Tribune : la fin de l'exception corse
Jul 16, 2003
Auteur: L'investigateur

Bien fait! Les assassins de Claude Erignac ont �t� tr�s durement frapp�s. Les condamnations � perp�tuit� pour les deux principaux membres du commando et les trente ans de prison ass�n�s aux auteurs �intellectuels� du crime sont la preuve du retour de l'�tat de droit en Corse.

Comme l'a promis Nicolas Sarkozy, le temps de l'impunit� est termin�. Apr�s le non au r�f�rendum, les juges auraient pu �tre tent�s de choisir l'apaisement. Il n'en a rien �t�. Le message du tribunal est clair: il ne pouvait pas y avoir d'excuse politique � un acte aussi vil parce qu'il n'y a jamais d'honneur � tirer dans le dos d'un homme d�sarm�. Au point que les tueurs avaient fini par se l'avouer � eux-m�mes. Au d�but du proc�s, ils s'�taient cherch� des circonstances att�nuantes en pr�tendant avoir voulu abattre le symbole du colonialisme fran�ais et non un individu. Mais, tr�s vite, ils avaient � demi-mot reconnu leur propre l�chet�.

En refusant le nouveau statut propos� par le gouvernement, les �lecteurs ont donn� un premier signal explicite. Les Corses ne veulent plus qu'une minorit� violente impose sa volont� � une majorit� qui a toujours rejet� l'id�e d'une rupture avec la France. La d�cision du tribunal constitue un deuxi�me signe, explicite celui-ci: l'heure n'est plus � la n�gociation. En attendant le proc�s d'Yvan Colonna, le tueur pr�sum� du pr�fet, il serait en effet ind�cent de continuer � distinguer entre des �lus nationalistes, qui seraient seulement des politiques, et des clandestins qui, seuls, pratiqueraient le terrorisme. Le dialogue ne redeviendra l�gitime que si les attentats cessent.

La population de l'�le de Beaut� r�clame la fin de l'exception corse. Ce n'est pas l'augmentation des aides publiques qui motivera la relance de l'�conomie par les entreprises locales. Mais la punition des escrocs qui, au d�triment des vrais paysans, ont pill� le Cr�dit agricole sans qu'on leur r�clame le remboursement de pr�ts g�ch�s � acheter des 4x4 pour parader sur les plages. Ce n'est pas l'abandon de l'universit� de Corte aux agents d'influence du nationalisme qui permettra la formation des techniciens du tourisme dont le besoin est urgent. Mais la mise en place d'un enseignement efficace, donc lib�r� de la propagande.

Enfin, les Corses demandent que la France se gu�risse du complexe d'un p�ch� colonial dont, contrairement au mythe entretenu par les nationalistes, elle est innocente. Non contente de s'enorgueillir d'un empereur, l'�le de Beaut� ne compte plus les ministres, ambassadeurs, g�n�raux, qui constituent un v�ritable gotha. Leur nombre m�me explique l'attachement de la Corse � la R�publique.

Maintenant que la justice est pass�e, le gouvernement ne devra pas se laisser impressionner par les appels � la vengeance des nationalistes. Car la France, qui ne s'est jamais conduite en mar�tre, doit se convaincre qu'elle est bien la m�re patrie des Corses.

Dossier Corse

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