� La Corse votre hebdo � suppl�ment hebdomadaire de Corse matin publie sous la plume de Jean Poletti un article dans lequel Ma�tre Sollacaro, avocat d�Yvan Colonna, fait le point sur les rumeurs de n�gociations qui auraient pr�sid� � la capture de son client. Il ne nous apprend rien puisqu�il ne fait que r�p�ter ce qu�il a d�j� dit et redit. N�anmoins, ses propos laissent les sceptiques que nous sommes toujours aussi dubitatifs. Remarquons au passage que l�excellent Jean Poletti se pose des questions que nous avions d�j� pos�es ici m�me et avec modestie quant � l�absence du pr�fet Bonnet, aux propos du commissaire Marion. Il e�t �t� conforme � une certaine � amicalit� � journalistique de le signaler. Mais enfin� Nous commentons cet article en fin de page.
SON AVOCAT LE R�AFFIRME
�Yvan Colonna n'a jamais n�goci� sa reddition�
Me Antoine Sollacaro entend balayer une bonne fois pour toutes des rumeurs sans fondement. Dans l'entretien qu'il nous a accord� il confie comment se pr�sente la d�fense de son client.
Lorsqu'on demande dans quel �tat d'esprit se trouve Yvan Colonna, Me Antoine Sollacaro r�torque sans l'ombre d'une h�sitation: � Il est lucide et combatif. Je crois qu'il a h�te de d�montrer qu'il est totalement �tranger � l'attentat contre la gendarmerie de Pietrosella ou l'Assassinat du pr�fet Claude Erignac. �
Une ligne de d�fense qu'il esquissa d'ailleurs lors de son premier interrogatoire par la juge Laurence Le Vert. S'il formule des reproches et �met quelque regret c'est uniquement envers lui-m�me, qu'il s'agisse d'un plausible d�faut de vigilance voire d'une �ventuelle imprudence qui conduisit � son interpellation. Ses sens, sans doute aiguis�s par quatre ann�es de � maquis �, ont-ils soup�onn� une pr�sence autour de la bergerie? L�impression fugace s'estompa aussi rapidement qu'elle s'�tait dessin�e.
Opacit�
Sans verser dans le jugement de valeur, force est d'admettre que le proc�s du commando, qui s'est achev� par des lourdes peines devant la cour sp�ciale, n'a lev� qu'un petit coin du voile de la v�rit�. � deux reprises en effet, Yvan Colonna a �t� disculp� par ceux-l� m�me qui l'avaient pr�c�demment accus�. Mieux, le berger de Cargese, a toujours clam� son innocence, d'abord lors d'une interview t�l�vis�e, ensuite dans une missive adress�e � l'hebdomadaire U Ribombu.�
Faut-il rappeler en incidence qu'� l'�poque Roger Marion, le � patron � de la traque, ne classait pas Yvan Colonna au rang de � cible prioritaire�? Une appr�ciation quelque peu contredite � la barre par son ancien adjoint. Ces hiatus montrent, s'il en �tait besoin, que les enqu�teurs n'�uvraient pas en symbiose. Tant s'en faut. Il n'est d'ailleurs qu'� se rem�morer la fantasque piste agricole alors, d�fendue jusqu'� l'absurde et la caricature par le chef de la section anti-terroriste.
�tonnement
Si l'on ne veut pas se satisfaire de l'�cume des choses ou focaliser sur un prisme d�formant il convient de se souvenir aussi du myst�rieux informateur � Monsieur Corte� subitement oubli� en cours de route. Cens� avoir �t� si prolixe et d'une pr�cision sans faille avec Bernard Bonnet, il n'a jamais fait mention d'Yvan Colonna dans sa liste des tueurs pr�sum�s.
D'ailleurs pour quelle raison l'ancien pr�fet d�chu sur les ruines d'une paillote ne fut t-il pas entendu par la cour, alors que lui-m�me souhaitait s'expliquer? Pourquoi l'�tat, clamant sous tous les tons qu'il s'agissait d'une � cause sacr�e � ne se porta-t-il partie civile qu'� la veille de l'ouverture du proc�s?
Le citoyen, ici plus qu'ailleurs, a l'impression diffuse ou affich�e que tous les fils, aussi t�nus soient-ils ne furent pas tir�s. Laissant une sensation de clair-obscur, dans une sanglante trag�die qui t�tanisa d'effroi une communaut� tout enti�re.
C'est sans doute dans cette logique, � tout le moins marqu�e au sceau de la maladresse, des co�ncidences troublantes et du curieux hasard de calendrier, que peuvent s'inscrire les rumeurs diverses et vari�es qui jalonnent ce dossier et en troublent les contours.
Myst�re
Ainsi, d�s le lendemain de l'arrestation du fugitif le plus recherch� de France, les salles de r�dactions bruissaient �trangement de l'hypoth�se d'une n�gociation, �tay�e par une entrevue entre Antoine Sollacaro et Bernard Squarcini, le num�ro 2 des renseignements g�n�raux. Un m�dia la qualifiera m�me de � secr�te �, sans doute pour corser un tantinet l'article. Il n'en fallait pas davantage pour accr�diter la th�se d'un � arrangement. � Foutaises et balivernes r�torquent les protagonistes. L'avocat du barreau d'Ajaccio, visiblement irrit� par cette � histoire rocambolesque, fruit d'une imagination fertile ou �pilogue d'une tentative de manipulation �, tient une bonne fois pour toutes � balayer ces � assertions sans fondement �. Il explique, un brin courrouc�, que tout commen�a le 6 juillet par un coup de fil � son cabinet d'un correspondant anonyme se targuant de repr�senter � L'�tat fran�ais. � Rien de moins! Sans circonvolutions s�mantiques ou pr�cautions oratoires, le myst�rieux �missaire l'informe que Bernard Squarcini souhaite une entrevue � Je me suis m�fi� d'embl�e, car sans �tre ami avec le commissaire, je l'ai rencontr� � plusieurs reprises � l'image de nombreux autres acteurs de la vie insulaire. Aussi je ne comprenais pas qu'il ait eu besoin d'un interm�diaire pour me contacter. �
Prudence
Inconsciemment il pressent qu'il y a anguille sous roche. Ne voulant sans doute pas se laisser submerger par ce qui n'est qu'une suspicion que nul �l�ment rationnel n'�taye, il consent � communiquer son num�ro de portable. Dans la minute qui suit Bernard Squarcini t�l�phone. Vous avez dit c�l�rit�?
Rendez-vous est pris quatre jours plus tard � l'h�tel Lut�tia, o� est descendu Antoine Sollacaro pendant le proc�s. En choisissant ce lieu, � l'�vidence fr�quent�,l'avocat ne satisfait pas simplement
� des consid�rations de commodit�, mais r�pond au souci de ne pas se retrouver dans quelque endroit discret, pouvant ensuite pr�ter le flanc � une plausible
� manipulation�. Et selon le vieil adage deux pr�cautions valent mieux qu'une, il demande � son �minent confr�re Me Patick Maisonneuve d'�tre pr�sent.
Vaudeville
Tous trois se retrouvent attabl�s dans le bar du palace, au milieu de nombreux clients, pour une discussion alliant le surr�alisme � la bri�vet�. Le dialogue s'apparente � une sc�ne de vaudeville.
- Bernard Squarcini : � Bonjour, vous vouliez me voir? �
- Antoine Sollacaro: � Non, pas du tout, c'est vous qui avez demand� � me rencontrer! �
L'entrevue tourne court et s'ach�ve en queue de poisson sur quelques banalit�s de circonstance.
Les Renseignements g�n�raux, confirmeront avoir simplement voulu v�rifier � une rumeur �, peu cr�dible � leurs yeux, d'une reddition d'Yvan Colonna. Cela proc�de d'une logique polici�re, nullement condamnable et n'�tonnant que le b�otien. Pourtant, la pr�sence dans ce circuit du fameux � contact anonyme � suscite l'interrogation. il est au c�ur du sc�nario, mais brille par son absence, puisqu'au minist�re de l'int�rieur on affirme � tomber des nues. �
Riposte
Visiblement agac� par ce non �v�nement que d'aucuns tentent de monter en �pingle, Antoine Sollacaro ass�ne un argument massue � Qui pourrait croire que dans l�hypoth�se o� mon client souhaitait se constituer prisonnier il n'aurait pas au pr�alable pris soin de mettre les personnes qui l'ont aid� � l'abri? � Et d'ajouter en guise de p�roraison: � Et puis, si Yvan Colonna voulait se rendre, il lui �tait facile de le faire directement chez le magistrat Jean-louis Brugui�re, en charge du dossier. �
Enfin, point n'est besoin d'�tre grand clerc pour comprendre qu'en toute hypoth�se, Yvan Colonna ne pouvait m�rir aucun projet avant de conna�tre le verdict du proc�s Erignac. �l�mentaire mon cher Watson, aurait dit le fameux Scherlock Holmes, tant cette histoire s'apparente, � n'en point douter, au chapitre d'un roman du talentueux Doyle.
Fut-ce en bannissant toute vell�it� de jouer les augures, nul ne disconviendra qu'Antoine Sollacaro se trouva bien inspir� de jouer la carte de la prudence. Il rechigne � s'engoncer dans le vulgaire proc�s d'intention, sans toutefois se priver de r�fl�chir sur cet �pisode abracadabrantesque, pour emprunter au n�ologisme de Jacques Chirac.
L'entendement ne peut s�rier qu'une �ventualit� rationnelle: � Il n'est pas exclu qu'� ce moment-l�, les investigations n'aient pas encore rencontr� de r�sultat probant. Aussi, en me contactant, certains esp�raient sans doute pr�cipiter l'�pilogue.� En clair donner un coup dans la fourmili�re, esp�rant ainsi provoquer des r�actions susceptibles de conduire les hommesdu RAID jusqu'� la cache de celui qui les d�fiait depuis quatre longues ann�es. Si tel avait �t� le pari, il fit � psitt�, toujours selon l'�loquente formule de l'h�te de l'�lys�e.
D'ailleurs s'il fallait une preuve suppl�mentaire, elle fut sans conteste apport�e par le fugitif � l'instant de son arrestation, concluant une br�ve �chauffour�e et une tentative de fuite � OK. C'est bon. vous avez fait du bon boulot. C'est bien moi Yvan Colonna �
N'est-ce pas l� propos et comportement d'une personne qui tombe brusquement dans un pi�ge patiemment tendu depuis mille cinq cent deux jours?
Jean POLETTI
Commentaires
Ma�tre Sollacaro est donc un aventurier� Un inconnu le contacte et il donne son num�ro de portable, tout simplement. Simple comme un coup de fil dont le r�sum� nous semble pour le moins surprenant et �tonnamment relat�. Quelques secondes plus tard, voici l�agent secret pas si secret que �a, Bernard Squarcini, num�ro 2 des renseignements g�n�raux � qui Sollacaro ne demande pas (en tous les cas il n�en parle pas).
- Mais bon dieu, Bernard pourquoi avoir demand� � un � anonyme � (un de plus en Corse) de jouer les entremetteuses ?
Sollacaro ne donne pas de date. Nous ne pouvons donc que renvoyer au calendrier de ces rendez-vous que nous avons donn� sur ce site (Voir sous dossier corse). Le rendez-vous est donc pris au Lut�tia pour la simple et bonne raison que Ma�tre Sollacaro y s�journe pendant le proc�s. Ma�tre Maison Neuve est donc l�. Les trois hommes ne se disent rien sinon des banalit�s. Int�ressant pour un rendez-vous si p�niblement pris. Les RG confirment. Pourquoi alors avoir parl� de demande d�argent d�mentie de la part de � personnes � au pluriel, information d�mentie par les int�ress�s puis par les RG si on en croit le � Canard encha�n� �.
Ma�tre Sollacaro �nonce quelques arguments percutants : pourquoi Yvan Colonna se serait-il rendu en mettant dans l�ennui ceux qui l�ont h�berg� ? Nous avons fait remarquer qu�Yvan Colonna avait �t� arr�t� par le RAID alors que Colonna d�Istria et Paoli l�ont �t� par une DNAT toute d�pit�e. De l� � en conclure que� Allez ne soyons pas mauvaises filles. Parce que le plus troublant n�est pas l� mais bien dans la chronologie que nous avons d�j� �nonc�e. Rencontre avec Squarcini. Les accus�s affirment pour la premi�re fois depuis le d�but du proc�s que Colonna est innocent. Capture de Colonna. Et mieux : si on croise les deux calendriers : celui qu�ont �nonc� le dirigeant du RAID et celui de Ma�tre Sollacaro, � l�heure o� le num�ro deux des RG aurait demand� � rencontrer l�avocat, le RAID avait d�j� cibl� le fugitif. Notre question est alors toute simple : pourquoi ? L�id�e du pi�ge �nonc� par Ma�tre Sollacaro ne tient donc pas. Que s�est-il donc pass� ? El�mentaire, non, mon cher Watson ?
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