Les � aubaines � du �non�
Jun 18, 2003
Auteur: L'investigateur

Notre excellent confr�re du � Journal de la Corse � publie cette semaine une analyse du r�f�rendum corse qui nous a parue des plus pertinentes.

Selon lui, la conjoncture et les erreurs humaines donnent aux partisans du Non mati�re � esp�rer. Mais il ne s�agit que d�aubaines et il reviendra � Nicolas Sarkozy de faire savoir qu�elles ne sont que des aubaines et rien de plus.


Les syndicats centralistes se sont lanc�s dans la bataille. Ils consid�rent qu�un triomphe du Non signifierait infliger une d�faite cuisante au corsisme et permettrait, au plan national, de donner un coup d�arr�t � la d�centralisation. CGT, FO, FSU et UNSA poussent donc � ce que le climat social insulaire reste perturb�. Ils agiront en ce sens jusqu�au 6 juillet. Ils font le pari que, soumis aux incertitudes et aux tensions l��lectorat se r�fugiera dans le conservatisme. Cette strat�gie n�est toutefois pas exempte de risques. Les atteintes port�es � l�activit� �conomique et une menace sur la saison touristique pourraient rendre une grande partie de l�opinion corse hostile aux syndicats et � leur viatique centraliste.

Les craintes de la Haute-Corse


Les habitants de la Haute-Corse restent sensibles � toutes les affirmations visant � leur faire croire que s�instaurera un centralisme ajaccien, qu�ils p�tiront d�un d�sengagement de l�Etat et qu�ils souffriront d�une d�gradation du service public. En d�cidant la mise hors normes de l�Universit� de Corse, en garantissant le maintien de tous les services de l�Etat et en annon�ant des investissements publics (construction d�une pr�fecture � Bastia ; aide financi�re � l�agriculture dont les exploitations sinistr�es de la Haute-Corse seront les principales b�n�ficiaires ; renforcement de la recherche � partir de l�INRA, de l�IFREMER et de la cr�ation d�un p�le de comp�tences d�di� aux �nergies renouvelables...), Nicolas Sarkozy est pass� � la contre-attaque. Il esp�re que les �lus corses acquis au Oui prendront le relais et feront valoir que la future Collectivit� Unique, au nom de la proximit� et de l��quilibre entre les territoires, maintiendra sur place et m�me renforcera les services d�pendant actuellement du Conseil G�n�ral de la Haute-Corse.

L�offensive ind�pendantiste


Bien que s��tant majoritairement prononc�s pour le Oui, les nationalistes ne font pas grand chose pour en assurer la victoire. Ils s�affairent davantage � apporter leur soutien au commando qui a abattu le pr�fet Claude Erignac, � promotionner la carte d�identit� corse ou � rappeler que la consultation populaire n�est qu�un �pisode. Toute cela, auquel s�ajoute la r�cente apparition publique d�un FLNC "tendance revival" bien d�cid� � en d�coudre, risque de d�courager nombre d��lecteurs de m�ler leur Oui tricolore au Oui noir et blanc. Confront�s � une radicalisation de l�ind�pendantisme et soucieux de ne pas se laisser d�border, MM. Talamoni, Quastana, Pieri, Simeoni et Angelini semblent tent�s de tourner la page de la concertation avec l�Etat. Il faut toutefois admettre que ni le retard pris concernant la connaissance du mode de scrutin territorial, ni la m�thode Sarkozy ayant fait perdre � l�Assembl�e de Corse le r�le de partenaire majeur que lui avait reconnu Lionel Jospin, ne sont de nature � rassurer les nationalistes. Un maintien de la barre d��ligibilit� � 5 % ainsi que la disparition d�une institution d�partementale qu�ils honnissent, devraient toutefois conduire la plupart des nationalistes � se mobiliser en faveur du Oui.

Dr�les d�amis


Quelques �lus UMP soutiennent le Oui comme la corde soutient le pendu. Voulant en r�alit� favoriser le Non, ils exigent un mode de scrutin territorial d�favorable aux nationalistes et aux "petites listes". Leur raisonnement est d�une magnifique simplicit� : dans la perspective de l�instauration d�une Collectivit� Unique, si les seuils de maintien au second tour, de fusion de listes et d��ligibilit� sont port�s � 10 %, les nationalistes, le PS, l�UDF, Philippe Ceccaldi, Toussaint Luciani et m�me Simon Renucci devront renoncer � appuyer une r�forme qui les condamnerait. De plus, consid�rant ces derniers comme des alli�s ou des partenaires potentiels dans sa strat�gie d�acc�s aux commandes de l�institution territoriale, Paul Giacobbi devra les soutenir. Les dr�les d�amis de Nicolas Sarkozy auraient certainement prosp�r� � Florence ou Byzance. En obtenant que les "petites listes" gardent leurs chances, le Ministre de l�Int�rieur devrait toutefois an�antir les esp�rances de ses curieux "amis".

Non � Sarko !


Une hostilit� � Nicolas Sarkozy, ou plus pr�cis�ment au gouvernement dont il fait partie, risque aussi d�affecter le vote Oui. L�omnipr�sence du ministre de l�Int�rieur repr�sente un v�ritable chiffon rouge agit� sous le nez des �lecteurs de gauche. Elle fait oublier que l�id�e d�une Collectivit� Unique a germ� et pris corps lors du processus de Matignon. Enfin, elle tisse un voile d�oubli sur les votes favorables � l�instauration d�une Collectivit� Unique survenus avant le 21 avril 2002 : d�lib�ration de 44 conseillers de Corse (sur 51) en faveur du relev� de conclusions du 20 juillet 2000 ; vote de la loi sur la Corse par le Parlement. Tirer trop la couverture � soi pourrait jouer un mauvais tour � l�ambitieux ministre. Ne pas rendre � Lionel ce qui appartient � Lionel risque de favoriser le Non � travers une volont� de sanctionner le gouvernement et le plus actif de ses ministres. La campagne �lectorale, m�me courte, devrait cependant permettre de rappeler le r�le et le m�rite de chacun.

Un huiti�me voyage d�cisif


En compagnie de Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy reviendra en Corse tr�s prochainement. Leur s�jour sera d�une importance capitale. Les deux hommes auront la possibilit� de rassurer les agents de l�Etat, de pr�ciser et garantir une r�partition �quitable des services de l�Etat dans l�ensemble de l��le, de montrer leur d�termination � l�encontre de la violence politique, d�assurer aux nationalistes leur juste repr�sentation au sein de l�Assembl�e de Corse, de mettre au pas leurs dr�les d�amis, de remettre dans le jeu tous les protagonistes qui ont fait et permis la r�ussite du processus de Matignon. En r�alit�, il leur appartiendra de faire en sorte que les circonstances favorables dont b�n�ficie aujourd�hui le Non, n�aient �t� que des aubaines.

Pierre Corsi

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