Chirac the looser
Chirac the looser

Si la politique consiste � savoir g�rer le r�el, alors il faut tout de suite mettre Chirac � la porte de la politique. Le chef d'�tat fran�ais aurait agi par conviction, assure-t-on dans son entourage. Si Chirac avait des convictions � 70 ans pass�s, cela se saurait. L'homme n'a eu de cesse durant sa carri�re de trahir ses amis afin de se maintenir � flots. Non, sa position est aussi cynique que celle des Am�ricains avec cependant une diff�rence : en allant jusqu'� Bagdad les Am�ricains ne feront que terminer un travail qui aurait du �tre achev� en 1991. Jacques Chirac aura eu son heure de gloire lorsque son escogriffe de ministre des Affaires �trang�res, l'un de ces rescap�s des guillotinades de 1793, aura assur� que la France se battait pour des principes. Comme en Afrique lorsque la France arma les Hutus contre les Tutsis, comme � Djibouti o� le pays des droits de l'homme soutient un dictateur sanguinaire etc.

La France est partisane de la real politic quand cela l'arrange et joue les vierges effarouch�es d�s qu'un autre fauve vient pisser sur son pr� carr�. Car c'est bien de cela dont il s'agit. La vieille France est chass�e de toutes ses anciennes possessions coloniales par une Am�rique pragmatique, cynique et brutale mais d�cid�e.

Chirac, dans quelques semaines, aura tout perdu. Car les �tats-Unis lui feront payer tr�s cher ces semaines d'atermoiement. D�j�, la reconstruction de l'Irak est programm�e. Les soci�t�s fran�aises en sont totalement exclues. On ne fait pas la guerre pour gagner des march�s, nous r�torquera-t-on. H�las si. L'histoire nous donne deux le�ons tristes � pleurer. La premi�re est qu'une guerre est le premier acte d'une reconstruction et donc d'un renouveau. La deuxi�me est que les pays perdants sont les gagnants de demain. Condamn�s � ne plus mettre une grande partie de leur budget dans l'armement, ils connaissent un coup de fouet qui en fait des locomotives r�gionales. L'Allemagne, le Japon furent les grands perdants de la Seconde guerre mondiale. Dans les ann�es 70, ils devinrent les champions de la relance. Chirac aura �t� le fossoyeur d'une politique �trang�re fran�aise bas�e sur le r�alisme et le dynamisme �conomique.

Quant � ses d�clarations pacifistes, elles pr�tent � rire. Car Chirac et ses partisans n'�taient pas contre la guerre. Ils �taient d'accord pour envoyer des bombes sur les Irakiens mais � la condition que cela se fasse avec l'accord des Nations Unies. Sacr�e consolation pour les victimes in�vitables de n'importe quel conflit. Chirac et ses pacifistes en peau de lapin voulaient bien de la chair � p�t� humaine mais une chair broy�e r�glementairement et dans les normes.

Enfin reportons-nous soixante ans en arri�re. Chamberlain re�oit Daladier en 1938 et tous deux s'entendent pour ne pas bousculer Adolph Hitler qui vient de leur jurer qu'il n'a pas r�arm� ses troupes. Les trois hommes signent les Accords de Munich. Daladier arrivant � l'a�roport de Paris verra une foule sur la pelouse. Il croira que ces centaines de milliers de personnes veulent le lyncher. Il verra soudain la foule l'acclamer. Il murmurera : " les imb�ciles ". Chirac et Villepin ressemblent aujourd'hui � ces imb�ciles qui font le jeu de Saddam Hussein qui retire de cette pantalonnade une gloire imm�rit�e. Chirac fait le jeu de la Russie et de la Chine qui veulent marquer leur nouveau territoire. Chirac laissera la France exsangue et ridicule. Chirac est un mauvais homme politique.

Car s'il fallait se placer sur le plan de la morale, il faudrait se demander si en b�lant " la paix, la paix " les Occidentaux ne sont pas en train de faire le jeu d'un islam radical qui ne demande qu'� mettre � genoux des centaines de millions de pauvres gens qui n'ont pas d'autre choix que de soumettre ou de partir. Est-il moral qu'on mette en exergue le fait que quelques talibans afghans aient pris quelques claques dans un camp de prisonniers mais qu'on cache soigneusement les horreurs subies par les prisonniers de Saddam ?

La guerre est imminente. Il n'y a plus d'autre choix que d'y aller. Y renoncer reviendrait � subir une d�faite psychologique majeure. Prenons ici le pari que la guerre sera rapide et que dans six mois les Irakiens b�niront leur lib�ration par les Am�ricains comme nous avons b�ni la n�tre en 1945. Les Am�ricains d'alors n'�taient pas diff�rents de ceux d'aujourd'hui. Leurs int�r�ts �conomiques �taient similaires, leur brutalit� identique. Mais nous les aimions. Laissons aux Irakiens le soin d'aimer eux aussi leurs lib�rateurs.

La r�daction de "L'investigateur"


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