Nous avons �crit dans ces colonnes tout le mal que nous pensions de l�appel A Tramula dont les objectifs restaient extr�mement troubles. Au pr�texte de proposer une r�flexion � la soci�t� corse, la premi�re mouture de l�appel parvenait en fait � ent�riner l�acte comme la continuation presque coh�rente de � trente ans de lutte � elle-m�me prolongement de � la lutte historique du peuple corse �. En d�autres termes, les Corses dans leur ensemble devaient se sentir responsables d�une d�rive qu�ils avaient � assumer collectivement. Sans craindre l�incoh�rence, certains des signataires avaient d�nonc� apr�s 1998 la responsabilit� collective que faisait peser l��tat fran�ais sur tous les Corses les consid�rant comme des assassins et des bandits.
Le contenu de l�appel, confus et contradictoire, n�a d�ailleurs gu�re attir� les signataires tellement en Corse une �crasante majorit� de personnes pensent que des assassins doivent �tre punis pour un tel acte.
Reste la nature de l�acte. Le militant historique de la cause nationaliste corse Edmond Simeoni a r�p�t� qu'il estimait que le proc�s des assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac qui s'ouvre lundi � Paris �tait "politique", mais, a-t-il ajout�, "mon objectif n'est pas de l�gitimer l'acte".
"�tiqueter ce proc�s comme politique ne signifie en rien une att�nuation de la responsabilit� de ceux qui sont ou qui seraient impliqu�s. Il n'y a pas l� de circonstances att�nuantes", a d�clar� sur Europe 1 l'ancien chef du commando qui avait occup� la cave viticole d'Al�ria, le 21 ao�t 1975. Edmond Simoni sera entendu comme t�moin au proc�s, cit� par la d�fense.
� l�inverse d�une telle attitude, Nicolas Sarkozy a multipli�, durant sa septi�me visite en Corse, les condamnations des "Corses en cagoule", symbolis�s selon lui par les huit nationalistes jug�s � partir de lundi pour l'assassinat du pr�fet Erignac, � qui il a d�ni� toute "dimension politique".
"Les assassins du pr�fet Erignac doivent �tre punis", a affirm� le ministre de l'Int�rieur � Bastia. "Et le dernier doit �tre recherch�. Il ne se passe pas de journ�e sans qu'on ne s'en occupe", a-t-il ajout�, en faisant allusion au tueur pr�sum� du pr�fet, Yvan Colonna, en fuite depuis quatre ans.
Devant 250 personnes du troisi�me �ge et militantes hardies de l�UMP r�unies � Borgo lors de sa visite, il a insist�: "Le vrai visage de la Corse n'a rien � voir avec ces assassins de grand chemin". Or la v�rit� est, selon nous, ni dans les propos d�Edmond Simeoni pas plus que dans ceux de Nicolas Sarkozy. Et c�est tr�s paradoxalement Jean-Marie Le Pen qui a exprim� l�analyse la plus juste :
"Il est �vident que, contrairement � la th�se de l'accusation, l'assassinat du pr�fet Erignac est non un crime de droit commun mais un crime politique, ce qui ne diminue en rien sa gravit�", a-t-il soulign�. Selon lui, "c'est bien le pr�fet et non la personne priv�e qui �tait vis�e dans cette embuscade".
Reconna�tre aux pr�venus le caract�re politique de leur acte c�est donner une coh�rence � ce proc�s au demeurant fort d�cousu. Dire et �crire que les militants d�Action directe ont agi pour des raisons politiques ne revient �videmment pas � cautionner les d�lires meurtriers de ces individus. Accepter l�id�e que l�ETA tue et rackette par id�ologie politique ne revient pas � cautionner leur d�marche criminelle. Rendons donc aux pr�venus du proc�s Erignac le peu qu�ils poss�dent encore : leur int�grit� de militants ce qui ne fait que renforcer leur responsabilit� d�assassins.
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