Le num�ro de L�investigateur que vous tenez actuellement entre vos mains, dispose d�un tiers de pages en plus. C�est la deuxi�me fois que nous r�alisons un num�ro double.
Il y a mati�re pour ce faire ! Deux grandes enqu�tes dominent ce num�ro : d�une part, celle r�alis�e au sein d�un g�ant �conomique luxembourgeois intouchable, le groupe Cactus, archi-dominant sur le march� des grandes surfaces et � la renomm�e internationale. D�autre part, celle concernant la plus grande banque luxembourgeoise, la BCEE, la Banque et Caisse d�Epargne de l�Etat.
Deux institutions� Qui n�ont commis aucun crime, aucun d�lit grave. Mais qui p�chent par superbe, par on ne sait trop quel sentiment de sup�riorit� qui les emp�che peut �tre de constater les d�g�ts que des dysfonctionnements somme toute mineures sont capables de provoquer.
Pour le num�ro 1 de l��conomie luxembourgeoise, c�est justement dans ce d�tail, dans cette absence de critique, dans ce r�le o� on se complait puisque personne n�osera signaler les petits travers, les petites (et grandes) pannes, que r�side le danger. Le danger de ne plus se rendre compte des d�rapages et de saper sa cr�dibilit�. De plus en plus souvent d�ailleurs, la voix du peuple, lire des consommateurs, s�exprime n�gativement sur le groupe Cactus. Or, cette opinion entach�e r�sulte tout simplement de petits d�tails qui clochent, de m�saventures d�achat comme nous les �num�rons dans ce num�ro. Et ce qui est arriv� � nos deux testeurs, est arriv� �galement � d�autres, beaucoup d�autres. C�est un peu comme un d�but de cancer b�nin, mais qui � force de ne pas �tre soign�, s��largira.
Pour la plus grande banque luxembourgeoise, le probl�me est diff�rent ; elle est confront�e aux actes pour le moins suspects de l�un de ses fond�s de pouvoir, un g�rant d�agence en l�occurrence. Et au lieu de crever l�abc�s, de montrer de la compr�hension pour les clients visiblement l�s�s, elle les ignore et cr�e une sorte de mouvement qui ne peut aller qu�en s��largissant et qui s�agite d�j� aux d�pens de la cr�dibilit� de cette grande banque.
Dans les deux cas, on dirait que ces deux institutions ont perdu le sens des r�alit�s, que l�importance de leur chiffre d�affaires et de leur grandeur est inversement proportionnelle � leur capacit� d�entendre, d��couter et de r�agir. L�histoire r�cente nous a montr� que m�me des entreprises dans des positions dominantes ont parfois d� baisser pavillon face aux contestations, rousp�tances silencieuses et r�voltes latentes de leur client�le.
Ce serait quand m�me dommage d�en arriver l� alors que nous sommes en pr�sence de deux grandes soci�t�s qui m�ritent mieux que de subir cette perte de cr�dibilit� qui se d�veloppe subrepticement et dont on ne semble pas s�apercevoir. Alors qu�on a vraiment tous les moyens des deux c�t�s, pour peu qu�on abandonne quelque peu le nombrilisme et qu�on r�alise que l�absence de critiques n�a pour seule origine que la crainte qu�on inspire et la pression �conomique qu�on impose et qui tue justement tout esprit critique.
Jean NICOLAS
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