Editorial: Le pays va mal !

Comment va le pays ? Pas trop bien, vous dira le Premier ministre en tirant (et il faut conc�der qu�il le fait depuis un certain temps) la sonnette d�alarme. Mais m�me en faisant fi de la de moins en moins brillante sant� �conomique du pays, le citoyen quelque peu observateur de la vie politique du Grand-Duch�, doit avoir une opinion peu reluisante de nos institutions parlementaires.

Voil� qu�une Cour des Comptes stigmatise des d�rapages graves en mati�re de gestion de divers Fonds publics et que la commission parlementaire en charge du contr�le ne trouve rien de mieux � faire que de noyer le poisson. Que sous la pression des conservateurs sociaux-chr�tiens et des sociaux-d�mocrates socialistes, elle ne fait m�me pas de recommandations au gouvernement, se bornant � donner un large espace au point de vue et aux arguments de ceux qui ont visiblement p�ch� en leur cherchant presque des excuses.

La raison de ce mutisme, de ce silence de contr�leurs parlementaires, parmi lesquels il n�y avait que deux partis d�opposition, les Verts et les d�put�s de l�ADR � �lever plus ou moins timidement leur voix, se devine. Si les membres actuels de la coalition gouvernementale, les conservateurs sociaux-chr�tiens et les centristes lib�raux ne sont pas contest�s, mais au contraire appuy�s par le grand parti d�opposition qu�est le parti socialiste, c�est que les divers Fonds si critiqu�s par la Cour des Comptes participent d�une fa�on ou d�une autre au financement de ces partis politiques ou alors du moins que ces Fonds constituent la � pompe � fric � des gouvernements successifs qui sont compos�s depuis toujours par l�alternance des trois grands partis politiques PCS, DP et LSAP.

Nous publions dans ce num�ro de larges extraits de ce rapport de la commission parlementaire ad hoc, tentant de d�samorcer le contenu du rapport accusateur de la Cour des Comptes. Et de justifier plus ou moins la dilapidation des deniers publics.

Comment va le pays ? L��quilibre budg�taire est nettement moins enthousiasmant que par le pass�, mais la progression des d�rapages en tout genre y est inversement proportionnel. Ce qui veut dire qu�on gaspille d�autant plus d�argent public qu�il y en a moins. Et ce n�est pas � quelque six mois d��lections l�gislatives presque courues d�avance que la situation va s�am�liorer.

Et pendant ce temps l�, on a du mal � rencontrer les leaders du gouvernement au pays, car ils sont devenus en quelque sorte des missionnaires plan�taires qui s�occupent des probl�mes surgissant aux quatre coins du globe. Il faut revenir � l�image d�j� tellement us�e du Titanic : ce Grand-Duch� a navigu� pendant des d�cennies par mer calme et sans temp�te. Maintenant que le vent se l�ve et que la mer devient houleuse, que le bateau risque de prendre l�eau, il faudrait resserrer la ceinture et prendre le gouvernail plus que jamais fermement en mains.

Ce n�est pas le cas. Mais nous, les citoyens de ce pays, sommes � bord du Titanic. Quand il prendra l�eau, les valeureux capitaines et lieutenants seront les premiers � embrasser d�autres carri�res sous d�autres cieux. Reste l�alternative de ne plus voter lors de la prochaine consultation �lectorale pour l�un des trois � grands � partis. Ce qui ne les emp�chera pas, tant que des coalitions � deux, voir � trois seront possibles, de continuer � gouverner selon leur syst�me �prouv�.

Conclusion : le pays va mal, tr�s mal.

Jean NICOLAS

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s