Le FLNC-UC rompt la "tr�ve" en Corse
Jul 19, 2003
Auteur: L'investigateur

Le FLNC Union des Combattants vient de rompre la tr�ve qui n��tait d�j� plus que l�ombre d�elle-m�me. Le FLNC Union des combattants a �galement revendiqu� les attentats qui avaient vis� les tr�soreries d'Ajaccio et de Sart�ne, la gendarmerie de Borgo, la Poste de Folelli et une dizaine de villas appartenant � des continentaux.

"La tr�ve de nos actions militaires a pris fin le 11 juillet 2003. L'�chec de la m�thode r�f�rendaire incombe aux �lus du clan et au gouvernement. Il est trop facile pour ce dernier de condamner le 'front du refus' et de maintenir en place les tenants de l'immobilisme. Par ailleurs, nous sommes solidaires des prisonniers politiques et des militants recherch�s", a d�clar� le FLNC Union des Combattants dans un communiqu� sans parler du scrutin qui, d�une mani�re d�mocratique a donn� ce r�sultat peut-�tre regrettable mais incontestable. Il est vrai qu�il met � mal l�id�e d�un peuple corse qui, uni derri�re l�organisation politico-militaire, marcherait joyeux vers l�ind�pendance. Le FLNC Union des Combattants n�avait d�autre possibilit� que de relancer les hostilit�s de mani�re � provoquer une r�pression qui, � son tour, provoquera (du moins l�esp�re-t-il) une solidarit� de la communaut� corse.

Cette attitude est coh�rente avec celle des huit �lus nationalistes de Corsica Nazione qui avaient annonc� la veille qu'ils ne si�geraient plus jusqu'� nouvel ordre � l'Assembl�e territoriale de Corse, pour protester notamment contre l'arrestation d'Yvan Colonna, meurtrier pr�sum� du pr�fet Claude Erignac, et les conditions d'organisation du r�f�rendum du 6 juillet. Et puisque les arguments nationalistes se r�p�tent � l�infini rappelons que si on veut bien consid�rer Yvan Colonna comme un innocent jusqu�� la preuve de sa culpabilit�, son arrestation n�a rien de choquant. Bien au contraire, puisque, mettant fin � p�riode de recul de l�int�ress�, elle lui permet enfin de s�expliquer devant la justice.

Le dirigeant nationaliste Jean-Guy Talamoni avait expliqu� devant ses pairs de l�assembl�e territoriale que leur pr�sence n'avait "plus de sens apr�s la s�rie d'agressions dont a �t� victime le peuple corse et l'extr�me gravit� de la situation".
R�volutionnaires mais pas trop, les nationalistes avaient aussit�t ajout� que leur d�part n��tait pas d�finitif et qu�ils engageaient mercredi devant le Conseil d'Etat un recours en annulation du r�f�rendum du 6 juillet sur l'avenir institutionnel de l'�le. Ils estiment que le scrutin marqu� par la victoire des partisans du "non" (51%) a pu �tre entach� par "des violations de la loi �lectorale".

Ce � r�formisme � violent est une des marques de fabrique du nationalisme corse, toujours coinc� entre les d�sirs de reconnaissance notabilaire et le besoin de s�imposer par une violence, seule fa�on � leurs yeux, d��tre reconnus comme interlocuteurs valables par l��tat fran�ais.

La revendication des attentats rel�ve selon nos informations de la m�thode jusqu�alors adopt�e. Des petits groupes appartenant ou n�appartenant pas au FLNC Union des combattants plastiquent des objectifs qu�ensuite, ils � donnent � � l�organisation clandestine qui peut se pr�valoir de ces � hauts faits d�armes �. L�attentat contre la Poste de Folelli en est un bon exemple. Il a �t� pratiqu� par des militants nationalistes qui voulaient montrer leur col�re. Rien de plus.

Plus inqui�tant est le fait que cette rupture de la tr�ve intervienne la veille de la manifestation appel�e par le Comit� anti-r�pression � Ajaccio.

La quasi-totalit� des mouvements nationalistes corses ont appel� � "une forte mobilisation" � l'occasion de cette action organis�e samedi � Ajaccio contre "la r�pression politique" apr�s l'arrestation "� grand spectacle d'Yvan Colonna" et "les peines extr�mes" prononc�es lors du proc�s du "commando Erignac".

L'appel � manifester, � partir de 18H30 dans le centre d'Ajaccio, �mane du Comit� antir�pression ainsi que des formations politiques Corsica Nazione, dont les �lus se sont "retir�s" jeudi de l'assembl�e de Corse, d'Indipendenza, du PNC, de l'ANC, d'I Verdi Corsi (les Verts Corses) ainsi que d'A Chjama Naziunale, rassemblement de nationalistes ind�pendants autour d'Edmond Simeoni.

Dans un communiqu� commun, ces mouvements appellent "l'ensemble du peuple corse � manifester massivement pour refuser la r�pression et revendiquer une v�ritable solution politique incluant notamment le refus du verdict du 11 juillet et la condition de tous les prisonniers politiques et recherch�s".

Ils estiment que la situation est devenue "tendue et particuli�rement incertaine" dans l'�le apr�s les �v�nements de ces derni�res semaines.

Les deux hebdomadaires nationalistes, publi�s vendredi, rel�vent cette brusque pouss�e de fi�vre. Dans U Ribombu, organe de Corsica Nazione, Charles Pieri, l�homme aux multiples casquettes, �crit dans l'�ditorial que "le g�chis est immense (...) Tout un peuple se retrouve aujourd'hui au banc des accus�s, dans le box des condamn�s".

Le journal du parti mod�r� PNC, Arriti, juge "la Corse en �chec": "verdict calamiteux au proc�s Erignac, fiasco du r�f�rendum, absence total de scenario alternatif, silence pesant au plus niveau de l'Etat, le sol semble se d�rober sous nos pieds". Oppos� � l'action clandestine, cet hebdomadaire estime que "tous les ingr�dients sont r�unis" pour "un d�rapage de la violence politique" mais avertit que cette derni�re ne peut "mener qu'� une nouvelle impasse".

Il n�emp�che que toute leur attitude depuis le manifeste d�A Tramula consiste � se caler derri�re les plus radicaux des nationalistes. Ils ne peuvent ignorer que l�appel � manifester � dans le centre d�Ajaccio � et non comme il est fait d�habitude depuis un point excentr� pour ensuite monter vers la pr�fecture, devient dans les conditions actuelles un quasi appel aux d�bordements. Cela rappelle la terrible nuit qui a suivi l�occupation de l�h�tel Fesch � Ajaccio apr�s l�affaire de Bastelica en 1980. Soudain, un homme �tait sorti des rangs des manifestants et avait fait feu sur les policiers en tuant un. Quelques instants plus tard, des membres des forces de l�ordre tuait une jeune fille dans une voiture.

Il n�est pas impossible que le FLNC Union des Combattants cherche une situation paroxystique qui permettrait � la population de pencher en faveur des nationalistes. Sans la r�pression, le mouvement nationaliste est dans une impasse totale.

Nicolas Sarkozy a fait preuve d�intelligence en n�insistant pas sur le r�seau des bergers. Les arrestations se sont arr�t�es mettant fin � la querelle � propos de l�hospitalit�. Mais sa t�che va devenir complexe : il va devoir agir avec fermet� tout en �vitant les bavures.

Il va surtout falloir que les �lus corses sortent un peu du bois et proposent maintenant des alternatives dans le cadre du statu quo. Sans de telles initiatives qui devront �tre n�cessairement courageuses, la Corse va redevenir une p�taudi�re et toute radicalisation fera le jeu des ind�pendantistes qui jouent sur la lassitude de la France.

Dossier Corse

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