La deuxi�me mort du juge Falcone � Le dernier des grands parrains � Les commerces fructueux de la mafia � Trafic d�animaux � Les d�chets � Migrations clandestines � Marchands de mort � Mauvaises affaires � Commerce d�armes � Racket
Des juges ont tent� d�unifier leur lutte contre le crime organis�, pour l�instant en vain. Sit�t qu�un homme d�Etat propose un syst�me unifi� de lutte, il est tax� de r�pressif. D�autres, comme Silvio Berlusconi, sont tout simplement soup�onn�s d�avoir entretenu des liens privil�gi�s avec la mafia sicilienne. Il en est de m�me pour le pr�sident de Lituanie.
Car le danger mafieux n�est jamais que celui de l�argent-roi qui devient le ma�tre �talon de notre propre morale. Quand le profit seul guide une nation, les injustices sociales s�aggravent et les couches les plus pauvres de la soci�t� deviennent un vivier pour les organisations criminelles.
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Les mafias ne sont jamais que l�adaptation d�un antimonde � la mondialisation. Hier la mafia sicilienne �tait organis�e par province. Puis elle a cr�� la Coupole pour diriger la Sicile. Nous en sommes maintenant � l��re de la mondialisation du crime qui accompagne la mondialisation �conomique.
Les �tats-Unis ont pouss� avec la criminalit�. Ce pays, qui est n� de l�id�e de libert�, a grandi dans une probl�matique qui n�est pas celle de l�Europe. Le crime accompagne la vertu jusqu�� devenir celle-ci. Ce pays, impitoyable pour les plus mis�rables, n�a eu de cesse de pactiser avec les mafias, italo-am�ricaines et irlandaises d�abord, sud-am�ricaine ensuite quand il s�est agi de lutter contre les gu�rillas communistes. Ce faisant, les Am�ricains ont aid� les mafias � se constituer pour ensuite les combattre lorsqu�elles mena�aient leurs propres soci�t�s, mais souvent trop tard. En gros, les �tats-Unis ont toujours jou� la m�me partie d�apprentis sorciers.
Apr�s avoir utilis� les services de Cosa nostra et de Lucky Luciano durant le d�barquement de Sicile en 1943, les Am�ricains ont mont� l�arm�e secr�te de Birmanie contre Mao Ts�-toung. La CIA a aussi trafiqu� l�opium afin d�utiliser les profits de ce trafic contre le Vi�t-cong. Les services secrets am�ricains ont aid� les gu�rillas anticommunistes d�Am�rique latine, fermant les yeux sur le trafic de coca�ne, quitte � reprocher les m�mes m�thodes � Cuba et au Nicaragua sandiniste.
Aujourd�hui encore, le trafic d�opium en provenance d�Afghanistan a multipli� les quantit�s exp�di�es vers l�Europe alors que la coalition occupe ce pays. Il est vrai que la mafia turque, curieusement tol�r�e par les Etats-Unis, se charge du transport.
Depuis l�occupation de l�Irak, les �tats-Unis, d�cid�ment incapables de courir deux li�vres � la fois, avouent eux-m�mes avoir r�duit de 90 % la lutte contre les mafias. Il ne fait aucun doute qu�il va �tre difficile de reprendre la lutte quand la fi�vre orientale aura cess�.
Et voil� qu�il nous revient des souvenirs : le p�re des Kennedy alli� aux familles italo-siciliennes dans le trafic de l�alcool prohib� ; le pr�sident Kennedy s�alliant avec la mafia contre Castro. Sa propre famille promettant une impunit� partielle si la mafia faisait voter pour le candidat Kennedy. Ne voit-on pas aujourd�hui dans la trahison de la parole donn�e l�assassinat du pr�sident et de son fr�re Bob, ministre de la Justice et ennemi d�clar� des mafieux ? Aujourd�hui, selon les sp�cialistes, aux �tats-Unis, les mafias sont en passe de gagner le combat et il faudra un jour que le pouvoir am�ricain passe un accord avec la criminalit� afin de donner l�impression qu�il continue de gouverner un pays d�autant plus ingouvernable qu�en 2010 l�anglais aura cess� d��tre la premi�re langue du pays au profit de l�espagnol.
Le monde lib�ral a du mal � tracer les fronti�res entre ce qui est bien et ce qui est mal. Souvent, ce qui est mal est ce qui n�est pas contr�l� par l�Etat et ce qui est bien ce qui l�est. C�est le cas pour l�alcool, pour le tabac, pour les jeux, pour la prostitution, pour la pornographie. Dans certains pays, la p�dophilie par internet n�est m�me pas r�prim�e. Dans d�autres, la prostitution d�enfants est tol�r�e.
Nous vivons dans un monde impitoyable et sans morale. Comment s��tonner, dans de telles conditions, que les victimes se transforment parfois en bourreaux. Que les riches et les adultes donnent l�exemple. Peut-�tre alors les g�n�rations futures accepteront-elles les r�gles de la v�ritable d�mocratie : celle qui consiste � respecter son prochain parce qu�il est un autre nous-m�mes.
En attendant un tel miracle, on peut croire qu�aux pouvoirs l�gaux s�opposeront avec toujours plus de moyens des contre-pouvoirs de plus en plus puissants en certaines r�gions. Il en va ainsi chaque fois qu�un pouvoir vacille. Au XVIIIe si�cle, les pirates avaient instaur� des zones grises dans des �les comme la Tortue. D�sormais, tout est �troitement imbriqu� et souvent, sous le bourgeois moralisant se cache le voyou aux aguets ; dans le pr�sident de la R�publique aux discours g�n�reux se niche le pirate amoral.
Voyage et enqu�te � travers le monde de la mafia sur 6 pages sp�ciales dans L�investigateur-France 17
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