Les �lus de Corsica Nazione laissent la place aux organisations clandestines
Jul 18, 2003
Auteur: L'investigateur

Les huit �lus nationalistes de Corsica Nazione ont d�cid� jeudi de se "retirer" des travaux de l'Assembl�e de Corse, en raison d'une "situation extr�mement difficile" dans l'�le due � "l'arrestation � grand spectacle d'Yvan Colonna", la victoire du "non" au r�f�rendum et au "verdict inique" du proc�s du commando Erignac.

"Compte tenu de l'extr�me gravit� de la situation et de l'importance des enjeux pour le peuple corse, les �lus de Corsica Nazione estiment ne pas pouvoir demeurer dans cet h�micycle et travailler sur un ordre du jour n�cessairement d�cal� par rapport aux n�cessit�s de l'heure", a d�clar� le porte-parole du groupe nationaliste Jean-Guy Talamoni, � l'ouverture d'une session de l'assembl�e de Corse.

"Notre sursaut collectif doit �tre particuli�rement �nergique", a ajout� Jean-GuyTalamoni, appelant � participer � une manifestation pr�vue samedi � Ajaccio pour soutenir les "prisonniers politiques". Devant la presse, il a pr�cis� que le retrait des nationalistes, qui n'est pas "une d�mission", �tait valable "jusqu'� nouvel ordre".

Le pr�sident UMP de l'Assembl�e de Corse Jos� Rossi a jug� cette d�cision "regrettable", en marge de la session. "Je regrette que l'une des composantes quitte les lieux du d�bat", a-t-il d�clar�. "L'Assembl�e de Corse va continuer � fonctionner normalement", a-t-il toutefois ajout�.

Dans sa d�claration, Jean-Guy Talamoni a indiqu� que Corsica Nazione et Indipendenza ont d�cid� de d�poser "plainte au p�nal" apr�s la victoire du "non" au r�f�rendum, qui "a �t� obtenue au moyen d'une fraude massive"( voir nos informations d�hier). Les deux mouvements ont d�pos� mardi, devant le Conseil d'�tat, un recours en annulation du scrutin.

Concernant le verdict de la cour d'assises sp�ciale de Paris, M. Talamoni a affirm� que "la d�mesure et l'injustice apparaissent clairement aux yeux d'une grande majorit� de Corses qui se sentent collectivement vis�s par cette vengeance d'�tat".

Un autre �lu de Corsica Nazione, Paul Quastana, a mis en garde le gouvernement contre une "politique de r�pression": "le retour � la politique du b�ton serait la pire des solutions".

Le retrait des nationalistes semble annoncer une recrudescence de la violence � la suite des �v�nements de ces derni�res semaines. La protection des b�timents publics et de certains �lus a �t� renforc�e. D�j� en 2000, les �lus de Corsica nazione avaient annonc� se retirer du processus Matignon initi� par Lionel Jospin. Mais le contexte et la d�marche �taient diff�rents. En 1996, apr�s un attentat meurtrier sur le port de Bastia, la Cuncolta (anc�tre d�Indipendenza) avait d�cid� de se retirer afin de laisser la place au � politico-militaire � entendons par l� la clandestinit�.

Aujourd�hui, ce retrait appara�t beaucoup plus tactique que provoqu� par de r�els arguments. Les nationalistes n�ont plus de perspectives politiques hormis celle que pourrait cr�er une nouvelle vague de r�pression mal men�e identique � celle qui accompagna la gestion des affaires corses par le pr�fet Bonnet. On se rappelle qu�� l��poque, la guerre des polices et la mauvaise compr�hension du terrain par Matignon, avaient men� � des arrestations en masse qui avaient fini par retourner l�opinion. Lors des territoriales de 1999, les nationalistes retrouvaient le score inesp�r� de 1992. C�est bien dans ce sch�ma que Corsica nazione, coquille vide aux mains d�Indipendenza, veut se situer. Samedi a lieu la manifestation du CAR qui a toutes les chances de d�g�n�rer si toutefois les manifestants trouvent les policiers. La r�pression donne lieu � une riposte de la clandestinit� au nom � de la libert� d�expression bafou�e par l��tat colonial fran�ais �. Gr�ce � quelques images choc, les ind�pendantistes esp�rent capter le courant de sympathie r�el provoqu� par les quelques arrestations des hommes qui ont soutenu Colonna. On remarquera au passage que le fameux r�seau des bergeries semble se focaliser sur l�unique berger Paoli.

On ne sait toujours pas ce que va faire la clandestinit� sinon que les rumeurs font �tat de gros objectifs visant � mettre � l��preuve l��tat fran�ais. Plus le temps passe et moins des homicides visant des �lus corses, semblent cr�dibles. Ils provoqueraient une fracture dans la soci�t� corse et isoleraient les tueurs ce que veulent �viter � tout prix les clandestins. �cras�e sous la chaleur et le fatalisme, la Corse attend le triste bon vouloir des plastiqueurs.

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