Editorial : Faute de grives, on mange des merles

Le Luxembourg a �t-il encore les moyens de se payer son train de vie actuel ? Le plus petit �tat membre de l�Union europ�enne est aussi, du moins encore sur le papier, le plus riche. Mais l�est-il vraiment encore alors que pour la premi�re fois depuis longtemps, on se d�cide � puiser dans les r�serves, alors que le secteur �conomique principal, celui des banques, ne va pas bien et ne voit pas le bout du tunnel avec tous ces engagements europ�ens pris par nos dirigeants politiques et qui inqui�tent par rapport au secret bancaire ou encore l�harmonisation fiscale.

Les terrains � construire sont hors de prix et le ministre de l�Int�rieur pr�conise dors et d�j� les constructions de maisons mitoyennes en lieu et place des pavillons avec jardin et pelouse. Les harmonisations de taxe sur la valeur ajout�e � venir ne dynamiseront pas particuli�rement le secteur de certaine produits de luxe comme l�alcool ou le tabac, mais �galement l�essence, v�ritables secteurs du bien �tre de tout un monde commercial. L��conomie stagne, le ch�mage monte. Bref, le tableau est tout, sauf au beau fixe !

Or, les charges fixes dans ce petit eldorado �conomique sont aujourd�hui de plus en plus en discordance avec la r�alit� �conomique. Sans vouloir tomber dans le clich�, il faut quand m�me avoir pr�sent � l�esprit que le fonctionnaire luxembourgeois gagne, pour le m�me grade et la m�me responsabilit�, quasiment le double d�un fonctionnaire fran�ais ou belge. Les videurs de poubelles des service d�hygi�ne se trouvent au niveau salarial d�un cadre moyen ou m�me sup�rieur dans les pays voisins. Ce qui veut dire qu�un ch�meur au Luxembourg en vaut deux (pour sa r�mun�ration) au del� des fronti�res et qu�un retrait� touche pour deux.

Le tout dans le cadre d�une situation de pertes gigantesques � la s�curit� sociale et de trous dans les caisses de retraites.

Et c�est ce moment l� que les syndicats, pourtant toujours tr�s temp�r�s au Luxembourg, choisissent non pas pour d�fendre l�acquis social, mais pour l��tendre. Et les politiques se mettent avec eux autour de la table et discutent.

Comme si aucun des deux c�t�s n��tait conscient de ce qui se passe, de quoi il s�agit. Comme si ceux qui nous dirigent et ceux qui nous influencent n�avaient pas encore compris que le Luxembourg n�a plus les moyens de ses ambitions et qu�il faut au contraire rapidement pr�parer les ann�es de vaches maigres. Car elles sont bien l� et elles s�intensifieront encore l�an prochain avec l�arriv�e de nos nouveaux partenaires europ�ens.

Jean NICOLAS

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s