Nous avons longuement r�fl�chi avant de nous d�cider � consacrer la totalit� de ce num�ro aux affaires corses. Deux arguments nous ont surtout d�cid�s � le faire :
1) La Corse, plus que jamais peut-�tre, est depuis quelques mois, avec les attentats � r�p�tition, l�arrestation d�Yvan Colonna, le r�f�rendum en queue de poisson de Nicolas Sarkozy ou, encore, la chasse � Pieri, au centre de l�actualit�. Mais cette actualit� est plut�t mal g�r�e par la presse. Par des continentaux, souvent un peu trop touristes, quand il faut parler de la Corse ou par des autochtones soumis � la peur, � la r�pression et � l�omerta.
2) Le r�le de � L�Investigateur �, en tant qu�organe d�information sur la Corse, a pris une position dominante dans ce domaine et il �tait opportun que notre r�seau corse, parall�lement � sa couverture au jour le jour de l�actualit� sur l��le, puisse aussi s�exprimer, pour une fois, de mani�re plus analytique et plus globale. Cela a n�cessairement amen� de nouvelles r�v�lations dans ce num�ro.
Qu�il s�agisse de personnes priv�es, de notables ou d�hommes politiques, de services policiers ou judiciaires, il y a unanimit� pour souligner l�excellent travail d�information et de r�v�lations effectu� par le r�seau corse de L�Investigateur. M�me nos confr�res �et pourtant, ils ne nous aiment pas- en conviennent. Preuve en est, entre autres, l�assiduit� avec laquelle nous sommes r�guli�rement pill�s sur notre site, sans indication de source � quelques rares exceptions comme, avant tout Le Nouvel Observateur.
Certains journalistes, attach�s � des r�dactions tr�s v�n�r�es en France, viennent de rejoindre notre �quipe de collaborateurs. Ils m�nent d�ors et d�j� des enqu�tes pour nous. Ce sont des enqu�tes que leurs patrons rejettent, Les uns pour raison d��tat, les autres pour raisons commerciales, d�autres encore par peur du danger repr�sent� par les r�sultats de certaines recherches.
Cela me permet d�j� d�annoncer certains dossiers explosifs pour les prochains num�ros. Souvent, ils ne serontpas sign�s par leurs auteurs. Pour des raisons �videntes : leurs patrons respectifs n�appr�cieraient gu�re de voir para�tre une enqu�te de premier ordre, refus�e par leur r�daction en chef, dans � l�hebdo qui ose tout dire et tout publier �.
Quant aux papiers corses, comme d�habitude, ils ne sont pas sign�s. Ce qui a �tonn�, la semaine pass�e, une de nos cons�urs de Canal +. Ah, ces continentaux, comme diraient les Corses. Ils n�osent pas se frotter � un ministre, voire � un d�put�, alors qu�ils ne risquent que des repr�sailles du style de celles d�crites par Sophie Cognard dans son tout r�cent ouvrage, la Vendetta fran�aise. Alors que nos correspondants corses risquent tout simplement leur peau.
Ils tiennent � la garder. Et nous, � les garder. Alors, qu�on comprenne que nous sommes loin, tr�s loin, du nombrilisme de la presse �tablie, des soucis du journalisme de salon ou des paroles et phrases creuses de certains de nos confr�res si �loign�s des r�alit�s.
Travailler dans l�anonymat �par n�cessit�- n�est pas aussi valorisant que de signer chaque d�p�che AFP qu�on vient de r��crire. Mais l�anonymat du journaliste le rend totalement ind�pendant des pressions et interventions politiques ou �conomiques. La contrepartie sera malgr� tout qu�il devra go�ter le succ�s de ses papiers en silence et en solitaire. Nos journalistes �crivent avant tout pour concr�tiser un contenu qui tient la route et non pour lire leur signature en dessous de leur article.
Jean NICOLAS
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