Le cas Sarkozy a parfois quelque chose de path�tique et pas seulement en Corse. Au d�but, il ressemble � ces petites b�tes rus�es, intelligentes et hardies. On s��merveille devant la pr�cision de ses coups, la justesse de ses analyses. Et puis, au fil des semaines, le charme se rompt. Il en fait trop. Il ressemble � ces gamins hyper-dou�s qui demandent toujours la parole et finissent par envahir l�espace de tous. Au bout du compte, il poss�de l�agitation d�un petit insecte qui se noie dans un verre d�eau en hurlant de rage.
�non�ons donc les erreurs sarkoziennes pour ce qui concerne la Corse. En premier lieu : on le voit trop. Les Corses murmurent qu�il n�a que �a � faire. Or ici on respecte les hommes politiques qui savent aussi relativiser une Corse qui se prend un peu trop souvent pour le nombril du monde.
Deuxi�mement : il veut acheter les uns et les autres, l�eau et le feu. Le projet initial pouvait donner l�impression d�aller contre le centralisme fran�ais et d��tre dot� d�une certaine clairvoyance. Celui qui a �t� vot� par le Parlement ne ressemble plus � rien. Les d�partements subsistent. Bastia aura des pouvoirs exactement identiques � ceux d�aujourd�hui. Le ministre en rajoute dans le genre ambigu : � Les pouvoirs de l��tat seront renforc�s � etc. Bref pas grand chose ne change pour que rien ne change. Nicolas Sarkozy pourra peut-�tre devenir un grand homme. Mais il faudra d�abord qu�il croit en lui-m�me et cesse de penser, comme les vieux routiers de la politique, que tout s�ach�te. Dix mille clients ne feront jamais un �lectorat d�termin�.
Troisi�mement : en Corse l�attitude de Nicolas Sarkozy concernant les assassins du pr�fet Erignac est parfaitement incompr�hensible. Il offre un cadeau majeur au pr�sident Aiello qui a sign� l�appel d�A Tramula � cet appel grotesque �. � aucun moment, le ministre ne le mouche sur ce geste scandaleux � savoir un pr�sident qui ne respecte pas son devoir de r�serve. Mais � l�inverse il nie l��vidence � savoir le caract�re politique du geste des assassins du pr�fet Erignac. Nous avons �t� dans ces colonnes suffisamment tranchant pour ce qui concerne notre r�probation pleine et enti�re vis � vis de l�assassinat du pr�fet Erignac pour que nous puissions ici critiquer l�attitude du ministre de l�Int�rieur : les assassins pr�sum�s du pr�fet, qui ne sont pas des bandits de grand chemin, ont agi �videmment par conviction politique ce qui n�enl�ve rien � l�horreur suscit�e par ce geste. Et nier cela revient � rendre incoh�rent toute d�marche envers la Corse.
Enfin, qu�il le veuille ou non, Nicolas Sarkozy est membre d�un gouvernement qui multiplient les erreurs de communication. Et il doit en supporter les cons�quences. Il le doit d�autant plus que c�est lui ministre de l�int�rieur qui annonce des mesures en faveur de l�universit� de Corte alors qu�en bonne logique cela aurait d� �tre le r�le du ministre de l��ducation nationale. C�est encore Nicolas Sarkozy qui est appel� � faire partie des tables rondes avec les enseignants en gr�ve. Ses coll�gues voudraient le carboniser avant qu�il ne soit pr�sidentiable qu�ils ne s�y prendraient pas autrement.
Nicolas Sarkozy a d�ailleurs douloureusement ressenti la fin de l�embellie corse lui qui a �t� violemment pris � partie � Corte puis � Bastia par des syndicalistes en col�re.
Alors faut-il voter oui au r�f�rendum ? Bien entendu puisqu�il n�y a pas le choix. Mais ce qui aurait pu �tre un geste enthousiaste devient une sorte d�attitude m�canique destin�e surtout � ne pas faire la part belle aux plus conservateurs des Corses. Oui la Corse doit devenir europ�enne. Mais le pr�sident Aiello avait raison de souligner que maintenant il fallait travailler � commencer par l�universit� de Corte d�sormais plac�e hors normes sans m�me que l��tat d�ordinaire plus difficile ait demand� en �change la moindre obligation de r�sultat.
Nicolas Sarkozy a retrouv� les chemins des bons vieux proc�d�s. Faute de mieux, la Corse est abrutie � coups de subventions et somm�e de suivre les ordres de Paris.
Enfin puisque tout le monde a l�air content : l�universit� va cr�er de nouveaux postes dans des fili�res sans cesse plus improductives ; la pr�fecture de Bastia va �tre ripolin�e et surtout, et c�est le plus important, qu�on se rassure, rien ne changera. Non allez soyons magnanimes : pas grand chose quand il fallait un �lectrochoc.
Le oui a-t-il des chances de l�emporter ? Peut-�tre si les partisans du � oui � d�cident d�enfin battre la campagne. Chacun s�accorde � dire ici qu�il aurait �t� pr�f�rable que le projet soit repouss� au mois de septembre. Mais � le petit homme � s�est ent�t�. Mais la gr�ve s�installe et les vacanciers s�installent sur la gr�ve. Il fait chaud et tout est difficile surtout de bouger. Donc � inch allah � comme on dit en Corse et Dieu pour tous.
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