. On peut distinguer une forme de violence voulue par les deux principales organisations clandestines. Selon nos informations, le rapport de forces est en train de s��quilibrer entre les deux factions. Les commandos libres feront la diff�rence.

Le plus grave est que dans le contexte de la course aux si�ges �lectoraux des � nationalistes � historiques comme Pierre Poggioli multiplient les d�clarations en faveur de la clandestinit�. Son gain personnel ne peut �tre qu�une place d��ligible sur la liste nationaliste.

Des discussions ont eu lieu au sein de l�Union des combattants sur la mani�re d��viter un nouvel assassinat tel que celui du pr�fet Erignac. La d�cision a �t� de chevaucher la vague pour tenter de la contr�ler. Les invocations quasi d�sesp�r�es de Jean-Guy Talamoni en appelant � Yvan Colonna, les d�clarations enflamm�es d��lus de Corsica nazione en faveur de la clandestinit� visent � emp�cher la base de se retourner vers le FLNC 3.

Les journ�es internationales n�auront fait que de donner des indications sur la temp�rature mais certainement pas sur le rem�de � apporter.

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