Les questions institutionnelles que pose la victoire du � non � en Corse
Jul 8, 2003
Auteur: L'investigateur

Avec sa courte victoire le � non � pose plus de probl�mes qu�il n�en r�sout alors que le � oui � aurait ouvert la voie � une situation nouvelle. �mile Zuccarelli a beau proclam� que le � non � est fondateur, personne ne voit tr�s bien ce qu�il va fonder sinon le statu quo puisqu�il p�rennise l�existant.

� Aujourd'hui, nous devons nous mettre au travail avec les institutions qui sont les n�tres �, avait lanc� d�s dimanche soir le s�nateur radical de gauche Nicolas Alfonsi, l'un des fers de lance du camp du � non �.

Nicolas Alfonsi qui est un fin politique, sait qu�il va falloir caut�riser les blessures ouvertes par le d�bat dans lequel personne ne s�est �pargn�. Mais il sait surtout que l�horizon prochain est celui des territoriales de 2004.

En cas de victoire du � oui �, l��ch�ance corse aurait �t� repouss�e � septembre 2004. Puisque le � non � l�a emport�, la Corse retombe dans le lot commun des territoriales fran�aises et devra d�cider de ses �lus territoriaux en mars 2004. C�est dire que l��ch�ance est courte.

Mais surtout des indiscr�tions bastiaises ont permis de savoir que le socle du � non � � savoir �mile Zuccarelli et Nicolas Alfonsi entendait pousser leur avantage. La loi relative au statut de la Corse pr�voyait en cas de victoire du � oui � la possibilit� de rester au second tour avec seulement 5% des votants contre 10% des inscrits ailleurs. Elle pr�voyait �galement une prime � la liste de t�te de 10% contre 25% ailleurs. Les deux comp�res ont l�intention de d�poser une demande d�alignement de la Corse sur le reste des r�gions puisque le � non � l�a emport�. Et leur raisonnement se tient. Ils auront en plus le soutien de Camille de Rocca Serra, le d�put� UMP de Porto-Vecchio, avec dans l�id�e de laminer les petites listes qui favorisent le d�s�quilibre de l�assembl�e. Les deux hommes esp�rent ainsi remettre la Corse sur les rails de la bipolarit� qui favorisent les partis traditionnels c�est-�-dire les clans en obligeant � des regroupements pr�-�lectoraux. Seraient ainsi pulv�ris�s les Corsistes, l�UDF et quelques autres listes. Paradoxalement, un tel syst�me pourrait favoriser les nationalistes qui devraient se rassembler pour avoir une chance d��tre pr�sents au second tour. Forts de leurs 15 � 20% de votants, ils deviendraient ainsi la troisi�me force insulaire, capables de jouer les arbitres, ce qui n�est �videmment pas le but de Nicolas Alfonsi et d��mile Zuccarelli.

La deuxi�me donne qui bouleversera indubitablement le scrutin est la parit�. Seuls les plus forts parviendront � monter des listes paritaires qui tiendront la route.

Paul Giacobbi, d�put� PRG de Haute-Corse, pr�sident du Conseil g�n�ral de Haute Corse, partisan du � oui � l�a compris qui, un peu rapidement, d�clarait :"Le peuple s'est exprim�, le d�bat institutionnel est clos, la r�forme s'arr�te l� � ouvrant ainsi la perspective d�un rassemblement de la gauche pour les territoriales qui s�opposerait � une liste de droite et embrassons-nous Folleville et oublions la guerre de la collectivit� unique.

On pr�te �galement � la droite le d�sir de regagner le Conseil g�n�ral de la Corse du Sud o� elle est majoritaire mais qu�elle avait � offert � � la gauche pour mieux contrer les � r�formistes �. Ainsi Nicolas Alfonsi, par No�l Sarrola interpos�, tenait en main ce conseil. Mais il suffirait que les conseillers de droite d�sirent le reprendre pour que cela se fasse dans l�instant. Ce qui r��quilibrerait le rapport de forces d�lirant qui pr�side aujourd�hui en Corse.

Bastia, forteresse du � non � et d��mile Zuccarelli, est estampill� de gauche. Ajaccio, ville de Simon Renucci, partisan de � oui � est aussi � gauche. Le Conseil g�n�ral de Haute Corse est pr�sid� par Paul Giacobbi, de gauche mais partisan du � oui � tout comme l�est, nous l�avons vu le Conseil g�n�ral de Corse du sud, pr�sid� par No�l Sarolla de gauche et partisan du � non �. � l�inverse la r�gion est tenue par la droite partisane du � oui �.

Pour parfaire ce tableau monstrueux il faut pr�ciser que cette assembl�e territoriale votait en 1989 une motion demandant la reconnaissance du peuple corse avant d�oublier ce v�u impie. C�est cette m�me assembl�e qui saluait le processus de Matignon initi� par Lionel Jospin et dont les �lecteurs viennent de rejeter l�aboutissement du dit processus.

� La Corse est incoh�rente � nous d�clare un �lu harass�. � Elle veut tout et son contraire. Mais cette fois-ci on ne pourra pas dire que c�est l��tat qui n�a pas voulu. C�est nous et nous seuls qui portons la responsabilit� de cet �chec. �

Enfin les �lus, tous les �lus, se demandent si l��tat va tout de m�me verser les sommes qu�il avait promis. Rien n�est moins s�r. Nicolas Sarkozy est redevenu ministre de l�int�rieur et rien de plus. Il y a fort � parier que les arbitrages de Matignon seront peu am�nes pour une �le qui a fait perdre la face au Premier Ministre voire au pr�sident de la R�publique. � Les �lus veulent le beurre l�argent du beurre et le cul de la cr�mi�re. Ils risquent fort de n�avoir que la mousse de lait. Et ils devront s�en contenter, l�che un haut fonctionnaire parisien. Ils n�ont qu�� savoir ce qu�ils veulent. �

Dernier sujet qui risque de f�cher : les Conseils g�n�raux ont cr�� des postes � qui mieux mieux pour s�attacher une client�le. Ils pensaient que le � oui � l�emporterait et que les ardoises seraient effac�es. Or voil� qu�avec le maintien des conseils g�n�raux, il va falloir financer ces d�penses et donc remonter les imp�ts locaux. Voil� qui risque de faire mauvais genre alors que s�approchent les territoriales.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s