Editorial: Du rififi aux RG

Automne 2003 : Yves Bertrand, le patron des RG, propose Bernard Squarcini, son adjoint, pour lui succ�der en janvier 2004, quand l��ge de la retraite aura rattrap� le patron � la plus grande long�vit� de l�ex-police politique fran�aise. Cadeau empoisonn� s�il en est. Nonobstant, cela � l�air de marcher. Car Squarcini est le candidat de Nicolas Sarkozy � ce poste parmi les plus sensibles de France et si le tr�s chiraquien Bertrand le recommande, il ne devrait plus y avoir de probl�me.

Mais c�est ainsi que le clan Chirac a fait baigner celui des sarkoziens dans une qui�tude trompeuse. Fin novembre, d�but d�cembre, le ministre de l�Int�rieur et le pr�sident de la R�publique �voquent la succession de Bertrand. Et l�, Nicolas Sarkozy est r�veill� de sa torpeur : pas question de laisser passer Squarcini, lui dit Chirac ! Squarcini est convoqu� discr�tement une premi�re fois dans le courant de la deuxi�me semaine de d�cembre 2003 chez Gu�ant et Sarkozy. Ils le rassurent et lui confirment qu�ils vont tout tenter pour l�imposer malgr� tout � la t�te des RG. Certains m�dias se fendent d�ailleurs d��loges � certes pas imm�rit�s � � l��gard du num�ro 2 des RG.

Mais d�but janvier, Sarkozy, par une fin de journ�e pluvieuse et maussade, doit reconvoquer Squarcini pour lui annoncer que le r�ve est bris�. Chirac ne veut pas du Corse sp�cialis� en mati�re de terrorisme. Il n�y a plus rien � faire.

Et voil� finalement un fonctionnaire jeune, sans exp�rience, non-policier, nomm� � la t�te des RG. Sans pouvoir encore s�appuyer sur l�exp�rience de Bertrand ni se faire conseiller longuement par un num�ro 2 qui est sur le d�part pour un nouveau poste. Politiquement, cela veut dire la r�duction du r�le des RG en France. En mati�re de renseignement, cela signifie la renaissance des officines.

Car Bertrand comme Squarcini partiront avec leurs dossiers, leurs documents, leurs informateurs, leurs r�seaux. Ils reconstruiront ensuite leurs RG personnels, l�un au � ch�teau �, l�autre pour l�Int�rieur. D�sormais, Chirac et Sarkozy disposeront de leur petite police politique priv�e. Celle de Chirac risque d��tre de loin la plus efficace. Elle aura un r�le d�cisif dans la lutte fratricide qui s�engage en vue des prochaines �ch�ances �lectorales et notamment celle de la pr�sidentielle.

Jean Nicolas


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