L�Europe scandaleuse
Oct 2, 2003

Je suis tout simplement scandalis� ! Ayant �t� en 1998-1999 l�un des principaux acteurs journalistes de l�affaire Cresson et de la d�ch�ance de la Commission Santer, j�avais na�vement cr� que le grand coup de balai donn� sur incitation des m�dias et avec l�aide d�une poign�e de parlementaires europ�ens � la corruption en Europe, perdurerait au moins pendant quelques ann�es. J�avais cr� Romano Prodi quand il me re�ut, quelques jours apr�s son av�nement � la t�te de la Commission europ�enne en tant que premier journaliste et qu�il me montra fi�rement les lettres de d�missions sign�es � tout hasard par tous ses commissaires en me certifiant qu�il ne tol�rerait d�une part aucun dysfonctionnement du genre de ceux qu�on venait de d�couvrir et qu�il mettrait fin le plus rapidement possible et avec toute la s�v�rit� requise aux vestiges de l��poque Santer (et des pr�c�dentes). J�avais �galement �t� persuad� que les justices luxembourgeoise, belge, fran�aise et d�autres, saisies de diff�rents volets concernant les magouilles europ�ennes et les d�tournements qui avoisinaient � l��poque quelque 160 milliards de nos anciens francs sur une ann�e, sanctionneraient les coupables.

Plus de cinq ans apr�s les d�couvertes de cette poign�e de journalistes, plus de quatre ans apr�s la chute de la Commission Santer, rien n�a chang� et l�affaire Eurostat n�est que la pointe de l�iceberg. Des soci�t�s sous traitantes de l�Union europ�enne ne d�tournent pas seulement toujours de l�argent par l�interm�diaire de syst�mes aussi ing�nieux que criminels, non, des fonctionnaires europ�ens, surpay�s et privil�gi�s, sont toujours complices des magouilleurs du priv�. Et l�OLAF, qui s�appelait encore dans le temps UCLAF, est toujours aussi inefficace ! Et la volont� politique est toujours aussi nulle ! Aucun des trois commissaires europ�ens vis�s ne se sent responsable. Leur pr�sident les d�fend, comme Santer d�fendait jadis Cresson avant de chuter avec elle et ses magouilles. Les arguments pour se d�fendre sont toujours aussi minables, comme par exemple cette d�claration de l�allemande Schreyer qui n�a pas r�agi alors qu�elle avait �t� mise au courant depuis des ann�es des dysfonctionnements d�Eurostat et qui se r�fugia derri�re l�affirmation de ne jamais avoir re�u le rapport en question.

Quelle triste image de cette Europe que jadis, six pays tent�rent de b�tir et qui est devenue aujourd�hui un vaste mar�cage boueux dans lequel s�enlise l�argent du contribuable, la pl�thore de pays qui la rejoignent et qui pourtant, gardent tous leurs particularit�s (voir les positions sur l�euro, sur la mandat europ�en, etc) et le petit Grand-Duch�, jadis si riche et si bien portant, qui conna�t un nivellement vers le bas qui �tait pr�visible.

Car tout ce que nos dirigeants ont r�ussi � repousser, � diff�rer, les rattrapera un jour de plus en plus prochain. Notre place financi�re perdra (pardon, elle perd d�j�) ses attraits, nos taxes augmenteront encore et notre situation particuli�re est en train de devenir aussi grise que celles des r�gions qui nous entourent.

Et quand le petit Grand-Duch� sera un jour (prochain) confront� aux d�bris de sa politique europ�enne, il pourra toujours dire fi�rement : nous avons quand m�me permis au Luxembourg et � certains de ses hommes politiques de briller sur la sc�ne europ�enne : Thorn, Santer et bient�t, vraisemblablement� Juncker. Mais � quel prix ?

Jean Nicolas

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s