Un ancien maire, aujourd�hui pr�sident du CSA, gravement mis en cause dans une affaire de meurtres sado-masochistes�Des magistrats m�l�s � une affaire horrible� Des policiers ripoux qui auraient commandit� des meurtres� Et pour couronner le tout un tueur en s�rie servant les bas d�sirs de notables vicieux et corrompus� Tel est le visage de Toulouse aujourd�hui. C�est une ville sinistr�e par l�explosion d�AZF mais surtout par le scandale soulev� par les r�v�lations de deux anciennes prostitu�es retrouv�es par les gendarmes de la cellule homicide 31. � l�origine de cette recherche, il y a des assassinats inexpliqu�s de jeune femme. L�une d�entre elles par exemple se serait suicid�e avec les mains attach�es derri�re le dos. Puis les informations fuitent du dossier d�instruction. Les noms de Baudis, ancien maire et de Bourragu�, substitut du procureur, commencent � �tre prononc�s. Au d�but on n�y croit pas. Qu�est-ce que vaut la � parole de putes � contre la r�putation de � gens biens �. Nous nous sommes fait les �chos de ces interrogations, de ces doutes. Dominique Baudis a vraisemblablement commis une erreur majeure en �talant son cas � longueur de colonne. Car c�est � partir de ce moment que l�affaire a pris une ampleur nationale. Les soir�es sado-masochistes de Toulouse sont devenues le sujet dont on parlait. Au point que le premier ministre a demand� � �tre inform� quotidiennement des rebondissements de l�affaire. Le procureur de Toulouse en charge de l�enqu�te, a d� d�missionner parce que son nom �tait aussi prononc� dans � l�affaire Al�gre �.
Jour apr�s jour, de nouveaux �l�ments sont venus �tay�s la th�se des deux anciennes prostitu�es au point qu�en fin de semaine le responsable de la police a �t� convoqu� dans le bureau du juge Lemoine pour s�expliquer sur les rat�s d�un certain nombre d�enqu�tes.
En France, il est une magnifique tarte � la cr�me : celle de la pr�somption d�innocence dont tout le monde se fout royalement mais que chacun brandit quand celui lui convient. Or dans cette affaire, plusieurs protagonistes sont des magistrats. Les voil� sous les feux de l�actualit�. Ils comprennent enfin la douleur d�une quantit� de pauvres gens moins puissants qu�eux qui les ont pr�c�d�s dans cet enfer.
Il reste � analyser ce sentiment de d�go�t qui nous saisit � la gorge � la lecture de toutes ces horreurs qui auraient �t� commandit�es par l��lite toulousaine comme hier elles l��taient par des notables d�Auxerre avec la complicit� de certains magistrats. Nous voulons �videmment parler de l�affaire �mile Louis qui ressemble comme deux gouttes d�eau � celle d�Al�gre. Avec tout de m�me une diff�rence : l�affaire �mile Louis comme celle des magistrats p�dophiles de la C�te d�Azur a �t� �touff�e dans l��uf. Pour ce qui concerne l�affaire Al�gre, l��touffement est devenu difficile. Pourtant la premi�re r�action du pouvoir a �t� d�sesp�r�ment identique : elle a envoy� en remplacement du procureur Volff, vir� pour incomp�tence, le procureur Barrau qu a d�j� fait ses preuves pour ce qui concerne les affaires de la ville de Paris qui pouvaient mettre en danger Jacques Chirac. Ses coll�gues l�ont surnomm� � L�effaceur �. Il conna�t d�ailleurs parfaitement Ma�tre Spizner, l�avocat de Dominique Baudis qui est aussi celui de Jacques Chirac. Telle a �t� l�affreuse r�ponse du pouvoir. Au lieu d�exprimer de la compassion pour les victimes, de prot�ger les citoyens il semblerait qu�il ait tent� de gommer � l�erreur �.
Et tout n�est pas fini. L�un des gendarmes qui avait men� l�enqu�te a lui-aussi �t� remplac�. Bref il faut sauver les notables de Toulouse. � tout prix� N�importe comment� Pas de scandale.
Un proverbe universel dit que le poisson pourrit par la t�te. Bien des provinces de France ressemblent � des poissons. Des maquereaux� Des morues au demeurant tr�s dignes dans cet �pouvantable carrefour des pires passions humaines. Alors outre les assassinats de jeunes femmes, les tortures qu�est-ce qui nous choque dans l�affaire Al�gre.
La r�ponse est imm�diate : ce sont exactement les m�mes m�canismes que dans la p�dophilie. Des �tres faibles sont violent�s par ceux qui devraient les prot�ger. Dans certains cas ce sont des enfants, � Auxerre des d�biles l�gers, � Toulouse des jeunes femmes. Les notables toulousains (s�il s�av�re qu�ils sont coupables) qui ont commis de tels actes avaient en charge de prot�ger leurs concitoyens. Ils en ont abus� et les ont abus�s. La justice, si elle veut �tre cr�dible, doit �tre impitoyable. Sinon comment justifier que les gamins qui violent des gamines puissent �tre lourdement condamn�s alors que les adultes qui se conduisent pareillement puissent passer entre les gouttes de pluie. Cela nous rappelle d�ailleurs ces enfants de la bonne soci�t� toulousaine qui avaient viol� collectivement une jeune fille il y a quelques ann�es. Il avait fallu des ann�es pour exhumer le dossier lui aussi enterr� par des magistrats � amicaux �. D�j�.
Plus largement ces � affaires � nous apprennent que nous sommes entr�s dans une p�riode de v�ritable d�cadence. Le bas empire romain �tait une usine � de tels scandales. � la fin de la guerre de Cent ans, juste avant les premi�res lueurs de la Renaissance, le plus valeureux des compagnons de Jeanne d�Arc, Gille de Rais enlevait, torturait et violait des enfants. Il sera couvert par le silence des grands du royaume jusqu�au jour ayant exag�r�, il finira sur le b�cher. Le Marquis de Sade lui-m�me pr�figurait la R�volution fran�aise.
Le poisson pourrit. Mais quelque chose na�t d�j� de sa d�composition. Vite que ces temps modernes arrivent vite.
|
|