Faut-il reporter le r�f�rendum en Corse ?
May 28, 2003
Auteur: L'investigateur

La Corse est redevenue un enjeu national pour des partis politiques nationaux en mal de troupes. Les prises de positions des uns et des autres sur le report ou le maintien du r�f�rendum corse le 6 juillet n�ont pas grand-chose � voir avec la Corse. Le groupe socialiste de l'Assembl�e nationale a demand� le report du r�f�rendum pr�vu le 6 juillet en Corse sur l'avenir des institutions de l'�le.

"On trouve beaucoup plus de raisons de dire 'non' aujourd'hui, compte tenu du flou de la question pos�e, que de r�pondre 'oui'", a d�clar� avec ambigu�t� le d�put� socialiste Bruno Le Roux dans les couloirs du Palais-Bourbon.

"C'est pourquoi nous demandons � ce qu'il y ait un report de cette consultation, pour que le d�bat soit pos� de fa�on claire et pour que les perspectives de d�veloppement de l'�le soient bien pos�es", a-t-il ajout�.

En d�autres termes, et si on comprend le complexe Bruno Le Roux, si le r�f�rendum avait lieu le 6 juillet il appellerait � voter non.

Peu auparavant, Jean-Marc Ayrault, pr�sident du groupe socialiste, avait �t� moins cat�gorique. "Que le gouvernement prenne ses responsabilit�s, qu'il assume ses actes", avait-il dit en annon�ant que son groupe s'abstiendrait sur le projet de loi organisant la consultation.

Le pr�sident du groupe communiste, Alain Bocquet, s'est prononc�, lui, pour le maintien de la date du 6 juillet. Le parti communiste local s�est de son c�t� prononc� pour un non ferme. En cons�quence Alain Bocquet qui a entendu dire que de mauvaises conditions pouvaient jouer en faveur du non, est pour le maintien au 6 juillet.

"On est pour le maintien", a-t-il d�clar� � Reuters. "Il faut que les �lecteurs s'expriment. On demande que les �lecteurs de Corse puissent se prononcer sur l'avenir de l'�le".

Le seul � avoir adopt� une attitude franche a �t� �mile Zuccarelli, d�put� radical de gauche de la Haute-Corse et maire de Bastia, qui a estim� pour sa part que le report ou non de la consultation n'avait "aucune importance".pr�cisant :"Je suis contre cette r�forme. Il y a mieux � faire. Ce projet de r�forme est d�testable et il importe que les Corses aient la lucidit�, le sursaut de dignit� de dire non � cette �ni�me r�forme institutionnelle pour la Corse", a-t-il dit.

La r�action du pr�sident du groupe UMP de l'Assembl�e, Jacques Barrot, laisse penser que le r�f�rendum pourrait �tre report� si, comme tout l�indique, la gr�ve s��tend jusqu�� la fin juin.

"Pour le moment, ce (report) n'est pas � l'ordre du jour. Mais c'est vrai que toute consultation �lectorale doit �videmment se d�rouler dans un climat de s�r�nit� publique qui, si elle n'�tait pas r�unie, en effet pourrait amener � poser la question", a-t-il dit lors de son point de presse hebdomadaire.

"Mais ce ne serait pas la remise en cause de cette d�marche. Ce serait simplement, �ventuellement, l'ajournement pour �viter des interf�rences", a-t-il poursuivi, faisant r�f�rence � de possibles mouvements de gr�ve.

"Effectivement, il ne faut jamais exclure qu'un scrutin puisse �tre report� en raison d'interf�rences qui n'ont rien � voir avec le projet mais qui pourraient emp�cher la consultation", a soulign� Jacques Barrot.

En fait toute la question est de savoir pourquoi ce r�f�rendum a �t� organis�. Chacun est en Corse conscient que son but est d��radiquer la violence en permettant aux fauteurs de trouble, c�est-�-dire les nationalistes de rentrer dans un jeu institutionnel en esp�rant ainsi mettre fin � la clandestinit�. Nicolas Sarkozy mais bien d�autres avant lui avaient fait le constat que la classe politique insulaire traditionnelle est us�e et incapable d�apporter � la Corse les r�formes dont elle a besoin pour s�ins�rer dans le jeu europ�en. La simplification administrative n�est s�rement pas le rem�de miracle mais il faut bien commencer par quelque chose. Ce qui est aussi vrai c�est que le trop-plein administratif paralyse l��le, fournit une client�le aux partis et en d�finitive sape toute vell�it� de transformation positive.

Mais il est tout aussi �vident que si la collectivit� unique est accept�e, l��tat devra s�vir sans piti� contre ceux qui s��l�vent contre le jeu d�mocratique. Trop longtemps, des ordres sont venus de Paris pour arrondir les angles, laisser entendre que les p�ch�s d�hier pourraient �tre lav�s au moyen d�amnisties dont les r�sultats ont �t� d�sastreux. Le mal corse n�est pas un mal politique ou un mal �conomique. C�est d�abord un mal caus� par l�enfermement et toute solution qui pr�tendrait tourner le dos � l�ouverture serait in�vitablement condamn�e � l��chec. En cons�quence, la d�marche la plus constructive est de vraiment conna�tre le sentiment des Corses dans les meilleures conditions possibles et qu�importent deux ou trois mois de retard si la paix civile est � ce prix.

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