Une �le difficile� Voil� ce qu�ont d� se dire sans se concerter Nicolas Sarkozy et Dominique Perben en apprenant la quadruple �vasion d�Ajaccio. Les gardiens ont d�couvert leur cellule vide, aux premi�res heures de la matin�e, avec plusieurs barreaux sci�s, a-t-on appris aupr�s de la police.
�voquant une �vasion "� l'ancienne", les enqu�teurs ne pensent pas pour le moment que les quatre hommes aient b�n�fici� de complicit�s ext�rieures pour franchir le mur d'enceinte, du c�t� du palais de justice, et s'enfuir.
A priori, ils ont confectionn� une corde avec leurs draps, d'une fa�on tout � fait classique", a dit un porte-parole de l'administration p�nitentiaire. Des enqu�teurs avaient �voqu� dans un premier temps de possibles complicit�s.
Les �vad�s ne semblent pas avoir de liens avec les milieux nationalistes. Il s'agit de Jean-Paul Creusat (36 ans), d'Adrien Van Imbeck (20 ans), de J�r�me Luccioni (41 ans) et de Fr�d�rick Mattei (34 ans).
Certains des quatre d�tenus �taient en instance de jugement pour des affaires de droit commun, dont une affaire de tentative de meurtre.
La surveillance a �t� renforc�e aux ports et a�roports, ainsi que sur le r�seau routier de l'�le et les enqu�teurs ont proc�d� � plusieurs auditions de membres de l'entourage des quatre �vad�s.
On ne dira jamais assez combien cette prison est v�tuste comme d�ailleurs les envoy�s du gouvernement l�avaient constat� avant de d�cider la construction d�une nouvelle prison dans cette m�me ville d�Ajaccio.
Construite il y a 132 ans, la maison d'arr�t d'Ajaccio est implant�e dans le centre ville o� elle jouxte le palais de justice. Au 1er ao�t, elle abritait 41 d�tenus pour 53 places, a pr�cis� l'administration p�nitentiaire.
Le secr�taire d'Etat aux Programmes immobiliers de la Justice, Pierre B�dier, avait visit� en octobre dernier cette maison d'arr�t qu'il avait qualifi�e de "v�tuste et d'exigu�". "Il est n�cessaire de ne pas la conserver dans un tel �tat, il faudra donc en tirer les cons�quences", avait expliqu� M. B�dier, avant d'annoncer la construction en Corse d'ici 4 � 5 ans d'un centre de d�tention, qui pourrait abriter dans son enceinte une nouvelle maison d'arr�t.
Pourtant plus vuln�rable que la maison d'arr�t de Borgo, pr�s de Bastia, la prison d'Ajaccio n'a pas connu d'�vasion ces derni�res ann�es contrairement � l'�tablissement de Haute-Corse plus moderne, th��tre de quatre �vasions spectaculaires en cinq ans, par fax, au lance-roquette factice ou par h�licopt�re.
L'histoire de la maison d'arr�t d'Ajaccio a surtout �t� marqu�e en 1984 par l'intrusion d'un commando de trois membres du FLNC qui avaient abattu dans leur cellule deux hommes consid�r�s comme les ex�cuteurs du militant nationaliste Guy Orsoni, disparu en 1983, dont le corps n'a jamais �t� retrouv�.
En attentant, un assassinat et quatre �vasions un m�me week-end prenant la rel�ve d�attentats en s�rie� Heureusement que Nicolas Sarkozy avait hurl� que le temps de l�impunit� est termin�. Parce que sinon oulala !
On a pu admirer � la t�l�vision la substitut du procureur, Sylvie Canovas, qui s'�tait rendue sur place, d�couvrir sur sa voiture crasseuse, d�couvrir un FLNC rageur trac� au doigt. Les journalistes en mal de sujet ont donc film� une magistrate bl�me et tremblante exiger que les d�mineurs examinent son v�hicule.
Puis elle est rentr�e dans le Palais de Justice encore toute �motionn�e par la mauvaise plaisanterie d�un gamin. Mais que feraient tous ces magistrats qui font dans leurs chausses si la vie les avaient plac� en Sicile ou en Colombie. � Mais ils deviendraient tout simplement liquides et se videraient dans le caniveau � nous a r�pondu un vieil Ajaccien qui regardait cette �motion judiciaire avec un soup�on de m�pris. Il est vrai qu�� cet instant pr�cis on sentait que cette brave magistrate ne se comportait pas comme un rempart de la soci�t� contre le crime.
Mais o� sont donc les d�fenseurs de l��tat de droit ? Dans les cabinets, mon cher, ils sont dans les cabinets parisiens. Et que font-ils ? Ils font tout simplement. Ils se contentent de faire.
TOUT LE DOSSIER CORSE
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