La premi�re des responsabilit�s incombe �videmment aux poseurs de bombe. Mais peut-on encore parler de responsabilit� en d�signant des hommes qui ont montr� qu�ils �taient de vrais irresponsables. N�anmoins on peut et on doit exiger des organisations qui se r�clament du nationalisme qu�elles condamnent de tels actes qui un jour tueront.
On n�a plus le droit de s�en tenir � de simples mots, � jouer sur l�id�e de clandestinit�. Les risques encourus � Folelli, � Ajaccio et maintenant � Bastia, d�montrent que les plastiqueurs ne prennent plus de pr�cautions si tant est qu�ils en aient beaucoup pris par le pass�.
Le PNC est n� de la condamnation de la violence. Mais il a manifest� aux c�t�s de ceux qui posent des bombes en solidarit� avec les assassins du pr�fet Erignac. Plusieurs de ses membres ont sign� l�appel d�A Tramula aux c�t�s d�inorganis�s qui ont les faveurs du FLNC num�ro 3. Certains des membres et sympathisants du PNC parlent de figurer sur une liste de Corsica nazione, c�est-�-dire d�hommes et de femmes qui soutiennent les actions violentes du FLNC-Union des Combattants.
C�est cette ambigu�t� qui fait le lit de la violence. Cette forme d�expression appara�t comme hautement profitable � la plupart des strates de la soci�t� corse.
La deuxi�me des responsabilit�s incombe � l��tat. Malgr� une tr�s forte pr�sence de policiers et de gendarmes sur le sol de Corse (deux fois plus que la moyenne nationale) les autorit�s font quotidiennement la d�monstration de leur incapacit� � enrayer l�augmentation des attentats. On r�torquera qu�il est tr�s difficile d�arr�ter des �quipes de deux personnes d�cid�es � faire sauter un objectif et c�est exact. Mais il est tout aussi exact que la politique de l��tat de droit proclam�e � droite comme � gauche � grands renforts d�effets de manche exige des r�sultats.
Nicolas Sarkozy, la m�choire serr�e, promettait au lendemain du r�f�rendum � la fin de l�impunit� �. Nous avons d�j� soulign� dans ces colonnes l�extr�me maladresse de la formule. Elle devient ridicule lorsqu�on la compare aux r�sultats obtenus depuis par les forces de l�ordre et qui fr�le le z�ro absolu.
On avait l�impression fallacieuse que, depuis l�assassinat du pr�fet Erignac, forces de police et de gendarmerie, avaient peaufin� leurs m�thodes de lutte contre les organisations clandestines et leurs m�thodes terroristes. Force est aujourd�hui de d�chanter : jamais le racket n�a aussi bien fonctionn� et les attentats sont devenus quotidiens. Tout cela ajout� � la canicule et aux incendies : la Corse a l�impression de vivre un cauchemar poisseux o� quelques dizaines d�individus dictent leur propre loi � une population qui ne sait plus � quel saint se vouer.
Or c�est justement lorsqu�il faudrait que l��tat, avec intelligence, se montre sur le terrain que tous ses plus hauts repr�sentants brillent par leur extraordinaire absence. � la notable exception du procureur Lalande, v�ritable soutier estival des nuits bleues (il faudrait d�sormais parler des � jours livides �), on aura remarqu� le vide laiss� par un pr�fet en partance et vraisemblablement en vacances. Son directeur de cabinet et son secr�taire g�n�ral auront eux-aussi pr�f�r� d�autres cieux � ceux de Corse. Le pr�fet charg� de la s�curit�, un inconnu, n�a pas jug� bon de choisir cette occasion pour se faire conna�tre.
Bref la Corse reste le domaine r�serv� du premier ministre et du ministre de l�int�rieur alors que le premier des devoirs pour les hauts fonctionnaires locaux devrait �tre la pr�sence. Il serait catastrophique que le premier des gestes forts du ministre de l�int�rieur soit, en septembre, la remise d�une plaque de marbre, fut-ce pour le pr�fet Erignac, alors qu�il devrait �tre l� pour soutenir les policiers et les gendarmes qui subissent de plein fouet la reprise des attentats. On regrettera dans le m�me ordre d�id�e le vide sid�ral laiss� par le ministre Perben apr�s les agressions subies par divers magistrats. Quand l�incendie menace le bateau, il est n�cessaire que le capitaine et ses lieutenants se tiennent sur le pont avant.
Car autant que les r�sultats d�enqu�te ce sont ces petits gestes qui, dans une soci�t� sensible aux symboles, comptent pour d�montrer que l��tat ne l�che pas le morceau.
Avant-derni�re responsabilit� : celle des �lus corses qui, lorsqu�ils ne sont pas silencieux jouent de la violence comme d�un tremplin. On attend, avec impatience, le geste fort de l�assembl�e territoriale, condamnant sans l�ombre d�une ambigu�t�, ces attentats exprimant ainsi un refus d�finitif de telles m�thodes. Hormis, �mile Zuccarelli qui a fait de ses communiqu�s sans lendemain, une profession de foi, le silence est abasourdissant. Et encore, le d�put� de Bastia est-il plus que discret sur la violence de droit commun.
La violence est devenue un joker pour la plupart des d�cideurs insulaires. Ceux qui la combattent s�en servent pour se faire valoir. Ceux qui l�approuvent comme levier dans les rapports de force insulaire. C�est non seulement exasp�rant mais lamentable et inefficace.
Restent enfin les Corses, ces pauvres Corses qui ne savent plus � quel saint se vouer. Cette population vieille et vieillissante, regarde s��tendre son propre d�sastre sans trop savoir comment r�agir. La mollesse des autorit�s locales ne l�incite pas � descendre dans la rue. Pourtant la seule r�action efficace serait aujourd�hui de faire conna�tre la lassitude de la population et de menacer les nationalistes d�une sanction �lectorale.
Si ces responsabilit�s ne sont pas prises en compte et si la Corse n�effectue pas une v�ritable r�volution des esprits, la violence continuera d��tre con�u comme une expression � morale � et la Corse s�enfoncera dans une surench�re qui un jour donnera de nouveaux assassinats.
TOUT LE DOSSIER CORSE
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