200� Chiffre magique quand je repense quatre ans en arri�re. Ce fut au mois d�ao�t 1999 que tr�s discr�tement, de fa�on presque confidentielle, sortit le premier num�ro de � L�investigateur � au Luxembourg. Pourtant pas si discr�tement que cela, car � l��poque glorieuse, il se trouva encore une r�daction de RTL-t�l�vision en langue luxembourgeoise pour oser pr�senter en plein journal t�l�vis� du soir, la naissance d�un nouveau confr�re dont on afficha m�me la Une � l��cran. Puis, avec le changement de la r�daction en chef, L�investigateur fut banni de l�antenne�
Mais des p�rip�ties, il y en eut bien d�autres et bien plus importantes. Partis � une poign�e de journalistes pour tenter de cr�er ce que nous appel�mes aux lendemains de la chute de la Commission Santer en mars 1999 � la poubelle � (un journal dans lequel nous pourrions enfin publier tous les articles et sujets que nos journaux et cha�nes �tablis ne diffusaient pas pour une raison ou une autre), sans un sou en poche, nous n�aurions jamais cr� que quelque quatre ann�es et 200 num�ros plus tard, la formule aurait pris, le canard marcherait.
Et il devait marcher ; partir du principe que tout ce que les autres m�dias �touffent doit �tre dit et pr�sent� au lecteur, ne pouvait que marcher ! Partir du principe que le lecteur a droit � autre chose que de l�information trait�e et pr�m�ch�e par les sp�cialistes de l�information, orient�e voire manipul�e, m�me parfois involontairement, par les journalistes, ne pouvait que marcher. Donner la priorit� � l�enqu�te en profondeur, au document brut, bref, � l�investigation et � ses preuves, cela signifiait bien s�r s�attirer les foudres de tous les confr�res d�rang�s et bouscul�s dans leurs habitudes et certitudes, mais cela devait fonctionner.
Et cela a fonctionn� au-del� de nos esp�rances. Quelques coups de pouce dont nous nous serions bien pass�s comme trois perquisitions en quatre ans d�existence, dont deux sur commission rogatoire internationale belge, ou une saisie, heureusement loup�e, de notre num�ro 54 et de sa liste des p�dophiles belges, cr��rent une dynamique qui vit bient�t les collaborateurs de L�investigateur fr�quenter les studios des t�l�visions �trang�res, les m�dias �voquer de plus en plus souvent ce ph�nom�ne de soci�t� que constituait pour eux et que constitue toujours � L�investigateur � et� les menaces pleuvoir contre certains collaborateurs et surtout le signataire.
Parall�lement, les abonnements afflu�rent, l�int�r�t grandissait � un rythme infernal et c�est pourquoi, en ao�t 2002, apr�s trois ans d�existence, nous pr�mes la d�cision de vendre L�investigateur en kiosque. Choix dangereux s�il en est pour un petit journal ind�pendant comme le n�tre, sans publicit�, sans subventions, qui ne dispose pas du capital pour � encaisser � le retour d�invendus �ventuels pendant des semaines. L�op�ration kiosque fut d�s la premi�re semaine un succ�s complet et aujourd�hui, quelque 55 num�ros plus tard, les marchands de journaux ne peuvent plus imaginer leur magasin sans L�investigateur dont ils se plaignent que sur un seul point : malgr� les augmentations de tirage constantes, ils n�en ont jamais assez !
L�hebdomadaire luxembourgeois est aujourd�hui dans une position commerciale et r�dactionnelle que beaucoup nous envient. Surtout que depuis douze mois, il est flanqu� d�une collection de livres, � un livre par mois �, des bouquins qui paraissent au rythme d�un magazine mensuel et qui permettent � l��quipe de L�investigateur d�analyser certains �v�nements, certains dossiers, avec plus de recul et plus d�exhaustivit�.
Mais L�investigateur ne serait pas L�investigateur s�il se reposait sur ses lauriers. Nous avions lanc� d�s 1999 et parall�lement � l��dition papier luxembourgeoise un site internet. Ce dernier est devenu aujourd�hui une r�f�rence en Europe pour de l�information neutre, exclusive, in�dite et sans censure. Et, par l�interm�diaire des correspondants et r�seaux, notamment en France.
C�est par ce site que le besoin s�est fait ressentir, s�est exprim�, pour disposer en France de la m�me formule d�hebdomadaire qu�au Luxembourg. Une �quipe fut donc constitu�e et depuis cinq semaines maintenant, L�investigateur est en kiosque, partout en France. Uniquement financ� par ses ventes, la situation du premier num�ro en septembre pr�sentait d�j� un �quilibre financier.
Il y a donc, apr�s 200 num�ros au Luxembourg et 4 en France, une place pour un hebdo certes cher (mais je le r�p�te, non subventionn�, sans publicit�, ne vivant donc que de la contribution financi�re de ses lecteurs), mais honn�te et qui ose tout dire et tout publier. C�est le prix de l�ind�pendance et de l�acc�s � une information sans tabous et sans censure. Luxembourgeois comme Fran�ais sont pr�ts � le payer et c�est bon pour la d�mocratie.
Au fait, et alors que notre petite r�daction luxembourgeoise arrosait le 200�me num�ro, nous avons fait un rapide calcul : L�investigateur-Luxembourg et L�investigateur-France �tant �dit�s par le m�me �diteur, le signataire, le cumul des deux �ditions place nos modestes �ditions de L�investigateur avec si�ge au Luxembourg en excellente position au hit-parade des �diteurs de journaux luxembourgeois. Et qui plus est : nous sommes les seuls � exporter notre titre.
Mais qu�on ne songe pas � nous attribuer honneurs, m�dailles ou autres f�licitations pour ce geste �conomique exceptionnel. Nous refusons syst�matiquement toute distinction, sauf une : l��loge de nos lecteurs.
Jean NICOLAS
|
|