La jeunesse d'un chef
La jeunesse d'un chef

Edwy Plenel n'est pas le seul ancien r�volutionnaire � diriger un journal. Il y a aussi le patron de Lib�, Serge July. Nulle honte � avoir pour avoir �t� trotskyste ou mao�ste. Encore que les mao�stes ont plus de morts sur la conscience puisque Trostsky avait �t� �limin� sans avoir r�ellement le pouvoir. Il n'avait donc � son actif que quelques centaines de milliers de fusill�s, de massacr�s, y compris dans son propre camp. Mao lui a la responsabilit� de quelques centaines de millions de morts. Qu'en disent les Glucksman, Sollers et autres anciens admirateurs du tyran p�kinois ?

Pour ce qui concerne July, il fut l'imm�morable auteur en compagnie d'Alain Geismar d'un ouvrage "Vers la guerre civile " qui d�non�ait le fascisme de la France et l'in�vitable r�volution (tout comme Plenel d'ailleurs). Nous ne r�sistons pas � l'envie de produire ici l'introduction et la conclusion de cet ouvrage au g�nie si touffu qu'il en devient incompr�hensible. Bonne lecture et surtout munissez-vous d'antalgique. C'est dur, c'est tr�s dur.


LES AUTEURS
July, l'ancien idol�tre de Mao ts� toung et de la R�volution culturelle


En 1963, July, alors �g� de 20 ans, est vice-pr�sident de l'Union des �tudiants Communistes (UEC), mouvement �tudiant du P.C.F,. domin� par la tendance "italienne"(en r�f�rence � l'aile gauche du PC italien) dirig� par Laurent Casanova. � ses c�t�s : Jean-Marcel Bouguereau, Marc Kravetz et Jean-Louis P�ninou que l'on retrouvera tous les trois, quelques ann�es plus tard, � "Lib�ration". On y trouve aussi Alain Krivine futur dirigeant de la Ligue communiste. Tous sont combattus par Robrieux, l'enfant spirituel de Maurice Thorez et plus tard pourfendeur du " stalinisme ".

La direction du P.C.F. ayant pouss� les "Italiens" dehors d�s janvier 1966, July rejoint le Mouvement du 22-Mars. Il flirte d�j� avec l'UJC (ML) de tendance mao�ste fortement influenc�e par Louis Althusser un philosophe pourtant proche du PCF. En octobre 1968 July lance les premi�res bases du mouvement mao�ste qui deviendra en 1969 la Gauche prol�tarienne (GP) qui prend pour organe "La Cause du peuple", un journal cr�� le 1er mai 1968 par le futur architecte Roland Castro lui-m�me fondateur de Vive La R�volution (VLR). Comme l'UJC (ML), la GP est un mouvement ouvertement mao�ste qui va s'inspirer de la r�volution culturelle chinoise lanc�e au m�me moment par Mao ts� toung.

Apr�s un stage de deux mois dans une �cole r�volutionnaire de Cuba, July fonde la GP. Il appartient d�s le d�part, au comit� ex�cutif de la Gauche prol�tarienne. Le 15 mai 1969, les militants de la GP organisent une premi�re op�ration commando qui consiste � aller peindre la fa�ade de la mairie d'Ivry communiste et tax�e de "r�visionniste " � l'heure de la guerre sino-sovi�tique. Serge July et Alain Geismar attendent les cogneurs, rue d'Ulm � l'�cole normale sup�rieure de la rue d'Ulm. July et Geismar cosignent alors "Vers la guerre civile", un livre d'une rare exaltation r�volutionnaire paru en 1969 aux �ditions et publications premi�res. Il est l'un des inspirateurs de la Nouvelle R�sistance populaire (NRP), structure clandestine mise en place par la GP pour pr�parer la r�volution..

Apr�s la saisie d'un num�ro de "La Cause du peuple" en mars 1970, July devient le responsable de fait de la GP. Il signe une tribune libre grandiloquente dans "Le Monde" du 11 avril 1970 et, quelques mois plus tard, le 24 septembre, prend la parole en plein milieu d'un concert des Rolling Stones au Palais des Sports de la Porte de Versailles.

Apr�s la dissolution de la Gauche prol�tarienne le 27 mai 1970, July se cache pendant six mois au domicile du cin�aste Marin Karmitz en compagnie d'Olivier Rolin, le chef "militaire" de la NRP. Puis il s'installe dans le Nord de la France, toujours pour le compte de l'organisation dissoute et de son journal, "La Cause du peuple". Or le 6 avril 1972 on retrouve le corps d'une adolescente de 16 ans, Brigitte Dewevre sur un terrain vague de Bruay-en-Artois.

July et un autre mao�ste, Joseph Tournel, lancent une campagne de lynchage m�diatique contre Pierre Leroy, un notaire soup�onn� � tort d'�tre l'assassin ou l'instigateur du crime. "Le crime de Bruay : il n'y a qu'un bourgeois pour avoir fait �a!" �crirent-ils dans "La Cause du peuple" (n�23 du 1er mai 1972). Le journal publie les appels au lynchage pr�tendument recueillis dans les corons : "Il faut le faire souffrir petit � petit!" ; "Qu'ils nous le donnent, nous le d�couperons morceau par morceau au rasoir!";"Il faut lui couper les couilles!". Et "La Cause du peuple" d'ajouter : "Oui, nous sommes des barbares".

Plusieurs dirigeants de la GP, dont Andr� Glucksmann et Jean-Pierre Le Dantec, s'�l�vent contre cette campagne qu'ils jugent ind�cente. Jean-Paul Sartre, qui a accept� d'�tre le directeur-g�rant de "La Cause du peuple", exprime lui-m�me son d�saccord dans les colonnes du journal, mais celui-ci lui r�pond dans le m�me num�ro : "Pour renverser l'autorit� de la classe bourgeoise, la population humili�e aura raison d'installer une br�ve p�riode de terreur et d'attenter � la personne d'une poign�e d'individus m�prisables, ha�s."

Or c'est de ce groupe que va na�tre "Lib�ration". L'id�e de fonder un quotidien a �t� lanc�e en ao�t 1972 lors d'une r�union du comit� ex�cutif de la GP qui s'est tenue � Besan�on. Les mao�stes avaient d�j� cr�� l'Agence de Presse Lib�ration (APL), laquelle avait donn� naissance, lors de l'affaire de Bruay-en-artois, � un premier journal mort-n�, "Pirate". Lorsqu'est cr��e la soci�t� �ditrice de "Lib�ration", Benny L�vy, alias Pierre Victor , secr�taire de Sartre et id�ologue de la Gauche prol�tarienne, demande � Serge July de revenir � Paris pour s'occuper du nouveau quotidien. Cinq num�ros z�ro plus tard, "Lib�ration" sort 18 avril 1973. Un appel � trouver 230000 francs est sign� par Serge Gainsbourg, Georges Moustaki, Delphine Seyrig, Jeanne Moreau, Jean Rochefort, Jean-Pierre Chev�nement (eh oui), Maurice Clavel, Philippe Sollers, Georges Fillioud, etc.

Assez rapidement, comme le souligne Christophe Bourseiller dans son ouvrage sur les mao�stes ("Les mao�stes. La folle histoire des gardes rouges fran�ais", Plon, 1996), "Lib�ration" va abandonner le mao�sme surtout apr�s la mort du pr�sident Mao en 1976.

Aujourd'hui Serge July est un patron de presse tout ce qu'il faut qui n'a rien � envier � Jean-Marie Colombani ou � Edwy Plenel. Pouss� sur le c�t� par les financiers qui dirigent r�ellement Lib�ration, il n'a jamais pu sentir le Monde, le quotidien qui vend trois fois plus de journaux que Lib�ration. Vieux pachyderme en route vers le cimeti�re des �l�phants, July est l'un des derniers � Paris � croire que July a de l'importance. Sauf peut-�tre son copain de bistro, Philippe Alexandre.


Alain Geismar le comp�re d'hier

Parmi les personnes nomm�es au cabinet de Claude All�gre l'une d'entre elles m�ritait un peu d'attention.

Alain Geismar, l'ami et le conseiller est l'ancien dirigeant du SNESUP de mai 68, devenu le dirigeant de la Gauche Prol�tarienne, emprisonn� en 1970. Le secr�taire g�n�ral du SNESup avait �t� �lu en 1967 sur la base d'une motion " Pour une petite r�volution culturelle � l'Universit� " � travers laquelle suintait d�j� son mao�sme. Adepte de la r�volution culturelle et de 60 millions de mort, il a �t� sous All�gre charg� rue de Grenelle des relations avec les syndicats. Cet ing�nieur, dont le mentor a �t� un temps Jean Poperen (ancien du PC et tendance gauche du PS), a �t� le coauteur avec Serge July de " Vers la guerre civile ".

Il s'est rendu durant l'�t� 69 au Liban, o� il a �t� l'h�te de Yasser Arafat et des volontaires de la branche militaire du Fatah dans le camp d'entra�nement de Karam�. Le 18 juin 1976, il a sign� le manifeste " Appel du 18 joint " pour "la d�p�nalisation totale" du cannabis. Il y proclamait en compagnie de 150 "personnalit�s" "avoir d�j� fum� du cannabis en diverses occasions et avoir, �ventuellement, l'intention de r�cidiver".

Il est l'un des responsables de l'administration de l'�ducation nationale en tant qu'inspecteur au plus haut niveau. On le dit volontiers cassant lui qui pr�chait hier la r�volte anti-autoritaire.


LE TEXTE
Mai, c'est bien connu, ce n'est qu'un d�but!


Depuis Mai, le combat s'est poursuivi, illustrant cette v�rit� du printemps r�volutionnaire : les luttes de Mai-Juin sont � l'origine du processus r�volutionnaire qui travaille actuellement l'Europe capitaliste. Le putsch mon�taire de Novembre, l'impasse universitaire, les gr�ves g�n�rales en Italie, tels sont les moments les plus accentu�s de ce processus. Toute t�che politique, actuellement, ne peut s'op�rer qu'en r�f�rence au tronc commun des exp�riences du printemps 1968, � ce qui constitue d'ores et d�j� la TRADITION DE MAI. Cette tradition appartient inali�nablement au mouvement prol�tarien fran�ais.
Il ne s'agit pas d'y �chapper, m�me inconsciemment, en croyant y trouver la confirmation de sa pratique ant�rieure, alors que le mouvement a enterr� vivants, et les " modernistes " de la veine gorzienne, et les constructeurs S.G.D.G. d'organisations r�volutionnaires trotskystes en tous genres. La r�apparition, la morgue " victorieuse " de certains n'y changera rien. La RENTABILISATION de l'exp�rience r�volutionnaire accumul�e par le mouvement de masse exige des initiatives qui soient en accord avec les luttes du printemps et la logique du mouvement r�volutionnaire. Entendons par l� le mouvement dans sa continuit� comme dans ses discontinuit�s dans toutes les ruptures que les tactiques du P.C.F., de la petite bourgeoisie politique et �videmment, de la contre-r�volution elle-m�me y ont introduit. Entendons aussi le mouvement dans son �parpillement temporel et spatial.
Aussi, toute perspective qui vise la destruction du pouvoir politique de la bourgeoisie et toute organisation du travail militant et r�volutionnaire, doit-elle �tre capable � la fois de rendre compte de la tradition de Mai " et de s'articuler sur cette tradition d'une mani�re prol�tarienne.

La tradition de Mai, d'abord. Ces �crits cherchent � montrer la POSSIBILIT� d'une ma�trise RATIONNELLE de l'ensemble des luttes, des pratiques, des formes d'action et des id�es du printemps 68. Il faut parvenir � d�chiffrer le SENS du mouvement de masse et mettre en �vidence UN DISCOURS DE LA R�VOLUTION qu'aurait " parl� " le mouvement de masse. Il faut en articuler LA TH�ORIE. discours irr�ductible, sp�cifique, original, le premier de ce type en Europe occidentale, dans un pays capitaliste avanc�, c'est lui qui permet de construire les points de d�part th�oriques de la nouvelle p�riode historique, p�riode inaugur�e par l'escalade men�e par les r�volutionnaires vietnamiens dans leur riposte � l'imp�rialisme am�ricain. Il y a l� un hiatus, une v�ritable coupure par rapport aux pratiques militantes ant�rieures. Mais alors qu'il �tait impossible avant Mai, de construire la th�orie de ce hiatus, et donc de taire la th�orie de la crise du mouvement ouvrier international, le mouvement de masse de Mai a fait surgir de nouvelles possibilit�s. Il a d�gag�, par cons�quent, un champ th�orique et militant, que ces �crits tentent d'explorer sans en donner toutefois des formes �labor�es. Il ne s'agit pas encore de constituer LA TH�ORIE DE MAI. L'absence, d'un CENTRE du mouvement de masse, en Mai, et aujourd'hui encore, prive ce mouvement d'un tel instrument de luttes et aussi de connaissances. Cette absence est, du reste, l'un des �l�ments constitutifs de Mai. Elle est aussi la caract�ristique de la faiblesse actuelle du mouvement.

L'�tat de dispersion des fonctions essentielles d'un tel Centre est particuli�rement apparente en Mai. Naturellement appauvries, ces fonctions furent � l'�poque assum� plus ou moins consciemment par divers centres partiels. Les divergences strat�giques aggrav�rent cette dispersion politiques d'autant que certains centres partiels projetaient (de fa�on plus ou moins avou�e) d'�tre le Centre exclusif. Telle fut la grande faiblesse de Mai. C'est cette r�alit�-l�, maintenue entre-temps sous d'autres formes, qui emp�che d'�laborer la th�orie de Mai : une telle th�orie suppose un centre, un quartier g�n�ral prol�tarien, autant qu'elle l'induit. Il ne peut donc s'agir, ICI ET MAINTENANT, que d'une s�rie D'APPROXIMATIONS th�oriques. Voil� pourquoi les diff�rents chapitres sont explicitement DATES, lis portent par l� la marque du TEMPS DE LEUR �CRITURE et l'empreinte de cette approximation. Ce livre n'est pas un tout, il est fondamentalement inachev� et fragmentaire. Il faut, en second lieu, lier d'une mani�re prol�tarienne la pratique militante actuelle � la Tradition instaur�e par Mai. Mai est encore sur l'estomac " de beaucoup de militants, et de th�oriciens " patent�s ". Ne parlons pas des bourgeois, qui pr�f�rent " poursuivre " comme si de rien n'�tait, tels qu'en eux-m�mes ils imaginent que l'�ternit� les change

Mai, n�anmoins, a remis la soci�t� fran�aise sur ses pieds. Il a donn� � voir cr�ment la r�alit� des contradictions de classes qui fondent cette soci�t�. H a remis la r�volution et la lutte de classe au centre de toute strat�gie. Sans vouloir jouer aux. proph�tes : l'horizon 70 ou 72 de la France, c'est la r�volution.
En r�volutionnarisant les masses, Mai a r�volutionnaris� les militants. Par l'action, par la confrontation � la pratique concr�te de la r�volution en France, ils se sont transform�s. Id�es, pratiques, id�ologies ont �t� brass�es. De cet ensemble d'�changes, de tout ce brassage, se d�gage peu � peu un sang neuf.
Du vaste m�tabolisme d�velopp� par les crises des divers courants � travers les lieux militants de Mai, �mergent des faisceaux de convergences et des �l�ments strat�giques se d�gagent De la rentr�e 1967, � Flins, � la rentr�e 1968, � travers les brassages internes � chaque courant, � chaque mouvement, � chaque organisation, � travers les diff�rents apports et rejets successifs, Mai a jet� les bases du d�gagement d'un courant r�volutionnaire en France; cependant, il n'a pas achev� ce m�tabolisme. Tous les �l�ments sont l� � port�e de la main, il este � les ressaisir - c'est la d�finition de la TRADITION de Mai et � les articuler sur la pratique militante, C'est-�-dire op�rer une rupture qualitative, un BOND EN AVANT. La constitution organique de ce courant et la lutte de classe qu'il doit mener au sein du mouvement de masse pour prol�tariser Mai, c'est aujourd'hui l'ouverture d'une nouvelle �tape d�cisive, o� va se jouer l'avenir de la r�volution.
Toute perspective r�volutionnaire, toute strat�gie r�volutionnaire en France, doivent unir de mani�re cr�atrice les traditions de lutte du peuple, et les principes th�oriques du marxisme combattant. Cette fusion cr�atrice, elle s'appelle en Chine le Mao�sme, elle s'est appel�e en U.R.S.S. le L�ninisme. Ici, elle est encore � effectuer.
Ce livre veut contribuer activement " (quoique de mani�re tr�s partielle), au m�tabolisme du mouvement r�volutionnaire de masse qui tend � rejeter de lui-m�me les scories et les corps qui le condamnent � l'inertie. Contribution partielle, puisque les auteurs, anciens militants du Mouvement du 22 Mars, ne sont encore que les parties prenantes d'une s�rie n�cessairement partielle du processus d'�changes et de brassages exprim� par les crises violentes que connaissent les courants r�volutionnaires depuis Mai.
Les actions militantes, les contingences m�mes de l'action acc�l�rent chaque jour ce m�tabolisme. Il poss�de une logique propre et une perspective : la PROL�TARISATION DU MOUVEMENT DE MASSE. Ce processus entretient la grande peur de la bourgeoisie. Aujourd'hui, la bourgeoisie a peur. Doublement peur. D'une part, elle a appris en huit mois que le Gaullisme avait pr�par�, depuis pr�s de trente ans, la France � la guerre civile ; aujourd'hui, le point de non-retour est atteint, la bourgeoisie est prise au pi�ge de l'affrontement. D'autre part, Mai se prol�tarise et prend une identit� r�volutionnaire. Cette identit�, la bourgeoisie doit n�cessairement tenter d'en venir � bout et de la d�truire. Cela m�ne in�luctablement � l'affrontement direct, physique, avec le mouvement r�volutionnaire de masse. M�me si elle ne veut pas entendre parler de cet horizon-l�, la bourgeoisie court � l'affrontement.
Mai, en France, c'est le d�but d'une lutte de classe prolong�e.
Voici tes premiers jours de la guerre populaire contre les expropriateurs, les premiers jours de ta guerre civile.


LA LONGUE MARCHE DU QUARTIER GENERAL L'inach�vement de l'�tape de Mai, la survivance des facteurs qui la p�rennisent, qui entretiennent son inertie, pseudo-centres et polycentres, appellent un v�ritable bond en avant, une rupture violente qui la liquide. Ce bond est une n�cessit�.
C'est dans cette inertie qu'il doit permettre de trancher, accomplissant ainsi le m�tabolisme de Mai. Ce bond a une base objective. Le m�tabolisme actuellement en suspens, de cette premi�re �tape du processus r�volutionnaire, a produit des �l�ments de strat�gie, a fait converger des militants autour de ces �l�ments, cr�ant ainsi les conditions n�cessaires � l'existence d'un courant r�volutionnaire, issu de l'articulation prol�tarienne de la tradition de Mai, et d'un centre provisoire, mais n�anmoins r�el du mouvement.
Un tel centre condense la possibilit� du passage � la seconde �tape du processus.
Il assume dans le moment actuel, deux fonctions :
- Il marque concr�tement le passage � la seconde �tape.
- Il est l'organisateur de la rupture.
En tant qu'organisateur de la rupture, il constitue, le courant r�volutionnaire, par la ressaisie de l'�tape de Mai et donne sa ma�trise politique. En milieu universitaire, la lutte du centre vise l'id�ologie de la " r�volte des producteurs ". Elle lui oppose radicalement, � partir de sa r�futation, une perspective de prol�tarisation, de recentrage du mouvement sur le prol�tariat, son id�ologie et ses t�ches historiques.
L'Universit� apr�s Mai, toujours partie du champ de luttes, n'en est plus l'�l�ment moteur. L'action militante dans le lieu universitaire conserve pas moins une double valeur politique - La bataille sur le front id�ologique qui s'y d�veloppe, interdit toute possibilit� d'utilisation de l'Universit� par la bourgeoisie, dans ses tentatives de remodeler l'id�ologie dominante. - Le d�veloppement de la lutte anti-autoritaire continue � saper l'id�ologie bourgeoise, � mettre en �chec le principe d'autorit� sur lequel s'ossature tout le syst�me de domination. Une telle lutte atteindra d'autant plus sa cible, si elle est men�e, non seulement comme n�gation de l'id�ologie bourgeoise, mais comme arme prol�tarienne. La prol�tarisation des militants �tudiants est � l'ordre du jour d�s lors qu'ils ne sont pas pris d'embl�e pour des producteurs. Il s'agit d'op�rer la fusion r�volutionnaire des �l�ments les plus avanc�s parmi les travailleurs intellectuels et les travailleurs manuels.
Dans la classe ouvri�re, cette prol�tarisation - au sens de d�gage nient d'une id�ologie prol�tarienne autonome par rapport � bourgeoisie, comme au r�visionnisme est aussi � l'ordre du jour Le mouvement doit conqu�rir son autonomie. Elle passe par la rupture, n�cessaire, avec les institutions r�visionnistes. Au sein, m�me du mouvement, la lutte contre l'entrisme, � partir de l'analyse du fonctionnement du couple P.C.F.-C.G.T., devient la cl� de toute autonomisation possible du mouvement.
Ces luttes d�bloquent le processus d'autonomisation de la force r�volutionnaire et lui conf�re une puissance politique d'intervention,' qui d�termine toute lutte ouvri�re, dans la mesure o� les noyaux militants r�alis�s, dominent l'ensemble des fonctions du mouvement r�volutionnaire politique, syndicale, de r�sistance...
La rupture avec le r�visionnisme d�pend de l'importance et du poids politique de la fusion de ces fonctions par le courant r�volution. naire, dans un m�me lieu militant. La ressaisie, par chaque unit� militante, des embryons de fonctions d�cisives de l'action politique, telles qu'elles sont apparues au cours du processus r�volutionnaire, d�finit la phase d�cisive de la constitution organique du courant r�volutionnaire. L� r�side la clef de tout avenir strat�gique et tactique de la force r�volutionnaire.
Le d�veloppement de bastions prol�tariens assumant pas � pas, la totalit� des t�ches r�volutionnaires de la conjoncture, fusionnant en une m�me force ses fonctions id�ologique, syndicale, politique..., tel est l'axe de la prol�tarisation du mouvement de masse; Les effets d'une telle force doivent n�cessairement amener les organisations syndicales � se situer par rapport aux initiatives de ce bastion, � se laisser entra�ner par elles, au risque de se d�naturer profond�ment, ou bien � les condamner violemment, et alors acc�l�rer la crise du r�visionnisme en reconnaissant l'appartenance au mouvement r�volutionnaire de secteurs de plus en plus larges de la classe ouvri�re. Cette vis�e de la force r�volutionnaire en �mergence, appelle un processus permanent d'�changes entre les fronts de lutte, entre les entreprises et les Facult�s. Si l'insertion de militants, �tudiants � l'origine, dans le travail de liaison entre les entreprises, entre les entreprises et les Facult�s est un facteur essentiel de leur prol�tarisation, c'est aussi la garantie de la possibilit� concr�te de dialectisation du savoir de la fraction r�volutionnaire des intellectuels et de la connaissance ouvri�re de la lutte de classe. R�ciproquement, l'insertion de militants ouvriers parmi les �tudiants contribue � la prol�tarisation des luttes dans l'Universit� et, par ailleurs, � la destruction de la sp�cialisation des t�ches politiques au sein du courant r�volutionnaire.
Cette lame de fond, de prol�tarisation du mouvement r�volutionnaire, n'a de valeur concr�te, qu'en tant qu'elle articule cette prol�tarisation � la tradition de Mai. La perspective de cette lame de fond c'est, fondamentalement la fusion de la fraction r�volutionnaire des �tudiants et des fractions prol�tariennes de la classe ouvri�re. Cette fusion d'�tudiants et de travailleurs, c'est la clef de vo�te de la R�volution en France. C'est l'objectif strat�gique de l'�tape � r�aliser.
Le mouvement r�volutionnaire est actuellement fluide. Les fluctuations du polycentrisme, des pseudo-centres, dans cette phase d'inach�vement du m�tabolisme de Mai, le d�veloppement des contradictions entre lui et le r�visionnisme, entre lui et la bourgeoisie, fondent la n�cessit� du bond en avant et son urgence.
Un nombre limit� d'unit�s militantes peuvent initier cette �tape. Cela suppose, en permanence, un brassage et des �changes d'exp�riences. Ces �changes, la ma�trise de ces luttes, supposent l'�mergence d'un centre, d'un quartier g�n�ral provisoire, qui prenne en charge ce bond en avant.
Centre, bien s�r, puisque investi de l'ensemble des fonctions qui d�coulent des �l�ments strat�giques issus de la tradition de Mai, mais n�anmoins, provisoire, dans la mesure o� l'�tape de Mai n'est pas encore accomplie, et o� ce n'est qu'� la suite de la reconnaissance par le mouvement de ce centre, comme tel, qu'il pourra assumer v�ritablement ses fonctions de direction. Au cours de ce processus d'accomplissement de l'�tape de Mai, et de la rupture constitutive de la nouvelle �tape, il est pr�visible, qu'au sein m�me du centre comme entre le centre provisoire et le mouvement, un nouveau m�tabolisme va se d�velopper. Il aboutira � l'�dification de la charpente de l'avant-garde prol�tarienne, celle de la nouvelle p�riode historique. Cette �mergence du centre, c'est le d�but d'une longue marche du centre, de sa prol�tarisation sous le contr�le des masses populaires. Ce bond en avant, c'est la lutte de classe, ici et maintenant, c'est la lib�ration du processus r�volutionnaire, c'est l'avenir des victoires d�cisives sur la dictature de la bourgeoisie. 1er mars 1969

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s