Selon le Figaro dat� du 24 mai, l'hypoth�se d'une victoire du "non" au scrutin du 6 juillet sur le nouveau statut de l'�le, pr�par� notamment par Nicolas Sarkozy et une majorit� d'�lus de l'Assembl�e de Corse, n'est plus �cart�e.
Le quotidien se fonde sur des sondages parus dans la presse locale et une enqu�te des Renseignements g�n�raux montrant que le "oui" ne disposerait que d'une l�g�re avance.
Le camp du "non" aurait progress� depuis que les nationalistes ont appel� � ratifier le projet gouvernemental, n'y voyant qu'une �tape vers le chemin de l'ind�pendance.
Ayant pris conscience du danger, le ministre de l'Int�rieur a pr�vu de se rendre une fois de plus en Corse la semaine prochaine, vraisemblablement le 30 mai, selon le Figaro, alors que la campagne officielle ne d�bute que le 23 juin.
Nicolas Sarkozy fera donc campagne d�s la semaine prochaine en Corse pour convaincre les insulaires de voter "oui" au r�f�rendum sur le statut de l'�le.
Invit� dimanche au "Vrai journal" de Canal +, le ministre de l'Int�rieur a expliqu� qu'il n'entendait pas se laisser d�stabiliser par la rumeur selon laquelle les Corses voteraient "non" essentiellement pour exprimer leur m�contentement sur la r�forme des retraites. Le plus �tonnant est que selon des indiscr�tions Nicolas Sarkozy s��tait auparavant montr� exasp�r� de ce que la presse donne le oui comme automatiquement gagnant.
Il s�est donc montr� chagrin :
"Comment peut-on avoir ce raisonnement ? Ce qui n'a pas de sens. Dire non au gouvernement de la R�publique pour mieux dire oui � la R�publique. D'ailleurs les rumeurs en Corse, il y en a beaucoup", a-t-il dit.
"Je ferai campagne et je veux convaincre que se doter d'une collectivit� unique en Corse, c'est se doter d'un instrument qui permette de r�fl�chir sur un plan de d�veloppement pour la Corse", a ajout� le ministre de l'Int�rieur.
Nicolas Sarkozy a soulign� que le probl�me de la Corse, "c'est que personne n'est responsable de rien parce que personne n'a la globalit� des responsabilit�s", d'o� le projet de collectivit� unique d�nonc� par une partie de la classe politique insulaire.
"Alors est-ce qu'il y a des chances d'�chec ? Toujours dans la d�mocratie mais c'est justement pour �a qu'il faut se donner du mal et s'engager", a insist� le ministre de l'Int�rieur pratiquant la m�thode Cou�.
Nicolas Sarkozy a raison de vouloir convaincre de son propre projet. Il n�emp�che qu�il ne peut faire l�impasse sur la gr�ve qui grandit aujourd�hui en Corse. Le succ�s de la manifestation nationale va �videmment jouer en faveur d�une extension du mouvement dans l��le. M�me s�il affirme que la r�forme des retraites n�a rien � voir avec une quelconque mont�e du non, il a tort.
Tout joue contre le oui au r�f�rendum : l�empressement du gouvernement � ouvrir la bo�te de Pandore des r�formes, la peur d�une d�centralisation qui ne profiterait qu�aux r�gions les plus riches, la peur d�une vieillesse sans moyens.
Le ministre de l�Int�rieur devrait changer de registre. Jusqu�� maintenant, il a jou� sur celui de la d�termination. Or aujourd�hui les Fran�ais et donc les Corses ont besoin d��tre rassur�s et non d��tre engueul�s. Un mouvement social d�une telle ampleur ne saurait traduire que des �go�smes. Il est aussi le produit de col�res rentr�es, de peurs inavou�es qui doivent imp�rativement �tre prises en compte.
En Corse, les observateurs notent une lassitude devant la m�thode Sarkozy. Elle r�ussissait tant qu�elle paraissait novatrice. Aujourd�hui elle n�est plus en phase avec ce qui se dessine. Quand bien m�me son projet serait le meilleur du monde, il ne saurait exister s�il n�est pas en ad�quation avec ce qui se passe dans la France enti�re. Or la France est malade. Et la Corse est son sympt�me. Les �lus qui soutenaient Sarkozy donnent aujourd�hui l�impression de peiner. Le parti radical de gauche qui h�bergeait Paul Giacobbi, le partisan du projet et �mile Zuccarelli son adversaire, vient de prendre position pour le non. Paul Giacobbi se tait laissant na�tre des rumeurs sur un prochain retournement qui, n�anmoins para�t improbable. Mais le climat est franchement mauvais.
Si les nationalistes sont les seuls � montrer une v�ritable d�termination pour le oui, alors le non l�emportera.
Nicolas Sarkozy devrait ne pas venir en Corse la semaine prochaine. Il va �tre accueilli comme le bouc �missaire de la crise actuelle et il risque fort d�y perdre la face. Si au cours de sa visite, des affrontements provoquent des bless�s, c�en est fini de son projet. Dans cette �le sentimentale, le sang vers� d�un manifestant donnerait dix mille voix � ceux qui refusent le projet. Les syndicats le savent et ne manqueront pas une dramatisation du conflit
La venue de Nicolas Sarkozy est contre-productive. Il devrait prendre son mal en patience et attendre un peu que la marmite cesse de bouillir. Et si en plus il pouvait reculer la date de son r�f�rendum, alors il aurait quelque chance de gagner son pari. En l��tat actuel des choses, et pour le plus grand d�sarroi de ceux qui pensent qu�une v�ritable d�centralisation accompagn�e des moyens ad�quats est n�cessaire, le pari est en voie d��tre perdu en Corse.
Un tel risque m�rite d��tre m�dit� car il signifierait une catastrophe pour cette �le capricieuse.
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