Enqu�te au sein des Renseignements g�n�raux fran�ais
UNE POLICE POLITIQUE AU SERVICE DE SON " PATRON "
par la source int�rieure
BERTRAND STORY I
Il existe en France un service de renseignements, unique en son genre : les Renseignements G�n�raux, connus sous le sigle R.G, qui ont, d'ailleurs, inspir� une s�rie t�l�vis�e. Le mod�le est bien loin de l'aimable fiction cathodique. Il s'agit, en fait, de la derni�re police politique d'Europe de l'Ouest.
Les flics charg�s officiellement de la collect� de renseignements � caract�re politique, �conomique, social et� pour l'information du Gouvernement, ont terriblement d�riv� depuis neuf ans sous l'impulsion de leur actuel Directeur Yves Bertrand. Sa derni�re prouesse a �t� d'alimenter l'Elys�e sur le pass� politique du Premier Ministre Lionel Jospin et de sugg�rer que ce dernier �tait de m�che avec Action Directe. Histoire, en ensanglantant les mains du premier Ministre, de contrebalancer l'image de corrompu de son future rival � la pr�sidentielle Jacques Chirac .
Yves Bertrand n'en n'est pas � son coup d'essai en mati�re de coup tordus et de montage de chantiers en tous genre avec une pr�dilection pour la manipulation journalistique et la confection de compagnes de presse.
Retour sur image ; nous vous proposons les meilleurs moments de la " Bertrand story ", l'Albert Raes ou le petit Hoover � la fran�aise.
1)Bertrand la r�sistible ascension.
2)Un corbeau, les financements du R.P.R.
3)Des histoires corses, un Ministre jacobin, des traficotages corso-ma�onno-R.G.
4)Pot pourri de magouilles
5)La d�stabilisation du Premier Ministre
La presse fran�aise, � de rarissimes exceptions pr�s, ne rend jamais compt� des bizarreries du chef de la Police Politique et lorsqu'il y a clash ne creuse surtout pas. Une partie est trop d�pendante en termes de sources du personnage. L'autre ne souhaite pas �tre victime de coups tordus.
" L'investigateur ", l'hebdo qui publie ce que les autres n'osent pas publier, se devait de pr�senter � ses lecteurs les agissements du dernier (il faut l'esp�rer) patron de la derni�re police politique de l'Europe de l'Ouest.
Bertrand, la r�sistible ascension
Il entre dans la police en 1968, ayant �t� re�u � un concours o�, �poque oblige, il y avait pratiquement autant de postes que de postulants. En 1970, � la sortie de l'�cole des commissaires de Saint Cyr au Mont d'or, pr�s de Lyon, il opte pour les R.G., plus exactement il devient chef du service des R.G de Montmorency dans le Val d'Oise. En 1970 il est mut� au service de Lorient. Ce sera une �tape consid�rable et �pouse la fille d'une couseill�re g�n�rale tr�s proche de Raymond Marcellin, ministre de l'interieur obs�d� par la chasse aux gauchistes. Il fait partie de cette g�n�ration qui comme Philippe Massonni sera tr�s marqu�e par une id�e fixe: la d�stabilisation de l'Etat par des groupes de gauchistes notamment trotskystes.
Adepte de ces id�es, le jeune Bertrand, pouss� par Raymond Marcellin, arrive en 1973 � la section extr�me gauche de la D.C.R.G. o� il s'occupe plus particuli�rement de la cellule trotskyste lambertiste, des mao�stes et des autonomes. Assist� d'inspecteurs dont certains le suivront toute leur carri�re comme Ponty qui jouera un r�le essentiel dans les relations avec les journalistes, il pourra compter sur certains �l�ments de tout premier plan.
Cette narration du cursus professionnel d'Yves Bertrand est essentielle pour la compr�hension du fonctionnent intellectuel u patron des R.G. C'est � cette �poque en effet qu'il s'impr�gnera d'une haine obsessionnelle contre tout ce qui est gauchiste ou suppos� l'�tre. C'est � cette �poque �galement que sera r�dig� un m�moire, le premier du genre; " la subversion en France " � la demande du Pr�fet Caumatin, Directeur des R.G � ce moment l�.
Pour se faire mousser, Bertrand s'en attribuera la paternit� en d�crivant � son entourage dans des tenus presque lyriques la conception. Morceau choisi : " �bien cal� sur un banc du parc de Monceau je r�digeais � l'heure de table les notices constituant le dossier � " La r�alit� cruelle oblige � dire qu'il s'agit plut�t d'une �uvre collective r�alis�e sous la houlette du chef de cellule Yves Bertrand.
Parall�lement, les m�me nourrissaient le ficher M.R (Mouvements R�volutionnaires) constitu� apr�s les �v�nements de mai 68, con�u comme un outil r�f�rentiel compilant mouvements et individus parfois simplement suspect�s d'appartenir � des provenances extr�mistes (mao�stes, trotskystes, anarchistes, autonomes, libertaires, etc�etc�). Il s'agit de la collation de toutes informations sur les int�ress�s, pseudo itin�raires professionnels et personnels et� Il y a parmi beaucoup d'autres une fiche concertant un certain Michel, alias Lionel Jospin.
En 1974, le Ministre de l'int�rieur, Michel Poniatowsky, ordonnera la destruction de ce ficher. Des P.V de destruction seront �tablis. Le 8 juin 2001, en pleine compagne de d�stabilisation du Premier Ministre Lionel Jospin sur le th�me de son pass� trotskyste, on apprendra par la contr�leur G�n�ral Mussy qu'il n'en n'avait rien �t�. Ce dernier est particuli�rement qualifi� pour ester puis qu'il a �t� le chef de la section anti terroriste en 1982 puis Sous Directeur de la division op�rationnelle des R.G en 1989.
On voit maintenant ais�ment d'o� viennent les �l�ments qui ont servi � la r�cente campagne contre le premier Ministre et aux attaques sur le th�me du complot gauchiste du Pr�sident de la R�publique dans son allocution du 14 juillet dernier. Nous y reviendrons�
La chasse aux gauchiste est une chose, la carri�re une autre, de temps en temps elles entrent en conjonction. Mais plus � cette �poque. La vie royale est la section politique dirig�e par le Commissaire Pi�ra, son future rival. Un s�jour y est souhaitable, lorsque l'on ambitionne les plus hautes destin�es dans l'institution. Ce sera chose faite en 1975 ; on lui confie les listes �lectorales, les �lections et les sondages.
Autre passage oblig�, le service du personnel, qui permet d'avoir une connaissance pr�cis� des hommes, de rendre des services dans les carri�res et de s'attacher ainsi des fid�lit�s, de m�me que de d�busquer les futurs rivaux et de se constituer de solides r�seaux, notamment au sein des syndicats policiers. Yves Bertrand y acc�de en 1978 et y fera toute sa carri�re jusqu'� sa nomination de chef du Service central des R.G en 1992.
Autant dans ses postes pr�c�dent, Bertrand laissera l'image d'une fonctionnaire terne essentiellement respectueux de la hi�rarchie et dot� de capacit�s intellectuelles modestes, en mati�re d'analyses et de synth�se, autant au personnel il s'affirmera, devenant un pilier, un passage oblig�, un " faiseur " et un d�faiseur de carri�re. Il y forgera son futur entourage et ses futurs cadres qui contribueront � sa long�vit�. Les crit�res de s�lection reposeront sur la docilit� intellectuelle et la fid�lit� absolue � sa personne.
Apr�s un court passage � la P.A.F (police des airs et fronti�res) en 1981, l'alternance politique de 1986 voit revenir Bertrand aux R.G en qualit� de chef d'�tat major sous la Direction de son ancien patron de la section politique Guy Pi�ra, devenu Directeur central adjoint de Philippe Massonni, nomm� par Pasqua et Pandraud � la direction de la D.C.R.G.
Une sourde lutte pour le pouvoir va s'engager entre Massonni et Pi�ra. Bertrand se rangera aux cot�s de Massonni. Mais 1988 verra le retour de la Gauche, le d�part de Philippe Massonni et l'arriv�e d'un nouveau D.C.R.G., Jacques Fournet, ancien pr�fet de la Ni�vre, fief de Mitterrand.
Profitant de l'inexp�rience du nouveau Directeur Central et des maladresses de Guy Pi�ra, Bertrand et ses affid�s (Dalle, Kaellin)(I) entameront une campagne f�roce de d�nigrement contre Pi�ra: il fut accus� de se servir de ses fonctions � des fins personnelles, de mettre ses chauffeurs � la disposition de sa famille et m�me, disait-on, de stocker de l'essence de l'administration chez lui. Un des hommes de Bertrand alla m�me jusqu'� proposer � la cantonade 100'000 francs � celui qui r�ussirait � trouver l'endroit o� Pi�ra cachait ses chevaux de course! Pour couronner le tout Bertrand pr�tendit qu'il recensait des menaces de mort et des petits cerceuils anonymes. C'�tait la premi�re fois que Bertrand employait ces " affirmations " ce ne sera par la derni�re, il l'utilisera chaque fois qu'il sera mis en difficult�. En mars 1989, Pi�ra perdit finalement le combat et fut mut� dans un placard � Matignon o� il se trouve toujours. Il va sans dire qu'il n'a jamais �t� possible d'apporter le moindre d�but de preuve aux assertions ass�n�es lors de cette campagne interne.
Ce sera d'ailleurs une constante dans toutes les campagnes que m�nera Bertrand contre ses adversaires, vrais ou suppos�s. Mais cela ne se passera plus en comit� interne, Bertrand utilisera dor�navant les m�dias pour arriver � ces fins. Mais c'est une autre histoire que nous vous conteront ult�rieurement.
Pour l'heure, Yves Bertrand s�vit sous l'autorit� du tout nouveau Directeur Jacques Fournet qui compte bien r�former le service en profondeur. Apr�s le d�part de Pi�ra, il sera nomm� Directeur central adjoint, poste qu'il cumulera avec celui de Directeur du personnel. Il va pouvoir faire nommer ces hommes aux postes cl�s. Le clan Pi�ra est petit � petit nettoy�. Ayant jug� que les projets de r�forme de Fourrent �taient incompatibles avec sa vision tr�s " conservatrice ", il se pose comme le d�fenseur " des traditions ". Imaginez-vous les R.G amput�s de leurs activit�s traditionnelles d'information sur la politique, les syndicats, la presse, la finance, pour se consacrer exclusivement aux terrorismes, aux banlieues et aux maux de soci�t�, en se mettant au service des autres Directions de la P.N? Plus de possibilit� de magouilles au service de l'un ou l'autre clan politique?
Ce serait un d�sastre pour Yves Bertrand, aussi il va s'ing�nier � saboter syst�matiquement les r�formes qui changeraient ne serait ce que d'un iota la p�rennit� de la Police Politique. Il agira dans ce sens lorsque Pierre Joxe, consid�rant que la Police n'avait gu�re chang� depuis un demi si�cle, lan�a l'id�e d'une r�forme en apparence l�g�re, en r�alit� tr�s profonde, la d�partementalisation. Il s'agissait dans tous les d�partements d'unifier la plupart des services (R.G., s�curit� publique, P.A.F) en un seul: la Direction D�partementale de la P.N. Au lieu d'aligner qua-tre ou cinq repr�sentants de la police aupr�s de chaque pr�fet, Joxe voulait une sorte de commandement unifi�. Sur le papier, il suffisait de cr�er le poste de directeur d�partemental de la police nationale (DDPN), qui aurait coiff� les directions actuelles : la s�curit� publique, les RG et la police de l'air et des fronti�res (PAF). La PJ et la DST, compte tenu de leur sp�cificit�, conservaient leur statut ant�rieur. En clair, c'�tait rel�guer les RG � leur juste place. Une place subalterne. Pour Bertrand, une perspective impensable.
La r�forme Joxe connut un commencement d'ex�cution. Puis, tout l'appareil s'employa � gripper la machine. On invoqua le manque de pr�paration, le manque de cr�dit pour le partage des voitures de fonction... Tout le clan Bertrand �tait certain que la d�partementalisation cachait � terme la disparition pure et simple des RG. Tr�s minoritaire, en nombre, par rapport aux gros bataillons de la s�curit� publique, la maison aurait en effet �t� certainement absorb�e. Les objectifs en mati�re de renseignement auraient �t� d�finis par le nouveau directeur d�partemental, de fa�on plus op�rationnelle. Enfin, dans la r�forme, le responsable local des RG d�pendait en premier lieu du DDPN, et la centrale ne devait plus recevoir ses informations que par le filtre de ce dernier. En clair, c'�tait la fin de l'ind�pendance totale des RG. Bertrand, devenu calife en 1992 sans �tre encore directeur en titre, avait les coud�es plus franches pour s'opposer ouvertement � la r�forme, m�me si son discours de fa�ade y �tait favorable. Jean-Paul Musy, sous-directeur charg� de l'op�rationnel, accepte de partir en mission aupr�s du pr�fet Lacroix (actuellement pr�fet de Corse), responsable du dossier d�sign� par Joxe. D'une pierre deux coups. D'abord Musy, un rival potentiel � la t�te des RG, s'�loigne. Ensuite, il accomplit la misson qu'on attend de lui : engager son cr�dit pour freiner la r�forme.
Musy est tout sauf un homme d'appareil. Pur produit des RG, affect� � des endroits sensibles (la r�gion Provence Alpes C�te d'Azur), puis � la direction de la section op�rationnelle, c'est un flic rigoureux. Son sang-froid avait fait merveille dans la lutte contre le terrorisme basque et il avait r�ussi l'exploit de faire coop�rer les polices anglaise, fran�aise, espagnole et allemande. Il entretenait alors de bons rapports avec Bertrand.
Aupr�s de Lacroix, Musy poussa � une r�forme des RG. Il proposa d'abandonner l'�chelon d�partemental pour cr�er des services r�gionaux, voire de " zone de d�fense ", comme chez les militaires. Une �chelle, selon lui, plus propice aux renseignements op�rationnels.
Au cabinet du grand patron de la police nationale de l'�poque, on se rend bien compte que Bertrand et ses �quipes manquent d'enthousiasme. Plusieurs conseillers techniques d�noncent son comportement, affirment qu'il ne joue pas le jeu. Mais Bertrand est l� et compte bien y rester. Or, le temps joue pour lui. Joxe parti, Paul Quil�s est � l'Int�rieur. C'est ce dernier qui lui remettra la L�gion d'honneur. Bertrand avait convi� � la c�r�monie beaucoup d'anciens. Ils entendirent avec une surprise non dissimul�e le ministre f�liciter Bertrand et ajouter qu'il �tait heureux de d�corer " l'un des n�tres ". Bertrand � gauche ? Les anciens sourirent poliment...
Tandis que la r�forme s'enlise, Bertrand cultive ses contacts � droite, notamment chez Pandraud. La seconde cohabitation �tait pr�visible. D�s lors, Bertrand va tout faire pour rester en place. En 1993, dans une lettre d'all�geance � Charles Pasqua, il tirera gloire du fait que leurs " deux p�res reposent presque c�te � c�te dans le cimeti�re de Grasse ". Sans commentaire ! Bertrand s'employa aussi � r�activer ses relations avec, Jean-Charles Marchiani, l'actuel pr�fet du Var, l'un des hommes de la garde rapproch�e de Pasqua, qu'il avait connu lors de ses �tudes de droit � Aix-en-Provence. Par son ami Bernard Dalle, il approcha aussi Daniel L�andri, un des flics cl�s du dispositif Pasqua.
Apr�s les l�gislatives de 1993, Bertrand a pass� quelques mois difficiles. D'autant que Pasqua, � la surprise g�n�rale, annonce lui aussi une r�forme de la police : voil� le ministre qui adh�re aux th�ses de Fournet! Mais en octobre 1993, Fournet s'en va. Une sombre histoire est directement la cause de son d�part : celle des archives Pelat. Ces fameuses archives, retrouv�es dans un appartement parisien, contenaient, d'apr�s la rumeur, des documents compromettants pour l'Elys�e. On aurait men� � bien leur " exfiltration ". Mais les RG sugg�rent un doute : la haute hi�rarchie aurait-elle fait dispara�tre des dossiers pour prot�ger Mitterrand ? Rien ne permet de l'affirmer. Mais pour Pasqua, qui re�oit r�guli�rement Bertrand, Fournet n'est plus fiable � la t�te de la DST : il se retrouve pr�fet de la r�gion Champagne-Ardennes.
En octobre 1993, Bertrand rendra publique sa r�forme. Il ne sera pas dit qu'il est l'homme de l'immobilisme. La montagne a pourtant accouch� d'une souris. En fait, seules changent les appellations des grandes sous-directions. Mais le nouveau directeur n'a pas encore r�v�l� l'ampleur de ses talents. Ceux-ci appara�tront en pleine lumi�re apr�s l'�lection de Chirac.
En 1993, Yves Bertrand, au service du couple Balladur - Pasqua, va entamer la partie la plus �tonnante de sa carri�re, la plus folle qui le conduira aujourd'hui en 2001, � alimenter une campagne contre le Premier Ministre. A la lecture d'un r�cent article du Figaro on peut se demander quand il se d�cidera � r�voquer Vaillant, le Ministre de l'int�rieur qui se permet de l'importuner.
Pourtant, contrairement � ce qu'il fait affirmer par les journalistes connivents: - ce n'est pas lui qui a cr�e au sein des R.G l'antiterrorisme, mais Raymond Cham, un pr�c�dent Directeur.
-ce sera Jacques Fourmet qui concr�tisera en nommant � la t�te de la division antiterroriste le Contr�leur G�n�ral Musy, dont l'un des �l�ves, l'Inspecteur G�n�ral Bernard Squarcini, est l'actuel titulaire du poste.
-Yves Bertrand n'entend rien � ces question, et chaque fois qu'il doit intervenir sur ce sujet devant le Ministre ou une assembl�e il apprend par c�ur les dossiers que lui servent ses collaborateurs.
-par contre il est le roi des notes blanches, des fuites dans la presse et des confections de campagnes de presse.
Kaellin: Inspecteur de police charg� de la protection de Mazarine Pingeot, la fille ill�gitime du pr�sident Mitterrand, il tirera le maximum de cette situation. Il est actuellement Directeur des services g�n�raux de la cha�ne de t�l�vision " canal + ".
Dalle: une tr�s ancienne connaissance de Bertrand qui se lie d'amiti� avec lui d�s l'�cole de police. Il dirigera tr�s longtemps la section presse de la D.C.R.G. et finira Sous Directeur des courses et jeux. Personnage central du dispositif Bertrand il en sera encore question dans les pages suivantes.
La suite...BERTRAND STORY II
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