La justice corse dans tous ses �tats
Jun 13, 2003
Auteur: L'investigateur

Les Assises de Haute-corse devaient mercredi 11 juin examiner l'assassinat de Christophe Dolcerocca et la tentative d�assassinat sur Antoine Flori, qui s��taient produits en d�cembre 2000 � Ponte Novu. � la suite d'une querelle d'apr�s boire dans un bar de Ponte Novu, Marien Ferrandi avait tir� sur un consommateur qui l'avait pris � parti, Christophe Dolcerocca et sur le tenancier de l'�tablissement Antoine Flori. Le premier d�c�dait quelques heures plus tard de ses blessures. Marien Ferrandi, handicap� d'une jambe, qui a reconnu �tre l'auteur des coups a expliqu� aux enqu�teurs qu'il n'avait pas support� d'�tre frapp� par Christophe Dolcerocca. .La pr�sidente de la Cour, Nathalie Chapon a du cependant se r�soudre � renvoyer cette affaire, les jur�s n'�tant pas en nombre suffisant. Une autre affaire, celle d'un viol, a elle aussi �tait renvoy�e.

Les dix-sept dispenses dont quinze motiv�es par des certificats m�dicaux ont constitu� une sorte de record pour la cour d'assises de la Haute-Corse.

En fin de matin�e hier, seuls 21 jur�s sur 26 �taient pr�sents d'o� la n�cessit� de proc�der � un tirage au sort compl�mentaire. � quinze heures, une seule personne sur les quinze s�lectionn�es avait pu �tre contact�e. Une heure plus tard, trois autres ont �t� jointes par les services de police mais deux d'entre elles, deux femmes enceintes, ont souhait� �tre dispens�es.

Corse matin relevait la r�flexion d�sabus�e de la pr�sidente Chapon : �Les gens sont de mieux en mieux inform�s de leurs droits, sans doute devraient-ils l'�tre autant de leurs devoirs �. Ainsi les familles des victimes dans le cas de l�assassinat et les victimes elles-m�mes devront-elles attendre � cause du manque de courage d�un certain nombre de citoyens et de l�attitude scandaleuse de quelques m�decins complaisants. Un bon apprentissage de la valeur des adultes pour l�enfant viol�.

Tout est donc � refaire car une session d'assises n�cessite plusieurs mois de pr�paration et a convocation des diff�rents t�moins et experts est toujours li�e � de nombreuses contraintes. La pr�sidente Nathalie Chapon est malheureusement une habitu�e de cette forme d�incivisme puisque, il y a peu, six jur�s manquaient � l'appel tout r�cemment. Elle avait alors ordonn� de les chercher et les jur�s avaient �t� trouv�s par les forces de l�ordre.

Les 17 dispenses �taient justifi�es par des raisons m�dicales, familiales ou professionnelles. 4 personnes n'habitaient plus � l'adresse indiqu�e, et par ailleurs 7 personnes figurant sur la premi�re liste des jur�s n'avaient pas �t� avis�es par les maires concern�s (Bastia et Borgo).

Tr�s souvent il a �t� relev� qu�en Corse, les jur�s pressentis qui ne veulent pas le devenir demandent au facteur � de ne pas les trouver � ou alors aux maires � d�omettre de les pr�venir �. Cette carence des jur�s est un vieux probl�me en Corse o� le refus de t�moigner est con�u comme une mani�re de ne pas se m�ler de ce qui ne vous regarde. Dans d�autres cas, les jur�s (dont les noms devraient �tre secrets) sont approch�s par l�une ou l�autre partie afin de se prononcer dans un sens ou dans un autre. Dans une soci�t�,o� chacun se conna�t les d�rives sont difficilement �vitables surtout quand elles se greffent sur une histoire judiciaire tourment�e. La question du jury a �t� depuis son instauration un probl�me � un point tel qu�au XIXe si�cle il avait �t� supprim� pendant un temps pour �tre remplac� par une cour de magistrats professionnels � l�instar de la cour d�assises sp�ciales qui jugent les assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac.

En Corse du Sud, par contre les assises ont condamn� mercredi 11 juin un grand p�re incestueux � 18 ans de r�clusion criminelle dont 12 ans incompressibles, pour viols et agressions sexuelles. Il est vrai que l�accus� ne niait pas les faits et que les d�lits sexuels ont toujours �t� plus s�v�rement condamn�s en Corse que sur le continent surtout quand les victimes sont des enfants.

Derni�re affaire, : la cour d'appel d'Ajaccio a condamn�, mercredi 11 juin, Guy Voillemier, baron pr�sum� de la Brise de Mer � 36 mois d'emprisonnement dont 24 avec sursis pour "menace ou acte d'intimidation pour d�terminer une victime � ne pas porter plainte ou � se r�tracter". En premi�re instance, Guy Voillemier, soup�onn� d'avoir menac� de mort un promoteur immobilier qui �tait confront� comme t�moin � son fr�re dans une affaire d'extorsion de fonds, avait b�n�fici� de 21 mois de sursis (L�investigateur du 19 f�vrier 2003)

Guy Voillemier gagne donc trois d�incarc�ration. Ses avocats esp�raient nettement mieux. La justice a su se montrer ferme.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s