En mati�re de revendication, le canal d�authentification est d�terminant. Il se pr�sente sous la forme d�un code secret qui est �nonc� avant toute communication de l�organisation clandestine de mani�re � authentifier le dit message. Dans le pass�, il avait donn� lieu � une guerre entre les deux FLNC. La tendance dirig�e par Alain Orsoni et qui donnera plus tard le Mouvement pour l�Autod�termination avait eu en effet la majorit� dans le FLNC mais surtout avait emmen� dans cette majorit� ceux qui d�tenaient le fameux code.
Ce FLNC-l� est donc devenu le FLNC Canal habituel. Il fallait comprendre � Canal d�authentification habituel �. L�autre FLNC, issu de la tendance minoritaire, a pris le nom de Canal historique.
Plus tard apr�s l�incarc�ration de Fran�ois Santoni, d�tenteur du canal d�authentification, Marcel Lorenzoni tentera de l�obtenir afin de devenir un dirigeant � authentifier � du Front. Rien n�y fera. Marcel Lorenzoni scissionnera et son groupe participera � l�attaque de la gendarmerie de Pietrosella avant de refuser de participer � l�assassinat d�un pr�fet. Mais � l�origine se trouvait ce fameux code qui pr�suppose une forme de complicit� avec des journalistes.
C�est une lapalissade de l�affirmer mais l��metteur FLNC requiert un r�cepteur, le plus souvent une station de radio ou de t�l�vision. L� une personne pr�cise est choisie pour � authentifier � le message. Dans le pass�, des journalistes notamment � RCFM ont jou� un jeu trouble. On ne savait plus tr�s bien s�ils �taient sympathisants ou journalistes. Le fait de devenir r�cepteur n�a aucune fonction autre qu�� honorifique �. Il fut un temps o� cela apportait des lauriers et des avantages. Un journaliste qui avait longtemps �t� r�cepteur a �t� � puni � lorsqu�il a signifi� la fin de cette � collaboration � en donnant le canal � la police. Si quelques journalistes cessaient d�accepter ce r�le, beaucoup de choses changeraient en Corse.
Un message d�authentification n�a d�autre fonction que d��tablir un rapport de force externe et interne. Le rapport de force externe est celui qui se monte en face de l��tat. L�interne est celui qui se joue avec les autres tendances de la clandestinit�.
Le communiqu� que l�Union des combattants a cette double fonction. Il lance un avertissement fort � l��tat. Mais en m�me temps, il pr�vient l�autre FLNC de se tenir dans ses limites.
L�Union revendique la tentative d'attentat, commise dans la nuit de mercredi � jeudi, contre des locaux de la police � l'a�roport d'Ajaccio, o� 100 kg d'explosifs ont �t� d�couverts.
Il endosse �galement la responsabilit� de la destruction � l'explosif de la voiture du pr�sident du tribunal d'Ajaccio, Dominique Ferri�re, fin juillet. Le groupe revendique �galement la tentative d'attentat d�couverte samedi contre la caserne Battesti, abritant la l�gion de gendarmerie de Corse � Ajaccio. C�est d�ailleurs le m�me groupe qui aurait agi dans ces trois cas si on en croit la rumeur Il aurait perp�tr� ces actes sur l�ordre d�un chef en difficult�.
L�Union confirme avoir commis le double attentat de Nice, contre les douanes et le Tr�sor public, dans la nuit du 20 au 21 juillet. Il revendique un certain nombre d�attentats contre des r�sidences secondaires.
Elle d�ment en revanche toute participation � l'attentat qui a vis� le 14 juillet le bureau de poste de Folelli et ceux qui ont vis� les mairies de Bastia, Furiani et Ghisonaccia les 18 et 19 ao�t. Pour ce qui concerne le bureau de poste de Folelli il avait d�abord �t� revendiqu� par l�Union des Combattants avant de l��tre par le FLNC 3. L�Union des Combattants avalise donc son erreur qui est troublante puisque sa premi�re revendication avait �t� authentifi�e. Cela ne peut avoir qu�une signification. Un commando est pass� d�un FLNC � l�autre.
Pour ce qui concerne la mairie de Bastia, c�est un scoop puisque cet attentat n�avait �t� annonc� nulle part. � moins que l�Union des Combattants, un rien cafouilleuse n�ait voulu parler de la mairie de Propriano situ�e au sud de l��le. Par l�attentat contre la mairie de Ghisonaccia, l�Union des Combattants veut vraisemblablement parler de la destruction du hangar appartenant au maire de Ghisonaccia. Enfin pour ce qui concerne l�attentat contre la mairie de Furiani, l�Union des Combattants enfonce des portes ouvertes. Comment Fran�ois Vandasi aurait-il pu �tre ne serait qu��gratigner par ses propres amis du secteur de Bastia ? C�est d�ailleurs apr�s s�en �tre pris aux locaux de sa soci�t� que les militants du FLNC Anonymes avaient �t� balanc�s � la police.
Le FLNC-Union des combattants qualifie de � stupide l'attitude qui consiste � poser le corps judiciaire comme cible d�sign�e � pr�cisant avec une po�sie inspir�e par � Gare au Gorille � de Georges Brassens : � Si nous d�non�ons l'apport trop important de fonctionnaires fran�ais au d�triment de jeunes corses, nous ne faisons aucun distinguo entre la robe du magistrat et la blouse de la posti�re".
Ce serait faire preuve d�un m�pris outrancier envers les grands strat�ges de la clandestinit� que de relever une �vidence : plastiquer un magistrat et plastiquer une posti�re n�a �videmment pas la m�me port�e. Or si on accepte l�id�e qu�un plasticage rel�ve d�une science du langage un peu primitive, il est indispensable que les codes de compr�hension soient partag�s par les � �crivants � et les � lecteurs �.
En supposant l�imb�cillit� dans le camp de ceux qui croyaient que le plasticage d�un magistrat �tait synonyme de pression sur la justice, le FLNC Union des Combattants ne r�ussit qu�� d�montrer sa propre incomp�tence.
� moins que� le FLNC Union des Combattants rejette tous les actes qui pourraient faire se dresser des �lus corses et leurs administr�s contre la clandestinit�. Que Ghisonaccia et Furiani soient � mettre au compte du FLNC3 appara�t comme � peu pr�s �vident.
Mais Ghisonaccia a �t� � fait � par un groupe qui pr�nait le � non � au r�f�rendum. Le maire de Ghisonaccia n�a donc pas �t� frapp� pour sa prise de position en faveur du � non � mais plut�t pour des conflits d�int�r�ts locaux. Or la plupart des militants du FLNC 3 de la r�gion Fium�Orbo sont des paysans en conflit avec les autorit�s locales.
Quant � la mairie de Furiani elle a �t� plastiqu�e parce que le maire est un ami de Charles Pieri. Un point c�est tout. D�o� d�ailleurs le petit message en fin de communiqu� de l�Union des Combattants qui met en garde "ceux qui profiteraient de l'actuel contexte politique pour exercer des rackets ou r�gler de basses vengeances personnelles". Pour ce qui concerne Propriano qui n�est pas �voqu� dans ce message, l�Union sait tr�s exactement d�o� vient le saccage de la mairie et elle ne peut, en cons�quence, le d�savouer.
L�Union rejette donc le fait de viser particuli�rement des fonctionnaires de l��tat repr�sentant la justice, la police ou la gendarmerie justement parce qu�ils incarnent l��tat. Contre toute vraisemblance, elle d�nonce � ces man�uvres politico-m�diatiques (qui � visent � d�stabiliser l'opinion publique et � camoufler la responsabilit� �crasante de l'�tat fran�ais dans la rupture du dialogue qui ne pouvait aboutir qu'� la cessation de la tr�ve �. Allez y comprendre quelque chose sinon que ce communiqu� a �t� �crit apr�s un nombre excessif de pastis. L�Union des Combattants y affirme une chose et son contraire et termine par cette note d�humour involontaire qui, soudain, donne un relief ubuesque � la clandestinit� corse puisqu�apr�s apr�s revendiqu� tous ces attentats elle annonce entendre poursuivre le "combat pour r�tablir les fils de la discussion et du d�bat".
Les clandestins corses sont des contorsionnistes de la pens�e et de pi�tres politiques. La pens�e clandestine repose sur ce qui devrait �tre un postulat et qui, h�las, au fur et � mesure des d�cennies s�est av�r� �tre une r�alit�. L��tat ne comprend que le langage de la force. � de multiples reprise (1981, 1987, 1989, 1993, 1997 etc.) c�est en accentuant la pression sur les gouvernants que la clandestinit� a r�ussi � rouvrir un dialogue.
Or la m�thode est terrible car elle entretient l�id�e dans bien des esprits que seule la violence est payante. Les amnisties � r�p�tition, toujours suivies d�une reprise de la violence, ont produit les m�mes effets. Ce faisant, l��tat fran�ais donnait l�impression que cent clandestins valaient plus que 160.000 �lecteurs. En bref, la d�mocratie ne pesait pas plus lourd que 400 attentats.
Or une telle m�thode est totalement contre-productive. D�un c�t�, elle interdit tout d�veloppement de la soci�t� corse dans un sens moderne. Puisque la violence est toujours payante, autant se mettre du c�t� du plus fort et chercher � obtenir des emplois, des faveurs gr�ce � ses � protecteurs �. Les nationalistes ont donc recr�� leur propre clan. Les FLNC ont toujours monnay� leur soutien contre l�imp�t r�volutionnaire. Il suffit d�ailleurs de parcourir la Corse pour se rendre compte que l�image d�une �le prot�g�e du b�ton a �t� vraie dans les ann�es 70 mais ne correspond plus du tout � la r�alit�.
Les c�tes sont d�sormais construites et surconstruites dans les communes qui l�ont autoris�. La c�te orientale est enti�rement mit�e jusqu�� Bonifacio. Ventilegne est menac�e. La commune de Sart�ne ne tiendra pas tr�s longtemps. La commune de Propriano a baiss� les armes. Sans parler de la Balagne, petite c�te d�Azur insulaire.
La clandestinit� vit sur un mythe car, sans lui, elle ne serait plus rien qu�un agglom�rat de bandes r�gionales rackettant et parasitant une �conomie qui en cr�ve. Cette violence est un poison qui non seulement ronge l��me corse mais surtout place la Corse en queue de peloton de l�Europe. Les nationalistes qui n�ont que ce terme d�Europe � la bouche, devraient se rendre compte que l�image de marque de l��le est une catastrophe � l�ext�rieur de la France et que sans les efforts inou�s des repr�sentants fran�ais � commencer par Nicolas Sarkozy, la Corse serait rejet�e comme un canard boiteux.
Le monde pr�sent ne fera plus de cadeaux � ceux qui ne savent s�exprimer que par le nitrate-fuel et les invectives. Or le message du FLNC Union des Combattants est d�un niveau mis�rable. � l�heure o� n�importe quel jeune europ�en peut postuler � des postes de fonctionnaires dans n�importe quel pays adh�rent, oser pr�tendre qu�en Corse trop de Fran�ais occupent les postes de fonctionnaires justement pay�s par l��tat fran�ais est un raisonnement qui laisse abasourdi. Et pourquoi chaque micro-r�gion ne revendiquerait-elle pas ses propres emplois pendant qu�on y est ?
Mais ce texte pose un autre probl�me politique majeur : celui des relations entre les �lus de Corsica nazione et l�assembl�e territoriale d�une part, celui des relations entre ces m�mes �lus et le gouvernement d�autre part.
En voulant satisfaire une base qui ne comprend que les rapports de force, la direction du FLNC Union des Combattants, est en train de jouer � contre-courant. L�objectif affich� est bien entendu de renouer le dialogue avec Matignon. Or on voit mal Matignon refaire la m�me erreur que Lionel Jospin qui avait lev� le pr�alable de la violence apr�s le double attentat de novembre 1999.
Dans le pr�sent, Nicolas Sarkozy a demand� aux Corses de trancher par r�f�rendum et les Corses ont repouss� la r�forme institutionnelle. On ne voit pas tr�s bien au nom de quelles arguties Jean-P�erre Raffarin pourrait donner raison aujourd�hui � ceux qui menacent de tuer des juges, des policiers et des gendarmes.
Pire, les Corses ne comprendraient pas une telle attitude m�me s�il va falloir � tout prix trouver une solution. Mais on voit mal comment elle pourrait �tre autre que celle qui sortira des urnes en 2004.
En attendant plus que jamais, l��tat doit marquer sa force. Une absence de r�sultat dans les semaines qui suivent serait proprement catastrophique. Pourtant Nicolas Sarkozy a raison de souligner qu�il doit �viter un pi�ge terrible : celui de la r�pression � outrance.
Jos� Rossi a promis que l�Assembl�e prendrait une position tr�s nette contre la violence. Une telle d�claration est aujourd�hui devenue indispensable faute de quoi la Corse appara�trait tout enti�re comme l�alli�e des plastiqueurs. Une telle situation cr�erait un foss� qui ferait le jeu des ind�pendantistes et dont la Corse ne se remettrait pas.
On attend enfin une r�action du FLNC 3 qui, lui aussi va vouloir montrer qu�il en a une beaucoup plus longue que celle de l�Union des combattants. Les clandestins jouent � touche-pipi pas touche et la Corse assiste impuissante � sa propre d�faite. Cent cagoul�s font la loi en Corse. C�est tout simplement d�sesp�rant et honteux.
TOUT LE DOSSIER CORSE
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