Habile Nicolas Sarkozy
Jul 23, 2003
Auteur: L'investigateur

Nicolas Sarkozy a pr�conis� la fermet� et l��quilibre dans sa r�ponse au d�fi lanc� par le FLNC Union des Combattants. On n�imagine mal que ses services n�aient pas gard� des contacts avec certains �lus de Corsica nazione et notamment Jean-Guy Talamoni. Il y a donc deux sc�nes de � spectacle � : celle de l�apparence qui met aux prises des irr�ductibilit�s et celle des vestiaires qui voient deux adversaires vouloir aller au mieux vers les territoriales de 2004.

�viter que tout ne d�g�n�re doit �tre le souci aujourd�hui partag� par la direction de l�Union des Combattants et le ministre de l�int�rieur. Chacun a sa base qui demande du spectacle. L�Union des Combattants doit satisfaire une base qui penchait vers un Yvan Colonna d�cr�t�, � � l�insu de son propre gr� � assassin du pr�fet Erignac. Nicolas Sarkozy doit faire oublier la d�faite de son projet gouvernemental. Or, par maladresse ou par pr�tention, il a invers� le calendrier id�al en annon�ant � grands renforts de d�clarations intempestives l�arrestation d�Yvan Colonna le vendredi soir. L�e�t-il fait en d�but de semaine suivante (il pouvait se d�brouiller pour au moins repousser la connaissance de ce fait de deux jours) et il effa�ait l�impression laiss�e par la victoire du non. Aujourd�hui, l�arrestation de l�homme le plus recherch� de France a �t� supplant�e par la nouvelle offensive du FLNC Union des Combattants. Il doit donc faire preuve de fermet�. Il a n�anmoins mis de l�eau dans son vin en comprenant que l�id�e d�hospitalit� n��tait pas un vain mot dans une �le prompte � s�enflammer pour des causes qui paraissent irrationnelles sur le continent mais � combien r�elles en Corse. Apr�s avoir donn� quelques le�ons de culture corse aux uns et aux autres, il a bien fallu qu�il se rende � l��vidence : quelques semaines pass�es pendant dix ans sur les plages de Sagone, ne donnent pas forc�ment la connaissance absolue en mati�re de corsicologie. Les arrestations relatives aux soutiens d�Yvan Colonna se sont donc miraculeusement arr�t�es et les journaux aux ordres ont cess� de seriner la complainte du r�seau des bergeries.

N�anmoins Nicolas Sarkozy doit marquer des points sans trop exag�rer pour ne pas retomber dans les erreurs de la DNAT en 1998-99. Il a promis que les poseurs de bombes seraient arr�t�s. Jusqu�� maintenant les services de r�pression n�ont gu�re exceller dans ce domaine sinon dans le cas o� de miraculeuses informations venaient � point pour mettre hors d��tat de nuire les concurrents du FLNC Union des Combattants. Mais cette fois-ci les fauteurs de trouble sont justement ces militants-l�. D�o� un probl�me majeur. Ceci �tant �crit, la connaissance qu�ont les services de police et de gendarmerie du mouvement clandestin est nettement meilleure qu�en 1998. Il leur faut toutefois trouver des preuves ce qui n�est pas difficile. Ils peuvent n�anmoins jeter des hommes en prison pour des p�riodes de deux ans pour des bricoles. L��tat a d�j� ainsi agi sans trop se g�ner. C�est efficace mais cela lib�re les forces les plus radicales du mouvement clandestin. Lors de la manifestation de samedi, les � a�n�s �, � i maiori � comme on les appelle ici, ont laiss� la bride sur le coup des jeunes d�A ghjuvent� indipendentista, renforc� par des jeunes des quartiers difficiles de Bastia et d�Ajaccio. Le but �tait de punir l��tat pour ses erreurs. Mais plus subtilement, le mouvement clandestin est hypnotis� par les Basques. L�id�e d�une Kalle Boroka, d�une sorte de guerre des rues men�e par les jeunes, fait son chemin. D�j�, dans une pr�c�dente manifestation, quelques dizaines de jeunes s��taient � d�cha�n�es � sous le regard affectueux des plus anciens aux alentours de la pr�fecture d�Ajaccio.

Des incidents avaient �clat� � Bastia qui mettaient aussi aux premiers postes des jeunes. Un jeune ind�pendantiste d�Ile-Rousse s��tait fait sauter avec un engin explosif. Un autre incident de ce genre �tait arriv� dans la plaine orientale. La jeune g�n�ration piaffe d�impatience devant les quinquag�naires repus ou mis�rables qui ne savent plus que faire pour les occuper. Ce sont essentiellement des jeunes nationalistes qui, � Bastia, ont fait monter la fi�vre anti-maghr�bine. � Ajaccio, ce sont des jeunes des villages qui ont tir� sur des jeunes maghr�bins. Ce sont des jeunes qui sont utilis�s comme base de man�uvre par des groupes d�extr�me droite qui leur disent qui plastiquer. Or ces jeunes n�ont plus aucune id�ologie sinon celle d�en d�coudre. Le groupe des anonymes avait �crit dans son premier communiqu� un libelle contre les �lections territoriales. Nous sommes � nouveau dans le cadre d��lections territoriales. Celles-ci sont fondamentales pour les dirigeants du mouvement nationaliste, qui, l��ge aidant, se sont notabilis�s. Elles n�ont aucun int�r�t pour des jeunes excit�s qui n�y voient qu�un instrument de d�voiement. La direction du FLNC Union des Combattants et le ministre de l�int�rieur n�ignorent rien de cette situation. Les deux parties ont donc int�r�t � jouer finement pour �viter qu�une nouvelle � bavure � fa�on pr�fet Erignac ne se produise. La direction du FLNC aurait tout � y perdre, Nicolas Sarkozy aussi. Les clandestins ont donc int�r�t � plastiquer beaucoup mais pas trop et Nicolas Sarkozy � r�primer beaucoup mais pas trop. Le ministre de l�int�rieur a d�montr� par le pass� une inqui�tante capacit� � laisser le verbe d�border sa pens�e. Il devra y prendre garde face � une �le o� chaque mot est analys� et peser. L�Union des Combattants n�a pas de souci � se faire de ce c�t�-l� : ses communiqu�s restent depuis toujours aussi indigestes et aussi verbeux. Comme l��crit le quotidien Le Monde du 22 juillet 2003 : � Et il est probable que les attentats vont se poursuivre, sur un mode peut-�tre moins spectaculaire, jusqu'aux journ�es internationales de Corte qui d�buteront le 2 ao�t, point d'orgue de la mobilisation nationaliste. C'est l� que le mouvement d�finira sa strat�gie politique jusqu'aux �lections territoriales de mars 2004. En attendant, les clandestins vont examiner � la loupe la r�action du gouvernement et notamment l'action du ministre de l'int�rieur. �

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