Editorial: Le V de la victoire qui ne pr�te gu�re � l�enthousiasme

On aurait envie de faire le grand V de la victoire pour la d�mocratie et les institutions luxembourgeoises, s�il ne s�agissait malgr� tout pas d�une victoire � la Pyrrhus. La d�cision de la commission parlementaire en charge des b�timents publics de ne plus jamais permettre la concentration entre les m�mes mains du poste de haut fonctionnaire dans ce ressort et de celui de pr�sident de fonds publics d�pendant directement de cette administration, correspond exactement � ce que � L�investigateur � plaide et exige depuis deux ans. L�abus de pouvoirs, l�arrogance du pouvoir, la politique des magouilles � l�gales � et de l�Etat amoral ont �t� incorpor�s depuis de trop longues ann�es par un seul fonctionnaire : Fernand Pesch. Nous l�avions baptis� � King Pesch � et nous l�avons combattu. Toujours sur le plan professionnel, jamais sur le plan priv�. Et pourtant�

Dans le r�le du David m�diatique contre le Goliath politique dont Pesch assurait la survie dans tous les sens en faisant e.a. du plateau du Kirchberg la � pompe � fric � du gouvernement, tout comme le haut fonctionnaire Raymond Kirsch. Le chemin pour sensibiliser le monde politique et l�obliger � r�agir fut long, tr�s long. Mais le r�sultat est l� : Pesch, contrairement � ce qui fut pr�vu, n�a pas vu prolong� son emploi de haut fonctionnaire d�ann�e en ann�e, quatre ann�es suppl�mentaires ayant �t� au programme. Ses mensonges et manipulations ont �t� stigmatis�s par des membres de la commission de contr�le budg�taire, mis en lumi�re la semaine pass�e par la Cour des Comptes et finalement conduit � la d�cision �voqu�e plus haut.

C�est bien, tr�s bien m�me, pour le pays et la transparence. Mais ce n�est pas termin�. M�me si dor�navant, une telle concentration malsaine de pouvoirs entre les mains d�un seul haut fonctionnaire est termin�e, Pesch, l�incontournable, pr�side toujours les Fonds publics les plus juteux du pays. Y a-t-il donc tellement de choses � cacher qu�on ne puisse pas le remplacer l� aussi ?

Tant que Pesch pr�sidera aux destin�es de ces Fonds, il y aura encore un manque de transparence et des tentatives de � hold up �. Tant qu�on r�compensera des fonctionnaires qui ont transgress� les r�gles comme par exemple Raymond Kirsch, par des pr�sidences de Bourse ou d�Universit�, l�Etat amoral survivra. M�me si ces derniers mois, ces derni�res semaines, ont un �cho de coup de semonce.

Jean-Claude Juncker ne nous quittera pas, il l�a jur� et dit qu�il � ne nous baisera pas la gueule � si en juin prochain, l�Etat CSV est sauvegard� � l�issue des �lections l�gislatives. Or, c�est justement cet Etat-CSV, depuis toujours au pouvoir (� l�exception d�une seule p�riode de 5 ans depuis l�apr�s-guerre lors du gouvernement Thorn-Vouel) au Luxembourg, qui a permis � la gangr�ne de s�installer dans nos institutions, cautionn� qu�il fut par ses deux partenaires de coalition changeant au fil des consultations �lectorales : le DP et le POSL.

C�est un syst�me qui �trangle l�Etat. Alors que nous aurions besoin d�un changement d��poque, d�une bouff�e d�air. Aux �lecteurs d�en d�cider en leur �me et conscience dans le secret de l�isoloir dans quatre mois.
Jean Nicolas


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