Le bureau corse de � L�investigateur � a d�j� pris position dans le cadre du r�f�rendum corse. Il le fait aujourd�hui une nouvelle fois, en s�engageant r�solument et clairement pour le � oui . Qui est essentiel pour l�avenir de l��le.
Le projet de Nicolas Sarkozy n�est certainement pas le meilleur projet qui soit selon le regard que l�on pose dessus. Les nationalistes le trouveront timide et incapable d�aller au bout des choses. Ceux qui pensent que le probl�me corse n�est pas institutionnel trouveront des raisons exactement oppos�es de le critiquer. Mais il a le formidable m�rite d�exister et de tenter une figure impossible : satisfaire sans exc�s les uns et les autres. Sans une r�ponse positive des Corses � ce projet, rien ne se fera. Si le oui l�emporte rien ne sera jou� sans la volont� des Corses d�aller de l�avant mais tout sera jouable. C�est donc une d�marche �quivalente au pari de Pascal (le philosophe et non Paoli) qu�il faut adopter en s�appuyant sur plusieurs arguments pour contrer les propos des professionnels du n�gativisme.
Le projet consisterait � donner trop de pouvoirs � ceux qui l�ont d�j�
La collectivit� unique concentrera en effet les pouvoirs entre les mains d�une assembl�e d�mocratiquement �lue et non entre celle de tyrans. Le plus extraordinaire dans cette argumentation est qu�elle est souvent agit�e par ceux qui poss�dent le pouvoir et se le partagent en prenant bien garde de ne pas le partager.
Le projet �tablirait un d�s�quilibre entre Ajaccio qui poss�derait tous les centres de d�cision et Bastia qui n�en aurait plus
La r�alit� administrative est bien diff�rente puisque le d�coupage administratif des d�partements restera et avec eux les centres administratifs tels que la pr�fecture de Haute-Corse et les antennes nordistes de toutes les administrations d�j� existantes. Donc sur ce plan-l� la collectivit� unique ne changera strictement rien. Pour retourner l�argumentation des � contres � on pourra toujours chercher son permis de conduire � Bastia ou � Corte. On notera que ceux qui sont contre la collectivit� unique aujourd�hui sont dans la lign�e de ceux qui �taient contre la bi d�partementalisation en 1975, l�essentiel �tant de se positionner contre pour b�tir un rapport de force avec l��tat et, ensuite, demander toujours plus.
Il n�y aura plus de contacts avec le terrain
C�est pour cela que sont pr�vus les conseils territoriaux. Le but est de b�tir un �difice compl�mentaire. Les conseils territoriaux seront charg�s de pr�venir des probl�mes locaux et d�en discuter. Puis les �lus de ces conseils qui appartiendront pour moiti� � l�assembl�e territoriale en rendront compte � celle-ci. La nouvelle assembl�e sera au contraire plus � m�me de prendre en compte l�ensemble des probl�mes puisque chaque micror�gion aura ses repr�sentants, ce qui n�existait pas forc�ment hier.
On ne conna�t pas le mode de scrutin
Il est bien entendu que derri�re le r�f�rendum se profilent les �lections territoriales de 2004. Les exigences de la d�mocratie sont de deux ordres : faire en sorte que tous soient repr�sent�s � l�assembl�e afin de contraindre toutes les fractions de la soci�t� corse � une r�elle responsabilisation. Mais, dans un m�me temps, il est n�cessaire de donner � une majorit� les moyens de gouverner. C�est �galement l�int�r�t des petites listes de mani�re � ce qu�elles ne se diluent pas dans la � pulitichella �, la petite politique. Le mode de scrutin va �tre discut�. Mais de toutes les mani�res, le gouvernement et la Corse ont int�r�t au maximum de coh�rence de fa�on � ce que personne ne se sente oubli�. Dans une �le o� le sentiment d�abandon se traduit par de la violence, on voit mal le ministre de l�int�rieur passer par-dessus cette r�alit�.
Le r�f�rendum est la porte ouverte � l�aventure ind�pendantiste
Nous pensons que c�est l�immobilisme qui favorise l�aventure ind�pendantiste par la d�sesp�rance qu�elle produit et qui se traduira par des vagues de violence. Nous devons nous rendre compte que la France risque � terme d�en avoir assez de ce probl�me corse qui renverse r�guli�rement des gouvernements. C�est justement en restant dans la situation actuelle que la France risque de vouloir se d�barrasser de la Corse et des Corses. La seule voie qui tourne le dos � l�ind�pendance est la responsabilisation des Corses et la prise en main de leur propre avenir dans un cadre autonome.
La collectivit� unique ne r�glera pas le probl�me de la violence
Personne ni rien ne r�glera le probl�me de la violence sinon les Corses eux-m�mes. La violence est le produit de l�immobilisme et de l�inadaptation des structures �conomico-politiques de la soci�t� insulaire � un monde qui change en permanence. La seule mani�re de mettre fin � la violence est tr�s certainement l�application rigoureuse des lois mais surtout un v�ritable d�marrage �conomique qui ne soit pas uniquement bas� sur le nombre de postes offerts dans la Fonction publique. Or ce d�marrage n�cessite un changement de mentalit�. Il faut accepter d��tre confront� � la concurrence et surtout accepter que la Corse de demain puisse s�adapter aux r�gles europ�ennes qui sont plus draconiennes que les r�gles fran�aises en mati�re �conomique. Tout attendre de l��tat revient � s�asservir aux caprices de l��tat. Accepter l�id�e que le changera viendra de nous-m�mes, c�est commencer � nous lib�rer des servitudes que les Corses d�noncent � la moindre occasion. La collectivit� unique est donc un probl�me de coh�rence politique. Le refus de la violence est la condition sine qua non pour ne pas rester au bord de la route.
Le d�sengagement de l��tat risque d��tre particuli�rement n�faste pour la Corse
Le d�sengagement �tatique est une r�gle g�n�rale en Europe. La France devra t�t ou tard s�y plier que cela plaise ou non. C�est en quoi le choix du r�f�rendum est tr�s limit�. N�oublions pas qu�il n�est que consultatif. Dire non c�est rater un train qui passera de toutes mani�res. Dire oui c�est accepter des r�gles qui sont d�j� valables dans l�Europe enti�re. La Corse est aujourd�hui la seule �le � ne pas �tre dot� d�un statut d�autonomie. La Corse est la seule r�gion � forte personnalit� � ne pas prendre en main un certain nombre de d�cisions qui restent en France encore r�galiennes.
Nicolas Sarkozy a r�p�t� � l�envi que l��tat ne se d�sengagerait pas. Nous souhaitons quant � nous qu�il se d�sengage � hauteur du supportable. La crise corse dure depuis une g�n�ration. Il est temps qu�elle se termine. Il est temps que les Corses connaissent leur propre limite. S�il s�av�re � l�exp�rience qu�ils sont incapables de se g�rer, il faudra qu�ils renoncent � toute pr�tention en mati�re d�autonomie. Ne parlons m�me pas de l�ind�pendance. Mais s�ils parviennent � mener leurs propres affaires, alors ils pourront aborder l�avenir en toute confiance.
L�autonomie risque de faire le lit du grand banditisme
Aujourd�hui se d�veloppe en Corse une �conomie souterraine qui prend le dessus sur l��conomie � ciel ouvert. L�argent noir s�investit � flot dans des soci�t�s saines. Le tissu �conomique priv� tend de plus en plus � d�pendre d�hommes qui ont fait ill�galement fortune. Telle est la v�rit� aujourd�hui alors que la Corse poss�de une assembl�e territoriale et deux conseils g�n�raux. Les pouvoirs de l��tat n�y ont rien chang� quand ils ne fermaient pas les yeux sur ce ph�nom�ne. Nous partons donc du pire, un pire accept� avec fatalisme par les Corses qui esp�rent encore dans l�intervention hypoth�tique de l��tat. Il y a deux solutions en cas d�autonomie : soit les Corses se moquent de d�pendre de ces pouvoirs occultes et personne n�y pourra rien. Soit ils y attachent de l�importance et se donnent les moyens de lutter contre. Mais le nouveau statut pas plus que l�ancien ne font le lit du grand banditisme. C�est le � lascia corre � des Corses qui agit dans ce sens. Plus de responsabilit� pour les Corses signifie donc plus d�action contre les puissances cach�es.
Le nouveau statut fait la part belle aux nationalistes
Le nouveau statut ne fait la part belle � personne. Les nationalistes ont un v�ritable probl�me de cr�dibilit� en Corse. Ils jouent le jeu de force protestataire mais pas de force de gestion. On ne peut pas dire en m�me temps que les m�mes dirigeants vont avoir plus de pouvoir et que les nationalistes sont favoris�s. C�est contradictoire. La v�rit� est simple : le scrutin d�mocratique traduit la confiance des �lecteurs. Ceux qui auront la majorit� ont toutes les chances d��tre des hommes et des femmes qui inspirent cette confiance aux Corses.
Pourquoi faire confiance � Nicolas Sarkozy
Il ne s�agit pas de faire confiance � Nicolas Sarkozy, mais de s�inscrire dans une �volution europ�enne � laquelle r�p�tons-le, nous n��chapperons pas. Si cela sert � Nicolas Sarkozy tant mieux pour lui. Mais �a n�est pas le probl�me des Corses. Leur seul probl�me est la soci�t� qu�ils pr�parent � leurs enfants : une soci�t� crisp�e sur ses archa�smes et donc perdante � terme ou une soci�t� ouverte offrant � ses enfants l�oxyg�ne n�cessaire pour grandir.
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