Ouvrir dans une nouvelle fen�tre En Corse la violence prosp�re yop la boum
Aug 21, 2003

Un attentat � l'explosif a d�truit dans la nuit de mardi � mercredi la voiture d'un agent de police � Tolla en Corse-du-Sud. Ce village de montagne situ� � une trentaine de kilom�tres au nord-est d'Ajaccio a �t� il y a quelques jours le lieu de d�part d�un immense incendie qui a tout br�l� en direction de la vall�e de la Gravone.

Le v�hicule, qui �tait gar� au moment de l'explosion vers une heure du matin, a �t� tr�s endommag�. Sur les lieux, les enqu�teurs n'ont relev� ni inscription, ni revendication.

Cette action est symptomatique de la p�riode. Des individus profitent de la p�riode tendue pour r�gler leurs comptes avec des voisins, des proches pour ensuite le faire revendiquer par une organisation clandestine. Au passage on intimide les fonctionnaires de la police et de la gendarmerie.

Il est malheureusement � pr�voir que ce type d�attentats se multiplie. La confusion sert � tous ceux qui cherchent � faire passer leurs sentiments mis�rables pour des convictions fermes et �tablies.

Au total, 34 attentats et deux tentatives ont �t� commis contre des biens publics, des villas appartenant � des continentaux ou � des �trangers, mais aussi contre la voiture du pr�sident du tribunal de grande instance d'Ajaccio et contre quelques �lus qui ont fait campagne pour le "non" au r�f�rendum local du 6 juillet.

On se souviendra de la p�riode 2000-2002 qui vit d�une part les organisations nationalistes tenter de faire du pass� table rase et d�autre part, les laiss�s pour compte d�Armata corsa tout faire pour revenir sur le devant de la sc�ne. Il y eut d�abord les assassinats de petits voyous puis l��limination proprement dite des � militants � � commencer par Jean-Michel Rossi et pour finir Fran�ois Santoni lu-m�me.

L�investigateur a �t� le premier � soulever le voile sur ces myst�res qui, selon nous, impliquaient directement une partie de la voyoucratie bastiaise. Les autorit�s, d�sireuses pour une fois de ne pas criminaliser les nationalistes, ont cherch� � faire croire que cette s�rie d�assassinats, souvent sauvages, devait �tre cat�gori�s comme � crapuleux �. � l�inverse la justice anti-terroriste tentait de d�montrer qu�ils ne pouvaient qu��tre politiques.

Or dans la soci�t� exigu� qu�est la Corse, la porosit� des genres est permanente. Aujourd�hui encore et malgr� toutes les promesses du mouvement nationaliste, bien malin celui qui peut arriver � s�pare dans bien des cas, le crapuleux du politique.

Trop de militants de la clandestinit� vivent depuis maintenant des d�cennies d�un syst�me de violence qui les nourrit. Pour l�Union des combattants c�est une �vidence. Allons m�me en arri�re. Sur Bastia, les tensions entre les deux FLNC avaient pris un tour �conomique quand l�un des tueurs en chefs du Canal habituel s��tait mis en t�te de monter une soci�t� de gardiennage qui concurren�ait directement Bastia Securit� aux mains du Canal historique.

Aujourd�hui encore une partie des plasticages qui affectent le BTP cache cette guerre souterraine � laquelle se livrent des int�r�ts occultes dont une partie des gains va dans les caisses de la clandestinit� ou d�anciens clandestins.

Car les anciens du FLNC Canal habituel ont r�ussi sans bruit � remonter un petit empire qui se traduit par des soci�t�s, des prises de participations dans des soci�t�s tout � fait honorables. Le plus scandaleux et le plus d�sesp�rant en Corse est qu�aucune enqu�te fiscale ne met � jour les provenances d�argent, le recyclage dans certains circuits des produits de grande consommation.

Certains � secrets � sont connus du grand public mais semblent miraculeusement s�arr�ter aux portes des administrations de contr�le. Essence en partie d�tax�e mais plus ch�re que sur le continent ; produits de construction � des prix prohibitifs fix�s par des ententes illicites ; transports aberrants� Rien ne va dans cette �le o� l�administration est pl�thorique mais son action r�duite � peu.

Or ce sont ces m�contentements qui font le lit de la violence. Chacun se plaint de ses effets mais se r�jouit des cons�quences sur son ennemi. Cet �clatement permanent des consciences qu interdit la prise en compte des int�r�ts sup�rieurs d�truit la soci�t� corse et paradoxalement la livre pieds et poings � un �tat fran�ais qui montre de plus en plus des signes de lassitude. En arrivera-t-on � l�instant tragique o� la France ne voudra plus de ce � boulet � incompr�hensible ?

C�est � craindre si la situation perdure. La victoire du � non � au r�f�rendum a repr�sent� un sursaut l�gitimiste sans lendemain. Il appartiendra au gouvernement de savoir rouvrir le dossier corse apr�s les �lections territoriales en esp�rant que celles-ci donneront une majorit� pour le changement.

La lutte entre les factions clandestines est une catastrophe pour la Corse. Mais elle ne doit pas faire oublier que depuis le d�but du processus dit Matignon, la sp�culation immobili�re � litt�ralement explos� p�nalisant en bout de course les Corses qui, pour la plupart, n�ont pas les moyens de suivre l�inflation des loyers et des prix.

Les plus puissants des comp�titeurs, souvent alli�s en sous-main � des factions violentes (voyoucratie ou clandestinit�) ont impos� un train de vie qu�il est presque impossible de tenir. La population active ne trouve alors qu�un moyen de rem�dier � cette hausse des prix :r�clamer toujours plus � l��tat. L�insatisfaction et l�aigreur desservent sans l�ombre d�un doute les projets d�autonomie et plus encore d�ind�pendance.

La question qui se pose alors est simple : les nationalistes ne sont-ils pas les instruments inconscients de forces qui ont besoin de cette marge d�action sans toutefois rompre la relation avec l��tat fran�ais ?

Les clandestins seraient en pareille hypoth�se les chiens courants de forces de l�ombre en partie locale en partie d�ailleurs. Les clandestins se contenteraient des os que ces personnes leur lancent et se chargeraient du � sale boulot �.

La situation en Corse est �puisante car elle donne l�impression de ne d�boucher sur rien de constructif. Il est temps, grand temps que cela cesse. Pour la Corse d�abord.

TOUT LE DOSSIER CORSE

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