Nicolas Sarkozy, le ministre de l�int�rieur, l�a r�affirm� :"Ce que l'on attend de nous, c'est qu'on retrouve les coupables et qu'on les mette � la disposition de la justice. Tous ceux qui se laisseront aller � un tel comportement seront poursuivis.
En r�ponse � cette martiale d�claration, environ 400 personnes se sont rassembl�es dimanche soir sur le port de Propriano pour affirmer leur soutien aux personnes interpell�es ces derniers jours dans l'enqu�te sur l'aide dont aurait b�n�fici� Yvan Colonna durant sa cavale. Des personnes de tous bords politiques avaient tenu � �tre pr�sente pour affirmer leur solidarit� avec les personnes qui auraient apport� leur aide � Yvan Colonna. Il est vrai qu�elles sont toutes connues dans le petit port du Valinco.
Cette manifestation, qui survient cinq jours apr�s un rassemblement identique dans le proche village d'Olmeto, n'a "pas de couleur politique", ont assur� ses organisateurs, des adjoints au maire de Propriano et des particuliers.
"Sa mission est d'apporter une aide morale et mat�rielle" aux trois hommes ayant �t� mis en examen depuis lundi par un juge anti-terroriste � Paris pour "recel de malfaiteur" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Il s'agit du propri�taire de la bergerie o� Colonna a �t� arr�t�, du propri�taire d'un camping et d'un patron de bar de Propriano, soup�onn�s de l'avoir aid� � se soustraire � la justice durant plus de quatre ans. Les deux premiers ont �t� �crou�s, le troisi�me plac� sous contr�le judiciaire. "Nous sommes par d�finition solidaires des n�tres et le but de cette manifestation, sans couleur politique aucune, est de soutenir moralement et mat�riellement les personnes interpell�es en r�unissant un maximum de citoyens �c�ur�s par ces arrestations", a ainsi d�clar� Jacques Lucciani, �lu nationaliste de la municipalit�. Un autre adjoint au maire Dominique Carlotti, a d�clar� : "Nous sommes rassembl�s pour d�fendre un des piliers fondateurs de notre �me, une loi qui n'a pas besoin de r�f�rendum, cette hospitalit� qui, dans les cas les plus dramatiques, abolit toutes nos divergences et ouvre les portes de nos maisons."
Me Antoine Sollacaro, l'avocat d'Yvan Colonna qui se trouvait-il y a peu encore � Paris, a estim� qu'"en proc�dant de cette sorte, en poursuivant ceux qui ont aid� Yvan Colonna, on tente de saper un des fondements de la soci�t� corse et de nous faire entrer dans la normalit� de la d�lation. La loi fran�aise est inadapt�e au contexte corse. Il y a plus que la mer qui nous s�pare. Nous, nous persisterons dans cette voie. Ceux qui ne nous comprennent pas, nous avons renonc� d�finitivement � leur expliquer."
"Cette l�galit� fran�aise va parfois � l'encontre de la l�gitimit� corse. Nous sommes arriv�s aux termes de cette �volution institutionnelle. L'�poque de la carotte est termin�e, vient maintenant le temps du b�ton. Il faut qu'on sache que les Corses n'ont jamais eu peur du b�ton et qu'ils vont y r�pondre par la solidarit�", confie encore l'avocat au journaliste du quotidien Le Monde.
Les organisateurs du rassemblement ont "tenu � souligner que, ind�pendamment de toute id�e politique, ni la solidarit� pastorale ancestrale, ni l'hospitalit� � en g�n�ral �, ne sont chez nous bl�mables. L'hospitalit� n'est pas un crime". "Nous sommes conscients que nous pourrions �tre � leur place aujourd'hui", ont-ils ajout�.
La curiosit� de ce rassemblement �tait qu�il avait lieu dans une ville dont le maire est devenu un ennemi jur� des nationalistes bien qu�ayant �t� �lu avec leurs voix. Paul-Marie Bartoli avait r�cemment pris la t�te de la croisade locale du � non � au r�f�rendum. Dans cette r�gion qui est domin�e par les villages du Taravo et sur lesquels plane l�ombre d�un grand banditisme mythique et d�un gaullisme historique, Paul-Marie Bartoli avait r�ussi le coup de force en 2001 de d�tr�ner le maire de Propriano, l�ind�racinable �mile Mocchi. Ce dernier �tait l�ami de tous les grands qui affectionnent particuli�rement le golfe du Valinco �galement surnomm� le Triangle des Bermudes � cause du nombre de morts occasionn�s � la fin des ann�es 70 et dans les ann�es 80 par la guerre de bandes rivales cherchant le contr�le des bo�tes de nuit. Dans la r�gion de Propriano, Trois figures dominent le monde proche du grand banditisme. Celle de Jean Colonna d�abord, un rescap� de la vendetta du Combinatie. Cet ancien tenancier de bar � Tanger puis � Marseille, devenu ensuite maire de Pila Canale, avait eu les jambes coup�es par une rafale de mitraillette dans les ann�es 50. Il avait ensuite r�gn� en juge de paix sur une r�gion devenue remuante avec la mont�e en puissance du tourisme.
Deuxi�me figure : celle de Jean Alfonsi dit Jeannot le Long. Sa bande tenait tous les trafics locaux et avait su se mettre au service du gaullisme et notamment de Jean-Paul de Rocca Serra et d��mile Mocchi. Selon les notes de police Jeannot le Long �tait en rapport tr�s �troit avec le milieu sarde. Il faut dire qu�il se rendait souvent dans l��le voisine officiellement pour des courses de chevaux. En juin 1983, catastrophe : des hommes de Jeannot le Long enl�vent et tuent Guy Orsoni, le fr�re d�Alain Orsoni dirigeant du FLNC. Il s�en suivra une vendetta qui mettra au tapis la bande de Jean Alfonsi, ce dernier d�c�dant d�un cancer ce qui pour reprendre le mot terrible d�un dirigeant clandestin � lui sauvera la vie �. L�un des � alli�s � de Jean le Long �tait le chimiste Jean-Marc Leccia, qui travaillait pour les Zemmour et sera arr�t� � Miami puis extrad� vers Ajaccio. Il sera assassin� dans la prison d�Ajaccio par un commando du FLNC en m�me temps que le mafieux sarde Contini lui aussi arr�t� pour la disparition de Guy Orsoni. La troisi�me figure est Jean J� Colonna � qui la rumeur pr�te beaucoup de puissance sans que cela ait pu �tre d�montr�. Il est actuellement en cavale pour �chapper � un mandat d�arr�t provoqu� par une accusation d�emploi fictif pay� par sa propre �pouse. Autre temps autres m�urs.
Propriano est aussi la ville qui a abrit� la famille Recco dont plusieurs membres ont �t� condamn�s pour assassinat. Lors du proc�s du fr�re a�n�, jug� pour l�enl�vement de jeunes touristes et leur disparition, �mile Mocchi avait tenu � venir t�moigner de la moralit� de l�homme qui allait �tre lourdement condamn�. La famille Recco � pesait � lourd �lectoralement et cela valait bien quelques concessions � la notion toute simple pourtant de morale.
Lorsqu�en 2001 Paul-Marie Bartoli est �lu c�est gr�ce � un �lectorat nationaliste qui a d�cid� de se d�barrasser du vieil �mile Mocchi. Le nom de ce dernier est apparu dans les tractations entre le RPR, le minist�re de l�int�rieur et le FLNC Canal historique. Il faut dire qu��mile est l�ami de Maurice Ulrich le conseiller en affaires corses de Jacques Chirac. C�est sous houlette que se noueront les liens qui m�neront au fiasco de Tralonca. Dans cette r�gion du Taravo se concentrent les f�aux de Pasqua (et notamment Daniel Leandri originaire de Granacce un hameau de Sainte Marie de Tallano), et Fran�ois Santoni (un peu plus sudiste et originaire de Gianuccio mais �galement de Palneca). �mile Mocchi a �t� tr�s affaibli par le l�chage du RPR, lass� des � affaires � et notamment celle des d�penses du port de plaisance dans laquelle Mocchi porte une lourde responsabilit� en tant que maire. Paul-Marie Bartoli fait alors beaucoup de promesses aux nationalistes dont le chef de file n�est autre que Jacques Luciani, docteur de son �tat, mais grand adepte de la cagoule dans les ann�es 80.
On raconte � son propos (mais la rumeur est si m�chante) que lors du plasticage de la r�sidence secondaire d�un grand ponte de la m�decine, le docteur Aboulker, choisie parce que lors d�un pr�c�dent plasticage l�un des terroristes, �tienne Cardi, avait �t� tu� par sa bombe. En 1987, alors que le ministre de l�int�rieur marque des points importants contre le FLNC, un commando du FLNC s�attaque � nouveau � cette villa situ�e non loin du hameau d�Aquadoria. Un des gardiens tombe en syncope. L�un des cagoul�s lui pratique alors les premiers soins avec une comp�tence qui fera dire � la rumeur qu�il s�agissait du docteur Luciani.
En 2001, la r�gion est politiquement boulevers�e. Le maire de Sart�ne, Dominique Bucchini, communiste historique est battu par un conglom�rat droite locale/nationalistes. Il est vrai que Dominique Bucchini est l�un des �lus, qui, avec un r�el courage, s�est toujours oppos� aux nationalistes. Il a �t� plastiqu� � deux reprises bien que la rumeur locale donne comme raison de ces attentats la vitalit� du maire en question et l�aigreur d�un certain nombre d��poux courrouc�s. Quoi qu�il en soit, Sart�ne la ville communiste par excellence, tombe entre les mains d�un nouveau maire dont chacun se pla�t � raconter l�intelligence limit�e et des nationalistes tr�s en marge du mouvement nationaliste lui-m�me. Il faudrait �tre tr�s fort pour trouver une coh�rence avec ces autres nationalistes qui, � Propriano, font �lire Paul-Marie Bartoli, petit bonhomme rondouillard sans charisme qui r�unit sur son nom moins de vote que Jacques Luciani. Et pourtant il devient maire sous les vivats des cagoul�s � visage d�couvert.
L�ann�e suivante, Paul-Marie Bartoli, divers gauche, signe un appel national en faveur de Jean-Pierre Ch�venement, le socialiste nationaliste fran�ais par excellence. Il y a alors quelques grincements de dents parmi son �lectorat d�autant qu�il signe aux c�t�s de Nicolas Alfonsi le s�nateur qui ne fait aucune concession aux nationalistes.
L�appel
� Appel des radicaux r�publicains � construire, autour de la candidature de J.P. Chev�nement, un grand p�le r�publicain, la�que, d�mocratique et social. �
Son contenu est le suivant :
� Nous, militants, �lus et intellectuels radicaux, d�clarons :
La crise politique contemporaine met en danger la culture et le cadre r�publicain de notre vie publique. Nul ne peut l�ignorer. La d�composition du syst�me est reconnue, m�me par ceux qui en portent la plus grande responsabilit�.
La d�mocratie est rong�e par une vieille maladie : la confiscation du pouvoir par des �lites arrogantes et incomp�tentes. C'est l'aristocratisme sous la forme d'une technocratie politique et le retour de son pire composant : le r�gime oligarchique. Les partis politiques toutes tendances confondues ne sont plus � la hauteur des espoirs de la nation et des besoins de changement. Leurs leaders, dont le charisme est terne, parfois secret, ne portent plus des projets de soci�t�, mais des promesses vides qui ne font que renforcer le statu quo et le maintien d'un faux clivage droite-gauche.
En ce qui concerne le radicalisme ces derni�res ann�es sont marqu�es par une insoutenable mutation id�ologique. Qu'il s'agisse du radicalisme valoisien fortement vampiris� par le social christianisme ou du radicalisme de gauche assimil� au social-d�mocratisme, la constatation est la m�me. Les uns et les autres ont jet� le r�publicanisme par-dessus bord, pour se convertir � la fois au lib�ralisme individualiste et � l'�conomie du march�. Dans le cas du MRG-Radical-PRS-PRG il y a eu une dispersion progressive des valeurs communes, et l'incorporation d'id�es et de conduites de plus en plus �loign�es de la tradition radicale. La perte d'identit� doctrinale a entra�n� une progressive perte de visibilit� politique. Jusqu'au point de nous trouver dans la f�cheuse situation d'aller trouver ailleurs les figures capables de nous repr�senter. Faut-il vous rappeler : la tentation de la France unie avec J.P. Soisson, l'aventure Tapie, puis le passage furtif de Kouchner, le chant d'un �t� d'Enrico Macias�
Aujourd'hui, des majorit�s de circonstance ( voire d'appareils) ont voulu encore une fois retrouver un �lan dans une personnalit� ext�rieure au radicalisme. Ce n'est pas un comportement nouveau, mais la suite des apostasies et impuissances anciennes.
Comment en sommes-nous arriv�s l� ?
Par habitude et frivolit�. Et par manque de d�bat id�ologique de fond, au fur et � mesure que les directions politiques ont chang� de cap. Les cons�quences en sont p�nibles et nombreuses: l'incapacit� de formuler une strat�gie politique et de s'y tenir, la vassalisation �lectorale au PS, ou � l'UDF-RPR, la peur de porter les habits de la R�publique, et la frivolit� de vouloir coller � des majorit�s dont la pluralit� est une astuce de marketing. Autre grave raison : l'absence d'une formation politique des militants et l'absence d'une actualisation id�ologique vraiment radicale, sous pr�texte d'ouverture et de convivialit�, ce qui a conduit � amalgamer le r�publicanisme radical avec des projets id�ologiques qui nous sont fortement �loign�s : le lib�ralisme social, la social-d�mocratie ou la d�mocratie chr�tienne. Une derni�re raison : la structure organisationnelle du PRG est devenue le dernier bastion du "centralisme d�mocratique" et le client�lisme r�gional qui transforme les partis nationaux en � microsyndicats de d�fense des inter�ts particuliers �.
Soyons clairs. Il n'est pas question d'�piloguer sur les qualit�s d'une personne ni sur l'opportunit� des candidatures ext�rieures au radicalisme. La question est bien ailleurs et plus substantielle : il faut respecter nos valeurs et nos engagements fondamentaux, afin de les reconna�tre l� o� ils se trouvent.
Aujourd'hui, il nous faut en tirer la cons�quence qui s'impose : appeler tous les militants et sympathisants radicaux � construire un grand p�le r�publicain la�que, d�mocratique et social, autour de la candidature de Jean-Pierre CHEVENEMENT, seul candidat � promouvoir l'id�e r�publicaine. C'est parce qu'ils sont � l'origine de la r�publique que les radicaux veulent apporter leur pierre � la construction de ce grand rassemblement des r�publicains authentiques.
Nous sommes des radicaux depuis fort longtemps. Nous le resterons. Ce n'est pas une charge, encore moins un titre, mais une conviction r�publicaine profonde, faite de principes et de dialogue.
La R�publique nous appelle ! Nous, radicaux, nous devons de r�pondre.
Salut et fraternit� !
Et bonne ann�e 2002 ! �
Et c�est cet homme �lu avec les voix nationalistes corses qui signe des deux mains. � Et des deux pieds � rajoute-t-on � Propriano histoire d�insister sur la finesse du bonhomme. Il est vrai que la souplesse intellectuelle de l��dile est tout � fait admirable.
En 2003, et en toute coh�rence, il pr�ne donc le � non � au r�f�rendum alors que la plupart de ses adjoints, se battent pour le � oui �. Une �quipe soud�e pour une cause commune.
Car ce sont aujourd�hui ses adjoints qui sont � la t�te du mouvement de soutien au berger qui a accueilli Yvan Colonna, mouvement qui a re�u l�appui bruyant d��mile Mocchi lequel a bien compris qu�il pouvait se faire r��lire lors des prochaines municipales. Paul-Marie Bartoli n�a pas de mots assez dur pour d�noncer les compromissions du gaullisme avec les clandestins� en 1996. C�est un sp�cialiste qui en parle.
La Corse, un pays de contraste mais peut-�tre aussi de contradictions.
Dossier Corse
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