L'affaire Al�gre � Toulouse ne conna�t pas de tr�ve estivale, l'enqu�te sur les meurtres non �lucid�s au d�but des ann�es 90 se poursuit avec trois nouvelles auditions pr�vues cette semaine, dont celle vendredi de Patrice Al�gre.
Mercredi apr�s-midi, l'ancien prox�n�te Lakhdar Messaoud�ne �tait entendu par le doyen des juges d'instruction Serge Lemoine sur le meurtre de Line Galbardi dans une chambre de l'h�tel de l'Europe dans la nuit du 2 au 3 janvier 1992.
"Patricia", l'ancienne prostitu�e qui est une des principales accusatrices dans l'affaire Al�gre, �tait convoqu�e chez la juge Nicole Bergougnan qui instruit le dossier ouvert pour prox�n�tisme aggrav� dans lequel d'ex-prostitu�es ont notamment mis en cause Dominique Baudis, l'ancien maire de Toulouse et l'ancien substitut du procureur de Toulouse, Marc Bourragu�.
Rappel utile : "Patricia" est actuellement mise en examen et plac�e en d�tention provisoire pour complicit� de faux t�moignage avec le travesti "Jamel " qui avait port� de graves accusations � la t�l�vision. Patrice Al�gre doit lui �tre entendu vendredi par le juge Lemoine sur les meurtres de Line Galbardi et du travesti Claude Martinez.
De son c�t�, le sustitut Marc Bourragu� a d�pos� mardi aupr�s du parquet de Toulouse une plainte pour faux t�moignage contre "Fanny" , une ancienne prostitu�e qui affirme avoir eu une relation suivie avec lui et avoir subi des violences sexuelles de sa part, a-t-on appris mercredi aupr�s de son avocat ma�tre Laurent de Caunes.
"Fanny met en cause M. Bourragu�, elle le pr�sente comme un certain Marcus dans ses d�positions, elle ment, ce sont donc des faux t�moignages" pr�cise l'avocat qui d�voile ainsi l�identit� de Marcus. "Fanny" a affirm� � plusieurs reprises devant le juge et les enqu�teurs qu'elle avait eu une relation avec un magistrat surnomm� Marcus, elle a d�crit tr�s pr�cis�ment une sc�ne de viol dans le bureau de ce magistrat et en a dress� un portrait ressemblant � celui de Marc Bourragu�. Ce dernier demande une expertise concernant un tatouage que Fanny affirme avoir vu sur son �paule. Il affirme d�autre part que le bureau o� aurait eu lieu le viol n�est pas le sien.
Fanny a �galement affirm� dans ses d�positions que Marc Bourragu� lui aurait offert une voiture. Selon ma�tre de Caunes, "il appara�t clairement dans le dossier que ce n'est pas lui qui a donn� cette voiture � Fanny".
Ma�tre Muriel Amar Touboul, l'avocate de "Fanny", s'est dite sereine suite au d�p�t de cette plainte. "C'est s�r que cela nous porte un peu pr�judice, car pour l'instant aucune v�rification n'a pu �tre faite sur les d�clarations de ma cliente", a-t-elle d�clar�. � propos de la voiture que M. Bourragu� aurait donn�e � "Fanny", "ma cliente est formelle, elle l'a eue par son interm�diaire (Marc Bourragu�), m�me s'il n'y a pas de preuve directe", selon Me Amar.
Nous reproduisons ci-dessous de nombreux articles de la D�p�che qui nous paraisse apporter une atmosph�re ou plut�t l�atmosph�re de Toulouse, la ville d�Al�gre.
Roman noir, ville rose
L'affaire Al�gre. Depuis quatre mois, elle a plong� Toulouse dans un d�sarroi passionnel, parce que cette histoire sordide nous renvoie l'image d'un roman noir dont nous connaissons les d�cors, et r�v�le des perversions qui existent bien s�r dans d'autres villes, mais qui, l�, sous nos volets, lib�rent des fantasmes de proximit�. Des pistes se recoupent et s'�loignent, des co�ncidences nous troublent, la v�rit� se perd dans une d�mesure g�n�rale, d�mesure des crimes, des accusations, des r�v�lations, des contradictions qui s'accumulent comme autant de rideaux de fum�e�
Voici donc, sous nos yeux, le bouleversement bien r�el d'une ville qui se flattait de briques roses, de convivialit�, de dynamisme, et de douceur de vivre - vivre et mourir !-, mais qui successivement a connu deux traumatismes, l'explosion de l'usine AZF, puis les r�v�lations de ce fait-divers hors normes, complexe, nous laissant un arri�re-go�t d'abandon, comme si tous ceux dont la charge �tait d'assurer la s�curit� publique avaient, en ces ann�es-l�, abdiqu� leur autorit�, comme s'il �tait concevable qu'un jour prochain tout puisse recommencer�
�tait-ce possible qu'� Toulouse, un tueur ait agi de la sorte, dans un quartier � chaud �, aux abords d'une gare fr�quent�e et de brasseries bond�es, quartier r�pertori� comme sulfureux et qui, en cons�quence, devait �tre, croyions-nous, surveill� plus que tout autre ?
�tait-ce possible qu'autant de jeunes femmes aient �t� tu�es en si peu de temps, dans des circonstances violentes, sans pour autant �mouvoir le commissaire et le magistrat ?
�tait-ce imaginable que, malgr� les traces �videntes laiss�es sur leurs cadavres, des enqu�teurs, substituts ou m�decins l�gistes, tous imbus de leur art, aient, avec la tranquillit� du boulot accompli, conclu � des suicides, ou class� leurs d�c�s aux pertes et profits d'une soci�t� si peu regardante ? Tant d'incomp�tence, tant de paresse, tant d'amateurisme sont-ils concevables, de la base au sommet, et si ce n'�tait le cas, comment alors ne pas r�veiller d'autres soup�ons, plus graves encore, qui s'apparentent � de la connivence ou m�me pire ? Comment donc ? De 1990 � 1997, on a recens� dans la r�gion 191 meurtres, suicides et disparitions non �lucid�s, dont la plupart ont �t� tenus rigoureusement cach�s. 191 points d'interrogations.
Toute l'affaire Al�gre, avec son lot de cadavres et de souffrances, repose dans ce terrible dilemme : dysfonctionnement g�n�ral des institutions ou complicit�s particuli�res ?
� cela s'ajoute le parfum ent�tant du scandale mondain, le m�lange d�tonnant du Toulouse d'en-haut et du Toulouse d'en-bas que d�noncent, avec leurs mots et leurs exag�rations, six anciennes filles des rues.
Au c�ur de l'�t�, alors que des juges remontent le cours des assassinats, des accusations, des t�moignages et des turpitudes, nous faisons ici le point sur ces � affaires Al�gre � qui d�passent forc�ment le seul cas d'un criminel d'exception.
On a parl� de � recadrage �, le mot est maladroit, car il signifie qu'il y aurait des v�rit�s � deux niveaux, qu'il faudrait en dissimuler certaines pour que la fin de l'histoire soit en parfait accord avec une morale d�j� �crite. Il est d'autant plus maladroit qu'aux yeux de l'opinion il signifie enterrement, et risquerait alors de cr�er une fracture entre ceux qui savent et ceux qui pensent que, de toute fa�on, on leur cache quelque chose.
Toulouse est une ville bavarde, parcourue par ses r�seaux, et qui demeure livr�e aux colporteurs de nouvelles tant que la justice n'aura pas clairement d�nou� les intrigues, tant qu'elle n'aura pas convaincu les Toulousains de sa capacit� d'agir, sereinement, compl�tement, d�finitivement.
Enterrer l'affaire ? Ce serait grave d'abord pour l'ensemble des victimes, quelle qu'ait �t� leur vie, et pour leurs familles.
Grave aussi pour tous ceux qui ont r�v�l� leurs noms : s'ils sont innocents, ils doivent �tre lav�s du soup�on, mais s'ils sont coupables, il faut les confondre.
Grave enfin pour les institutions charg�es de prot�ger les citoyens, la police et la justice, qui, en l'occurrence, ont int�r�t � effacer l'impression diffuse et r�pandue d'un laisser-faire coupable. Demain, dans un mois, peut-�tre plus tard, nous voulons surtout croire que les diverses instructions aujourd'hui en cours r�pondront aux multiples et fortes interrogations que se pose une opinion publique inqui�te et harass�e.
Enterrer un fait-divers aussi consid�rable ? Nous veillerons � ce qu'il ne le soit jamais.
Jean-Claude SOULERY
Pourquoi le tueur en s�rie a d�cid� de changer de strat�gie
� Je l'ai fait �. Le 30 mai dans le bureau du juge d'instruction Serge Lemoine, Patrice Al�gre a r�p�t� deux fois cette phrase. Le tueur en s�rie venait d'avouer les meurtres de Line Galbardi, une prostitu�e, et de Claude Martinez, un travesti, tu�s � quelques semaines d'intervalles au d�but de l'ann�e 1992 � Toulouse. Deux assassinats pour lesquels il �tait mis en examen, et qu'il avait jusqu'alors toujours ni�s. Y compris face aux accusations de Patricia et Fanny, les deux ex-prostitu�es qui ont d�crit le meurtre de Line Galbardi auquel elles disent avoir assist� dans une chambre de l'h�tel de l'Europe, quartier Matabiau.
Ces aveux sont relay�s par une lettre que Patrice Al�gre a envoy�e � l'animateur de t�l�vision Karl Z�ro. Un courrier o� le tueur va beaucoup plus loin, nommant les commanditaires de la mort du travesti : Dominique Baudis et le magistrat Marc Bourragu�. L'onde de choc est �norme et l'ancien maire de Toulouse demande � �tre mis en examen.
Si ces d�clarations corroborent celles faites par les ex-prostitu�es, c'est aussi la premi�re fois que Patrice Al�gre � l�che � de nouveaux meurtres depuis sa condamnation aux assises en f�vrier 2002. Le tueur qui a toujours distill� petit � petit ses confidences a ouvert les vannes. � Je ne me suis pas exprim� jusque-l� par crainte de pressions ou de repr�sailles sur ma famille, �crit-il � Karl Z�ro. Pourquoi je parle aujourd'hui ? J'ai constat� que de nombreuses personnalit�s s'exprimaient longuement pour clamer leur innocence. Je r�clame moi aussi une tribune m�diatique �.
L'AFFAIRE DYNAMIT�E
Mais cette nouvelle posture du tueur en s�rie ne va pas durer longtemps. � la mi-juin, nouveau coup de th��tre. Patrice Al�gre change brutalement d'avocat en demandant � Me Gilbert Collard de le d�fendre. Dans le m�me temps, il �crit au nouveau procureur g�n�ral Michel Barrau en lui indiquant qu'il revient sur ses aveux. En citant au passage � L'homme r�volt� de Camus �. Al�gre laisse alors entendre que ce sont ses anciens avocats, Mes Pierre Alfort et Laurent Boguet, qui l'ont incit� � avouer. Avec le juge Lemoine. Ce que les avocats ont d�menti fermement. Il parle m�me d'argent qui lui aurait �t� promis par Karl Z�ro. La confusion est totale.
Que s'est-il pass� entre des aveux qui allaient incontestablement dans le sens du dossier instruit patiemment par Serge Lemoine et la volte-face d'un homme � nouveau plong� dans le mutisme ? Pr�occup� par son �tat de sant�, le d�tenu qui devrait �tre r�entendu prochainement par le magistrat instructeur n'en a pas dit plus. Comme si toute cette pantalonnade avait eu pour but de dynamiter � l'affaire �. Celui que l'on pr�sente volontiers comme manipulateur n'a-t-il pas �t� lui-m�me manipul� ?
UNE INFLUENCE D�TERMINANTE
La proximit� qu'il a entretenue en prison avec Raymond Mihi�re, une figure du milieu marseillais, fait question. C'est ce truand de 42 ans, surnomm� � Le Chinois � qui a envoy� une lettre de recommandation � Gilbert Collard jointe � celle d'Al�gre. C'est aussi lui qui lit Camus, cit� dans le courrier de r�traction adress� au procureur g�n�ral et qui s'est permis d'annoter en rouge les �l�ments de proc�dure dont Patrice Al�gre disposait. Son influence para�t avoir �t� d�terminante sur le tueur en s�rie. Sur sa r�traction mais aussi peut-�tre en amont� lors de ses aveux. L'enqu�te ouverte autour de la fameuse lettre � Karl Z�ro pourrait �clairer cette zone d'ombre. Une chose est certaine : pourtant � l'isolement, Al�gre a nou� des liens avec � Le Chinois � qui sera en tout et pour tout rest� deux mois � la maison d'arr�t de Seysses. Arriv� de la prison de Villeneuve-les-Maguelonne, dans l'H�rault, en avril, pour des probl�mes de discipline, Raymond Mihi�re est reparti en juin, � peine une semaine apr�s � le retournement � d'Al�gre au motif qu'il avait menac� de mort les responsables de la prison.
�L�MENTS � EXPLORER
Al�gre jouet du milieu ? Si le tueur est lui aussi pass� par la prison de Villeneuve-les-Maguelonne, ces liens avec Raymond Mihi�re ou d'autres Marseillais pourraient aussi remonter � plus longtemps. Justement � cette p�riode du d�but des ann�es quatre-vingt-dix, v�ritable �picentre de l'affaire Al�gre, quand la coca�ne et l'h�ro�ne arrivaient en masse sur le trottoir toulousain. Gros consommateur, Al�gre �tait aussi le d�taillant de produits tr�s purs. Il y avait la drogue mais aussi la prostitution contr�l�e avec Lakhdar Messaoud�ne, le complice. Patricia et d'autres ont racont� comment elles �taient envoy�es, l'�t�, tapiner � Saint-Laurent-du-Var pour � des passes de luxe � au contact de prox�n�tes du cru� Il y a l� toute une partie de la biographie de Patrice Al�gre qui reste � explorer. Inqui�te-t-elle certains ? Difficile aujourd'hui de dire comment �voluera la position du tueur en s�rie dont la parole, apr�s ces rebondissements, est largement d�valu�e. Mais peut-�tre �tait-ce l'effet recherch�
Restent les faits. Toujours t�tus. Me Gilbert Collard est pour l'instant rest� discret sur la d�fense qu'il compte mener.
Gilles-R. SOUILL�s
� Toulouse, un comit� de citoyens demande toute la v�rit� et rien que la v�rit�
Ils sont professeur, charpentier, m�decin... Certes, quelques uns sont libertaires, d'autres sont engag�s dans des mouvements alternatifs. Mais tous l'affirment, le comit� de citoyens auquel ils ont adh�r� � titre personnel n'a rien de politique. Il ne d�sire qu'une chose : la V�rit� dans l'affaire Al�gre !
Patrick Mignard a �t� le premier � se mobiliser, fin mai. Ce professeur d'universit� sentait d�j� qu'il y avait � trop de retournements inattendus dans cette affaire Al�gre pour en faire une histoire banale �.
Aujourd'hui, il ne compte plus les coups de t�l�phone de personnes qui, � travers toute la r�gion, manifestent leur d�sir d'adh�rer au comit� ou d'envoyer une cotisation. � Surtout pas ! leur r�pond-il. On ne veut rien. Seulement la vigilance des citoyens. �
�Pour dire on est l� �, insiste Bernard R�glat, un imprimeur de m�tier. � Car il y a trop de dysfonctionnements dans la police et l'institution judiciaire. Trop de meurtres class�s en suicides sans m�me que les m�decins l�gistes disent quelque chose, pour que les gens aient confiance. �
Et de fait, de plus en plus nombreux sont les Toulousains qui s'interrogent sur l'enqu�te � escamot�e�.
� Qui couvre qui et pourquoi ? � Telles sont les questions qu'ils se posent d�sormais. D'autant que tous s'�tonnent du traitement � privil�gi� � dont b�n�ficient certains notables par rapport aux prostitu�es qui sont � l'origine de l'affaire. � Pendant des ann�es, on a cass� les pieds � ces filles pour les faire parler, remarque Bernard R�glat. Et quand elles parlent, on les fout au trou. �. Une situation paradoxale qui fait bondir son ami Patrick Mignard. � Etre pr�sum� innocent n'a jamais signifi� ne pas �tre interrog� par les enqu�teurs ou les magistrats en cas d'accusations port�es par un tiers. Qu'est-ce qui d�termine la valeur de la parole d'un individu ? Le statut social ? On serait tent� de le croire au regard des pratiques de l'enqu�te. Mais nous on sera vigilant jusqu'au bout, pour que le dossier ne tourne pas � l'aigre.�
Le tueur en s�rie re�oit lettres et visites � d'admiratrices �...
Le num�ro de sa cellule est confidentiel. S�curit� oblige. Car si Patrice Al�gre est d�crit par ses gardiens comme un prisonnier qui ne pose pas de probl�mes-un seul rapport pour insultes � un agent en six ann�es d'incarc�ration - sa d�tention en isolement � la maison d'arr�t de Seysses (Haute-Garonne) fait l'objet d'un r�gime de surveillance un peu particulier.
Lors de ses promenades - une heure le matin, une heure l'apr�s-midi entre deux murs de b�ton surmont�s d'un �pais grillage-il ne se d�place jamais sans un grad� et deux gardiens, et jamais dans la m�me cour pour �viter tout incident.
Par le pass� le tueur en s�rie a d�j� fait l'objet de manifestations d'hostilit� de la part des autres d�tenus.
Lors d'un d�placement � l'int�rieur de la prison, il a m�me re�u une canette de Coca-Cola sur la t�te. Pas suffisant pour le d�stabiliser. M�me en d�tention, Al�gre le tueur froid au regard fuyant parle peu. Et choisit soigneusement ses interlocuteurs.
� Quand il a des choses � dire, il s'adresse rarement � un gardien. Il demande un officier ou le directeur �, confie Patrick David, d�l�gu� de l'UFAP.
Dans sa cellule, une photo de sa fille
Son univers se limite aux 9 m2 de sa cellule. En poussant la porte, tout de suite � gauche, une douche, un lavabo et un WC. Plus loin, un lit, une table, une chaise et une �tag�re sur laquelle reposent une radio et un lecteur de CD. Sur le mur, une TV suspendue et surtout une photo. Celle de sa fille, Ana�s, 14 ans, avec qui il entretient une correspondance hebdomadaire. Des lettres facilement identifiables. Sur le � � � du pr�nom de son enfant, il ne place jamais de tr�ma. Toujours un c�ur. Elle ne lui r�pond pas toujours avec l'assiduit� qu'il souhaiterait. La derni�re fois que Patrice Al�gre l'a vue, c'�tait pour No�l au parloir de la prison. C'est le seul lien qui lui reste avec sa famille. Il n'a plus revu sa m�re depuis un an. Et n'a plus aucun contact avec son p�re et son fr�re depuis son incarc�ration.
Mais la surm�diatisation de l'affaire lui a permis de nouer de nouveaux contacts. Il re�oit r�guli�rement des lettres de femmes de �tous �ges� fascin�es par son statut de tueur en s�rie. Les gardiens charg�s du courrier parlent de ses � admiratrices �. Beaucoup d'entre elles ont d'ailleurs demand� des permis de visite pour venir le voir � la prison.
Mais, l� encore, le tueur a tri�.
Aujourd'hui, il voit r�guli�rement deux femmes au parloir de la prison, et entretient une correspondance suivie avec quatre personnes dont un homme plut�t �g� qui lui envoie m�me de l'argent.
Du tueur solitaire au taulard zappeur
� Il y a deux p�riodes bien distinctes dans la vie de Patrice Al�gre, raconte Me Pierre Alfort. Avant et apr�s le proc�s. Avant c'�tait un solitaire qui se foutait compl�tement de ce qu'on pouvait dire de lui. Aujourd'hui, il lit tout, il zappe sur toutes les cha�nes TV et �coute les infos � la radio. Pour lui, c'est sans doute une mani�re d'exister en dehors de sa cellule. Peu de temps avant qu'il ne me �l�che� pour Me Collard, il m'avait demand� un classeur pour archiver les coupures de journaux� �, pr�cise son ancien avocat.
Ce dernier devrait d'ailleurs publier un livre sur la fa�on dont il a v�cu sa relation avec son client; notamment � partir d'une abondante correspondance �chang�e depuis 1997 entre les deux hommes.
Quand il ne lit pas, Patrice Al�gre �coute de la musique - V�ronique Sanson, Les Innocents, Manu Tchao, Mano Negra -, regarde la TV - le sport, l'info, des documentaires - et il dessine sur un cahier d'�colier avec un stylo noir tout simple. Des images abstraites dont lui seul conna�t la signification.
Il boit beaucoup de caf�, du jus d'orange, et allume l'une apr�s l'autre, des Pall Mall blondes qu'il roule lui-m�me. Il cuisine aussi. Quand l'ordinaire ne lui convient pas, il se pr�pare des p�tes sur le petit r�chaud de sa cellule. Des p�tes � la bolognaise. Son plat pr�f�r�.
� Finalement, il occupe plut�t bien ses journ�es, parce que, tr�s lucidement, il a accept� l'id�e de passer le reste de sa vie en prison �, dit Me Alfort.
Grosseur aux testicules
Son coll�gue, Me �douard Martial, qui a repris le dossier avec Gilbert Collard, confirme : � Quand on lui demande comment il va, il r�pond toujours tr�s laconiquement: ��a va �.
Pour lui, ses �tats d'�me ne sont pas un sujet de conversation. Il n'est pas revendicatif, ce n'est pas quelqu'un qui se plaint �.
Sauf sur un point. Sa sant�. Car le tueur en s�rie est inquiet. Il a perdu une quinzaine de kilos, prend des somnif�res pour dormir, et souffrirait d'une grosseur aux testicules. Hospitalis� la semaine derni�re pour des examens, il attend les r�sultats cette semaine.
Avec plus d'anxi�t� que ne lui en inspirent les rebondissements judiciaires de son affaire.
Herv� MONZAT.
La police des polices � la recherche de documents au commissariat central
Le juge Serge Lemoine n'envisage pas de partir en vacances avant septembre. Au c�ur de l'�t�, le magistrat toulousain poursuit � un rythme soutenu l'instruction des meurtres reproch�s � Patrice Al�gre. Vendredi matin, il recevra � nouveau le tueur en s�rie dans son cabinet pour l'entendre sur les meurtres de la prostitu�e Line Galbardi et du travesti Claude Martinez. Deux meurtres que Patrice Al�gre avait reconnus devant le juge Lemoine le 30 mai dernier avant de se r�tracter apr�s avoir chang� d'avocats.
Autre rendez-vous sur l'agenda du juge Lemoine, Lakdhar Messaoud�ne, l'ancien prox�n�te, mis en examen pour complicit� du meurtre de Line Galbardi, va �tre entendu cet apr�s-midi, par le magistrat instructeur. Au m�me moment, toujours cet apr�s-midi, l'ex-prostitu�e �Patricia�, sera dans le cabinet de la juge Nicole Bergougnan, qui instruit l'autre volet de l'affaire Al�gre li�e � l'information ouverte pour �prox�n�tisme en bande organis�e, viols en r�union, actes de tortures ou de barbarie et viols sur mineure par personnes d�positaire de l'autorit� publique�.
Quatre dossiers boucl�s
En marge de ces auditions, les enqu�teurs de l'inspection g�n�rale de la police nationale (IGPN) sont arriv�s, lundi matin, au commissariat central de Toulouse. Sur r�quisition du juge Lemoine, leurs investigations portent, selon nos informations, sur l'enqu�te polici�re r�alis�e en janvier 1992 sur le meurtre de Claude Martinez. Ils recueillent les explications des policiers, charg�s alors de l'enqu�te, mais sont aussi � la recherche de pi�ces ou de copies de pi�ces du dossier �gar�es depuis onze ans dans les archives du palais de justice. Parmi les pi�ces activement recherch�es par le juge Lemoine, l'agenda du travesti, qui aurait �t� tu� pour avoir film� des soir�es sado-moschistes auxquelles auraient particip� des notables et magistrats toulousains. Des images compromettantes que Claude Martinez aurait voulu utiliser comme moyen de chantage.
Enfin, le juge Lemoine a mis, vendredi, un terme � son instruction sur les meurtres de deux prostitu�es Josette Legoy, 60 ans, en d�cembre 1987, et Josette Poiroux, 44 ans, en octobre 1992, ainsi que celui d'une vendeuse, Patricia G�lis, tu�e le m�me mois � Toulouse et le viol d'une prostitu�e, toujours en 1992.
Les avocats de Patrice Al�gre, qui a toujours ni� ces faits, ainsi que les parties civiles ont un d�lai de vingt jours pour demander des actes compl�mentaires au juge d'instruction. Faute de demande ou pass� ce d�lai, le parquet dispose d'un mois pour r�diger son r�quisitoire d�finitif et d�s lors, le juge Lemoine rendrait une ordonnance renvoyant Al�gre, une nouvelle fois, devant les assises.
Jean-Louis GALAMEL.
Affaire Al�gre
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