Le FLNC 3 se pose en �gal du FLNC Union des Combattants
May 20, 2003
Auteur: L'investigateur

Apparu en octobre 2002, le FLNC 3 fait sa r�apparition. Fond� par des membres fondateurs du FLNC Union des Combattants il vient de tenir une conf�rence de presse au centre de la Corse et se pose en challenger de la clandestinit�.

C�est une tr�s mauvaise surprise pour Nicolas Sarkozy. Apr�s l�appel d�A Tramula, sign� par des � nationalistes mod�r�s � dont le pr�sident de l�universit� de Corse, Antoine Aiello, voil� qu�il est � salu� � par une conf�rence de presse clandestine qui le d�fie ouvertement.

Non seulement elle a lieu pr�s de l�endroit o� il rencontrera le pr�sident de l�universit�, mais voil� qu�elle r�cuse sans h�sitation la r�forme et le r�f�rendum. C�est aussi une nouvelle terrible pour le FLNC Union des Combattants qui venait d�annoncer par voie de communiqu� la revendication du plasticage de l�h�tel Ibis. Le message du dernier n� des FLNC est clair : d�sormais c�est lui et lui seul qui d�tient la premi�re place.

"Si nous apparaissons sous le signe FLNC, c'est parce qu'il est devenu partie int�grante de notre histoire. Il n'est la propri�t� d'aucun groupe mais celle d'un peuple entier", a d�clar� le porte-parole cagoul�. Le nouveau FLNC est apparu dans le maquis, ses membres (plusieurs dizaines ce qui n�est pas rien) rev�tu de la sinistre tenue noire et tenant un langage radical. La derni�re fois qu�il s��tait signal� c��tait le 18 octobre 2002, en organisant l� aussi une nuit bleue � la veille du second d�placement en Corse de Nicolas Sarkozy.

Bien que se d�fendant d��tre des ultimatistes de la cagoule, le FLNC num�ro 3 a revendiqu� une trentaine d�attentats dont plusieurs l�avaient d�j� �t� par l�Union des Combattants. L�organisation ind�pendantiste clandestine s�est donc attribu�e la paternit� de diverses actions ayant vis� "le syst�me bancaire", "les acteurs du monde agricole", "la colonisation de peuplement" et "l'�tat fran�ais".

Une telle guerre des attentats est grave car elle d�fie directement l�Union des Combattants qui a donc cess� d�exister. Elle d�montre aussi que les commandos plus ou moins ind�pendants qui plastiquaient au gr� de leurs propres int�r�ts (racket, jalousie commerciale etc.) puis � pr�taient � leurs actions aux organisations clandestines, sont revenues sous la banni�re du FLNC 3 apr�s avoir accept� un temps de se � louer � � l�Union des combattants.

C�est �videmment un formidable �chec pour les Renseignements g�n�raux qui avaient r�ussi dans un premier temps � �touffer ce FLNC 3 en le mena�ant de r�pression et au prix de longues discussions qui avaient co�t� une voiture � l�un des officiers RG, sorte de r�ponse explosive de l�Union des Combattants � ces efforts pour maintenir une paix illusoire.

Le FLNC Union des Combattants est, selon nos informations, pr�t � entrer dans l�escalade de la violence � la condition que celle-ci n�entra�ne pas une nouvelle guerre entre nationalistes. Des actions pourraient donc �tre d�cid�es qui toucheraient dans les prochains jours des maisons de civils ou de gendarmes.

Le contenu m�me du discours tenu par le FLNC num�ro 3 m�rite d��tre examin�. Il se veut curieusement une sorte de r�ponse � A Tramula. On y trouve les m�mes r�f�rences � la lutte du peuple corse et la d�fense du commando qui a assassin� le pr�fet Erignac.

Les hommes cagoul�s ont contest� le � oui � d�Indipendenza au r�f�rendum d�clarant que "le processus actuel ne peut nous convenir, il fait l'impasse sur l'essentiel de nos revendications historiques. Nous n'avons pas pour ambition de dispara�tre dans le moule de la d�centralisation fran�aise"".

Le "nouveau FLNC" attire l�attention sur ce que le "message" que leurs "actions commandos" repr�sentent pour"toutes les forces de r�pression". "Les forces de gendarmerie sont des outils de r�pression de l'�tat fran�ais que nous combattons. Elles alimentent par leur pr�sence en nombre la colonisation de peuplement et participent � la surveillance active du peuple corse", affirme le FLNC dans un texte lu lors de cette conf�rence de presse. "Ces actions ont �galement pour but de freiner leurs vell�it�s d'�tre pr�sents sur les listes �lectorales et de participer aux d�cisions concernant l'avenir de notre terre", est-il �crit dans le texte distribu� � la presse. Ce faisant le nouveau FLNC reprend l�un des th�mes cher � Indipendenza.

Enfin, le nouveau FLNC d�clare son "soutien fraternel � tous les militants emprisonn�s et recherch�s"et souligne le "caract�re �minemment politique de leur engagement". " La solidarit� (...) ne se d�mentira pas."

C�est � dire que sans parler des assassins du pr�fet Erignac l�organisation � l�instar d�a Tramula, investit ce terrain jusque l� d�volu au comit� anti-r�pression, �manation d�Indipendenza.

On aurait pourtant tort de prendre au pied de la lettre le contenu de cette conf�rence de presse. Ces derni�res semaines, le FLNC Union des Combattants a �t� travers� par une crise tr�s grave, le dirigeant de Bastia �tant m�me contest� par des militants qui l�accusaient de pencher en faveur de l��tat fran�ais et de faire des affaires. Ces militants ont pris contact avec les responsables de l�Union des Combattants qui avaient fond� en octobre 2002 le FLNC 3. Ces derniers avaient cess� leur activit� clandestinit� apr�s qu�il leur ait �t� signal� que tous leurs noms �taient connus et qu�ils devaient rentrer dans le rang. Par ailleurs les Renseignements g�n�raux avaient fait savoir � l�un de leurs dirigeants emprisonn�s et impliqu� dans la destruction de l�URSAFF et de la DDE que le meilleur moyen de pr�parer son proc�s n��tait certainement pas de relancer les activit�s clandestines. Le message �tait pass�. Mais l�appel du pied des militants de l�Union des Combattants, les plus radicaux, a d�cid� le FLNC 3 a rena�tre de ses cendres. Les commandos de plastiqueurs ont �t� contact� ces derni�res semaines. Ils ont accept� de revenir sous la coupe des ressuscit�s. le contenu a �t� d�cid� de mani�re � marquer l�Union des Combattants au plus pr�s. L�appel d�A Tramula qui avait beaucoup g�n� Indipendenza a donc �t� calqu�.

La balle est d�sormais dans le camp de Nicolas Sarkozy qui pourrait bien chuter sur le pi�ge corse. La meilleure attitude serait qu�il prenne un peu de champ et renvoie la classe politique corse � ses responsabilit�s depuis le continent. En venant dans l��le il pr�te le flanc � une critique qui ne l��pargne plus jusque dans les rangs du gouvernement. Il est en effet accus� d�une absence de r�sultats. L�agitation nationaliste renforce le camp de ses adversaires. Et en venant serrer la main du pr�sident de l�universit� qui a sign� l�appel d�a Tramula, il tend les verges qui serviront � l��triller.

La r�ussite de la gr�ve de lundi renforce le camp de ceux qui pensent qu�un � d�sengagement � de l��tat virerait � la catastrophe. D�s mardi, les partisans du � oui � vont se lancer en campagne sans grande conviction. Une course de vitesse s�est engag� pour que la Corse ne retombe pas dans sa d�pression coutumi�re. Mais qui encore y cro�t ?

Le sc�nario actuel ressemble �trangement � celui qui a pr�c�d� et suivi l�installation des diff�rents statuts en Corse : trop peu de places pour beaucoup d��lus. Du coup, chacun se taille son si�ge � coup de crocs. Dans le camp nationaliste, on �vite encore tout ce qui pourrait mener � une nouvelle guerre et on va viser � les symboles � de l��tat. Mais dans un deuxi�me temps, la situation pourra mener � un nouvel affrontement.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s