La Corse est l�une des r�gions les plus � vieilles � de France mais aussi une des r�gions les moins peupl�es. Rimbaud �crivait qu�il est dur d�avoir vingt ans � Charleville M�zi�res. Il n�est pas toujours facile d�avoir vingt ans en Corse. Pour preuve, la population corse est celle qui d�tient un certain nombre de tristes records : celui des jeunes tu�s sur la route, celui des avortements, avec deux autres r�gions celui de la s�ropositivit� et de la drogue etc. Mais ici le malheur est moins visible qu�ailleurs. Il est �touff� par la beaut� des paysages, le soleil et les plages.
Les raisons de ces mutltiples naufrages sont nombreuses. Mais l�une d�entre elles est �videmment facile et donc fausse : croire que � l��tat � serait responsable de cet �tat-l�. Plus que de la d�sesp�rance c�est d�ailleurs un morne ennui qui est responsable de l�alcoolisation des jeunes. Mais il faut aussi imputer aux parents une lourde part de responsabilit�. � d�faut de savoir r�ellement s�occuper de leurs enfants, les parents les couvrent de cadeau, les maternent, les couvent et au bout du compte les infantilisent.
D�s qu�ils sont � l�ext�rieur, ils subissent le m�me sort avec pour parents de substitution la violence. � d�faut de faire l�effort de s�ouvrir � l�autre, de parvenir � poser un probl�me en termes intelligibles, on fait appelle � la violence.
Un tel tableau est �videmment faux dans le d�tail mais il reste malheureusement exact dans son ensemble. Or la d�responsabilisation des Corses se situe � tous les niveaux. En critiquant l��tat � tout bout de champ mais en faisant appel � lui pour trancher le moindre d�bat, les Corses n�apprennent pas � g�rer leurs propres affaires. Et les enfants ne font que reproduire les sch�mas de leurs parents.
Aujourd�hui le constat est accablant : sur une classe d��ge de bachelier pr�s de 60% ne s�inscrivent pas � l�universit� de Corte. Selon les chiffres les plus optimistes le nombre de bacheliers qui partent sur le continent est aussi nombreux que ceux qui continuent � l�universit� insulaire. Et encore un affinement des chiffres d�montrerait que le nombre d��tudiants cortenais est largement sur�valu� afin d�obtenir des bourses pour les individus, des cr�dits pour l�institution. Mais en admettant que les chiffres officiels soient vrais, c�est tout de m�me � une v�ritable h�morragie et souvent des �l�ments les plus dynamiques que l�on assiste. � un train pareil, l�universit� passera en dessous de son seuil viable dans moins de dix ans. Et toutes les mises hors normes n�y changeront rien.
Au lieu de se cacher les raisons de cet exode, il vaudrait mieux les �tudier. Elles sont facilement d�celables. La scolarit� corse est d�cri�e par les Corses eux-m�mes. Dans les discussions priv�es, l�universit� est vou�e aux g�monies. Les premiers crit�res d�inscription sont la proximit� et la peur du continent. Presque jamais l�excellence des fili�res. On retrouve les m�mes sympt�mes dans le Pacifique. Or demain, la qualit� des dipl�mes sera d�terminante. Et beaucoup de jeunes le savent et vont chercher ailleurs ce qu�ils n�ont pas l�impression de pouvoir trouver sur place. Mais le mal des jeunes d�passe le cadre scolaire. Une �le produit un fort sentiment d�enfermement. Le vieillissement de la population aussi. La jeunesse a besoin de projets collectifs et innovants. Si la Corse n�arrive pas � en produire, elle verra une nouvelle fois ses jeunes s�en aller. Mais �a ne sera pas la faute des autres. Les Corses n�auront qu�� s�en prendre � eux.
Avec la collectivit� unique, il va �tre enfin possible de pr�voir ces projets innovants et surtout de les mettre en �uvre. Car la Corse est tr�s forte pour imaginer, beaucoup moins pour faire. Aujourd�hui 40% des cr�dits repartent sans avoir �t� affect�s. Or bien souvent la raison sont les blocages administratifs souvent caus�s par l�incomp�tence et la volont� de ne pas laisser faire un tel parce qu�il n�est pas bon que trop de jeunes r�ussissent.
Gr�ce � la nouvelle collectivit�, les jeunes vont pouvoir faire entendre leur diff�rence. Encore faut-il qu�ils la montrent et se fassent entendre. En restant coll�s aux structures des � vieux �, ils se condamnent � l�immobilisme. Mais il faut d�abord que le oui l�emporte au r�f�rendum. Apr�s rien ne sera �crit, mais tout pourra s��crire.
La d�sesp�rance des jeunes en Corse �a n�est pas seulement le d�sert assur�, c�est aussi des morts et des malheurs.
Cela peut changer. Il faut que �a change. Mais il faut en avoir le d�sir. Ensuite, il faut faire confiance � l�intelligence humaine et aux synergies surprenantes qui se forment. Il faut dire oui � la jeunesse et oui � la vie.
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