Ouvrir dans une nouvelle fen�tre Les assurances au secours des plastiqueurs
Aug 23, 2003

La d�cision des assurances de ne plus couvrir les risques li�s aux attentats dans le BTP avait provoqu� le d�sarroi et la col�re des professionnels. Comment en effet se lancer dans des travaux co�tant des centaines de milliers d�euros quand tout peut �tre d�truit en une nuit ?

Les autorit�s �tatiques avaient promis de jouer les entremetteurs afin de trouver une conciliation. Or voil� que le pool d�assurances annonce qu�il va se retirer de l�assurance des villas secondaires. Une telle d�cision pourrait porter un coup fatal � l��conomie insulaire.

Comment en effet imaginer que des familles vont investir des sommes colossales dans des maisons non prot�g�es. Mais le risque le plus grand est que ce d�sinvestissement serve les int�r�ts des racketteurs. Sur la rive sud d�Ajaccio, de nombreuses demeures sont d�sormais � vendre car les propri�taires ont refus� d��tre � prot�g�s � par une bande qui, � l�occasion, offre ses services � l�un ou � l�autre des FLNC.

Seuls pourront rester ceux qui pourront ou qui accepteront de payer. L�un des exemples les plus frappant est celui de l�h�tel Ibis de Bastia. Le groupe h�telier Accor, assign� en justice par un franchis� en Corse apr�s avoir rompu leur contrat en mai � la suite d'un attentat, a indiqu� jeudi �tre "parvenu � un r�glement amiable".

"Accor et les exploitants de l'h�tel Ibis de Bastia Centre sont parvenus � un r�glement amiable de leurs diff�rends judiciaires", pr�cise un communiqu� du groupe.

Accor avait mis fin au contrat de franchise le liant avec l'h�tel de son enseigne Ibis � Bastia apr�s que le FLNC-Union des Combattants eut revendiqu� un attentat contre l'h�tel le 28 avril, le troisi�me depuis l'automne 2002 visant cet �tablissement alors en construction.

Les co-g�rants de l'h�tel, qui avait ouvert le 23 juillet, avaient assign� Accor en justice, s'estimant "sacrifi�s" au nom des int�r�ts du groupe et de "pressions" que ce dernier aurait subies.

"L'h�tel () portera la double enseigne � Ibis/Corsica h�tels � jusqu'au 25 f�vrier 2004, puis restera associ� au r�seau Ibis sous son enseigne propre � Corsica h�tels � jusqu'au 25 ao�t 2004", ajoute le groupe h�telier.

En revendiquant l'action contre l'h�tel Ibis, le FLNC-Union des Combattants avait d�clar� "se r�server le droit de toucher d�sormais les int�r�ts du groupe Accor partout o� ils seront repr�sent�s". "L'�conomie corse restera aux mains des Corses", �crivait-il dans un communiqu�.

Or selon nos informations, l�une des clauses non �crites est que d�ici le 25 ao�t 2004, l�h�tel devra ne pas avoir subi de nouvel attentat faute de quoi le groupe Accor se retirera totalement de l�affaire. Or, quelles sont les moyens pour les propri�taires de la franchise de se prot�ger sinon de � n�gocier � au mieux avec les racketteurs leur � tranquillit� �.

Le comportement des compagnies d�assurances est donc un encouragement un racket et � la sp�culation immobili�re. Les prix de l�immobilier ont en effet d�j� commenc� � baisser en Corse, attentats et incendies obligent. On ne peut enfin que s�insurger une fois encore contre l�impunit� dont b�n�ficient les racketteurs de tous poils qu�ils se revendiquent d�une cause politique ou de leurs stricts int�r�ts. Ils sont tout simplement en train de saigner � mort la soci�t� corse. Cette impunit� est d�ailleurs la source de nouvelles � vocations � pour des jeunes sans rep�res et r�cup�r�s par les organisations clandestines ou les bandes.

L�absence de courage civique des victimes fait le reste favoris�e par l�attitude parfois odieuse de certains propri�taires de maisons qui ont l�impression qu�en ayant achet� un bien en Corse, il devrait avoir � leur disposition les Corses eux-m�mes. L�hostilit� qui na�t autour d�eux cr��e ainsi les conditions du racket.

De leur c�t� les compagnies d�assurance font valoir que la r�gion Corse est la seule en France � subir une telle pression et que, par ailleurs, c�est une r�gion � � fraudes �. C�est vrai mais marginalement et, de plus, il appartient aux compagnies de proc�der � leurs propres enqu�tes, et le cas �ch�ant � refuser de verser l�indemnit�. Petite co�ncidence : la Lloyd�s, la compagnie qui assure les assurances vient d��tre reconnue coupable de fraude. Si le Bon Dieu lui-m�me se met de la partie, pourquoi la Corse serait-elle plus coupable que les autres ?

Dans la nuit de jeudi � vendredi un commerce de chaussure situ� � la sortie de Bastia a �t� presque enti�rement d�truit par un attentat. Si les assurances ne r�agissent pas, il y a peu de chances qu�il r�ouvre.

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