Ouvrir dans une nouvelle fen�tre Les nuits corses se suivent et se ressemblent
Aug 27, 2003

Les trois charges, de nature encore ind�termin�e mais apparemment de forte puissance (vraisemblablement du nitrate-fuel), avaient �t� plac�es contre le mess du personnel et contre deux hangars agricoles abritant du mat�riel et du fourrage. Une explosion s'est produite vers 1H00, puis les deux autres vers 3H00, � quelques secondes d'intervalle, provoquant des "d�g�ts importants". Des artificiers ont provoqu� une quatri�me explosion vers 4H00, en s�curisant le p�rim�tre.

La premi�re a enti�rement d�vast� les bureaux des services g�n�raux et du mess, � proximit� des logements occup�s par la quarantaine de gardiens et leurs familles. Il n'y a pas eu de bless�. La seconde charge, moins puissante, visait un fourgon qui a �t� endommag�, et la troisi�me a d�truit un tracteur. Un quatri�me engin explosif plac� sous un hangar a donc �t� neutralis� par les artificiers de la police qui l'ont fait exploser vers 4h00. Les gendarmes avaient auparavant s�curis� le p�rim�tre. Le procureur de la R�publique Patrick Beau s'est rendu sur place.

"Une quarantaine d'agents et leurs familles logent sur place", a soulign� la CGT p�nitentiaire. "Ces explosions auraient pu avoir des cons�quences dramatiques : il arrive que nos enfants, ou des adultes, rentrent sur le coup de 02H00 du matin", a ajout� un porte-parole du syndicat � Casabianda.

Le centre de Casabianda est un �tablissement atypique, au bord de la mer, o� les d�tenus, principalement condamn�s pour des d�lits � caract�re sexuel, sont employ�s dans la journ�e � des travaux agricoles, sur un vaste domaine. "Ils sont enferm�s le soir, mais, dans la journ�e, ils sont libres de vaquer � leur occupation dans les champs", a expliqu� la CGT.

Il appartient au minist�re de la Justice ce qui est un indice de taille puisque le Garde des Sceaux Dominique Perben a r�cemment promis de venir en Corse pour rassurer les magistrats. Le p�nitencier de Casabianda est une cible ancienne pour les clandestins corses.

Le 20 mars 1991, le projet Joxe, pr�parant une r�forme institutionnelle pour la Corse est discut� au S�nat.
Deux jours plus tard, suite aux diff�rentes manifestations du monde agricole inquiet de la mise en place de la future politique agricole commune de l�Europe (P.A.C), l�Assembl� de Corse traite des probl�mes agricoles et annonce un rapport pour le 15 MAI.

Le 29 mars, le F.L.N.C Canal Historique, oppos� au projet annonce dans une conf�rence de presse un Sicondu Quaternu - le premier avait d�j� �t� �dit� par le F.L.N.C encore uni le 29 ou 30 DECEMBRE 1989. Ce projet est radical et refuse la r�forme de Pierre Joxe.
Dans la nuit, un commando du F.L.N.C d�truit le complexe touristique du minist�re de la justice de Casabianda.

Dans la nuit du 27 octobre 1996, une charge explosive provoque des d�g�ts dans le p�nitencier. L�action est revendiqu�e le lendemain par le FLNC Canal historique en pleine offensive contre le gouvernement d�Alain Jupp�.

Novembre 1997 : nouvel attentat contre les locaux du centre p�nitentiaire de Casabianda.

Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1998, une charge de forte puissance endommage Le r�fectoire des gardiens du centre p�nitentiaire de Casabianda. L�attentat est revendiqu� par le FLNC Canal historique.

Le 19 mars 1999, le premier proc�s devant la Cour d�Assises sp�ciale de Paris a lieu. Elle juge Jean-Laurent Leca, Joseph Santoni et Pierre Confaix, militants du FLNC Canal historique et les condamne � 10, 9 et 6 ans de prison ferme. Dans la nuit du 19 au 20 mars 1999 quatre attentats � l�explosif touchent le tribunal d�instance de Sart�ne (o� une fillette a �t� l�g�rement bless�e), la poste centrale de Bastia, la subdivision de l��quipement � Calvi et le restaurant du centre de vacances du minist�re de la Justice de Casabianda.

En novembre 2002, une charge explosive d�truit un garage de l��tablissement.

Le domaine de Casabianda a toujours fait partie tout comme le domaine de Pinia des terres revendiqu�es par les nationalistes corses au nom du peuple corse.

Le domaine de Pinia est tomb� aux mains de quelques-uns d�entre eux dont les noms ont �t� prononc�s dans la fameuse piste agricole relative � l�assassinat du pr�fet Erignac : Filidori et Serpentini.

La gestion du domaine avait �t� �pingl�e par la commission d�enqu�te parlementaire qui �crivait : � L�enqu�te sur le Cr�dit agricole confirme �galement les liens entre certains milieux nationalistes et les institutions en charge de l�agriculture en Corse. L�affaire du domaine de Pinia � Ghisonaccia dans la plaine orientale l�illustre parfaitement.

Ce domaine, exploit� d�abord par des agriculteurs rapatri�s, a �t� occup� en 1979 par un groupe d��leveurs corses. Le domaine a alors �t� rachet� par une filiale du Cr�dit agricole, la Segespar, qui l�a d�abord donn� � bail � la SAFER. Devant l�impossibilit� de l�allotir, celle-ci suspend le bail. En 1985, la Segespar la donne � bail � la SCA Di � Pieve di castellu, fond�e par des militants nationalistes et dont le g�rant est M. Mathieu Filidori. Cette soci�t� a b�n�fici� d�importants cr�dits de la caisse r�gionale du Cr�dit agricole, de subventions publiques ainsi que des " mesures Balladur " et Jupp�. Comme l�indique le rapport de l�Inspection g�n�rale des finances, la soci�t� " exerce une activit� assez r�duite compte tenu de la taille du domaine de Pinia qui lui est donn� � bail (880 hectares). En revanche, (elle) est au c�ur d�un �cheveau de soci�t�s regroupant les m�mes associ�s, qui exercent des activit�s diverses (restauration, chasses, gestion immobili�re en association avec un groupe italien(�)) " �

Filidori et Serpentini avaient �t� durement mis en cause par leurs anciens camarades qui leur reprochaient d�avoir accapar� les terres pour leur seul int�r�t. � la d�charge de Filidori et de Serpentini, il faut avouer que m�me leur gestion a �t� d�sastreuse puisque le domaine a �t� en partie laiss� � l�abandon. C�est � se demander ce que deviendrait la Corse en cas d�ind�pendance dirig�e par de tels gestionnaires.

Le domaine de Casabianda � l�inverse n�a jamais pu �tre confisqu� par une quelconque tendance de la clandestinit� puisqu�il est la propri�t� du minist�re de la Justice.

Ce triple attentat vraisemblablement commis par le FLNC 3 et plus particuli�rement par le commando du Fium�Orbo dirig� par T. P� est � la fois le fruit d�une revendication paysanne, un avertissement lanc� � Dominique Perben et donc � l��tat, mais surtout la r�cup�ration d�une vieille revendication nationaliste. C�est donc un mot doux lanc� en direction de l�Union des Combattants.

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